FAQAnar:A.2.18 - Est-ce que les anarchistes supportent le terrorisme ?

From Anarchopedia
Jump to: navigation, search

Catégorie:Que représente l'Anarchisme?

FAQ anarchiste
Anarchy-symbol.svg
« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
A - Qu'est-ce que l'anarchisme ?

Introduction

A.1 - Qu'est ce que l'Anarchisme ?


A.1.1 - Qu'est-ce que "Anarchie" signifie ?
A.1.2 - Qu'est-ce que "Anarchisme" signifie ?
A.1.3 - Pourquoi l'Anarchisme est appelé aussi socialisme libertaire ?
A.1.4 - Les Anarchistes sont-ils socialistes ?
A.1.5 - D'où vient l'anarchisme ?


A.2 - Que représente l'Anarchisme?


A.2.1 - Quelle est l'essence de l'anarchisme ?
A.2.2 - Pourquoi les anarchistes prônent-ils la liberté ?
A.2.3 - Les Anarchistes sont-ils en faveur de l'organisation ?
A.2.4 - Les Anarchistes sont-ils en faveur de la liberté "absolue" ?
A.2.5 - Pourquoi les anarchistes sont-ils en faveur de l'égalité ?
A.2.6 - Pourquoi la solidarité est importante pour les anarchistes ?
A.2.7 - Pourquoi les anarchistes plaident-ils pour l'émancipation individuelle ?
A.2.8 - Est-il possible d'être un anarchiste sans s'opposer à la hiérarchie ?
A.2.9 - Quelle sorte de société les anarchistes veulent-ils ?
A.2.10 - Qu'est-ce que la suppression de la hiérarchie signifiera et amènera ?
A.2.11 - Pourquoi la plupart des anarchistes soutiennent-ils la démocratie directe ?
A.2.12 - Le consensus est-il une alternative pour s'organiser en démocratie ?
A.2.13 - Les anarchistes sont-ils des individualistes ou des collectivistes ?
A.2.14 - Pourquoi le volontarisme n'est pas suffisant ?
A.2.15 - Que dites-vous de la nature humaine ?
A.2.16 - L'anarchisme exige-t-il des personnes "parfaites" pour qu'une société anarchiste puisse exister ?
A.2.17 - Est-ce que la plupart des gens ne sont pas trop stupides pour qu'une société libre puisse exister ?
A.2.18 - Est-ce que les anarchistes supportent le terrorisme ?
A.2.19 - Quelles vues éthiques les anarchistes tiennent-ils ?
A.2.20 - Pourquoi la plupart des anarchistes sont athées ?


A.3 - Quelles sortes d'anarchisme existe-t-il ?


A.3.1 - Quelles sont les différences entre les individualistes et les socialistes anarchistes ?
A.3.2 - Y-a-t-il des différents types d'anarchisme socialiste ?
A.3.3 - Quels sortes d'écologisme anarchiste y a t il ?
A.3.4 - Est-ce que l'anarchisme est pacifiste ?
A.3.5 - Qu'est-ce que l'anarcha-feminisme ?
A.3.6 - Quelle est la culture Anarchiste ?
A.3.7 - Existe-t-il des anarchistes religieux ?
A.3.8 - Qu'est-ce que "anarchisme sans adjectif" ?
A.3.9 - Qu'est ce que l'anarcho-primitivisme ?


A.4 - Qui sont les penseurs reconnus dans l'anarchisme ?


A.5 - Quels sont des exemples "d'anarchie en action" ?


A.5.1 - La commune de Paris
A.5.2 - Les martyrs de Haymarket
A.5.3 - La création des unions syndicales
A.5.4 - Les anarchistes dans la Révolution russe
A.5.5 - Les anarchistes dans les occupations d'usines en Italie
A.5.6 - L'anarchisme et la révolution en Espagne
A.5.7 - Révolte en France en Mai/Juin 1968

Sommaire complet et détaillé


Non, ceci pour trois raisons.

Le terrorisme signifie cibler ou ne pas se soucier de tuer des innocents. L'anarchie pour exister, doit être créé par la masse des personnes. On ne peut pas convaincre les gens de ses idées en les leur soufflant. Deuxièmement, l'anarchisme est pour l'auto-libération. On ne peut pas souffler un rapport social. La liberté ne peut pas être créé par les actions d'une quelconque élite détruisant des dirigeants au nom de la majorité. Autrement dit, une « structure fondée sur des siècles d'histoire ne peut pas être détruite avec quelques kilos d'explosifs. »[1] Aussi longtemps que les gens sentent le besoin de dirigeants, de hiérarchie existe (voir la section A.2.16 pour en savoir plus). Comme nous l'avons souligné plus haut, la liberté ne peut être donnée, seulement prise. Enfin, l'anarchisme vise la liberté. D'où l'observation de Michel Bakounine que « lorsque l'on effectue une révolution pour la libération de l'humanité, il faut respecter la vie et la liberté des hommes [et des femmes]. »[2]. Pour les anarchistes, les moyens déterminent les fins et le terrorisme de par sa nature même est une violation de la vie et de la liberté des individus et ne peut donc pas être utilisée pour créer une société anarchiste. L'histoire, par exemple, de la Révolution russe, a bien confirmé les dires de Kropotkine que « très triste serait la révolution à venir si elle ne peut triompher de la terreur. »[3]

De plus, les anarchistes ne sont pas contre les individus, mais contre les institutions et les relations sociales à l'origine du fait que certains individus aient le pouvoir sur les autres et abusent (c'est-à-dire l'utilisent) de ce pouvoir. Par conséquent, la révolution anarchiste a pour but de détruire les structures, non pas les personnes. Comme Bakounine l'a souligné, « nous ne souhaitons tuer personne, mais abolir le statut [de bourgeois] et ses avantages » et l'anarchisme « ne signifie pas la mort des individus qui composent la bourgeoisie, mais la mort de la bourgeoisie en tant qu'entité économique, politique et sociale distincte de la classe ouvrière »[4] En d'autres termes, « Vous ne pouvez pas souffler un rapport social » (pour citer le titre d'une brochure anarchiste qui présente le cas anarchiste contre le terrorisme).

Comment se fait-il, alors, que l'anarchisme soit associé à la violence ? C'est en partie parce que l'État et les médias insistent en se référant à des terroristes qui ne sont pas anarchistes comme des anarchistes. Par exemple, le gang allemand Baader-Meinhoff sont souvent appelés "anarchistes" en dépit de leur autoproclamé marxisme-léninisme. Et cela, malheureusement, fonctionne. De même, comme Emma Goldman l'a fait remarquer, « il est un fait connu de presque tous ceux familiers avec le mouvement anarchiste que d'un grand nombre d'actes [violents], pour lesquels les anarchistes ont à souffrir, que ce soit à l'origine de la presse capitaliste ou qui ont été commis, si ce n'est pas directement perpétré, par la police. »[5]

Un exemple de ce processus en travail peut être vu en considérant l'actuel mouvement altermondialiste. À Seattle, par exemple, les médias ont rapporté "la violence" des manifestants (en particulier des anarchistes), qui, pour le moment, se sont élevées à quelques fenêtres cassées. La réalité d'une violence beaucoup plus grande de la police contre les manifestants (qui, soit dit en passant, a commencé avant tout caillassage de fenêtre) n'a pas été jugé digne de commentaire. Par la suite, la couverture médiatique des manifestations altermondialistes a suivi ce modèle, l'anarchisme étant relié fermement à la violence en dépit que les manifestants ont été ceux qui ont souffert le plus de la violence aux mains de l'État. En tant que militante anarchiste, Starhawk note, « si casser une fenêtre et se défendre contre les flics qui attaquent est de -la violence-, donnez-moi un nouveau mot, un mot mille fois plus fort, à utiliser lorsque les flics battent des personnes non résistantes en les mettant dans le coma. »[6]

De même, lors des manifestations de Gênes en 2001, les grands médias ont présentés les manifestants comme violents, même si c'est l’État qui a tué l'un d'entre eux et entraîné l'hospitalisation de nombreux milliers d'autres. La présence d'agent provocateurs de la police dans la création de la violence a été mise sous silence par les médias. Starhawk a noté par la suite, à Gênes « nous avons rencontré une politique soigneusement orchestré de campagne de terrorisme d'État. La campagne a inclus la désinformation, le recours à des éléments infiltrés et provocateurs, la collusion avec des groupes fascistes avoués. [...] Le ciblage délibéré des groupes non-violents par des tirs à gaz et des coups, des brutalités policières endémiques, de la torture des prisonniers, de la persécution politique pour les organisateurs. [...] Ils ont fait tout ça ouvertement, d'une manière qui indique qu'ils n'avaient pas de crainte des répercussions et des protections politiques prévues des hautes sphères. »[7] Cela n'a, sans surprise, pas été rapporté par les médias.

Les manifestations suivantes ont vu les médias céder dans encore plus de battage anti-anarchiste, inventant des histoires pour présenter les anarchistes comme des individus haineux planifiant la violence de masse. Par exemple, en Irlande en 2004, les médias ont rapporté que les anarchistes avaient planifiés d'utiliser des gaz toxiques au cours des célébrations à Dublin de l'Union Européenne. Bien sûr, la preuve d'un tel plan n'a pas été trouvé et aucune action de la sorte n'est arrivée. Ni l'émeute dont les médias disaient que les anarchistes organisaient. Un processus similaire de la désinformation a accompagné des manifestations anti-capitalistes du 1er mai à Londres et dans les manifestations contre le Congrès national Républicain à New York. En dépit d'être constamment démenti après l'événement, les médias impriment toujours des histoires effrayantes de violence anarchiste (même à inventer des événements, par exemple Seattle, pour justifier leurs articles et de diaboliser l'anarchisme plus loin). Ainsi, le mythe que l'anarchisme est égal à la violence est perpétrée. Inutile de dire que les même journaux qui en rajoutaient sur la (inexistante) menace de violence anarchiste sont restés muets sur la violence de la réalité, et de la répression par la police contre des manifestants qui se sont produits lors de ces événements. Ni qu'ils se soient excusés après que leurs (sans preuves) histoires morbides aient été exposés comme un non-sens, ce qu'elles étaient, suite aux événements.

Cela ne signifie pas que les anarchistes n'aient pas commis d'actes de violence. Ils en ont faits (comme l'ont fait les membres d'autres mouvements politiques et religieux). La raison principale de l'association du terrorisme avec l'anarchisme est du fait de la période de propagande par le fait dans le mouvement anarchiste.

Cette période —à peu près, de 1880 à 1900— a été marquée par un petit nombre d'anarchistes assassinant des membres de la classe dirigeante (la royauté, les hommes politiques, etc.). À sa pire période, des théâtres et des magasins fréquentés par les membres de la bourgeoisie furent pris pour cibles. Ces actes ont été appelé "la propagande par le fait". Le soutien anarchiste pour la tactique a été galvanisé par l'assassinat du tsar Alexandre II en 1881 par les populistes russes (cet événement a incité le célèbre éditorial de Johann Most dans Freiheit, intitulé At Last!, qui célèbre le régicide et l'assassinat des tyrans). Toutefois, il y avait des raisons plus profondes pour que les anarchistes appuient cette tactique : tout d'abord, la vengeance pour les actes de répression dirigées vers la classe des travailleurs et, deuxièmement, en tant que moyen d'encourager les gens à la révolte en montrant que leurs oppresseurs peuvent être vaincus.

Compte tenu de ces raisons, ce n'est pas par hasard que la propagande par le fait ait commencée en France, après plus des 20 000 décès qui furent dus à l’État français lors de la répression brutale vis à vis de la Commune de Paris, où de nombreux anarchistes ont été tués. Il est intéressant de noter que, bien que la violence anarchiste en revanche de la répression de la Commune est relativement bien connue, les meurtres de masse des communards par l'État est relativement inconnue. De même, il peut être connu que l'anarchiste italien Gaetano Bresci a assassiné le roi Humbert Ier d'Italie en 1900 ou que Alexandre Berkman a tenté de tuer le gestionnaire Henry Clay Frick de Carnegie Steel Corporation en 1892. Ce qui est souvent inconnu, c'est que les troupes de Humbert ont tiré et tué des paysans qui protestaient ou que la Frick's Pinkertons a également assassiné et immobilisé des travailleurs à Homestead.

Cette minimisation de la violence étatique et capitaliste n'est guère surprenante. Comme le fait remarquer Max Stirner : « Aux mains de l'État, la force s'appelle « droit », aux mains de l'individu, elle s'appelle « crime. » »[8] Il n'est alors guère étonnant que la violence anarchiste soit condamnée, mais la répression (et souvent la pire violence) qui l'a provoquée est ignorée et oubliée. Les anarchistes montrent l'hypocrisie de l'accusation selon laquelle les anarchistes sont "violents", étant donné que ces accusations proviennent des partisans du gouvernement ou des gouvernants eux-mêmes, des gouvernements « qui sont entrés en vigueur par la violence, qui se maintiennent au pouvoir par la violence, et qui utilisent la violence pour mater constamment la rébellion et intimider les autres nations. »[9]

Nous pouvons avoir une idée de l'hypocrisie entourant la condamnation de la violence anarchiste par des non-anarchistes en considérant leur réponse à la violence de l'État. Par exemple, de nombreux individus et journaux capitalistes dans les années 1920 et 1930 ont célébrés le fascisme, aussi bien Mussolini que Hitler. Les anarchistes, en revanche, ont combattu le fascisme jusqu'à la mort et ont tenté de les assassiner. De toute évidence, soutenir les dictatures meurtrières n'est pas de la « violence » et du « terrorisme », mais résister à ces régimes en est ! De même, les non-anarchistes peuvent soutenir des États autoritaires et répressifs, la guerre et la répression des grèves et des troubles par la violence (« rétablir la loi et l'ordre ») et ne pas être considérés comme "violents". Les anarchistes, en revanche, sont condamnés comme « violents » et « terroristes » parce que quelques-uns d'entre eux ont tentés de se venger de tels actes d'oppression et de la violence capitaliste/étatique ! De même, il semble que le comble de l'hypocrisie est pour quelqu'un de dénoncer les "violences" anarchistes qui produisent quelques fenêtres cassées, par exemple, à Seattle, tout en soutenant la violence de la police en imposant la règle de l'État ou, pire encore, en soutenant l'invasion américaine en Irak en 2003. Si quelqu'un doit être considéré comme violent, c'est le partisan de l'État et de ses actions malgré que personne ne voit l'évidence et « déplore le type de violence que déplore l'état, et nous applaudissons à la violence que l'état pratique. »[10]

Il doit être noté que la majorité des anarchistes ne soutiennent pas cette tactique. De ceux qui ont commis des actes de "propagande par le fait" (parfois appelés "attentats"), comme Murray Bookchin le rappelle, seuls « quelques-uns [...] étaient membres de groupes anarchistes. La majorité [...] était des solistes. »[11] Inutile de dire que l'État et les médias ont mis tous les anarchistes dans le même sac. Ils continuent à le faire, généralement à tort (dans le genre, blâmant Bakounine de tels actes, alors qu'il était mort des années avant même que la tactique soit discutée dans les milieux anarchistes ou labellisant des groupes non-anarchistes d'anarchistes !).

Dans l'ensemble, la phase de "propagande par le fait" de l'anarchisme a été un échec, comme la grande majorité des anarchistes ont bientôt pu le voir. Kropotkine peut être considéré comme typique. Il « n'a jamais aimé le slogan de propagande par le fait, et ne l'utilise pas pour décrire ses propres idées d'action révolutionnaire ». Toutefois, en 1879, tout en « insistant sur l'importance de l'action collective » il a commencé à « exprimer une sympathie et un intérêt dans les attentats » (ces « formes collectives d'action » ont été considérées comme agissant « au niveau syndical et au niveau communal »). En 1880, il « est devenu moins préoccupé par l'action collective et cet enthousiasme pour les actes de révolte par des particuliers et des petits groupes a augmenté ». Cela n'a pas duré et Kropotkine a bientôt attaché « de moins en moins d'importance pour des actes isolés de révolte », en particulier une fois, « il a vu de plus grandes possibilités de développement de l'action collective dans le nouveau syndicalisme militant. »[12] À la fin des années 1880 et au début des années 1890, il est venu à refuser de tels actes de violence. Cela était dû en partie à la simple répulsion face aux pire actes (comme l'attentat à la bombe au Théâtre de Barcelone en réponse aux meurtres par l'état d'anarchistes impliqués dans le soulèvement de Jerez en 1892 et l'attentat à la bombe d’Émile Henry dans un café en réponse à la répression étatique) et en partie en raison de la conscience que ça entravait la cause anarchiste.

Kropotkine a reconnu que la « vague d'actes terroristes » des années 1880 a provoqué « les autorités à prendre des mesures de répression contre le mouvement » et qui « n'était pas à son avis conforme à l'idéal anarchiste et n'a fait que peu ou rien pour promouvoir la révolte populaire ». En outre, il était « inquiet de l'isolement du mouvement vis à vis des masses » qui « a augmenté plutôt que diminué suite aux préoccupations de » propagande par le fait. Il « a vu la meilleure possibilité de révolution populaire dans le [...] développement du nouveau militantisme dans le mouvement ouvrier. A partir de maintenant, il a porté de plus en plus d'attention sur l'importance des minorités révolutionnaires travaillant parmi les masses pour développer l'esprit de révolte. » Cependant, même au début des années 1880 lorsque son soutien à des actes de révolte (sinon pour la propagande par le fait) a été le plus élevé, il a vu la nécessité collective de la lutte des classes et, par conséquent, « Kropotkine a toujours insisté sur l'importance du mouvement ouvrier dans les luttes pour amener à la révolution. »[13]

Kropotkine n'est pas le seul. De plus en plus d'anarchistes en sont venus à voir que la "propagande par le fait" était comme donner à l'État une excuse pour réprimer à la fois les anarchistes et les mouvements ouvriers. En outre, elle a donné aux médias (et les adversaires de l'anarchisme) une chance d'associer l'anarchisme à la violence aveugle, aliénant ainsi la plus grande partie de la population du mouvement. Cette fausse association est renouvelé à chaque occasion, indépendamment des faits (par exemple, même si les individualistes anarchistes ont rejeté totalement la "propagande par le fait", ils ont également été souillés par la presse et considérés comme « violents » et « terroristes »).

En outre, comme Kropotkine l'a fait remarquer, l'hypothèse derrière la propagande par le fait, c'est-à-dire que tout le monde était en attente d'une chance pour se rebeller, était fausse. En fait, les gens sont des produits du système dans lequel ils vivent, d'où ils acceptent la plupart des mythes utilisés pour maintenir ce système en cours. Après l'échec de la propagande par le fait, des anarchistes ont tournés le dos à ce que la plupart du mouvement avait fait de toute façon : encourageant la lutte des classes et le processus d'auto-libération. Ce retour aux racines de l'anarchisme peut être vu par la hausse des syndicats anarcho-syndicalistes après 1890 (voir la section A.5.3). Cette position découle naturellement de la théorie anarchiste, contrairement à l'idée d'actes individuels de violence :

« Pour faire la révolution, et spécialement la révolution anarchiste, [il] est nécessaire que les gens soient conscients de leurs droits et de leur force, il est nécessaire qu'ils soient prêts à se battre et prêts à prendre la conduite de leurs affaires en leur propres mains. Cela doit être la préoccupation constante des révolutionnaires, le point vers lequel toutes leurs activités doivent tendre, pour parvenir à cet état d'esprit parmi les masses. [...] Celui qui attend l'émancipation de l'humanité à venir, non d'une coopération harmonieuse et persistante de tous les hommes [et de toutes les femmes] de progrès, mais de l'acte accidentel ou providentiel de certains actes d'héroïsme, n'est pas mieux que celui qui attendait l'intervention d'un ingénieux législateur ou d'un général victorieux. [...] Nos idées nous obligent à mettre tous nos espoirs dans les masses, parce que nous ne croyons pas en la possibilité d'imposer le bien par la force et nous ne voulons pas être commandé. [...] Aujourd'hui, ce qui [...] a été l'aboutissement logique de nos idées, la condition que notre conception de la révolution et de la réorganisation de la société qui s'impose, [...] [est] de vivre au sein de la population et de gagner les plus à nos idées en prenant activement part à leurs luttes et à leurs souffrances. »[14]

En dépit que la plupart des anarchistes soient en désaccord tactique avec la propagande par le fait, peu de gens le considèrerait comme du terrorisme ou comme une règle d'assassinat, en toutes circonstances. Les bombardements d'un village au cours d'une guerre, car il pourrait y avoir un ennemi dans celui-ci, c'est du terrorisme, alors que l'assassinat d'un dictateur assassin ou de quelqu'un à la tête d'un état répressif est, au mieux, de la défense et, au pire de la vengeance. Comme les anarchistes l'ont depuis longtemps soulignés, si le terrorisme signifiait "tuer des innocents", alors l'état est le plus grand terroriste de tous (ainsi qu'ayant le plus de bombes et autres armes de destruction disponibles sur la planète). Si les gens commettant des «actes de terrorisme» sont vraiment des anarchistes, ils feraient tout leur possible pour éviter de nuire à des personnes innocentes et n'utiliseraient jamais la ligne étatiste selon laquelle les « dommages collatéraux » sont regrettables, mais inévitables. C'est la raison pour laquelle la grande majorité des actes de "propagande par le fait" ont été dirigés vers des individus de la classe dirigeante, comme les présidents et la royauté, et sont le résultat des précédents actes de violence Étatique et capitalistique.

Ainsi, des actes "terroristes" ont été commis par des anarchistes. C'est un fait. Toutefois, ça n'a rien à voir avec l'anarchisme en tant que théorie socio-politique. Comme Emma Goldman l'a fait valoir, ce n'était pas de l'« Anarchisme, en tant que tel, mais c'est l'abattage brutal de onze travailleurs de l'acier [qui] a été le déclencheur de l'acte d'Alexandre Berkman. »[15] De même, les membres d'autres groupes politiques et religieux ont également commis de tels actes. Comme le Freedom Group of London l'a fait valoir :

« C'est un truisme de dire que l'homme [ou la femme] dans la rue semble toujours oublier, quand il abuse des anarchistes, quelle que soit la partie ou se trouve être sa bête noire du moment, comme la cause de certaines indignations justement perpétrés. Ce fait incontestable est que les atrocités meurtrières ont, depuis des temps immémoriaux, étés la réponse de classes aiguillonnées et désespérées, et d'individus aiguillonnés et désespérés, pour donner torts à leurs semblables [dont les femmes], qui à leur avis est intolérable. Ces actes sont de violents recul de la violence, qu'il s'agisse de répression ou d'agression [...] leur cause ne réside pas dans quelque conviction, mais dans les profondeurs de [...] la nature humaine elle-même. L'ensemble du cours de l'histoire, politique et sociale, est parsemé de ce genre de preuve. »[16]

Le terrorisme a été utilisé par de nombreux autres groupes ou partis politiques, sociaux et religieux. Par exemple, des Chrétiens, des marxistes, des Hindous, des nationalistes, des républicains, des Musulmans, des Sikhs, les fascistes, des Juifs et des patriotes ont tous commis des actes de terrorisme. Peu de ces mouvements ou idées ont été étiquetés comme "terroristes par nature" ou continuellement associés à la violence - ce qui montre que l'anarchisme menace le statu quo. Il n'y a rien de plus tendance que de discréditer et marginaliser une idée pour des personnes malveillantes et/ou mal informées que de représenter ceux qui croient et pratiquent cela comme des "poseurs de bombes fous" sans opinions ou sans idéaux sur tout, juste d'une folle envie de détruire.

Bien sûr, la grande majorité des Chrétiens et d'autres se sont opposés au terrorisme comme moralement répugnant et contre-productif. Ainsi que la grande majorité des anarchistes, en tous temps et tous lieux. Toutefois, il semble que dans notre cas, il est nécessaire de préciser notre opposition au terrorisme maintes et maintes fois.

Donc, pour résumer, seule une petite minorité de terroristes ont été des anarchistes, et seule une petite minorité d'anarchistes ont toujours été des terroristes. Le mouvement anarchiste dans son ensemble a toujours reconnu que les relations sociales ne peuvent pas être assassinés ou bombardé hors de l'existence. Par rapport à la violence de l'État et le capitalisme, la violence anarchiste est une goutte dans l'océan. Malheureusement, la plupart des gens se rappellent que les actes des quelques anarchistes qui ont commis des violences plutôt que les actes de violence et de répression par l'État et le capital qui a poussé à ces actes.

Notes et références[edit]

  1. Piotr Kropotkine, cité par A. Martin Millar, Kropotkine, p. 174.
  2. Michel Bakounine, cité par K.J. Kenafick, Michael Bakounine et Karl Marx, p. 125
  3. Piotr Kropotkine, cité par A. Martin Millar, Op. Cit., p. 175.
  4. Michel Bakounine, The Basic Bakunin, p. 71 et p. 70.
  5. « it is a known fact known to almost everyone familiar with the Anarchist movement that a great number of [violent] acts, for which Anarchists had to suffer, either originated with the capitalist press or were instigated, if not directly perpetrated, by the police. »
    Emma Goldman, Red Emma Speaks, p. 262.
  6. « if breaking windows and fighting back when the cops attack is 'violence,' then give me a new word, a word a thousand times stronger, to use when the cops are beating non-resisting people into comas. »
    Starhawk, Staying on the Streets, p. 130.
  7. « we encountered a carefully orchestrated political campaign of state terrorism. The campaign included disinformation, the use of infiltrators and provocateurs, collusion with avowed Fascist groups . . . , the deliberate targeting of non-violent groups for tear gas and beating, endemic police brutality, the torture of prisoners, the political persecution of organisers . . . They did all those openly, in a way that indicates they had no fear of repercussions and expected political protection from the highest sources. »
    Starhawk, Op. Cit., pp. 128-129.
  8. « Des Staates Betragen ist Gewalttätigkeit, und seine Gewalt nennt er »Recht«, die des Einzelnen »Verbrechen«. »
    Max Stirner, Der Einzige und sein Eigentum (L'Unique et sa propriété), p. 216.
  9. « which came into being through violence, which maintain themselves in power through violence, and which use violence constantly to keep down rebellion and to bully other nations. »
    Howard Zinn, L'Zinn Reader, p. 652.
  10. « deplore the type of violence that the state deplores, and applaud the violence that the state practises. »
    Christie and Meltzer, The Floodgates of Anarchy, p. 132.
  11. « few . . . were members of Anarchist groups. The majority . . . were soloists. »
    Murray Bookchin, The Spanish Anarchists, p. 102.
  12. « never liked the slogan propaganda by deed, and did not use it to describe his own ideas of revolutionary action. » « urg[ing] the importance of collective action » « expressing considerable sympathy and interest in attentats » (these « collective forms of action » were seen as acting « at the trade union and communal level »). « became less preoccupied with collective action and this enthusiasm for acts of revolt by individuals and small groups increased. » « progressively less importance to isolated acts of revolt » « he saw greater opportunities for developing collective action in the new militant trade unionism. »
    Caroline Cahm, Kropotkin and the Rise of Revolutionary Anarchism, p. 92, p. 115, p. 129, pp. 129-130, p. 205.
  13. « spate of terrorist acts » « the authorities into taking repressive action against the movement » « not in his view consistent with the anarchist ideal and did little or nothing to promote popular revolt. » « anxious about the isolation of the movement from the masses [...] had increased rather than diminished as a result of the preoccupation with » « saw the best possibility for popular revolution in the . . . development of the new militancy in the labour movement. From now on he focussed his attention increasingly on the importance of revolutionary minorities working among the masses to develop the spirit of revolt. » « Kropotkin always insisted on the importance of the labour movement in the struggles leading up to the revolution. »
    Caroline Cahm, Op. Cit., pp. 205-206, p.208 et p. 280.
  14. « to bring about a revolution, and specially the Anarchist revolution[, it] is necessary that the people be conscious of their rights and their strength; it is necessary that they be ready to fight and ready to take the conduct of their affairs into their own hands. It must be the constant preoccupation of the revolutionists, the point towards which all their activity must aim, to bring about this state of mind among the masses . . . Who expects the emancipation of mankind to come, not from the persistent and harmonious co-operation of all men [and women] of progress, but from the accidental or providential happening of some acts of heroism, is not better advised that one who expected it from the intervention of an ingenious legislator or of a victorious general . . . our ideas oblige us to put all our hopes in the masses, because we do not believe in the possibility of imposing good by force and we do not want to be commanded . . . Today, that which . . . was the logical outcome of our ideas, the condition which our conception of the revolution and reorganisation of society imposes on us . . . [is] to live among the people and to win them over to our ideas by actively taking part in their struggles and sufferings. »
    Errico Malatesta, "The Duties of the Present Hour", from Liberty August 1894, pp. 181-3, in Anarchism: A Documentary History of Libertarian Ideas. Volume 1: From Anarchy to Anarchism (300CE-1939), Robert Graham (ed.), pp. 180-181.
  15. « not Anarchism, as such, but the brutal slaughter of the eleven steel workers [that] was the urge for Alexander Berkman's act. »
    Emma Goldman, Op. Cit., p. 268.
  16. « There is a truism that the man [or woman] in the street seems always to forget, when he is abusing the Anarchists, or whatever party happens to be his bete noire for the moment, as the cause of some outrage just perpetrated. This indisputable fact is that homicidal outrages have, from time immemorial, been the reply of goaded and desperate classes, and goaded and desperate individuals, to wrongs from their fellowmen [and women], which they felt to be intolerable. Such acts are the violent recoil from violence, whether aggressive or repressive . . . their cause lies not in any special conviction, but in the depths of . . . human nature itself. The whole course of history, political and social, is strewn with evidence of this. »
    Freedom Group of London, cité par Emma Goldman, Op. Cit., p. 259.

Sources[edit]