Le cardinal Mercier est mort
Le cardinal Mercier est mort est un poème de Benjamin Péret.
Tous les curés on les pendra.
La CarmagnoleIssu de la sueur des mains sales
Le cardinal Mercier grandissant comme les vers qui détruisent la croix
En son coeur dormait une énorme punaise
qui plus tard
engendra ces hosties au parfum de poussière
qu'il déposait sur des langues grasses
Un jour dieu comme une vieille tache d'huile
apparut à ses yeux semblables à un anus
et Mercier depuis lors découvre la vierge dans tous les égouts
Ton père faisait le coup de feu à Bruxelles
et tu décrottais la vierge à Mallines
Cardinal Mercier à cheval sur un agent
je t'ai vu l'autre jour semblable à une poubelle
débordante d'hosties
Cardinal Mercier tu sens dieu comme l'étable le fumier
et comme le fumier Jésus
Chacun dans son coeur à une divine colique qui sommeille
la tienne s'est éveillée au son de l'harmonium
Du Dies irae et de la Brabançonne
Enfin la guerre que tu souhaitais vint comme ton messie
et ta bénédiction emprunta la trajectoire des obus
tandis que ton eau bénite explosais comme la mélinite
C'est ainsi que tu devins un asthmatique
vêtu de rouge comme un veau écorché
c'est ainsi que tes cheveux ont rempli les ostensoirs
de la Belgique
Cardinal Mercier tu n'es qu'une hostie que les porcs ont mangée
mais les porcs en sont morts
et tu leur survécus
grâce à l'endurance et au patriotisme°
que tu prêchais dans l'abattoir
Mais maintenant que tu es crevé
si le monde a moins d'ulcères
les hosties gardent leur goût de cadavre
° Endurance et patriotisme : « Mandement » du cardinal Mercier pendant la guerre où, paraphrasant la parole de son Christ : « Tu ne tueras point », il excitait ses compatriotes à la révolte et à tuer les Allemands. (Note de Benjamin Péret)
- Première parution 1926, dans Clarté, repris dans Je ne mange pas de ce pain-là en 1936