"Maintenant je peux mourir, j'ai vu réalisé mon idéal." Cela m'était dit dans une des Collectivités de la région
levantine (dans la province de Valence, si mes souvenirs sont exacts), par un des hommes qui avaient lutté
toute leur vie pour le triomphe de la justice sociale, de l'égalité économique, de la liberté et de la fraternité
humaines.
Son idéal, c'était le communisme libertaire, ou l'anarchie. Mais l'emploi de ce dernier mot risque fort, surtout
en langue française - et en d'autres langues sans doute - de déformer dans les esprits ce que le grand savant et
humaniste Elisée Reclus définissait comme "la plus haute conception de l'ordre". D'autant plus que très
souvent, et ce fut le cas en France, les anarchistes semblent s'être évertués à donner raison à leurs adversaires, et à justifier l'interprétation négative et nihiliste que l'on trouve déjà dans tel ordonnance ou tel édit de Philippe le Bel. C'est donc trahir le sens de ce que me disait le vieux militant qui avait tant combattu et tant souffert, et qui probablement est mort sous les balles franquistes, que s'en tenir à la simple énonciation d'un mot si diversement interprété. Voyons donc plus à fond.
Dans sa brochure El Ideal Anarquista, Ricardo Mella, qui fut le penseur le plus authentique et le plus original
de l'anarchisme espagnol, donnait de cet idéal la définition suivante: "La liberté comme base, l'égalité comme
moyen, la fraternité comme but." Retenons-le bien : le but ultime, le couronnement était la fraternité, où la
liberté serait à la fois une base et une conséquence, car peut-il y avoir fraternité sans liberté, mais également
peut-on priver son frère de liberté ?
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