Le congrès eucharistique de Chicago
Le congrès eucharistique de Chicago est un poème de Benjamin Péret.
Lorsque les cloportes rencontrent les cafards
et que les beefsteaks secrètent leurs hosties
tous les crachats se réunissent dans le même égout et disent
Jésus vient avec nous
et toutes les biques du monde répandent leurs crottes dans l'égout
et s'ouvre le congrès eucharistique
et chacun d'accourir vers les divins excréments et les crachats sacrés
C'est que dieu constipé depuis 20 siècles n'a plus de boueux messie pour féconder les terrestres latrines
et les prêtres ne vendangeait plus que leur propre crottin
C'est alors que leur sueur murmura
Vous êtes du cambouis et je suis dieu
Pour me recevoir vous tendrez vos vastes battoirs
Lorsque vos oreilles et votre nez se rempliront de boue
vous me verrez sous la forme d'un putois pourri
Alors tous les poux nègres se retrouvèrent sur la même fesse
et dirent dieu est grand
dieu est plus grand que notre fesse
Nous avons fait l'hostie et il nous a fait crapauds
Pour que nous puissions tout le jour croasser le dies irae
Cependant la poussière des césars pénétraient dans leurs naseaux
et ces ruminants galeux beuglaient
Judas a vendu dieu comme des frites
Et ses os ont gratté les sabots des pur-sang
Ah qui nous donnera un dieu rafraîchi comme crâne sortant de chez le coiffeur
un dieu plus sale et plus nu que la boue
Le nôtre lavé par les rivières
n'est plus qu'un absurde et livide galet
- Première parution 1926, dans La Révolution Surréaliste n°8, repris dans Je ne mange pas de ce pain-là en 1936