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Revision as of 04:21, 28 July 2012 by 88.161.59.198 (Talk) (I - A quoi ressemblerait une société anarchiste ?)

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I.5 A quoi pourrait ressembler la structure sociale de l'anarchie ?

La structure sociale et politique de l'anarchie est semblable à la structure économique i.e., elle est basée sur une fédération volontaire de corps politique prenant des mesures sur la base de la démocratie directe. Ce sont les assemblées quartier et communauté et leurs confédérations. Dans ces unités politiques populaires, le concept d' "auto-gestion" devient celui d' "auto-gouvernement", une forme d'organisation municipale dans laquelle les gens reprennent à l'état bureaucratique et à la classe capitaliste le contrôle de leurs lieux de vie.

"Une nouvelle phase économique nécessite une nouvelle phase politique," soutenait Kropotkine, "Une révolution aussi profonde que celle rêvée par les socialistes [libertaires] ne peut pas accepter le moule d'une vie politique dépassée. Une nouvelle société reposant sur l'égalité des conditions, sur la possession collective des instruments du travail, ne peut pas tolérer en serait-ce qu'une semaine … le système représentatif … si nous voulons une révolution sociale, nous devons chercher une forme d'organisation politique qui corresponde aux nouvelles méthodes d'organisation économique … Le futur appartient aux groupements libres d'intérêts et non à la centralisation gouvernementale; il appartient à la liberté et non l'autorité." [Mots d'un Rebelle, pp. 143-4]

Ainsi, la structure sociale d'une société anarchique sera à l'opposé du système actuel. Au lieu d'être centralisée et de haut-en-bas comme pour l'état, elle sera décentralisée et organisée de bas-en-haut. Comme Kropotkine le dit, "le socialisme doit devenir plus populaire, plus communaliste, et moins dépendant de gouvernement indirect par le biais de représentants élus. Il doit devenir plus auto-gouverné." [Kropotkine, Tracts Révolutionnaires, p.185] Bien que les anarchistes aient différentes conceptions de comment ce système communal serait constitué (comme nous allons le voir), il y a un accord complet pour trois visions et principes basiques.

Ce renforcement du pouvoir des citoyens ordinaires par le biais de la décentralisation et la démocratie directe éliminera l'aliénation et l'apathie qui sont maintenant endémique dans les villes modernes, et (comme toujours lorsque les gens sont libres) libèrera un flot d'innovations pour faire face à l'effondrement social qui affecte nos décharges urbaines. La gigantesque métropole avec son administration hiérarchique et impersonnelle, ses "résidents" atomisés et isolés, sera transformée en un réseau de communautés à taille humaine (habituellement appelées "communes"), chacune avec son propre caractère unique et formes d'auto-gouvernement, qui sera co-opérativement liée aux autres communautés sur différents niveaux par une fédération, du municipal au bio-régional au global.

Bien entendu, il peut (et a été) soutenu que les gens ne sont tout simplement pas intéressés par la "politique". De plus, certains disent que ce désintérêt est la raison pour laquelle les gouvernements exiltent -- les gens délèguent leurs responsabilités aux autres parce qu'ils ont mieux à faire. Un tel argument, cependant, présente des défauts d'ordre empiriques. Comme indiqué en section B.2.6, la centralisation du pouvoir pendant les révolutions française et américaine s'est produite parce les ouvriers avaient trop d'intérêt pour la politique et les problèmes sociaux, et non l'inverse ("Attaquer le pouvoir central, l'extirper de ses prérogatives, décentraliser et dissoudre l'autorité, aurait été pareil que d'abandonner aux gens le contrôle de leurs affaires, de courir le risque d'une réelle révolution populaire. C'est pourquoi la bourgeoisie a cherché à renforcer encore plus le gouvernement central…" [Kropotkine, Mots d'un Rebelle, p. 143]).

Dit simplement, l'état est centralisé pour facilité la domination de la minorité en excluant les masses de gens des processus de prise de décisions dans la société. Il faut s'y attendre puisque les structures sociales n'évoluent pas par hasard -- au contraire, elles se développent pour combler des besoins et obligations spécifiques. Le besoin spécifique de la classe dirigeante est de diriger, ce qui veut dire marginaliser le gros de la population. Ses obligations sont pour le pouvoir de la minorité et cela se transforme en la structure de l'état (et l'entreprise capitaliste).

Même si on ignore les évidences historiques sur le sujet, les anarchistes ne tirent pas cette conclusion de l'actuelle apathie qui nous entoure. En fait, nous pensons que cette apathie n'est pas la cause du gouvernement mais son résultat. Le gouvernement est un système hiérarchique par nature dans lequel les gens ordinaires sont délibérément marginalisés. L'impuissance que les gens ressentent à cause des mécanismes du système assure qu'ils y soient indifférents. Garantissant ainsi que les élites riches et puissantes gouvernent la sociéé sans être dérangés par la majorité d'oppressés et d'exploités.

De plus, le gouvernement colle habituellement son nez dans les affaires pour lesquelles la plupart des gens n'ont que peu d'intérêt. Quelques choses, comme dans la régulation de l'industrie ou la sécurité et les droits des travailleurs, qu'une société libre pourrait laissé à ceux qui sont touchés pour qu'ils puissent prendre leurs propres décisions (nous doutons que les ouvriers s'assujettiraient à des conditions de travail dangereuses, par exemple). Ou bien, la question d'actes et moralité personnels, qu'un peuple libre n'aurait que faire (à moins qu'ils portent atteinte à autrui, bien entendu). Ceci, encore, réduirait le nombre de problèmes qui seraient discutés dans une commune libre.

Aussi, par le biais de la décentralisation, un peuple libre discuterait principalement les problèmes locaux, réduisant ainsi la complexité de bien des questions et solutions. Les problèmes plus larges seraient bien entendu discutés mais ça serait pour traiter de problèmes bien spécifiques et donc plus restreint de par leurs natures que ceux soulevés par le corps législatif de l'état. Donc, une combinaison de centralisation et un désir irrationnel de discuter toutes les questions aident aussi à faire penser que la "politique" est ennuyeuse et hors de propos. Comme mentionné ci-dessus, ce n'est pas le résultat d'un accident et la marginalisation des gens "ordinaires" est en fait célébrée par la théorie "démocratique" bourgeoise. Noam Chomsky note que :

"Les théorises démocratiques du 20ème siècle conseille au "public de rester en ordre," pour que "les hommes responsables" puissent "vivre libre du piétinement et rugissement de la horde déconcertée", "les outsiders ignorants et indiscrets" dont "la fonction" est d' "être des spectateurs intéressés de l'action", et non des participants, en donnant périodiquement du poids à l'une ou l'autre des classes dirigeantes (élections), puis retournant à leurs affaires privées. (Walter Lippman). La grande partie de la population, est "ignorante et mentalement déficiente" et doit être tenue en place pour le bien commun, nourrie par une "illusion nécessaire" et des "simplifications excessives qui soient émotionellement fortes" (Robert Lansing et Reinhold Niebuh, secrétaire d'état de Wilson). Leurs homologues "conservateurs" sont simplement plus extrêmes dans leur adulation des Hommes Sages qui sont les dirigeants légitimes --- au service des riches et puissants, une note de bas de page mineure et régulièrement oubliée." [Année 501, p. 18]

Comme discuté dans la section B.2.6 ("Qui bénéficie de la centralisation ?") cette marginalisation du public de la vie politique assure les riches puissent être "laissés seuls" pour utiliser leur pouvoir comme ils l'entendent. Autrement dit, une telle marginalisation est une partie nécessaire d'une société capitaliste fonctionnant pleinement. Donc, sous le capitaliseme, les structures sociales libertaires doivent être découragées. Ou comme Chomsky le dit, la "populace doit être instruite selon des valeurs de subordination et quête restreinte d'enrichissement personnel selon les paramètres définis par les institutions des dirigeants; une démocratie constructive, avec des associations et actions populaires, est une menace qu'il faut évincer." [Op. Cit., p. 18] Cette philosophie peut être vu dans la déclaration d'un banquier américain au Venezuela sous la dictature assassine de Jimenze :

"Ici, vous avez la liberté de faire ce que vous voulez de votre argent, et pour moi, cela vaut bien toutes les libertés politiques du monde." [cité par Chomsky, Op. Cit., p. 99] Empêcher toute alternative libertaire à l'étatisme est une caractéristique courante du système actuel. En marginalisant et affaiblissant les gens, la capacité des individus à gérer leurs propres activités sociales est ébranlée et affaiblie. Ils développent une "peur de la liberté" et acceptent les institutions autoritaires et les "dirigeants puissants" ce qui en retour renforce leur marginalisation. Cette conséquence n'est pas très surprenante. Les anarchistes soutiennent que le désir de participer et la capacité à participer sont en symbiose : la participation se nourrie d'elle-même. En créant les structures sociales qui permettent la participation, la participation augmentera. Au fur et à mesure que les gens prennent le contrôle de leurs vies, leur capacité à prendre ce contrôle augmente aussi. Le défi d'être responsable de décisions qui font la différence est en même temps une occasion pour se développer personnellement. Commencer à sentir le pouvoir, après s'être auparavant senti impuissant, gagner l'accès aux ressources nécessaires pour une participation effective et apprendre à les utiliser, est une expérience libératrice. Lorsque les gens deviennent des sujets actifs, en faisant se provoquer les événements et choses dans un aspect de leurs vies, ils sont moins susceptibles de rester des objets passifs, en laissant les choses arriver à leur insu dans d'autres aspects de leurs vies. Dans l'ensemble, la "politique" est un sujet bien trop important pour le laisser entre les mains des politiciens, des riches et des bureaucrates. Après tout, c'est ce qui touche les amis, la communauté, et au bout du compte, la planète Terre. De tels problèmes ne peuvent être laissés entre les mains de personnes que soi.

Ainsi, une vie communale constructive faite d'individus qui s'auto-responsabilisent est une possibilité distincte (en effet, cela s'est répété et avéré vrai tout au long de l'histoire). Ce sont les structures hiérarchiques de l'étatisme et du capitalisme, marginalisant et déresponsabilisant la majorité, qui sont aux racines de l'actuelle apathie de grande taille face aux perturbations sociale et écologique. Les socialistes libertaires font ainsi appel à une forme de système politique radicalement différente pour remplacer l'état-nation centralisé, une forme qui serait basé autour de confédérations de communautés auto-gouvernées. En d'autres mots, dans l'anarchisme "la société est une société de sociétés; une ligue de ligues de ligues; une communauté de communautés de communautés; une république de républiques de républiques. C'est la seul qu'il y a la liberté et l'ordre, seulement là qu'il y a l'esprit, un esprit qui est l'auto-suffisance et la communauté, l'unité et l'indépendance." [Gustave Landauer, Pour le Socialisme, pp. 125-6]

Créer un tel système demanderait de détruire l'état-nation et reconstituer des relations entre les communautés sur la base de l'auto-détermination, et de confédérations libres et égales par le bas. Dans les sous-parties qui vont suivent, on verra plus en détail pourquoi ce nouveau système est nécessaire et ce à quoi il ressemblerait. Comme souligné dans l'introduction, ce ne sont que des suggestions de possibles solutions anarchiques à une organisation sociale. La plupart des anarchistes reconnaissent que les communautés anarchistes co-existeront avec les communautés non-anarchiques après la destruction de l'état existant. Comme tout anarchiste, ici sont discutées les visions anarchiques. Les non-anarchistes sont libres de dépeindre leur propre futur possible.


I.5.1 Qu'est-ce que les communautés participatives ?

Comme Murray Bookchin le dit dans La Montée de l'Urbanisation et le Déclin de la Citoyenneté (ré-édité De l'Urbanisation aux Villes), la ville moderne est une annexe virtuelle du lieu de travail capitalise, un prolongement et homologue essentiel de l'usine (ici, "usine" renvoie n'importe quelle entreprise pour laquelle la valeur ajoutée vient des employés). Ainsi, les villes sont structurées et administrées principalement pour servir les besoins de l'élite capitaliste -- les employeurs -- plutôt que les besoins de la plupart -- leurs employés et familles. De ce point de vue, la ville doit être vu comme (1) un centre de transit pour importer des matières premières et exporter des produits finis; et (2) un immense dortoir pour les esclaves-salariés, les logeant comme par hasard près des entreprises où leur travail est exploité, leur fournissant des divertissements, des habits, des centres médicaux, etc. en même temps que des mécanismes coercitifs pour contrôler leur comportement.

L'attitude derrière la gestion de ces fonctions "civiques" par les servants bureaucratiques de la classe dirigeante capitaliste est purement instrumentale : les citoyens-travailleurs ne sont traités que comme des moyens pour des fins profitables, et non comme des fins en soi. Cette attitude se reflète dans les caractéristiques très largement aliénatrices de la ville moderne : sa taille inhumaine; l'impersonnalité glaciale de ses institutions et fonctionnaires; son sacrifice des considérations de santé, de confort, de plaisir et d'esthétique pour des besoins de performance en efficacité et en "rapport coût-efficacité"; le manque de la moindre véritable interaction communale entre les résidents autre que la consommation collective des commodités et des distractions; leur isolation sociale conséquente ainsi que la tendance à se réfugier dans la télévision, l'alcool, les drogues, les gangs, etc. De telles caractéristiques font de la métropole moderne la vrai anti-thèse de l'authentique communauté pour laquelle la plupart de ses résidents désirent ardemment. Cette contradiction au coeur du système inclue la possibilité d'un changement social et politique radical. La clé de ce changement, d'un point de vue anarchiste, est la création d'un réseau de communauté participatives qui reposent sur l'auto-gouvernement par le biais de la démocratie directe et en face-à-face dans les quartiers et assemblées communales populaires. Comme dit en section I.2.3 de telles assemblées naîtront de la lutte sociale et donc reflèteront les besoins de cette lutte et de ceux qui y participent. Ainsi les commentaires faits ici sont à considérer comme des généralisations de caractéristiques importantes de telles communautés et non de projets.

Traditionnellement, ces communautés participatives étaient appelées communes dans la théorie anarchiste ("La cellule sociale et économique de base d'une société anarchiste est la commune libre et indépendante" [A. Grachev, cité par Paul Avrich, Les Anarchistes dans la Révolution Russe, p. 64] Dans la pensée anarchiste, il y a deux conceptions principales de la commune libre. L'une des visions repose sur le principe de délégués d'entreprises, l'autre sur les assemblées de quartier. Chacune d'elle va être étudiée.

Bakounine avançait que la "future organisation sociale doit être faite seulement de bas en haut, par le biais de la libre association ou fédération de travailleurs, d'abord dans leurs syndicats, puis dans leurs communes, régions, nations et finalement dans une grande fédération internationale et universelle." Autrement dit, "l'Alliance fédérative de toutes les associations et organisations de travailleurs … formeront la commune." [Mikhaïl Bakounine : Ecrits Choisis, p. 206 et p. 170]

La vision de la commune a été créée pendant de nombreuses révolutions précédentes (comme en Russi en 1905 et 1917 et en Hongrie en 1956). Basée sur les entreprises, cette forme de commune a l'avantage de reposer sur des groupes de gens qui sont naturellement ensemble tout au long de la journée (Bakounine considérait les corps d'entreprises comme "l'organisation naturelle des masses" comme ils étaient "basés sur les différents types d'activité" qui "définissent leur présente vie quotidienne" [The Basic Bakunin, p. 139]). Cela faciliterait l'organisation des assemblées, des discussions des problèmes sociaux, économiques et politiques et le mandatement et rappel des délégués. De plus, ça allie les pouvoirs politique et économique en une seule et même organisation, assurant ainsi que la classe ouvrière gère vraiment la société.

Plus tard, cette vision a été soulignée d'autres penseurs anarchistes. Par exemple, l'anarchiste espagnol Issac Puente pensait que dans les villes " la part de la municipalité libre est tenue par la fédération locale … La souveraineté ultime dans la fédération locale de syndicats industriels appartient à l'assemblée générale réunissant tous les producteurs locaux." [Communisme Libertaire, p. 27] L'anarchiste russe G. P. Maximoff voyait la "fédération communale" comme "faite de milliers d'organisations et associations ouvrières agissant librement." [Le Programme de l'anarcho-syndicalisme, p. 43]

D'autres anarchistes contrebalancent les assemblées de quartier par des conseils de travailleurs. Ces assemblées seront des meetings généraux ouverts à tous les citoyens dans tous les quartiers, villes et villages et seront la source de "l'autorité" finale sur la politique publique pour tous les niveaux de coordination confédérale. De tels "meetings de ville" amèneront les gens ordinaires au coeur de processus politique et leur donneront une voix égale dans les décisions qui affectent leurs vies. Certains anarchistes prennent pour exemple la Révolution Française de 1789 et les "sections" de la commune de Paris comme l'exemple clé "d'un peuple se gouvernant directement lui-même -- selon possibilité -- sans intermédiaires, sans dirigeants." Il est dit que, basé sur cette expérience, "les principes de l'anarchisme … datent de 1789, et qu'ils ont leurs origines non pas dans des spéculations théoriques, mais dans les actes de la Grande Révolution Française." [Pierre Kropotkine, La Grande Révolution Française, vol. 1, p. 210 et p. 204]

Les critiques des conseils de travailleurs soulignent que tous les travailleurs ne travaillent pas dans des usines ou des entreprises. Beaucoup sont des parents qui s'occupent de leurs enfants par exemple. En basant la commune sur l'entreprise, ces gens là sont automatiquement exclus. De plus, dans la plupart des villes modernes beaucoup de gens ne vivent pas près de là où ils travaillent. Cela voudrait dire que les affaires locales ne pourraient pas être efficacement discutées dans un système de conseils de travailleurs puisque beaucoup qui prennent part dans les débats ne sont pas touchés par les décisions prise (c'est quelque chose que les personnes en faveur des conseils de travailleurs ont remarqué et ils sont pour des conseils qui sont délégués à la fois des habitants et des travailleurs d'une zone).

De plus, des anarchistes comme Murray Bookchin disent les systèmes basés sur l'entreprise génèrent automatiquement "des intérêts spécifiques" et excluent ainsi les problèmes de la communauté. Seules les assemblées de communauté peuvent "transcender les traditionnels intérêts spécifiques du travail, de l'entreprise, du status, des relations de propriété et créer un intérêt général reposant sur les problèmes partagés de la communauté." [Murray Bookchin, De l'Urbanisation aux Villes, p. 254]

Cependant, de telles assemblées de communautés ne sont valides que si elles peuvent s'organiser rapidement dans le but de prendre des décisions et de mandater et rappeler des délégués. Dans la ville capitaliste, beaucoup de gens travaillent loin de là où ils vivent et donc de tels meetings doivent être organisés sur un temps après le travail ou le weekend. Donc, le besoin clé est de réduire le temps de travail (jour/semaine) et de communaliser l'industrie. Pour cette raison, beaucoup d'anarchistes continuent de soutenir la vision de la commune reposant sur les conseils de travailleurs , complétées par des assemblées de communauté pour ceux qui habitent un certain endroit mais ne travaillent pas dans une entreprise traditionnelle (e.g. les parents qui élèvent leurs enfants en bas âge, les personnes âgées, les personnes malades etc.)

Ces positions ne sont pas des divisions dures et rapides, loin de là. Puente, par exemple, pensait que à la campagne la commune dominante serait "tous les résidents d'un village ou hameau se rassemblant en une assemblée (conseil) avec les pleins pouvoirs pour administrer les affaires locales." [Op. Cit. p. 25] Kropotkine soutenait les soviets de la Révolution Russe, en disant que "l'idée soviétique … de conseils de travailleurs et de paysans … contrôlant la vie économique et politique du pays est une grande idée. D'autant plus que cela suit nécessairement le fait que ces conseils soient composés de tous ceux qui prennent part à la production de la richesse naturelle par le biais de leurs propres efforts." [Tracts Révolutionnaires de Kropotkine, p. 254]

Laquelle de ces méthodes, conseils de travailleurs ou assemblées de communauté, sera utilisée dans une communauté dépendra des conditions locales, des besoins et des aspirations et il est inutile de tirer des conclusions sévères et rapides. Il est probable qu'un mélange des deux approches soit utilisé, avec les conseils de travailleurs complétés par les assemblées de communauté jusqu'au moment où la semaine de travail sera plus courte et la décentralisation des centres urbains aura eu lieu, alors les assemblées de communauté seront l'option la plus réaliste. Il est probable que dans une société totalement libertaire, les assemblées de communauté seront l'organisation communale dominante mais dans la période juste après la révolution cela pourrait ne pas être immédiatement possible. Des conditions objectives, plutôt que des prédictions, seront le facteur décisif. Sous le capitalisme, les anarchistes poursuivent les deux formes d'organisation, alliant commuté et syndicat industriel dans la lutte des classes (voir section J.5.1 et J.5.2).

Quelque soit l'exacte formation de la commune, il y aurait des caractéristiques identiques. Il y aurait des associations libres, reposant sur l'obligation auto-adoptée de ceux qui les rejoignent. Dans une association libre, la participation est essentielle simplement parce que c'est le seul moyen par lequel les individus s'affirment en tant qu'être unique dans une association, parce que l'association ne possède personne, parce que l'individu est celui qui possède l'association et qui la tourne à son propre avantage." Les règles gouvernant l'association sont déterminées par les associés et ils peuvent aussi les modifier (et donc une large amélioration pour ce qui est du "apprécie ou pars") comme le sont les politiques que l'association suit. Ainsi, l'association "ne s'impose pas comme pouvoir spirituel supérieur sur l'esprit de l'individu, qui n'a aucun désir de vouloir devenir esclave de ses maximes, mais qui les soumettrait plutôt à son criticisme continu." [Max Stirner, Ni Dieux, Ni Maîtres, vol. 1, p. 17]

Ainsi les communautés participatives sont librement rejointes et auto-gérées par leurs membres. Plus de division entre les donneurs d'ordres et les receveurs d'ordres telle qu'elle existe dans les entreprises de l'état et capitalistes. Au contraire, les associés se gouvernent eux-mêmes et tandis que les gens assemblés décident collectivement des règles gouvernant leur association, et y sont liés en tant qu'individu, ils y sont aussi supérieurs dans le sens que ces règles peuvent toujours être modifiées ou supprimées (voir section A.2.11 -- "Pourquoi est-ce que la plupart des anarchistes sont pour la démocratie directe ?" -- pour plus de détails). Comme on peut le voir, une commune participative est une nouvelle forme de vie sociale, radicalement différente de l'état puisqu'elle est décentralisée, auto-gouvernée and basée sur l'autonomie individuelle et le libre accord. Ainsi, Kropotkine :

"Le système représentatif a été organisé par la bourgeoisie pour assurer sa domination, et il disparaîtra avec elle. Puisque pour la nouvelle phase économique qui est sur le point de commence, il faut chercher une nouvelle forme d'organisation politique qui repose sur un principe assez différent de celui de la représentation. La logique des événements l'impose." [Mots d'un Rebelle, p. 125] Cette "nouvelle forme d'organisation politique doit être faite au moment où les principes socialistes entreront dans la vie des gens. Il est évident que cette nouvelle forme devra être plus populaire, plus décentralisée, et plus proche de l'auto-gouvernement de la petite gens que n'importe quel gouvernement représentatif puisse l'être." [Kropotkine, Tracts Révolutionnaires, p. 184] Lui, comme tous les anarchistes, considère que l'idée que le socialisme puisse être créé en prenant le dessus sur l'état actuel ou en créant un nouveau est voué à l'échec. Au lieu de cela, il reconnaît que le socialisme ne peut se construire qu'en utilisant des nouvelles organisations qui reflètent l'esprit du socialisme (telles que la liberté, l'auto-gouvernement etc.). Kropotkine, comme Proudhon et Bakounine avant lui, dit ainsi que "[c']est la forme que la révolution sociale doit prendre -- la commune indépendante … [dont] les habitants décident qu'ils mettent en commun la consommation des commodités, leurs échanges et productions." [Op. Cit., p. 163]

En un mot, une communauté participative est une association libre, reposant sur l'assemblée de masse des gens qui livrent dans une même zone, le moyen par lequel ils prennent les décisions qui les concernent, qui concernent leur communautés, bio-régions et la planète. Leur tâche essentielle est de fournir un forum pour soulever les problèmes publiques et les régler. De plus, ces assemblées seront un moyen clé pour générer une communauté (et l'esprit de communauté) et construire et enrichir les relations sociales entre les individus et, tout aussi important, pour développer et enrichir les individus par le processus même de participations dans les affaires communales. En discutant, pendant et écoutant les autres, les individus développent leur propre capacités et pouvoirs tout en gérant leur propres affaires, assurant ainsi que personne ne le fait à leur place (i.e. ils se gouvernent eux-mêmes et ne sont plus gouvernés par le haut par d'autres). Comme Kropotkine le dit, l'auto-gestion a un effet éducatif sur ceux qui la pratique :

" La permanence des assemblées générales des sections -- qui sont, la possibilité d'appeler l'assemblée générale quand c'est demandé par les membres de la section et de tout discuter dans l'assemblée générale … éduquera politiquement chaque citoyen … La section en permanence -- le forum toujours ouvert -- est le seul moyen … d'assurer une administration honnête et intelligente." [La Grande Révolution Française, vol. 1, pp. 210-1]

Tout comme intégrer la vie sociale d'une communauté et encourager le développement social et politique de ses membres, ces communes libres seront aussi intégrées dans l'écologie locale. L'humanité vivrait en harmonie avec la nature et avec elle-même :

"On peut envisager que leurs carrés seront entrelacés de courants, leurs espaces de rassemblement entourés de bosquets, leurs contours physiques respectés et aménagés avec goût, leurs sols nourris précautionneusement pour favoriser la diversité des plantes pour eux-mêmes, leurs animaux domestiques, et autant que possible la vie sauvage qu'ils supporteraient en marge." [Murray Bookchin, L'Ecologie de la Liberté, p. 344]

La commune elle-même aurait pour but d'équilibrer agriculture et industrie, comme décrit par Pierre Kropotkine dans son travail classique Terres, Usines et Ateliers. Ainsi, une commune libre aurait pour but d'intégrer l'individu dans la vie sociale et communale, la vie rurale et urbaine dans un équilibre global et la vie humaine dans une écologie à plus large échelle. De cette manière, la commune libre ferait de l'habitat humain complètement écologique, mettant fin à la division nette et inutile (et déshumanisante et désindividualisante) entre la vie haine et le reste de la planète. La commune serait un moyen clé de l'expression de la diversité dans l'humanité et la planète et améliorerait la qualité de vie en société :

"La Commune … sera entièrement dévouée à l'amélioration la vie communale de la localité. En faisant leurs requêtes auprès des Syndicats, Constructeurs, Santé Publique, Transport et Pouvoir, appropriés, les habitants de chaque Commune seront capable de gagner tous les agréments raisonnables pour vivre, l'organisation des villes, parcs, aires de jeux, arbres dans les rues, cliniques, musées et galeries d'art. Donnant, comme l'assemblé de ville médiévale, une possibilité à toute personne intéressée de prendre part, et influencer, les affaires de la ville, son apparence, la Commune sera un corps bien différent du conseil municipal…

Dans les temps anciens et médiévaux, les villes et villages exprimaient les différents caractères de différentes localités et de leurs habitants. En brique rouge, Portland ou granite, en plâtre ou brique, en hauteur de toit, agencements des bâtiments entre eux ou motifs d'ardoise et de chaume, chaque localité attisait l'intérêt des voyageurs … chacune s'exprimait en château, maison ou cathédrale.

Combien différent est l'ennuyeuse, morne, ou flashy monotonie ostentatoire de l'Angleterre moderne. Toutes les villes sont les mêmes. Les mêmes Woolworth, les mêmes cinémas Odéon et magasins divers, les mêmes 'logements sociaux' ou 'maisons semi-mitoyennes'… Nord, Sud, Est, ou Ouest, quelle est la différence, ou est le changement ?

Avec la Commune, la laideur et monotonie de l'actuelle vie en ville ou à la campagne sera éradiquée, et chaque localité et région, chaque personne sera capable d'exprimer sa joie de vivre, en vivant ensemble." [Tom Brown, Syndicalisme, p. 59]

La taille des assemblées de quartiers variera, mais fluctuera probablement autour d'une taille idéale, susceptible d'être découvert en pratique, qui fournira une échelle viable d'interactions en face-à-face et permettra à la fois une variété de contacts personnels mais aussi l'opportunité de savoir et se faire opinion personnelle de chaque individu dans le quartier. Certains anarchistes ont suggéré que la taille idéale pour une assemblée de quartier devrait être en dessous d'un millier d'adultes. Ceci, bien entendu, suggère que toute ville serait une confédération d'assemblées -- comme ça a été bien entendu très efficacement pratiqué à Paris pendant la Grande Révolution Française.

De telles assemblées se rencontreraient régulièrement, au minimum une fois par mois (probablement plus souvent, particulièrement durant les périodes qui demandent des prises de décisions régulières et rapides, comme une révolution), et auraient à faire à une grande variété de problèmes. Pour reprendre les mots de la CNT sur la résolution de communisme libertaire : "la fondation de cette administration sera la commune. Ces communes seront autonomes et fédérées à des niveaux régionaux et nationaux pour parvenir à leurs buts généraux. Le droit à l'autonomie n'empêche pas le devoir de s'accorder sur les bénéfices de la collectivité.

[La] commune … sans aucune restrictions volontaires entreprendra d'adhérer à n'importe quelle norme générale devra être accordée par la majorité du vote après un débat libre. En retour, ces communautés dont l'industrialisation … s'accordent sur un modèle de co-existence différent et sera donnée le droit d'avoir une administration autonome libérée des responsabilités et engagements généraux.

… la commune est autonome et confédérée par les autres communes … la commune aura le devoir de s'intéresser à tout ce qui puisse toucher l'intérêt de l'individu. Elle aura à superviser l'organisation, le fonctionnement et la béatification de l'endroit. Elle verra que ses habitants sont logés et que les objets et produits leur sont disponibles grâce aux syndicats de producteurs ou associations.

De même, elle sera concernée par l'hygiène, la tenue de statistiques de la commune et par des besoins collectif tel que l'éducation, les services de santé et par la maintenance et l'amélioration des moyens de communication locaux.

Elle orchestrera les relations avec les autres communes et veillera à encourager toutes les poursuites artistiques et culturelles.

De manière à ce que sa mission soit correctement remplie, un conseil communal sera désigné … Aucun de ces postes n'aura de pouvoir exécutif ou bureaucratique … [ses membres] joueront leur rôle de producteurs se réunissant lors d'une session après une journée de travail pour parler des sujets détaillés qui ne demande pas l'approbation des assemblées communales.

Les assemblées doivent être utilisées aussi souvent qu'il le faut pour les intérêts de la commune, sur requête du conseil communal ou sur le voeu des habitants de chaque commune … Les habitants d'une commune débattront de leurs problèmes internes entre eux… Les fédérations délibéreront pour les problèmes majeurs qui affectent le pays ou une province et toutes les communes doivent être représentées à leurs réunions et assemblées, afin de pouvoir permettre aux délégués de communiquer le point de vue démocratique de leur commune respective … chaque commune qui est impliquée aura son mot à dire … Pour les questions d'ordre régional, c'est le devoir de la fédération régionale de mettre en oeuvres les accords … Ainsi, le point de départ est l'individu, qui se déplace dans à la commune, à la fédération et tout en haut à la confédération." [cité par Jose Peirats, La CNT pendant la Révolution Espagnole, vol. 1, pp. 106-7]

Ainsi donc l'assemblée communale discute ce qui affecte la communauté et ceux qui la compose. Comme ces association de communauté locale seront membres de corps communaux plus importants, l'assemblée communale discutera aussi les problèmes qui concernent un périmètre un peu plus étendu, comme indiqué, et mandatera ses délégués pour les discuter lors d'assemblées de confédérations (voir section suivante). Ce système, il doit être noté, a été couronné de succès lors de la Révolution Espagnole (voir section I.8) et ne peut dont pas être rejeté comme un rêve qui serait pris pour une réalité.

Cependent, bien entendu, la structure actuelle d'une société libre sera mise en pratique. Comme Bakounine le fait justement remarquer, la société "peut, et doit, s'auto-organiser d'une manière différente [de ce qui la précédait], mais pas de haut en bas et selon un plan idéal" [Mikhaïl Bakounine : Ecrits Choisis, p. 205] Ce qui semble probable est que les confédérations de communes seront nécessaires. C'est l'objet de la prochain section.

I.5.2 Pourquoi est-ce que des confédération de communautés participatives sont nécéssaires ?