Anarchisme sans adjectif

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L'Anarchisme sans adjectif est une forme d'anarchisme sans trait d'union d'ordre économique, sans qualificatif (ex: communiste, mutualiste...).

Origines

Le créateur de l'expression est Fernando Tarrida del Marmol, qui l'utilisa en Novembre 1889, à Barcelone. Il dirigea ses commentaires envers les anarchistes communistes et collectivistes (théorie de bakounine), qui à cette époque, en Espagne, tenaient un intense débat sur les mérites des 2 théories. L'anarchisme sans adjectif était une tentative de montrer une plus grande tolérance entre les tendances libertaires et de rendre clair que les anarchistes ne devraient pas imposer de plan économique préconçu à qui que ce soit, même dans la théorie. Les "anarchistes sans adjectifs" ont été portés à rejeter tous les modèles économiques comme faux, ou/et ont pris une position pluraliste prenant de chacun des modèles à un degré limité de façon à ce que la diversité préserve et contrôle l'harmonie. Pour ces anarchistes, les tendances économiques sont vues comme d'"importance secondaire" par rapport à l'abolition de l'autorité, sous sa forme de l'État ou du capitalisme, et vis-à-vis de la liberté d'expérimentation comme règle première de la société libre.

Histoire

La perspective théorique connue comme "anarquismo sin adjetivos" fut le produit d'un intense débat à l'intérieur du mouvement anarchiste. Les racines de ses arguments peuvent être retrouvées dans le développement de l'Anarcho-communisme après la mort de Bakounine en 1876. Même s'il n'est pas totalement différent du Collectivisme anarchiste (comme il peut être vu dans le fameux travail de James Guillaume, "On Building the New Social Order", à travers Bakounine sur l'anarchisme, les collectivistes ont vu leur système économique évoluer en communisme libre) les anarchistes communistes ont développé, approfondi et enrichi l'oeuvre de Bakounine tout comme Bakounine avait développé, approfondi et enrichi l'oeuvre mutualiste de Proudhon. L'anarchisme communiste était associé avec des anarchistes comme Élisée Reclus, Carlo Cafiero, Errico Malatesta et Pierre Kropotkine.

Les idées anarchistes communistes remplacèrent celles du Collectivisme anarchiste au titre de tendance anarchiste la plus populaire en Europe, excepté en Espagne. Ici la question majeure n'était pas la question du communisme (bien que selon Ricardo Mella, cela ait joué un rôle) mais une question de modification de stratégie et de tactique implicites dans l'anarchisme communiste. À cette époque (les années 1880), les anarchistes communistes mirent la pression sur les groupes locaux des militantEs, généralement opposés au syndicalisme et caractérisés par un côté anti-organisationnel. Sans surprise, un tel changement de stratégie et de tactique s'est immiscé dans beaucoup de discussions des collectivistes libertaires espagnols qui soutiendront fortement l'organisation et la lutte de la classe ouvrière.

Ce conflit se propagea rapidement en dehors de l'Espagne et la discussion se poursuivit dans les pages du journal La Revolte, à Paris. Ceci amena de nombreux anarchistes à acquiescer aux propos de Malatesta du fait que : "ce n'est pas bien pour nous, du moins, de tomber dans les différends sur de simples hypothèses." [cité par Max Nettlau, "Une courte histoire de l'anarchisme", pp. 198-9] Avec le temps, la plupart des libertaires accordèrent (pour utiliser les mots de Nettlau) que "nous ne pouvons pas prévoir le développement économique du futur" [Op. Cit., p. 201] et commencèrent alors à mettre en évidence ce qu'ils et elles avaient en commun, plutôt que les différentes visions de comment une société libre opérerait. Au fur et à mesure que le temps passait, la plupart des anarcho-communistes se rendirent compte qu'ignorer le mouvement ouvrier rendait impossible la propagation de leurs idées au sein des classes laborieuses tandis que la plupart des anarcho-communistes soulignaient leur engagement aux idéaux communistes et leur application directe, plutôt que différée, après une révolution.

Similairement, aux États-Unis, il y avait un intense débat au même moment entre les anarchistes individualistes et communistes. Là-bas, Benjamin Tucker argumentait que les anarcho-communistes n'étaient pas anarchistes alors que Johann Most disait des choses similaires à propos des idées de Tucker. Tout comme Mella et Tarrida avancèrent l'idée de tolérance entre les groupes anarchistes, Voltairine de Cleyre "en vint à se désigner comme simplement Anarchiste, et lança l'appel comme Malatesta pour un "Anarchisme sans adjectif", dans lequel, en l'absence de gouvernement (au sens large) plusieurs expérimentations (Liberté d'expérimentation) différentes seraient probablement essayées dans diverses localités dans le but de choisir la forme appropriée." [Peter Marshall, Demanding the Impossible, p. 393-traduit]

Ces débats ont eu un impact durable sur le mouvement anarchiste, avec des anarchistes reconnus comme de Cleyre, Malatesta, Nettlau et Reclus adoptant la perspective tolérante contenue dans l'expression "anarchisme sans adjectif".

Pour d'autres, il fut compris comme une attitude de tolérance et de coexistence entre les différentes tendances anarchistes (Voir : "Anarchist Ideology and the Working Class Movement in Spain", 1868-1898, p. 135), or cela a plus à voir avec le Synthésisme libertaire

Pour en savoir plus

A Short History of Anarchism, Max Nettlau (Freedom Press, 2001) (les pages 195-201 propose un sommaire)

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  1. REDIRECT Modèle:Wikipedia (traduit)