FAQAnar:A.2.1 - Quelle est l'essence de l'anarchisme ?
Catégorie:Que représente l'Anarchisme?
Comme nous l'avons vu, « an-archie » implique « sans dirigeants » ou « sans autorité (hiérarchique) ». Les anarchistes ne sont pas contre les « autorités » dans le sens d'experts qui sont particulièrement bien informés, habile, sage ou, si elles estiment que ces autorités ne devrait pas avoir le pouvoir de forcer les autres à suivre leurs recommandations (voir la section B.1 pour plus d'informations sur cette distinction ). En un mot, donc, l'anarchisme est de l'anti-autoritarisme.
Les anarchistes sont anti-autoritaires car ils pensent qu'aucun être humain ne doit dominer l'autre. Les anarchistes, selon les mots de L. Susan Brown, « croient en la dignité inhérente et en la valeur de la personne humaine. »[1] La domination est intrinsèquement dégradante et avilissante, car elle submerge la volonté et le jugement des dominés par la volonté et le jugement des dominateurs, détruisant ainsi la dignité et le respect de soi qui vient uniquement de l'autonomie personnelle. En outre, la domination rend possible et conduit généralement à l'exploitation, qui est à l'origine de l'inégalité, la pauvreté et la fracture sociale.
En d'autres termes, alors, l'essence de l'anarchisme (pour l'exprimer positivement) est de la libre coopération entre égaux pour maximiser leur liberté et leur individualité.
La coopération entre égaux est la clé de l'anti-autoritarisme. Par la coopération, nous pouvons développer et protéger notre propre valeur intrinsèque d'individus uniques, ainsi que l'enrichissement de nos vies et de la liberté puisque « pas un individu ne peut reconnaître sa propre humanité, ni par conséquent la réaliser dans la vie, si ce n'est en la reconnaissant dans les autres et en coopérant à sa réalisation pour les autres. [...] Ma liberté est la liberté de tous, puisque je ne suis réellement libre, libre non seulement en idée mais en fait, que quand ma liberté et mon droit trouvent leur confirmation et leur sanction dans la liberté et le droit de tous les hommes [et femmes], mes égaux. »[2]
Tout en étant anti-autoritaires, les anarchistes reconnaissent que les êtres humains ont un caractère social et qu'ils s'influencent mutuellement. Nous ne pouvons pas échapper à l'« autorité » de cette influence réciproque, parce que, comme nous le rappelle Michel Bakounine :
« L'abolition de cette influence mutuelle serait la mort, et quand nous revendiquons la liberté des masses, nous ne prétendons abolir aucune des influences naturelles que les individus ou les groupes d'individus exercent sur elles : ce que nous voulons, c'est l'abolition des influences artificielles, privilégiées, légales, officielles. »[3]
En d'autres termes, ces influences qui proviennent de l'autorité hiérarchique.
C'est parce que les systèmes hiérarchisés, tel le capitalisme, nient la liberté et, de ce fait, « que les mentalités et le moral des gens, leurs qualités intellectuelles et physiques sont dérisoires, rabougries et écrasées » (voir la section B.1 pour plus de détails). Ainsi, une des « grandes vérités de l'anarchisme », c'est que « pour être vraiment libre, il faut permettre à chacun de vivre leur vie à leur façon, aussi longtemps que chacun permet à tous de faire de même. » C'est pourquoi les anarchistes se battent pour une société meilleure, pour une société qui respecte les individus et leur liberté. Sous le capitalisme, « toute chose est sur le marché pour la vente : tout est marchandise et commerce », mais il existe « certaines choses qui n'ont pas de prix. Parmi celles-ci, la vie, la liberté et le bonheur, et ce sont ces choses que la société de demain, La société libre, garantira à tous. » Les anarchistes, en conséquence, cherchent à rendre les gens conscients de leur dignité, de leur individualité et de leur liberté, et d'encourager l'esprit de révolte, la résistance et la solidarité avec ceux soumis à l'autorité. Cela est dénoncée par les puissants comme briseurs de la paix, mais les anarchistes considèrent la lutte pour la liberté comme infiniment mieux que la paix de l'esclavage. Les anarchistes, à la suite de nos idéaux, « croient en la paix à n'importe quel prix - sauf au prix de la liberté. Mais ce don précieux des producteurs de richesse semble déjà avoir perdu. La vie [...] ils l'ont, mais qu'est ce que la valeur de la vie quand il manque des éléments qui font la jouissance ? »[4]
Donc, en résumé, les anarchistes cherchent une société dans laquelle les gens interagissent selon des modalités qui renforcent la liberté de tous, plutôt que d'écraser la liberté (et donc le potentiel) du nombre pour le bénéfice de quelques uns. Les anarchistes ne veulent pas donner sur les autres eux-mêmes un pouvoir, le pouvoir de leur dire ce qu'ils doivent faire sous peine de sanctions s'il n'obéissent pas. Peut-être les non-anarchistes, plutôt que d'être perplexe sur pourquoi les anarchistes sont des anarchistes, ferait mieux de se demander ce que l'on dit d'eux, qu'ils sentent que cette attitude a besoin de tout type d'explication.
Notes et références
- ↑ « believe in the inherent dignity and worth of the human individual. »
L. Susan Brown, The Politics of Individualism, p. 107. - ↑ Michel Bakounine, cité par Errico Malatesta, L'Anarchia (L'anarchie).
- ↑ Michel Bakounine, cité par Errico Malatesta, Op. Cit..
- ↑ « mental, moral, intellectual and physical qualities are dwarfed, stunted and crushed », « the grand truths of Anarchism [...] to be really free is to allow each one to live their lives in their own way as long as each allows all to do the same. », « [e]verything is upon the market for sale: all is merchandise and commerce [...] certain things that are priceless. Among these are life, liberty and happiness, and these are things which the society of the future, the free society, will guarantee to all. », « believe in peace at any price -- except at the price of liberty. But this precious gift the wealth-producers already seem to have lost. Life [...] they have; but what is life worth when it lacks those elements which make for enjoyment? »
Lucy Parsons, Lucy Parsons: Freedom, Equality & Solidarity, Writings & Speeches, 1878-1937, p. 103, p. 131, p. 103 et p. 134.
Sources
- Errico Malatesta : (it) L'Anarchia, (fr) L'anarchie.
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