Le pacte des quatre
Le pacte des quatre est un poème de Benjamin Péret.
Quatre pouilleux dansaient devand un beefsteack
Et à mesure qu'ils dansaient leur poux tombaient par terre
Je suis français dit l'un
léger et vif comme un flic assomant un ouvrier
et si j'ai le sang bleu et un mal blanc c'est parce que mon nez est rouge
Je suis anglais dit le second
et depuis que la livre baisse je sens mes pieds s'étaler comme un vieux brie
Je suis italien dit le troisième
heureusement que j'ai le pape comme nouille
depuis que le macaroni fait des tubes de mitrailleuses
Je suis allemand dit le dernier
Fasciste répondit l'écho des latrines
Et sous chacun de ces messieurs
un peu d'urine s'écoulait
dessinant pour l'Allemand une carte sans l'asticot du corridor
pour l'Italien un horizon de faisceaux graisseux
pour le Français la rive gauche du Rhin
pour l'Anglais un Mississipi de livres sterling
Merde dit le Français qui mangea le nez de l'Italien
cependant que l'Allemand crachait dans l'oreille de l'Anglais
et bientôt on ne vit plus qu'un petit tas de généraux
auréolés de mouches
qui tournoyaient autour des quatre drapeaux
plantés dans leurs fesses
- Première parution 1933, dans Le Surréalisme au service de la Révolution n°5, repris dans Je ne mange pas de ce pain-là en 1936