Vie de l'assassin Foch
Vie de l'assassin Foch est un poème de Benjamin Péret.
Un jour d'une mare de purin une bulle monta
et creva
À l'odeur le père reconnut
Ce sera un fameux assassin
Morveux crasseux le cloporte grandit
et commença à parler de Revanche
Revanche de quoi Du fumier paternel
ou de la vache qui fit le fumier
À six ans il pétait dans un clairon
À huit ans deux crottes galonnaient ses manches
Un jour d'une mare de purin une bulle monta
À dix ans il commandait aux poux de sa tête
et les démangeaisons faisaient dire à ses parents
Il a du génie
À quinze ans un âne le violait
et ça faisait un beau couple
Il en naquit une paire de bottes avec des éperons
dans laquelle il disparut comme une chaussette sale
Ce n'est rien dit le père
son bâton de maréchal est sorti de la tinette
C'est le métier qui veut cela
Le métier était beau et l'ouvrier à sa hauteur
Sur son passage des geysers de vomissements jaillissaient
et l'éclaboussaient
Il eut tout ce qu'on fait de mieux dans le genre
des dégueulis bilieux de médaille militaire
et la vinasse nauséabonde de la légion d'honneur
qui peu à peu s'agrandit
Ce mou de veau soufflé s'étalait
et faisait dire aux passants pendant la guerre
C'est un brave il porte ses poumons sur sa poitrine
Tout allait bien jusqu'au jour où sa femme recueillit
le chat de la concierge
On avait beau faire
le chat se précipitait sur le mou de veau
dès qu'il apparaissait
et finalement c'était fatal il l'avala
Sans mou de veau Foch n'était plus Foch
et comme un boucher il creva d'une blessure de cadavre
- Première parution 1930, dans Le Surréalisme au service de la Révolution n°2, repris dans Je ne mange pas de ce pain-là en 1936