Émile Armand

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File:armand emile-01.gif Ernest Lucien Juin, dit Émile Armand, anarchiste individualiste né à Paris le 26 mars 1872 et mort à Rouen le 19 février 1962.

Fils d'ancien communard, Armand vit à l'âge de seize ans une crise mystique le tourne vers la religion, qui le mène en 1889 à militer à l'Armée du Salut. Armand découvre l'anarchisme en 1895 à travers la revue Les Temps nouveaux de Jean Grave ; il est alors déchiré entre les principes salutistes et les idées libertaires qui le séduisent et qu'il commence graduellement à adopter.

Suite à son départ de l'Armée du Salut en 1897, Armand collabore à divers journaux anarchistes et pacifistes comme La Misère, L'Universel et le Cri de révolte. En 1901, il fonde le journal L'Ère nouvelle qui évolue rapidement du communisme libertaire à l'individualisme anarchiste jusqu'à sa fermeture en 1911. Toujours en 1901, Armand rencontre Marie Kugel, qui sera sa compagne jusqu'à sa mort en 1906. Il gravitera un moment autour du journal "l'anarchie", fondé par Libertad, qu'il éditera plus tard d'avril à septembre 1912. Armand fonde successivement plusieurs journaux où il expose ses théories individualistes et pacifistes : Hors du troupeau (1911), Les Réfractaires (1912), L'En dehors (dont il reprend la publication en 1922 et la poursuit jusqu'en 1939) et L'Unique (1945). Il collabore également à l'Encyclopédie Anarchiste de Sébastien Faure. File:armand emile-02.jpg Militant pacifiste et antimilitariste, Armand est plusieurs fois condmané pour avoir en avoir appelé à l'insoumission, notamment pour «complicité de désertion» pendant la Première guerre mondiale. Arrêté après la guerre pour fabrication et émission de fausse monnaie, il passe cinq ans en prison de 1918 à 1922. Entre 1940 et 1941, il est interné dans différents camps pour incitation à l'insoumission.

L'action militante d'Armand s'oriente également vers les «milieux libres» (les colonies anarchistes) où il prône l'amour libre, la camaraderie amoureuse, le naturisme et le refus généralisé des contraintes.

Sa pensée

L'individualisme anarchiste d'Armand puise à des sources très diverses. Dans ses nombreuses publications, il fait régulièrement référence à l'égoïsme stirnérien de John Henry Mackay, à l'individualisme aristocratique de Friedrich Nietzsche ainsi qu'à l'individualisme libéral de Herbert Spencer.

Le modèle de l'individu fort est libre tel que proposé par Armand est le marginal, l'en dehors. Il évoque à plusieurs reprise le personnage du vagabond qui a choisi son état, qui vit à l'écart du troupeau, et en fait une sorte de modèle mythique. Le marginal d'Armand est un révolté, en rupture avec la société et ses lois.

Pour Armand, cette révolte ne doit toutefois pas être violente et collective. Elle doit consister en un refus d'obéir, en un rejet des lois qui limitent la liberté de l'individu. En ce sens, Armand n'hésite pas à appuyer les anarchistes illégalistes pratiquant des méthodes d'insoumission active comme la reprise individuelle, même s'il ne préconise pas personnellement ce type d'action. Se définissant plutôt comme «alégaliste», il estime que le refus passif d'obéir est plus compatible avec l'intérêt de l'individu.

Une grande partie de l'oeuvre d'Armand est consacrée à l'amour libre. Le concept de camaraderie amoureuse est d'ailleurs une de ses principales contributions à la pensée anarchiste.

Citations

« Ce qui importe, c'est de défendre l'individu contre "l'Homme", l'indécrottable suiveur, l'incurable superficiel, l'éternel grégaire. » (L'Unique, no 34, novembre 1948))

«Chaque homme ou femme disposant de sa vie sexuelle, et ce sans restrictions ni réserves, il ne peut y exister théoriquement de jalousie. Pratiquement, cependant, l'absence de jalousie ne se réalise qu'à condition que l'atmosphère éthique qui baigne ce milieu soit révolutionnaire, quant à la conception de la liberté de l'amour.» (La révolution sexuelle et la camaraderie amoureuse, 1934)

Oeuvres

L’idéal libertaire et sa réalisation. (1904)

De la liberté sexuelle (1907)

Mon athéisme (1908)

Qu’est-ce qu’un anarchiste ?(1908)

Le Malthusianisme, le néo-malthusianisme et le point de vue individualiste (1910)

La Procréation volontaire au point de vue individualiste (1910)

Est-ce cela que vous appelez « vivre ? » (1910)

Les Ouvriers, les syndicats et les anarchistes (1910)

Mon point de vue de « l’anarchisme individualiste » (1911)

La Vie comme expérience (1916)

Les besoins factices, les stimulants et les individualistes (1917)

Le plus grand danger de l’après-guerre (1917)

Lettre ouverte aux travailleurs des champs (1919)

L’illégalisme anarchiste. Le mécanisme judiciaire et le point de vue individualiste. (1923)

L’illégaliste anarchiste est-il notre camarade ? (1923)

L’Initiation individualiste anarchiste (1923)

Entretien sur la liberté de l’amour (1924)

L’ABC de « nos » revendications individualistes anarchistes (1924)

Liberté sexuelle (1925)

Amour libre et liberté sexuelle (1925)

La révolution sexuelle et la camaraderie amoureuse (1934)

Bibliographie

Michel Tarou, E. Armand, un individualiste anarchiste vu à travers l'une de ses œuvres, L'En-dehors, Maîtrise sous la direction de J. Droz, J.Maitron, Univ. Paris 1, 1971. 91 p.

Liens externes

Le nudisme révolutionnaire, un texte d'Armand datant de 1934

L’initiation individualiste Anarchiste, texte intégral de la brochure de 1923 sur bibliolib.

Petit manuel anarchiste individualiste, encore sur bibliolib.

Amour. Amour en liberté. Camaraderie amoureuse, un article d'Armand tiré de l'Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure.

La vie comme expérience, extrait sur l'ancien site de l'En dehors.