Difference between revisions of "Anarchisme"

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L'oppression économique et la [[lutte des classes]], qu'impose le capitalisme, engendrent toutes sortes de résistances au sein de la classe ouvrière. Fin XIX<sup>e</sup> et début XX<sup>e</sup> siècle, le mouvement anarchiste, après sa minoration au sein du mouvement ouvrier, reprendra une dynamique révolutionnaire avec son implication dans le mouvement [[syndicalisme|syndical]]. Les anarchistes proposeront diverses variantes quant aux méthodes que prendra l'organisation syndicale dans la lutte révolutionnaire au sein du système économique<ref>Au sein de la [[FORA]] (et en parti au sein de la CNT peu avant la révolution espagnole), le [[finalisme révolutionnaire]] (ex : définir la perspective libertaire de l'organisation selon une économie communiste) sera posé pour préciser le but pour mener vers une société anarchiste.</ref>. En france, le [[syndicalisme révolutionnaire]] (mouvement qui sera initialement influencé par les écrits de [[Émile Pouget]], [[Fernand Pelloutier]], etc)<ref>Lire l'article de Gaston Leval : [http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=1281 Bakounine, fondateur du syndicalisme révolutionnaire]. dans l'idée que le syndicalisme se suffit à lui-même comme moyen de lutte et comme outil post-révolutionnaire (remplaçant l'État), lire les articles critique [http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=1442 Anarchisme Globaliste contre "syndicalisme révolutionnaire"] ou [http://kropot.free.fr/AnarchoSynd-Malatesta.htm L’Anarcho-Syndicalisme est-il soluble dans le Syndicalisme Révolutionnaire ? ] qui énoncent la question de l'apolitisme d'un certain "syndicalisme révolutionnaire" vis à vis de l'anarchisme.</ref> influencera en retour le mouvement anarchiste, qui ménera ensuite à la création de l'anarcho-syndicalisme <ref>À noter que l'anarcho-syndicalisme n'est qu'une composante du syndicalisme révolutionnaire (d'autres composantes marxistes, socialistes voire nationalistes utilisant également le syndicalisme révolutionnaire)</ref>. Le [[sabotage]] et l'[[obstructionnisme]] seront des formes de résistance (popularisées par [[Émile Pouget]]), consistant à stopper ou ralentir le travail de production comme moyen de résistance face aux exploiteurs, les amenant au mieux à négocier de nouvelles conditions de travail (ex: moins d'heures de travail, congés payés, etc), lorsque ce n'est pas pour réprimer et en conséquence radicaliser les groupes ouvriers. Pour les travailleurs, le meilleur moyen associant un outil de résistance de masse à la pression productiviste et un moyen de lutte permettant aux ouvriers de se prendre en main face au pouvoir patronal (& co), et un moyen pour préparer la révolution sociale, serait la [[grève générale]] expropriatrice et insurrectionnelle<ref>[[Stirner]], dans "l'unique", dans un dialogue entre patron et salarié : "''Eh bien, moi je suis ton valet de charrue, et dorénavant, je ne labourerai plus ton champ qu'au prix d'un écu par jour. - Alors, j'en prendrai un autre - Tu n'en trouveras pas, car nous autres, laboureurs, nous ne travaillons plus dans les mêmes conditions, et s'il s'en présente un qui demande moins, qu'il prenne garde à lui !''".</ref> :
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L'oppression économique et la [[lutte des classes]], qu'impose le capitalisme, engendrent toutes sortes de résistances au sein de la classe ouvrière. Fin XIX<sup>e</sup> et début XX<sup>e</sup> siècle, le mouvement anarchiste reprendra une dynamique révolutionnaire avec son implication dans le mouvement [[syndicalisme|syndical]]. Les anarchistes proposeront diverses variantes quant aux méthodes que prendra l'organisation syndicale dans la lutte révolutionnaire au sein du système économique<ref>Au sein de la [[FORA]] (et en parti au sein de la CNT peu avant la révolution espagnole), le [[finalisme révolutionnaire]] (ex : définir la perspective libertaire de l'organisation selon une économie communiste) sera posé pour préciser le but pour mener vers une société anarchiste.</ref>. En france, le [[syndicalisme révolutionnaire]] (mouvement qui sera initialement influencé par les écrits de [[Émile Pouget]], [[Fernand Pelloutier]], etc)<ref>Lire l'article de Gaston Leval : [http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=1281 Bakounine, fondateur du syndicalisme révolutionnaire]. dans l'idée que le syndicalisme se suffit à lui-même comme moyen de lutte et comme outil post-révolutionnaire (remplaçant l'État), lire les articles critique [http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=1442 Anarchisme Globaliste contre "syndicalisme révolutionnaire"] ou [http://kropot.free.fr/AnarchoSynd-Malatesta.htm L’Anarcho-Syndicalisme est-il soluble dans le Syndicalisme Révolutionnaire ? ] qui énoncent la question de l'apolitisme d'un certain "syndicalisme révolutionnaire" vis à vis de l'anarchisme.</ref> influencera en retour le mouvement anarchiste, qui ménera ensuite à la création de l'anarcho-syndicalisme <ref>À noter que l'anarcho-syndicalisme n'est qu'une composante du syndicalisme révolutionnaire (d'autres composantes marxistes, socialistes voire nationalistes utilisant également le syndicalisme révolutionnaire)</ref>. Le [[sabotage]] et l'[[obstructionnisme]] seront des formes de résistance (popularisées par [[Émile Pouget]]), consistant à stopper ou ralentir le travail de production comme moyen de résistance face aux exploiteurs, les amenant au mieux à négocier de nouvelles conditions de travail (ex: moins d'heures de travail, congés payés, etc), lorsque ce n'est pas pour réprimer les ouvriers et en conséquence radicaliser les groupes ouvriers. Pour les travailleurs, le meilleur moyen associant un outil de résistance de masse à la pression productiviste et un moyen de lutte permettant aux ouvriers de se prendre en main face au pouvoir patronal (& co), et un moyen pour préparer la révolution sociale, serait la [[grève générale]] expropriatrice et insurrectionnelle<ref>[[Stirner]], dans "l'unique", dans un dialogue entre patron et salarié : "''Eh bien, moi je suis ton valet de charrue, et dorénavant, je ne labourerai plus ton champ qu'au prix d'un écu par jour. - Alors, j'en prendrai un autre - Tu n'en trouveras pas, car nous autres, laboureurs, nous ne travaillons plus dans les mêmes conditions, et s'il s'en présente un qui demande moins, qu'il prenne garde à lui !''".</ref> :
 
:« '' La grève générale m’a toujours paru un excellent moyen pour ouvrir la [[révolution sociale]]. Toutefois, gardons-nous bien de tomber dans l’illusion néfaste qu’avec la grève générale, l’insurrection armée devient une superfétation. [...] Ou bien l’ouvrier, crevant de faim après trois jours de grève, rentrera à l’atelier, la tête basse, et nous compterons une défaite de plus. Ou bien il voudra s’emparer des produits de vive force. Qui trouvera-t-il devant lui pour l’en empêcher ? Des soldats, des gendarmes, sinon des bourgeois eux-mêmes et alors il faudra bien que la question se résolve à coups de fusils et de bombes. Ce sera l’insurrection, et la victoire restera au plus fort. [...] Préparons-nous donc à cette insurrection inévitable, au lieu de nous borner à préconiser la grève générale comme une panacée s’appliquant à tous les maux. [...] Il faudra donc s’emparer par la force des moyens d’approvisionnement, et cela tout de suite, sans attendre que la grève se soit développée en insurrection. [...] Encore une fois, l’organisation ouvrière, la [[grève]], la [[grève générale]], l’[[action directe]], le [[boycottage]], le [[sabotage]] et l’[[Anarchisme et insurrection|insurrection armée]] elle-même, ce ne sont là que des moyens. L’[[anarchie]] est le but. ''»<ref name=empt>[[Malatesta]], [[1892]], dans "un peu de théorie", tiré du "1018" de l"union générale d'éditions" : textes traduits, réunis et présentés par '''Israël RENOF'''.</ref>.
 
:« '' La grève générale m’a toujours paru un excellent moyen pour ouvrir la [[révolution sociale]]. Toutefois, gardons-nous bien de tomber dans l’illusion néfaste qu’avec la grève générale, l’insurrection armée devient une superfétation. [...] Ou bien l’ouvrier, crevant de faim après trois jours de grève, rentrera à l’atelier, la tête basse, et nous compterons une défaite de plus. Ou bien il voudra s’emparer des produits de vive force. Qui trouvera-t-il devant lui pour l’en empêcher ? Des soldats, des gendarmes, sinon des bourgeois eux-mêmes et alors il faudra bien que la question se résolve à coups de fusils et de bombes. Ce sera l’insurrection, et la victoire restera au plus fort. [...] Préparons-nous donc à cette insurrection inévitable, au lieu de nous borner à préconiser la grève générale comme une panacée s’appliquant à tous les maux. [...] Il faudra donc s’emparer par la force des moyens d’approvisionnement, et cela tout de suite, sans attendre que la grève se soit développée en insurrection. [...] Encore une fois, l’organisation ouvrière, la [[grève]], la [[grève générale]], l’[[action directe]], le [[boycottage]], le [[sabotage]] et l’[[Anarchisme et insurrection|insurrection armée]] elle-même, ce ne sont là que des moyens. L’[[anarchie]] est le but. ''»<ref name=empt>[[Malatesta]], [[1892]], dans "un peu de théorie", tiré du "1018" de l"union générale d'éditions" : textes traduits, réunis et présentés par '''Israël RENOF'''.</ref>.
  

Revision as of 11:14, 21 June 2013

Catégorie:Anarchisme L'anarchisme[1] est une philosophie qui appelle à la réalisation (par la lutte anti-autoritaire et l'association) d'une société libertaire et égalitaire, et qui prône l'abolition de l'institution de la hiérarchie et de l'autorité.

FAQ anarchiste
Anarchy-symbol.svg
« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
A - Qu'est-ce que l'anarchisme ?

Introduction

A.1 - Qu'est ce que l'Anarchisme ?


A.1.1 - Qu'est-ce que "Anarchie" signifie ?
A.1.2 - Qu'est-ce que "Anarchisme" signifie ?
A.1.3 - Pourquoi l'Anarchisme est appelé aussi socialisme libertaire ?
A.1.4 - Les Anarchistes sont-ils socialistes ?
A.1.5 - D'où vient l'anarchisme ?


A.2 - Que représente l'Anarchisme?


A.2.1 - Quelle est l'essence de l'anarchisme ?
A.2.2 - Pourquoi les anarchistes prônent-ils la liberté ?
A.2.3 - Les Anarchistes sont-ils en faveur de l'organisation ?
A.2.4 - Les Anarchistes sont-ils en faveur de la liberté "absolue" ?
A.2.5 - Pourquoi les anarchistes sont-ils en faveur de l'égalité ?
A.2.6 - Pourquoi la solidarité est importante pour les anarchistes ?
A.2.7 - Pourquoi les anarchistes plaident-ils pour l'émancipation individuelle ?
A.2.8 - Est-il possible d'être un anarchiste sans s'opposer à la hiérarchie ?
A.2.9 - Quelle sorte de société les anarchistes veulent-ils ?
A.2.10 - Qu'est-ce que la suppression de la hiérarchie signifiera et amènera ?
A.2.11 - Pourquoi la plupart des anarchistes soutiennent-ils la démocratie directe ?
A.2.12 - Le consensus est-il une alternative pour s'organiser en démocratie ?
A.2.13 - Les anarchistes sont-ils des individualistes ou des collectivistes ?
A.2.14 - Pourquoi le volontarisme n'est pas suffisant ?
A.2.15 - Que dites-vous de la nature humaine ?
A.2.16 - L'anarchisme exige-t-il des personnes "parfaites" pour qu'une société anarchiste puisse exister ?
A.2.17 - Est-ce que la plupart des gens ne sont pas trop stupides pour qu'une société libre puisse exister ?
A.2.18 - Est-ce que les anarchistes supportent le terrorisme ?
A.2.19 - Quelles vues éthiques les anarchistes tiennent-ils ?
A.2.20 - Pourquoi la plupart des anarchistes sont athées ?


A.3 - Quelles sortes d'anarchisme existe-t-il ?


A.3.1 - Quelles sont les différences entre les individualistes et les socialistes anarchistes ?
A.3.2 - Y-a-t-il des différents types d'anarchisme socialiste ?
A.3.3 - Quels sortes d'écologisme anarchiste y a t il ?
A.3.4 - Est-ce que l'anarchisme est pacifiste ?
A.3.5 - Qu'est-ce que l'anarcha-feminisme ?
A.3.6 - Quelle est la culture Anarchiste ?
A.3.7 - Existe-t-il des anarchistes religieux ?
A.3.8 - Qu'est-ce que "anarchisme sans adjectif" ?
A.3.9 - Qu'est ce que l'anarcho-primitivisme ?


A.4 - Qui sont les penseurs reconnus dans l'anarchisme ?


A.5 - Quels sont des exemples "d'anarchie en action" ?


A.5.1 - La commune de Paris
A.5.2 - Les martyrs de Haymarket
A.5.3 - La création des unions syndicales
A.5.4 - Les anarchistes dans la Révolution russe
A.5.5 - Les anarchistes dans les occupations d'usines en Italie
A.5.6 - L'anarchisme et la révolution en Espagne
A.5.7 - Révolte en France en Mai/Juin 1968

Sommaire complet et détaillé
Anarchisme
Anarchie.png
« la plus haute expression de l’ordre »
Fondements

Action directe • Autogestion • Fédéralisme
Liberté • Révolte • Solidarité

Tendances

sociale : collectiviste • individualiste
économique : mutualiste • communiste
politique : syndicaliste • communaliste • associationiste

Histoire de l'anarchisme

Précurseurs de l'anarchisme
Chronologie de l'anarchisme
Presse anarchiste
Association internationale des travailleurs
Congrès de Saint-Imier
Fédération jurassienne
Commune de Paris
1er mai
Illégalisme
Révolution mexicaine
Makhnovtchina • Révolte de Kronstadt
Révolution espagnole
Mai 68

Organisations

Alternative libertaire
Anarchists Against the Wall
CNT-AIT-E • CNT-AIT-F • CNT-V • CGA • Fédération anarchiste
NEFAC
GARAS
OCL • OLS • OSL

Anarchistes

Pierre-Joseph Proudhon • Max Stirner
Michel Bakounine • Pierre Kropotkine
Errico Malatesta • Sébastien Faure
Emma Goldman

Luttes sociales

Anti-capitalisme • féministe
Anti-fascisme • Abolition des prisons
Écologisme

Étymologie et usages

- Pour plus de détails, voir l'article : Anarchie - ce que l'anarchisme n'est pas -

Le terme anarchisme est issu du grec ancien anarkhia.

« An » est la marque du privatif (sans - privé de - absence de, ...).
« arkhê » définit ce qui se rapporte à l'autorité, au "pouvoir sur" et au rapport social de domination "commandement / obéissance", à la hiérarchie.
« isme » désigne une philosophie.

On peut le résumer comme« philosophie prônant l'absence d'autorité ».

Étymologiquement, l’anarchie peut également être expliquée comme l'absence de tout principe premier/transcendantal, de toute cause supérieure et unique (Dieu, Nature, Loi, Droit, Nation, Peuple, Société, Individu...). L'anarchisme est donc aussi une philosophie, une manière immanente d'être au monde, sans intermédiaire de principe premier.

Parfois, le mot anarchie est utilisé pour décrire le chaos, le désordre, les guerres civiles. Et de ce fait, les partisans de l'anarchie, les anarchistes, sont parfois confondus et résumés comme étant uniquement des destructeurs de l'ordre, ou des créateurs de désordre. Cependant, bien que les termes de chaos, d'ordre ou de désordre, et de guerre civile, aient des significations relatives, de telles situations correspondraient parfois plutôt à un état d'anomie, c'est-à-dire une situation de "désordre" créé par l'autorité.

Pour éviter une mauvaise compréhension des idées anarchistes, par la confusion entretenue entre anarchie et anomie[2], les anarchistes utilisent parfois le terme d'« acratie » [3] ou du terme libertaire[4], comme synonymes d'anarchiste.

Les anarchistes ne prônent donc absolument pas l'absence d'ordre[5], de règles et de structures organisées, mais un ordre libre, organisé et multiple, sans déterminisme autoritaire, sans autorité hiérarchique...

L'anarchisme exprime, en soi, une valeur négative (le refus de l'autorité[6]), alors que libertaire exprime une valeur positive (appel à la liberté[7]). Leur usage, parmi les anarchistes, est souvent relatif au contexte, mais l'un et l'autre, bien que leur sens aille sur deux plans sémantiques opposés, sont complémentaires. Faire une différence entre anarchisme et libertaire (ou libertarisme[8]) est devenu un non-sens historique.

Philosophie

Depuis les débuts de l'humanité, de nombreuses manifestations des idées libertaires prendront forme, à travers l'action de différents groupes et individus. Cependant, les premières manifestations modernes de l'anarchisme (en tant que philosophie) sont généralement présentées comme commençant aux alentours de la révolution française[9] par des individus souvent considérés comme des Précurseurs de l'anarchisme. La publication, en 1840, du livre "qu'est ce que la propriété ?" de Proudhon[10], marquera la naissance, par un premier pas, d'un positionnement anarchiste :

« - Qu'êtes vous donc ? - Je suis anarchiste. [...] quoique très ami de l'ordre, je suis dans toute la force du terme, anarchiste. »[11]

Dans les œuvres suivantes, Proudhon initiera des idées thématiques (fédéralisme, autogestion, mutualisme etc.) qui influenceront le développement ultérieur de l'ensemble de l'anarchisme.

La philosophie anarchiste "nous enseigne que nous pouvons vivre dans une société libérée de toute contrainte"[12]. Les rapports sociaux autoritaires (commandement / obéissance[13]), qui sont, de fait, aliénants, oppressifs, nuisibles, générateurs de désordre, et qui entravent inutilement les libertés et initiatives individuelles et collectives[14], tant au niveau politique[15], économique[16] et social seraient également amenés à disparaître :

« Selon nous, tout ce qui tend à détruire l'oppression économique et politique, tout ce qui sert à élever le niveau moral et intellectuel des hommes, à leur donner conscience de leurs droits et de leurs forces et à les persuader d'en faire usage eux-mêmes, tout ce qui provoque la haine contre l'oppression et suscite l'amour entre les hommes, nous approche de notre but et est, donc, un bien, sujet à un calcul quantitatif afin d'obtenir, avec une force donnée, le maximum d'effet positif »[17]

On retrouve, dans l'anarchie, une recherche et une volonté de liberté, de bien-être, d'harmonie et d'émancipation individuelle et sociale :

« Nous désirons la liberté et le bien-être de tous les hommes, de tous les hommes sans exception. Nous voulons que chaque être humain puisse se développer et vivre le plus heureusement possible. Et nous croyons que cette liberté et ce bien-être ne pourront être donnés ni par un homme ni par un parti, mais tous devront en découvrir en eux-mêmes les conditions, et les conquérir. Nous considérons que seule la plus complète application du principe de la solidarité peut détruire la lutte, l'oppression et l'exploitation, et la solidarité ne peut naître que du libre accord, de l'harmonisation spontanée et voulue des intéressés » [17].

Dans cette perspective d'émancipation vers une société libertaire, les sociétés et institutions autoritaires, caractérisées par l'injustice sociale, sont à abolir :

« Ã‰tats, Constitutions, Églises, etc., se sont toujours évanouis dès que l'individu a levé la tête, car l'individu est l'ennemi irréconciliable de tout ce qui tend à submerger sa volonté sous une volonté générale, de tout lien, c'est-à-dire de toute chaîne »[18]

Le passage à l'anarchie implique alors une évolution sociale par diverses réalisations émancipatrices ou/et une rupture radicale avec l'ordre autoritaire, ceci par une révolution sociale :

« La révolution sociale est une route à parcourir [...] Elle ne pourra s'arrêter que lorsqu'elle aura accompli sa course et aura atteint le but à conquérir : l'Individu libre dans l'humanité libre »[19]

Au delà de ces positions et luttes anti-autoritaires, les anarchistes projettent l'organisation[20] d'une société fédéraliste et autogestionnaire, dans laquelle la liberté économique, politique et sociale permettrait à chacun(e) de réaliser pleinement sa souveraineté individuelle.

Liberté et solidarité

- Pour plus de détails, voir les articles : Liberté, solidarité -

Comme a pu l'exposer Bakounine dans ses Å“uvres, la liberté que défendent les anarchistes, est avant tout une relation sociale solidaire[21], évolutive et volontariste, menant petit à petit, vers une plus grande liberté des individus au sein d'une société[22] en émancipation :

« Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m'entourent, hommes ou femmes, sont également libres. La liberté d'autrui, loin d'être une limite ou une négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. Je ne deviens vraiment libre que par la liberté des autres, de sorte que, plus nombreux sont les hommes libres qui m'entourent, et plus étendue et plus large est leur liberté, plus étendue et plus profonde devient la mienne. C'est au contraire l'esclavage des autres qui pose une barrière à ma liberté, ou, ce qui revient au même, c'est leur bestialité qui est une négation de mon humanité parce que, encore une fois, je ne puis me dire libre vraiment que lorsque ma liberté, ou ce qui veut dire la même chose, lorsque ma dignité d'homme, mon droit humain, qui consiste à n'obéir à aucun homme et à ne déterminer mes actes que conformément à mes convictions propres, réfléchit par la conscience également libre de tous, me reviennent confirmés par l'assentiment de tout le monde. Ma liberté personnelle ainsi confirmée par la liberté de tous s'étend à l'infini. »[23].

Les anarchistes, rejetant la liberté bourgeoise et/ou atomiste[24], ou, la solidarité particulariste ou communautariste, revendiquent cependant et absolument la liberté solidaire, la liberté sociale ou la solidarité libertaire :

« Au point de vue barbare, liberté est synonyme d'isolement : celui-là est le plus libre dont l'action est la moins limitée par celle des autres. Au point de vue social, liberté et solidarité sont termes identiques : la liberté de chacun rencontrant dans la liberté d'autrui, non plus une limite mais une auxiliaire, l'homme le plus libre est celui qui a le plus de relations avec ses semblables. »[25].

Proudhon rajoutera et précisera ainsi cette question :

« Il ne s’agit pas de supprimer la liberté individuelle mais de la socialiser »[réf. souhaitée].

Bakounine considère également que pour instaurer un régime de liberté et éviter des régimes d'autorité, la liberté doit se socialiser :

« la liberté sans le socialisme conduit à des privilèges et à l'injustice ; le socialisme sans la liberté conduit à l'esclavage et à la brutalité »[26].

L'anarchisme, de par ses principaux penseurs, oscillera constamment, avec certaines variations et harmonies, entre liberté individuelle et collective, ce qui sera alors nommé du socialisme libertaire, équivalent en fait à anarchisme. La sensibilité individuelle/sociale fait que :

« L'anarchiste est, selon le cas, plus individualiste que sociétaire ou plus sociétaire qu'individualiste [...] [cependant] on ne peut concevoir un libertaire qui ne soit pas individualiste » [27]

Néanmoins, tout individualiste n'est pas, en soi, anarchiste :

« Tous les anarchistes, à quelque tendance qu'ils appartiennent, sont d'une certaine façon des individualistes. Mais la réciproque est loin d'être vraie : tous les individualistes ne sont pas, tant s'en faut, des anarchistes. »[28]

Et comme tout socialiste n'est pas, en soi, anarchiste :

le socialisme autoritaire pour qui « en général, la réglementation a été la passion commune de tous les socialistes d'avant 1848, moins un seul : Cabet, Louis Blanc, Fouriéristes, saint simoniens, tous avaient la passion d'endoctriner et d'organiser l'avenir, tous ont été plus ou moins autoritaires. Mais voici que Proudhon parut : et dans le fait et d'instinct cent fois plus révolutionnaire que ces socialistes doctrinaires et bourgeois, il s'arma d'une critique aussi profonde et pénétrante qu'impitoyable, pour détruire tous leurs systèmes. Opposant la liberté à l'autorité, contre ces socialistes d'État, il se proclama hardiment anarchiste »[26].

Max Stirner dans son ouvrage "L'unique et sa propriété"[29] se dressera contre toutes les doctrines, tous les dogmes, toutes les idées [30] qui exigent le sacrifice de l'individu à une cause prétendument supérieure à lui-même. Cet ouvrage influencera en partie la philosophie sociale de l'anarchisme, au début du XXe siècle :

« Stirner a réhabilité l'individu à une époque où, sur le plan philosophique, dominait l'anti-individualisme hégélien et où, sur le plan de la critique sociale, les méfaits de l'égoïsme bourgeois avaient conduit la plupart des réformateurs à mettre l'accent sur son contraire : le mot "socialisme" n'est-il pas né comme antonyme d'"individualisme" ? Stirner exalte la valeur intrinsèque de l'individu « unique », c'est-à-dire à nul autre pareil, tiré par la nature à un seul exemplaire »[27].

Pour les anarchistes, tout part de l'individu et tout doit lui revenir. L'individu est au centre de la société, il fait partie de cette association et (ou) en est le co-créateur contractuel ; Comme l'énonçait Proudhon :

« Plus d'autorité, cela veut dire [...] accord de l'intérêt de chacun avec l'intérêt de tous, identité de la souveraineté collective et de la souveraineté individuelle »[31] et « comme l'individualisme est le fait primordial de l'humanité, l'association en est le terme complémentaire »[32].

Cohérence entre les moyens et les fins

- Pour plus de détails, voir les articles : Cohérence entre les moyens et les fins -

La cohérence entre les moyens et les fins est un concept révolutionnaire, pour lequel les moyens utilisés doivent atteindre un certain but, et devraient fonder (et non contredire) la fin elle-même. C'est un concept largement appliqué dans l'anarchisme, correspondant à une praxis anarchiste.

Un principe distinguant l'anarchisme du pseudo-anarchisme est la cohérence entre les moyens et les fins. Si l'anarchisme est destiné à favoriser la recherche d'une vie loin des principes autoritaires (but), alors la façon de faire (les moyens) doit être sans principes autoritaires.

La cohérence entre moyens et fins peuvent faire partie d'un parcours historique d'apprentissage chez les libertaires pour devenir de véritables anarchistes. Ou vu autrement, comme un processus personnel d'apprentissage anarchiste.

C'est un principe qui appele les libertaires et anarchistes à être pratiqué dans votre vie quotidienne pour aider à l'avénement de l'anarchie.

Révolte et Lutte Anti-Autoritaire

- Pour plus de détails, voir l'article : Révolte -

À travers l'histoire du mouvement libertaire, les anarchistes permettront le développement des pratiques libertaires au travers de la diffusion de sa presse et de sa littérature subversive (Proudhon, Bakounine, ...)[33], de par leurs activités de résistance directe, de révoltes et de luttes au sein de la société :

« L'homme s'est émancipé, il s'est séparé de l'animalité et s'est constitué comme homme ; il a commencé son histoire et son développement proprement humain par un acte de désobéissance et de science, c'est-à-dire par la révolte et par la pensée » [34]

L'implantation locale du mouvement au sein des divers lieux de lutte (localités ou entreprises), ou de vie, se fera en parallèle. Cette révolte contre l'injustice sociale que produisent les régimes d'autorité, est profondément ancrée chez les anarchistes :

« L'anarchisme est né d'une révolte morale contre l'injustice sociale »[17].

Elle les conduira à lutter, par l'entraide ou en solidarité, contre ces régimes, et pour l'avènement d'une société libertaire où la justice sociale[35] serait mise en application :

« Lorsque nous combattons la société actuelle, nous opposons, à la morale bourgeoise individualiste, la morale de la lutte et de la solidarité, et nous cherchons à établir des institutions qui correspondent à notre conception des rapports entre les hommes »[36]

C'est pourquoi les anarchistes proposent l'abolition de ce système autoritaire, en commençant par l'usage de différents moyens de luttes[37] permettant de l'affaiblir, et de manière inversement proportionnel, de solidariser les révoltés[38].

Résistance et Action Directe

- Pour plus de détails, voir l'article : résistance et action directe -

La résistance passive à l'autorité se fait naturellement au sein des sociétés autoritaires (de manière volontaire ou spontané), les individus traînent des pieds, ils font de l'obstruction au sein de leur lieu de travail (baisse d'activité, arrêts maladies, etc...), ils oublient de participer aux affaires décrétées par l'État, etc. Les anarchistes pensent que toutes ces résistances passives du quotidien pourraient devenir une résistance consciente et active, pouvant ainsi alors mener à des Action directes affaiblissant l'autorité et permettant la réalisation de la volonté réelle (liberté politique, économique et sociale) des individus et des associations là où ils se trouvent. par exemple au sein du lieu du travail :

action directe « [Cela] veut dire action des ouvriers eux-mêmes, c'est-à-dire action directement exercée par les intéressés. C'est le travailleur qui accomplit lui-même son effort ; il l'exerce personnellement sur les puissances qui le dominent, pour obtenir d'elles les avantages réclamés. Par l'action directe, l'ouvrier crée lui-même sa lutte ; c'est lui qui la conduit, décidé à ne pas s'en rapporter à d'autres qu'à lui-même du soin de le libérer »[39].

La résistance à l'oppression est une constante chez les anarchistes. Que l'oppression soit politique, économique ou morale, les anarchistes se refusent à toute capitulation devant ces autorités :

« tout anarchiste [...] comprend les fatalités économiques qui obligent aujourd'hui l'homme à lutter contre l'homme [...] Mais [...] sans la révolte de l'individu, s'associant à d'autres individus révoltés pour résister au milieu et chercher à le transformer, ce milieu ne changerait jamais. »[36].

les organisations nées de la collaboration entre individus et susceptibles de tenir les institutions autoritaires, tels l'État[40], le Capital et l'Église en échec, sont considérées avec bienveillance, pour autant évidemment qu'elles ne participent pas à une nouvelle oppression.

Le mouvement anarchiste développera au sein de la société de nombreuses associations permettant l'union de toutes ces résistances. Des Causeries populaires ou des bourses du travail seront organisées comme lieu de débat et de diffusion de la culture alternative, et comme moyen d'organiser la lutte ouvrière. Des Squats et des Colonies libertaires (Cecilia, Aiglemont, Vaux, St-Maur, Cempuis ...) se développeront également comme lieu de vie alternative, en marge de la société autoritaire, ou comme une contre-société. Les École modernes (école de la ruche, l'Escuela Moderna de Ferrer en Espagne, l'École moderne à New-York par Berkman et plusieurs autres, ...) seront créées afin de développer l'expérience d'une éducation libertaire. Les coopératives (Cosme, ...) comme lieu d'organisation des échanges alimentaires, etc.

Résistance sociale

L'autorité morale étant un support pour que les autorités économiques et politiques puissent s'organiser, la praxis libertaire se développera au sein de ces sociétés afin de combattre ces relais moralisants de l'autorité. les médias étant aujourd'hui le relais le plus présent...

Pour la mouvance anarchiste, la religion (et son dieu) est une idée relais de l'autorité, et doit être anéantie :

« Du moment que Dieu, l'Être parfait et suprême, se pose vis-à-vis de l'humanité, les intermédiaires divins, les élus, les inspirés de Dieu sortent de terre pour éclairer, pour diriger et pour gouverner en son nom l'espèce humaine (...) l'idée de Dieu implique l'abdication de la raison et de la justice humaines, elle est la négation la plus décisive de l'humaine liberté et aboutit nécessairement à l'esclavage des hommes, tant en théorie qu'en pratique. [...] Si Dieu est, l'homme est esclave ; or l'homme peut, doit être libre, donc Dieu n'existe pas. »[23].

Les anarchistes seront généralement Athées, et de farouches anticléricaux. Cet athéisme et cet anticléricalisme leur seront tellement reconnus que la devise "Ni Dieu Ni Maître" leur sera attribuée[41].

Depuis que Dieu et ses saints sont tombés largement aux oubliettes, la nation est devenue l'idée moralisatrice et mystificatrice, remplaçant Dieu, qu'entretient l'État Moderne[42] pour s'assurer un appui dans la population. Les anarchistes dénoncent cette mystification de l'unité, cachant par cela une volonté interclassiste de gommer les différences sociales derrière une idée de nation "une et indivisible", c'est ce qui arrivera dans les démocraties libérales et avec force caricaturale, en Italie fasciste ou en divers pays capitalistes (d'État) :

« [le principe de la nation], principe ambigu, plein d'hypocrisie et de pièges, principe d'État historique, ambitieux au principe, bien plus grand, bien plus simple, et le seul légitime , de la liberté : chacun, individu ou corps collectif, étant ou devant être libre, a le droit d'être lui-même, et personne n'a celui de lui imposer son costume, ses coutumes, sa langue, ses opinions et ses lois ; chacun doit être absolument libre chez soi. [...] Toutes ces idées étroites, ridicules, liberticides et par conséquent criminelles de grandeur, d'ambition et de gloire nationale, bonnes seulement pour la monarchie et pour l'oligarchie, aujourd'hui également bonnes pour la grande bourgeoisie, parce qu'elles leur servent à tromper les peuples et à les ameuter les uns contre les autres pour mieux les asservir »[43] - « rien n'est plus absurde et en même temps plus néfaste, plus mortel pour le peuple que de faire du pseudo principe de la nationalité l'idéal de toutes les aspirations populaires [...] la question nationale, selon nous, doit s'effacer entièrement devant les grands problèmes de la lutte sociale »[44]

Face aux guerres nationales (l'idée de nation, rabâchée en temps de paix, étant son appui), et pour ne pas participer à des massacres orchestrés par la grande muette, les anarchistes, de par leur antimilitarisme, suggèrent dés que possible au niveau individuel la Désertion ou l'Insoumission, ceci lorsqu'un mouvement social de grève général n'a pas pu arrêter la folie meurtrière. Pour les militaires intégrés, pour ceux considérant les ordres ou les buts des belligérants injustes (répression des grèves, colonialisme, hégémonie nationale, ...) l'usage de la mutinerie (ici dans le cadre militaire - et non carcéral, même si cela est également un des moyens de résistance -) est un moyen de libération et de solidarisation avec les masses populaires opprimées.

La démocratie libérale tentera de faire croire à l'illusion électorale dans le suffrage universel du citoyen ou du travailleur, et prétend alors représenter les personnes vivant dans la surface concerné dont le parlement/syndicat a arbitrairement le pouvoir de décision, mais ce n'est qu'un moyen pour perpétuer leur pouvoir avec l'assentiment des citoyens/travailleurs :

« Nous repoussons toute législation, toute autorité, toute influence privilégiée, patentée, officielle et légale, même sortie du suffrage universel, convaincus qu'elle ne peut jamais tourner qu'au profit d'une minorité dominante et exploitante contre les intérêts de l'immense majorité asservie. Voilà en quoi nous sommes anarchistes. »[23]

En cela, les anarchistes répondent, généralement[45], par l'Abstention électorale[46], donc ne participent pas aux institutions représentatives politiques et syndicales :

« Loin d’être un «non-acte» de démissionnaire, l’abstention consciente est un acte responsable de refus d’un système de domination où le droit de vote constitue l’acte public d’allégeance du plus grand nombre au pouvoir de quelques uns. L’histoire récente des social-démocraties montre combien le rituel électoral, qui devait garantir la liberté et les moyens de vie pour chacun d’entre nous, n’a fait que renforcer le pouvoir d’une caste de possédants et l’exploitation de l’immense majorité des êtres humains. Parce que nous sommes pour l’abolition de ce système autoritaire où la propriété et le profit servent de valeur morale, et parce que nous savons qu’un monde de solidarité, de partage - riche de sa diversité - est possible, nous appelons à la lutte contre le pouvoir par l’abstention et l’action directe. »[47]

L'école est le lieu moderne où l'autorité (ces rapports sociaux) se reproduit par une éducation formaté au discours du pouvoir, de par un rapport de savoir hiérarchique décidé en haut lieu. L'élève doit se soumettre[48] à une discipline imposée, et par des connaissances orientées (notamment en histoire) dans lesquelles le système en place est préservé de toute critique (par négation, par occultation...), il est formaté en bon citoyen. les classes sociales sont censés s'evaporer au sein de l'école... la lutte des classes sociales est induite dans l'école.

Les Médias de masse étant un outil et un pouvoir au service du système dans le but de contrôler les pensées des masses afin de les soumettre aux idées du système dominant, les anarchistes n'ont de cesse que de combattre également cet outil. internet est une faille dans ces monopoles de l'information, de plus en plus les pouvoirs tentent de contrôler l'Internet... mais les mêmes problèmes persistent sur internet, des médias tentent de centraliser l'information.

Résistance économique

L'oppression économique et la lutte des classes, qu'impose le capitalisme, engendrent toutes sortes de résistances au sein de la classe ouvrière. Fin XIXe et début XXe siècle, le mouvement anarchiste reprendra une dynamique révolutionnaire avec son implication dans le mouvement syndical. Les anarchistes proposeront diverses variantes quant aux méthodes que prendra l'organisation syndicale dans la lutte révolutionnaire au sein du système économique[49]. En france, le syndicalisme révolutionnaire (mouvement qui sera initialement influencé par les écrits de Émile Pouget, Fernand Pelloutier, etc)[50] influencera en retour le mouvement anarchiste, qui ménera ensuite à la création de l'anarcho-syndicalisme [51]. Le sabotage et l'obstructionnisme seront des formes de résistance (popularisées par Émile Pouget), consistant à stopper ou ralentir le travail de production comme moyen de résistance face aux exploiteurs, les amenant au mieux à négocier de nouvelles conditions de travail (ex: moins d'heures de travail, congés payés, etc), lorsque ce n'est pas pour réprimer les ouvriers et en conséquence radicaliser les groupes ouvriers. Pour les travailleurs, le meilleur moyen associant un outil de résistance de masse à la pression productiviste et un moyen de lutte permettant aux ouvriers de se prendre en main face au pouvoir patronal (& co), et un moyen pour préparer la révolution sociale, serait la grève générale expropriatrice et insurrectionnelle[52] :

«  La grève générale m’a toujours paru un excellent moyen pour ouvrir la révolution sociale. Toutefois, gardons-nous bien de tomber dans l’illusion néfaste qu’avec la grève générale, l’insurrection armée devient une superfétation. [...] Ou bien l’ouvrier, crevant de faim après trois jours de grève, rentrera à l’atelier, la tête basse, et nous compterons une défaite de plus. Ou bien il voudra s’emparer des produits de vive force. Qui trouvera-t-il devant lui pour l’en empêcher ? Des soldats, des gendarmes, sinon des bourgeois eux-mêmes et alors il faudra bien que la question se résolve à coups de fusils et de bombes. Ce sera l’insurrection, et la victoire restera au plus fort. [...] Préparons-nous donc à cette insurrection inévitable, au lieu de nous borner à préconiser la grève générale comme une panacée s’appliquant à tous les maux. [...] Il faudra donc s’emparer par la force des moyens d’approvisionnement, et cela tout de suite, sans attendre que la grève se soit développée en insurrection. [...] Encore une fois, l’organisation ouvrière, la grève, la grève générale, l’action directe, le boycottage, le sabotage et l’insurrection armée elle-même, ce ne sont là que des moyens. L’anarchie est le but. »[17].

Dans la position de consommateur potentiel, de manière individuelle ou dans une dynamique collective, Les actions de Boycott seront utilisées pour sanctionner directement un acteur économique, de l'exploitation et du pillage, dans sa production et/ou sa distribution. Par exemple, faire des actions de boycott, en solidarité avec les travailleurs, pour protester contre les conditions de travail des salariés d'une entreprise ; des écologistes appellent au boycott contre des produits de multinationales qui polluent (en n'achetant pas les produits de ces multinationales - OGM, pesticides -). En tant que citoyen, face à l'État qui impose ses impôts, la pratique de la désobéissance civile sera exercée par Thoreau. Il refusera de payer des taxes à l'État, d'une part, parce que celles-ci étaient prévues pour payer la guerre des États-unis contre le Mexique, et d'autre part, afin de protester contre l'esclavage qui est alors en vigueur aux États-Unis ; ce terme sera utilisé et affirmé plus tard par divers mouvements (anti-OGM, anti-nucléaire, ...) pour résister à des actions légales de l'État (jugées illégitimes par les acteurs de la résistance) :

« Tous les hommes reconnaissent le droit à la révolution, c’est-à-dire le droit de refuser fidélité et allégeance au gouvernement et le droit de lui résister quand sa tyrannie ou son incapacité sont notoires et intolérables. (...) lorsqu’un sixième de la population d’une nation qui se prétend le havre de la liberté est composé d’esclaves (...) je pense qu’il n’est pas trop tôt pour les honnêtes gens de se soulever et de passer à la révolte. »[53]

Toutes ces résistances économiques et sociales actives, selon leur force, permettent de freiner les avancées de l'autorité au sein de la société, et permettent de rendre visibles ces volontés de résistance, et les idées sociales qui les sous-tendent. L'autorité évidemment se défend par tous les moyens (politique, économique, médiatique, éducatif...) dont elle dispose. La répression (médiatique, économique, policière, militaire, etc) est souvent la seule réponse des autorités (selon le type de situation et de gouvernement) à ces mouvements. Néanmoins, l'entraide entre tous les révoltés est un facteur essentiel pour parer la répression des autorités et pour hâter l'avènement d'une révolution sociale.

Révolution Sociale

- Pour plus de détails, voir l'article : révolution sociale -

Des anarchistes considèrent qu'il faut, au delà de toutes ces résistances actives (à fédérer), préparer moralement, politiquement et économiquement les individus/sociétés à la révolution sociale à venir, ceci afin de s'acheminer vers l'anarchie, et que les individus/sociétés soient prêts à prendre leur liberté en s'organisant sans maîtres et selon leurs besoins et désirs :

« la préparer au sens de faire avancer le processus évolutionnaire, d'éclairer le peuple sur les maux de la société actuelle et de le convaincre qu'une vie sociale fondé sur la liberté est désirable et possible, juste et pratique ; de la préparer en faisant clairement prendre conscience aux masses de ce dont elles ont besoin et de comment l'obtenir » [12]

Au delà des volontés politiques (fédéralisme, mandatement impératif, ...), économiques (autogestion, mutualisme, communisme, ...) et sociales (souveraineté individuelle et collective, autonomie...) que désirent les anarchistes au quotidien, ils proposent donc de nombreux moyens révolutionnaire tendant à mener à l'anarchie. La révolution sociale créé les conditions de changements économiques et politiques répondant aux besoins des évolutions de la société. La société, dans toute sa complexité, est alors actrice et ordonnatrice de l'évolution sociale qu'elle veut se donner :

« il ne faut pas que tu confondes la révolution sociale et l'anarchie. La révolution, au cours de certaines de ses étapes, prend la forme d'un violent soulèvement ; l'anarchie est la condition sociale de la liberté et de la paix. La révolution est le moyen qui permettra d'établir l'anarchie, mais elle n'est pas l'anarchie elle-même. Elle ouvrira la voie à l'anarchie, établira les conditions qui rendront possible une vie en liberté » [12]

La nocivité de l'autorité[54] induit la nécessité de supprimer, détruire, les institutions qui la portent :

« Une seule voie vous est ouverte si vous voulez donner tort aux puissants : c'est la force ; dépouillez-les de leur puissance, vous les aurez réellement mis dans leur tort et privés de leurs droits ; sinon, vous ne pouvez rien, vous vous ferez de la bile en silence ou vous serez sacrifiés comme des fous encombrants. (...) S'il y a derrière toi quelques millions d'autres pour te protéger, vous formez ensemble une puissance importante et vous aurez facilement la victoire. »[18]
Insurrection et expropriation