Difference between revisions of "Anarchisme sans adjectif"

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L''''[[Anarchisme]] sans adjectif''' est une forme d'anarchisme sans trait d'union d'ordre économique, sans qualificatif (ex: communiste, mutualiste...).  
'''Anarchism without adjectives''' in the words of historian George Richard Esenwein, "referred to an [[hyphen|unhyphenated]] form of [[anarchism]], that is, a doctrine without any qualifying labels such as [[Anarchist communism|communist]], [[Anarcho-capitalism|capitalist]], [[Mutualism (economic theory)|mutualist]], or [[individualist anarchism|individualist]]. For others, . . . [it] was simply understood as an attitude that tolerated the coexistence of different anarchist schools." [Anarchist Ideology and the Working Class Movement in Spain, 1868-1898, p. 135]
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== Origins ==
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== Origines ==
The originator of the expression was [[Cuba|Cuban]]-born [[Fernando Tarrida del Marmol]], who used it in November [[1889]], in [[Barcelona]]. He directed his comments towards the communist and collectivist anarchists in [[Spain]], who at the time were having an intense debate over the merits of their two theories. ''Anarchism without adjectives'' was an attempt to show greater tolerance between anarchist tendencies and to be clear that anarchists should not impose a preconceived economic plan on anyone -- even in theory. Anarchists without adjectives tended either to reject all particular anarchist economic models as faulty, or take a pluralist position of embracing them all to a limited degree in order that they may keep one another in check. Regardless, to these anarchists the economic preferences are considered to be of "secondary importance" to abolishing all authority, with free experimentation the one rule of a free society.
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Le créateur de l'expression est [[Fernando Tarrida del Marmol]], qui l'utilisa en Novembre [[1889]], à Barcelone. Il dirigea ses commentaires envers les anarchistes communistes et collectivistes (théorie de bakounine), qui à cette époque, en Espagne, tenaient un intense débat sur les mérites des 2 théories. L'''anarchisme sans adjectif'' était une tentative de montrer une plus grande tolérance entre les tendances libertaires et de rendre clair que les anarchistes ne devraient pas imposer de plan économique préconçu à qui que ce soit, même dans la théorie. Les "anarchistes sans adjectifs" ont été portés à rejeter tous les modèles économiques comme faux, ou/et ont pris une position pluraliste prenant de chacun des modèles à un degré limité de façon à ce que la diversité préserve et contrôle l'harmonie. Pour ces anarchistes, les tendances économiques sont vues comme d'"importance secondaire" par rapport à l'abolition de l'[[autorité]], sous sa forme de l'État ou du capitalisme, et vis-à-vis de la liberté d'expérimentation comme règle première de la société libre.
  
== History ==
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== Histoire ==
The theoretical perspective known as "anarquismo sin adjetivos" was one of the by-products of an intense debate within the movement of anarchism itself. The roots of the argument can be found in the development of [[anarcho-communism]] after [[Bakunin]]'s death in [[1876]]. While not entirely dissimilar to [[collectivist anarchism]] (as can be seen from [[James Guillaume]]'s famous work "On Building the New Social Order" within Bakunin on Anarchism, the collectivists did see their economic system evolving into free communism), Communist Anarchists developed, deepened and enriched Bakunin's work just as Bakunin had developed, deepened and enriched [[Pierre-Joseph Proudhon|Proudhon]]'s. Communist Anarchism was associated with such anarchists as [[Élisée Reclus]], [[Carlo Cafiero]], [[Errico Malatesta]] and (most famously) [[Peter Kropotkin]].  
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La perspective théorique connue comme "anarquismo sin adjetivos" fut le produit d'un intense débat à l'intérieur du mouvement anarchiste. Les racines de ses arguments peuvent être retrouvées dans le développement de l'[[Anarcho-communisme]] après la mort de [[Bakounine]] en [[1876]]. Même s'il n'est pas totalement différent du [[Collectivisme anarchiste]] (comme il peut être vu dans le fameux travail de [[James Guillaume]], "On Building the New Social Order", à travers Bakounine sur l'anarchisme, les collectivistes ont vu leur système économique évoluer en communisme libre) les anarchistes communistes ont développé, approfondi et enrichi l'oeuvre de [[Bakounine]] tout comme Bakounine avait développé, approfondi et enrichi l'oeuvre mutualiste de [[Pierre-Joseph Proudhon|Proudhon]]. L'anarchisme communiste était associé avec des anarchistes comme [[Élisée Reclus]], [[Carlo Cafiero]], [[Errico Malatesta]] et [[Pierre Kropotkine]].  
  
Anarcho-communist ideas replaced Collectivist Anarchism as the main anarchist tendency in Europe, except in Spain. Here the major issue was not the question of communism (although for [[Ricardo Mella]] this played a part) but a question of the modification of strategy and tactics implied by Communist Anarchism. At this time (the 1880s), the anarcho-communists stressed local cells of anarchist militants, generally opposed trade unionism as were characterized by a degree of anti-organisation. Unsurprisingly, such a change in strategy and tactics came in for a lot of discussion from the Spanish Collectivists who strongly supported [[working class]] organisation and struggle.  
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Les idées anarchistes communistes remplacèrent celles du [[Collectivisme anarchiste]] au titre de tendance anarchiste la plus populaire en Europe, excepté en Espagne. Ici la question majeure n'était pas la question du communisme (bien que selon [[Ricardo Mella]], cela ait joué un rôle) mais une question de modification de stratégie et de tactique implicites dans l'anarchisme communiste. À cette époque (les années 1880), les anarchistes communistes mirent la pression sur les groupes locaux des militantEs, généralement opposés au syndicalisme et caractérisés par un côté anti-organisationnel. Sans surprise, un tel changement de stratégie et de tactique s'est immiscé dans beaucoup de discussions des collectivistes libertaires espagnols qui soutiendront fortement l'organisation et la lutte de la classe ouvrière.  
  
This conflict soon spread outside of Spain and the discussion found its way into the pages of La Revolte in Paris. This provoked many anarchists to agree with Malatesta's argument that "[i]t is not right for us, to say the least, to fall into strife over mere hypotheses." [quoted by Max Nettlau, A Short History of Anarchism, pp. 198-9] Over time, most anarchists agreed (to use Nettlau's words) that "we cannot foresee the economic development of the future" [Op. Cit., p. 201] and so started to stress what they had in common, rather than the different visions of how a free society would operate. As time progressed, most anarcho-communists saw that ignoring the [[labour movement]] ensured that their ideas did not reach the working class while most anarcho-communists stressed their commitment to communist ideals and their arrival sooner, rather than later, after a revolution.  
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Ce conflit se propagea rapidement en dehors de l'Espagne et la discussion se poursuivit dans les pages du journal [[La Revolte]], à Paris. Ceci amena de nombreux anarchistes à acquiescer aux propos de Malatesta du fait que : "ce n'est pas bien pour nous, du moins, de tomber dans les différends sur de simples hypothèses." [cité par Max Nettlau, "Une courte histoire de l'anarchisme", pp. 198-9] Avec le temps, la plupart des libertaires accordèrent (pour utiliser les mots de Nettlau) que "nous ne pouvons pas prévoir le développement économique du futur" [Op. Cit., p. 201] et commencèrent alors à mettre en évidence ce qu'ils et elles avaient en commun, plutôt que les différentes visions de comment une société libre opérerait. Au fur et à mesure que le temps passait, la plupart des anarcho-communistes se rendirent compte qu'ignorer le [[mouvement ouvrier]] rendait impossible la propagation de leurs idées au sein des classes laborieuses tandis que la plupart des anarcho-communistes soulignaient leur engagement aux idéaux communistes et leur application directe, plutôt que [[Période transitoire|différée]], après une [[révolution]].
  
Similarly, in the United States, there was an intense debate at the same time between Individualist and Communist anarchists. There, [[Benjamin Tucker]] was arguing that anarcho-communists were not anarchists while [[Johann Most]] was saying similar things about Tucker's ideas. Just as people like Mella and Tarrida put forward the idea of tolerance between anarchist groups, so anarchists like [[Voltairine de Cleyre]] "came to label herself simply 'Anarchist,' and called like Malatesta for an 'Anarchism without Adjectives,' since in the absence of government many different experiments would probably be tried in various localities in order to determine the most appropriate form." [Peter Marshall, Demanding the Impossible, p. 393]  
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Similairement, aux États-Unis, il y avait un intense débat au même moment entre les anarchistes individualistes et communistes. Là-bas, [[Benjamin Tucker]] argumentait que les anarcho-communistes n'étaient pas anarchistes alors que [[Johann Most]] disait des choses similaires à propos des idées de Tucker. Tout comme Mella et Tarrida avancèrent l'idée de tolérance entre les groupes anarchistes, [[Voltairine de Cleyre]] "en vint à se désigner comme simplement Anarchiste, et lança l'appel comme Malatesta pour un "Anarchisme sans adjectif", dans lequel, en l'absence de gouvernement (''au sens large'') plusieurs expérimentations ([[Liberté d'expérimentation]]) différentes seraient probablement essayées dans diverses localités dans le but de choisir la forme appropriée." [Peter Marshall, Demanding the Impossible, p. 393-traduit]  
  
These debates had a lasting impact on the anarchist movement, with such noted anarchists as de Cleyre, Malatesta, Nettlau and Reclus adopting the tolerant perspective that is embodied in the expression "anarchism without adjectives".
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Ces débats ont eu un impact durable sur le mouvement anarchiste, avec des anarchistes reconnus comme de Cleyre, Malatesta, Nettlau et Reclus adoptant la perspective tolérante contenue dans l'expression "anarchisme sans adjectif".
  
==Prominent "anarchists without adjectives"==
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Pour d'autres, il fut compris comme une attitude de tolérance et de coexistence entre les différentes tendances anarchistes (Voir : "Anarchist Ideology and the Working Class Movement in Spain", 1868-1898, p. 135), or cela a plus à voir avec le [[Synthésisme libertaire]]
  
While a great number of anarchists could be said to fall under the category of anarchists without adjectives to one degree or another, those expressly advocating the title include:
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==Pour en savoir plus==
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''A Short History of Anarchism'', Max Nettlau (Freedom Press, 2001) (les pages 195-201 propose un sommaire)
  
* [[Voltairine de Cleyre]]
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[[Catégorie:Anarchisme]]
* [[Errico Malatesta]]
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{{anarchisme sans adjectif}}
* [[Fernando Tarrida del Marmol]]
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{{wikipedia}} (traduit)
* [[Max Nettlau]]
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* [[Élisée Reclus]]
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==Further reading==
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[[de:Anarchismus ohne Adjektive]]
''A Short History of Anarchism'', Max Nettlau (Freedom Press, 2001) (Pages 195-201 provide a summary)
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[[en:anarchism without adjectives]]
 
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[[he:אנרכיזם ללא תארים]]
[[Category:Anarchisme]]
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[[it:Anarchismo senza aggettivi]]
{{wikipedia}} (traduit)
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[[es:Anarquismo sin Adjetivos]]

Latest revision as of 06:25, 15 July 2012

L'Anarchisme sans adjectif est une forme d'anarchisme sans trait d'union d'ordre économique, sans qualificatif (ex: communiste, mutualiste...).

Origines[edit]

Le créateur de l'expression est Fernando Tarrida del Marmol, qui l'utilisa en Novembre 1889, à Barcelone. Il dirigea ses commentaires envers les anarchistes communistes et collectivistes (théorie de bakounine), qui à cette époque, en Espagne, tenaient un intense débat sur les mérites des 2 théories. L'anarchisme sans adjectif était une tentative de montrer une plus grande tolérance entre les tendances libertaires et de rendre clair que les anarchistes ne devraient pas imposer de plan économique préconçu à qui que ce soit, même dans la théorie. Les "anarchistes sans adjectifs" ont été portés à rejeter tous les modèles économiques comme faux, ou/et ont pris une position pluraliste prenant de chacun des modèles à un degré limité de façon à ce que la diversité préserve et contrôle l'harmonie. Pour ces anarchistes, les tendances économiques sont vues comme d'"importance secondaire" par rapport à l'abolition de l'autorité, sous sa forme de l'État ou du capitalisme, et vis-à-vis de la liberté d'expérimentation comme règle première de la société libre.

Histoire[edit]

La perspective théorique connue comme "anarquismo sin adjetivos" fut le produit d'un intense débat à l'intérieur du mouvement anarchiste. Les racines de ses arguments peuvent être retrouvées dans le développement de l'Anarcho-communisme après la mort de Bakounine en 1876. Même s'il n'est pas totalement différent du Collectivisme anarchiste (comme il peut être vu dans le fameux travail de James Guillaume, "On Building the New Social Order", à travers Bakounine sur l'anarchisme, les collectivistes ont vu leur système économique évoluer en communisme libre) les anarchistes communistes ont développé, approfondi et enrichi l'oeuvre de Bakounine tout comme Bakounine avait développé, approfondi et enrichi l'oeuvre mutualiste de Proudhon. L'anarchisme communiste était associé avec des anarchistes comme Élisée Reclus, Carlo Cafiero, Errico Malatesta et Pierre Kropotkine.

Les idées anarchistes communistes remplacèrent celles du Collectivisme anarchiste au titre de tendance anarchiste la plus populaire en Europe, excepté en Espagne. Ici la question majeure n'était pas la question du communisme (bien que selon Ricardo Mella, cela ait joué un rôle) mais une question de modification de stratégie et de tactique implicites dans l'anarchisme communiste. À cette époque (les années 1880), les anarchistes communistes mirent la pression sur les groupes locaux des militantEs, généralement opposés au syndicalisme et caractérisés par un côté anti-organisationnel. Sans surprise, un tel changement de stratégie et de tactique s'est immiscé dans beaucoup de discussions des collectivistes libertaires espagnols qui soutiendront fortement l'organisation et la lutte de la classe ouvrière.

Ce conflit se propagea rapidement en dehors de l'Espagne et la discussion se poursuivit dans les pages du journal La Revolte, à Paris. Ceci amena de nombreux anarchistes à acquiescer aux propos de Malatesta du fait que : "ce n'est pas bien pour nous, du moins, de tomber dans les différends sur de simples hypothèses." [cité par Max Nettlau, "Une courte histoire de l'anarchisme", pp. 198-9] Avec le temps, la plupart des libertaires accordèrent (pour utiliser les mots de Nettlau) que "nous ne pouvons pas prévoir le développement économique du futur" [Op. Cit., p. 201] et commencèrent alors à mettre en évidence ce qu'ils et elles avaient en commun, plutôt que les différentes visions de comment une société libre opérerait. Au fur et à mesure que le temps passait, la plupart des anarcho-communistes se rendirent compte qu'ignorer le mouvement ouvrier rendait impossible la propagation de leurs idées au sein des classes laborieuses tandis que la plupart des anarcho-communistes soulignaient leur engagement aux idéaux communistes et leur application directe, plutôt que différée, après une révolution.

Similairement, aux États-Unis, il y avait un intense débat au même moment entre les anarchistes individualistes et communistes. Là-bas, Benjamin Tucker argumentait que les anarcho-communistes n'étaient pas anarchistes alors que Johann Most disait des choses similaires à propos des idées de Tucker. Tout comme Mella et Tarrida avancèrent l'idée de tolérance entre les groupes anarchistes, Voltairine de Cleyre "en vint à se désigner comme simplement Anarchiste, et lança l'appel comme Malatesta pour un "Anarchisme sans adjectif", dans lequel, en l'absence de gouvernement (au sens large) plusieurs expérimentations (Liberté d'expérimentation) différentes seraient probablement essayées dans diverses localités dans le but de choisir la forme appropriée." [Peter Marshall, Demanding the Impossible, p. 393-traduit]

Ces débats ont eu un impact durable sur le mouvement anarchiste, avec des anarchistes reconnus comme de Cleyre, Malatesta, Nettlau et Reclus adoptant la perspective tolérante contenue dans l'expression "anarchisme sans adjectif".

Pour d'autres, il fut compris comme une attitude de tolérance et de coexistence entre les différentes tendances anarchistes (Voir : "Anarchist Ideology and the Working Class Movement in Spain", 1868-1898, p. 135), or cela a plus à voir avec le Synthésisme libertaire

Pour en savoir plus[edit]

A Short History of Anarchism, Max Nettlau (Freedom Press, 2001) (les pages 195-201 propose un sommaire)

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