Difference between revisions of "FAQAnar:A.1.1 - Qu'est-ce que "Anarchie" signifie ?"

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L'anarchie (du grec ''an-'', préfixe privatif : absence de, et de ''archos'', racine : autorité, ou «ce qui est premier») désigne la situation d'une société où il n'existe ni autorité, ni pouvoir coercitif, ni domination, ni hiérarchie quelconque entre les hommes. L’anarchie peut aussi être expliquée étymologiquement comme le refus de tout principe premier, de toute cause première, et comme une revendication de la multiplicité face à l’unicité. Ou, comme [[Pierre Kropotkine]] le disait : « Anarchie vient du mot grec signifiant "le contraire de l'autorité" ». <ref>Anarchisme, p.284</ref>
 
L'anarchie (du grec ''an-'', préfixe privatif : absence de, et de ''archos'', racine : autorité, ou «ce qui est premier») désigne la situation d'une société où il n'existe ni autorité, ni pouvoir coercitif, ni domination, ni hiérarchie quelconque entre les hommes. L’anarchie peut aussi être expliquée étymologiquement comme le refus de tout principe premier, de toute cause première, et comme une revendication de la multiplicité face à l’unicité. Ou, comme [[Pierre Kropotkine]] le disait : « Anarchie vient du mot grec signifiant "le contraire de l'autorité" ». <ref>Anarchisme, p.284</ref>

Revision as of 17:03, 12 May 2010

FAQ anarchiste
Anarchy-symbol.svg
« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
A - Qu'est-ce que l'anarchisme ?

Introduction
A.1 - Qu'est ce que l'Anarchisme ?



A.2 - Que représente l'Anarchisme?



A.3 - Quelles sortes d'anarchisme existe-t-il ?



A.4 - Qui sont les penseurs reconnus dans l'anarchisme ?



A.5 - Quels sont les exemples "d'anarchie en action" ?



Sommaire complet et détaillé

Catégorie:Qu'est-ce que l'Anarchisme? L'anarchie (du grec an-, préfixe privatif : absence de, et de archos, racine : autorité, ou «ce qui est premier») désigne la situation d'une société où il n'existe ni autorité, ni pouvoir coercitif, ni domination, ni hiérarchie quelconque entre les hommes. L’anarchie peut aussi être expliquée étymologiquement comme le refus de tout principe premier, de toute cause première, et comme une revendication de la multiplicité face à l’unicité. Ou, comme Pierre Kropotkine le disait : « Anarchie vient du mot grec signifiant "le contraire de l'autorité" ». [1]

Alors que l'on pense souvent que les mots grecs anarchos et anarchia signifient "absence de gouvernement", la signification stricte de l'anarchisme n'est pas simplement "pas de gouvernement". "An-archie" signifie "sans dirigeant", ou plus généralement, "sans autorité", et c'est dans ce sens que les anarchistes ont toujours utilisé ce mot. Par exemple, Kropotkine affirmait que l'anarchisme « attaque non seulement le capital, mais aussi les principales sources de pouvoir du capitalisme : la loi, l'autorité, et l'État ». [2] Pour les anarchistes, l'anarchie ne signifie pas « nécessairement l'absence d'ordre, comme on le suppose généralement, mais l'absence de règles ». [3] David Weick l'a très bien résumé :
« L'anarchisme peut être compris comme l'idée politique et sociale qui exprime la négation de tout pouvoir, souveraineté, domination, et division hiérarchique, et la volonté de les dissoudre [...] L'anarchisme est toutefois plus que l'anti-étatisme [...] [même si] le gouvernement [l'État] [..] est, raisonnablement, le point central de la critique anarchiste ». [4]
Pour ces raisons, plutôt que d'être purement anti-gouvernement ou anti-État, l'anarchisme est principalement un mouvement contre la hiérarchie. Pourquoi ? Parce que la hiérarchie est la structure organisationnelle qui comporte l'autorité. Comme l'État est la plus haute forme de hiérarchie, les anarchistes sont, par définition, anti-État ; mais ce n'est pas une définition suffisante de l'anarchisme. Cela signifie que les vrais anarchistes sont opposés à toute forme d'organisation hiérarchique, pas seulement l'État. Comme l'a dit Brian Morris :
« Le terme anarchie vient du grec, et signifie essentiellement 'pas de dirigeant'. Les anarchistes sont les personnes qui rejettent toute forme de gouvernement ou d'autorité coercitive, toute forme de hiérarchie et de domination. Ils sont donc opposés à ce que l'anarchiste mexicain Flores Magon appelait la 'trinité sombre' - État, capital et Église. Les anarchistes sont ceux qui s'opposent autant au capitalisme et à l'État qu'à toutes les formes d'autorité religieuse. Mais les anarchistes cherchent aussi à établir ou à provoquer, par divers moyens, les conditions de l'anarchie, c'est-à-dire une société décentralisée, sans institutions coercitives, une société organisée à travers une fédération d'associations volontaires ».[5]


La référence à la "hiérarchie" dans ce contexte est un développement assez récent - les anarchistes "classiques", comme Proudhon, Bakounine et Kropotkine utilisaient ce mot, mais rarement (ils préféraient généralement "autorité", qui était utilisé à la place d'"autoritaire"). Cependant, il ressort clairement de leurs écrits que c'était une philosophie contre la hiérarchie, contre toute inégalité de pouvoir ou de privilèges entre les individus. Bakounine parlait en ce sens lorsqu'il attaquait l'autorité "officielle" mais défendait l'"influence naturelle", et lorsqu'il disait :
« Vous voulez qu'il devienne impossible à quiconque d'oppresser son compagnon ? Alors assurez-vous que personne ne puisse avoir de pouvoir ».[6]

Comme Jeff Draughn le note, « alors qu'il a toujours été une part latente du "projet révolutionnaire", le concept d'anti-hiérarchie n'a émergé que récemment pour un examen plus minutieux. Néanmoins, sa racine apparaît clairement dans les origines grecques du mot "anarchie" ».[7]

Nous soulignons que cette opposition à la hiérarchie n'est, pour les anarchistes, aucunement limitée à l'État ou au gouvernement. Cela inclut toutes les relations autoritaires de type économiques ou sociales, mais aussi celles politiques, en particulier celles associées à la propriété capitaliste et au travail salarié. On peut le voir dans l'argument de Proudhon, à savoir que « le Capital [..] dans la sphère politique est analogue au gouvernement [..] L'idée économique du capitalisme, les politiques des gouvernements ou des autorités, et les idées théologiques de l'Église sont trois idées identiques, liées en différents points. Attaquer l'une d'entre elles revient à les attaquer toutes [..] Ce que le capital est au travail, l'État l'est à la liberté, l'Église à l'esprit. Cette trinité d'absolutisme est aussi funeste en pratique qu'elle l'est comme philosophie. La signification la plus concrète de l'oppression des individus serait d'emprisonner simultanément leur corps, leur volonté, et leur raison ». [8] Ainsi nous trouvons chez Emma Goldman l'opposition au capitalisme comme le fait « qu'un homme [ou une femme] doit vendre son travail » et donc, « que son inclinaison et son jugement sont subordonnés à la volonté de son maître ». [9] Quarante ans après que Bakounine ait fait la même remarque quand il soutenait que dans le système actuel « le travailleur vendait sa personne et sa liberté pour un temps donné » aux capitalistes en échange d'un salaire. [10]

Ainsi donc "anarchie" signifie plus que simplement "absence de gouvernement", cela signifie l'opposition à toutes les formes d'organisations autoritaires et à la hiérarchie. Comme Kropotkine le disait : « les origines de la conception anarchiste de la société [...] [résident dans] la critique [...] des organisations hiérarchiques et des conceptions autoritaires de la société ; et [...] l'analyse des tendances que l'on retrouve dans les mouvements humanistes ».[11] Pour Malatesta, l'anarchisme « est né d'une révolte morale contre les injustices sociales » et du fait que les « causes spécifiques des maux de la société » peuvent être trouvées dans « la propriété capitaliste et dans l'État ». Quand l'opprimé « a cherché à anéantir l'État et la propriété - alors l'anarchisme était né ». [12]

Donc toute tentative d'affirmer que le mot anarchie est purement anti-État est une déformation du mot et de la façon dont le mouvement anarchiste l'a utilisé. Comme Brian Morris le soutenait, « quand on examine les écrits des anarchistes classiques [..] ainsi que les figures du mouvement anarchiste [..] il est clairement évident qu'il n'a jamais eu cette version limitée [d'être simplement contre l'État]. Il a toujours combattu toute forme d'autorité et d'exploitation, et a aussi été une critique du capitalisme et de la religion comme il l'a été pour l'État ».[13]

Et, pour énoncer ce qui semble évident, l'anarchie ne signifie en rien le chaos, non plus que les anarchistes souhaitent le chaos et le désordre. À la place, nous souhaitons créer une société basée sur la liberté individuelle et la coopération volontaire. En d'autres mots, l'ordre de bas en haut, pas le désordre imposé de haut en bas par l'autorité. Une telle société serait une vraie anarchie, une société sans dirigeants.

Tandis que nous discutons de ce à quoi pourrait ressembler l'anarchie dans la section I, Noam Chomsky résume les aspects essentiels quand il indique que dans une société vraiment libre, « toute interaction entre les êtres humains sur un plan non personnel - c'est-à-dire sous une forme institutionnelle d'un type quelconque - en communauté, ou sur le lieu de travail, dans la famille, dans la société au sens large, quoique cela puisse être, doit être sous le contrôle direct de ses participants. Cela implique donc des conseils ouvriers dans l'industrie, la démocratie directe en communautés, l'interaction entre ces communautés, la libre association dans de plus grands groupes, jusqu'à l'organisation d'une société internationale ».[14] La société ne devra plus être divisée hiérarchiquement entre patrons et ouvriers, gouvernants et gouvernés. Une société anarchiste serait plutôt basée sur la libre association dans des organisations participatives et fonctionnerait de bas en haut. Les anarchistes, il faut le noter, essayent aujourd'hui le plus possible de créer cette société grâce à leurs organisations, leurs luttes et leurs activités.

Notes et références

  1. Anarchisme, p.284
  2. Ouvrage cité, p.150
  3. Benjamin Tucker, Instead of a Book, p.13
  4. Reinventing Anarchy, p.139]
  5. "Anthropology and Anarchism", pp.35-41, Anarchy: A Journal of Desire Armed, n°45, p.38
  6. The Political Philosophy of Bakunin, p.271
  7. Between Anarchism and Libertarianism: Defining a New Movement
  8. cité par Max Nettlau, dans A Short History of Anarchism, pp.43-44
  9. Red Emma Speaks, p.50
  10. Op. Cit., p.187
  11. Op. Cit., p.158
  12. Errico Malatesta: His Life and Ideas, p.19
  13. Op. Cit., p.40
  14. Anarchism Interview