FAQAnar:A.3.1 - Quelles sont les différences entre les individualistes et les socialistes anarchistes ?

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Catégorie:Quelles sortes d'anarchisme existe-t-il ?

FAQ anarchiste
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« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
A - Qu'est-ce que l'anarchisme ?

Introduction
A.1 - Qu'est ce que l'Anarchisme ?



A.2 - Que représente l'Anarchisme?



A.3 - Quelles sortes d'anarchisme existe-t-il ?



A.4 - Qui sont les penseurs reconnus dans l'anarchisme ?



A.5 - Quels sont les exemples "d'anarchie en action" ?



Sommaire complet et détaillé

Bien que chacun des deux camps affirme que les propositions de l'autre camp conduirait d'une certaine façon à la création d'un état, les différences entrer les individualistes et les socialistes anarchiste ne sont pas énormes. Les deux sont anti-état, anti-autorité et anti-capitaliste. Les différences majeures sont de deux sortes.

La première concerne les moyens d'action de maintenant (et donc de la manière dont l'anarchie s'imposera). Les individualistes préfèrent généralement l'éducation et les institutions alternatives, telles que les banques mutuelles, les syndicats, les communes, etc. Ils soutiennent les grèves et les autres formes non violentes de protestation social (comme la grève du loyer, le non paiement des taxes, etc.). De telles activités, disent-ils, assurent que la société actuelle va graduellement s'émanciper des gouvernements et devenir anarchiste. Ils sont essentiellement évolutionnistes, et non révolutionnaires, et désapprouvent l'utilisation par les socialistes anarchistes de l'action directe pour créer des situations révolutionnaires. Ils considèrent la révolution comme étant en contradiction avec les principes anarchistes, puisqu'elle implique l'expropriation de la propriété capitaliste, et, de ce fait, l'utilisation de moyens autoritaires. Ils cherchent plutôt à redonner à la société ses richesses grâce à un système économique nouveau et alternatif (basé autour de banques mutuelles et de coopératives). De cette façon, la "liquidation sociale" est rendue inutile, puisque l'anarchisme vient par les réformes et non par l'expropriation.

La plupart des socialistes anarchistes reconnaissent le besoin d'éducation, et de créer des alternatives (comme les syndicats libertaires), mais peu s'accordent à dire que cela est suffisant en soi. Ils ne pensent pas que le capitalisme peut être réformé petit à petit en anarchisme, même s'ils sont conscients de l'importance des réformes suite à des luttes sociales qui augmentent les tendances libertaires au sein du capitalisme. De même, ils ne pensent pas que la révolution est contraire aux principes anarchistes puisqu'il n'est pas autoritaire de détruire l'autorité (que ce soit celle de l'état, ou du capitalisme). De ce fait l'expropriation de la classe capitaliste et la destruction de l'état par la révolution sociale est un acte libertaire, non autoritaire, de par sa nature, puisqu'il est dirigé contre ceux qui gouvernent et exploitent l'immense majorité. En bref, les socialistes anarchistes sont évolutionnistes et révolutionnaires, et ils essayent de renforcer les tendances libertaires au sein du capitalisme, tout en essayant d'abolir ce système au moyen d'une révolution sociale. Cependant, comme quelques socialistes anarchistes sont uniquement évolutionnistes, cette différence n'est pas la plus importante entre socialistes anarchistes et individualistes.

La seconde différence majeure concerne la forme de l'économie anarchiste proposée. Les individualistes préfèrent un système de distribution basé sur sur le concept de marché au système des socialistes anarchistes basé sur le besoin. Tous deux conviennent que le système actuel de droits de propriété capitaliste doit être aboli et laisser place à des droits d'utilisation dans les moyens de la vie [traduction à revoir...] (i.e. l'abolition de la location, des intérêts et des profits -- l'"usure" pour utiliser le terme préféré des anarchistes individualistes pour désigner cette trinité impie). En effet, les deux écoles suivent le classique Qu'est ce que la propriété ? de Proudhon et soutiennent que la jouissance d'un bien doit remplacer sa propriété dans une société libre (voir la section B.3 pour une discussion sur les points de vue anarchiste à propos de la propriété). De ce fait la propriété "perdra un certain attribut qui la sanctifie maintenant. Sa possession absolue -- 'le droit d'en user et d'en abuser' -- sera abolie, et la jouissance, l'utilisation, seront le seul titre. On se rendra bientôt compte combien il est impossible pour une personne de 'posséder' des millions d'acres de terre, sans un titre constitutif de propriété, soutenu par un gouvernement prêt à protéger ce titre de tous les dangers." [ Lucy Parsons, Freedom, Equality & Solidarity, p. 33]

Cependant, au sein de ce cadre de droit d'utilisation, les deux écoles de l'anarchisme proposent différents systèmes. L'anarchiste socialiste soutient généralement une utilisation et une possession commune (ou sociale). Cela implique la possession sociale des moyens de production et de distribution, avec une possession personnelle des choses que vous utilisez, mais pas de ce qui a été utilisé pour les créer. Ainsi "votre montre vous appartient, mais la fabrique de montre appartient à tout le monde. L'utilisation effective", continue Berkman, "sera considéré comme le seul titre -- non pas de propriété, mais de jouissance du bien. L'association des mineurs de charbon, par exemple, sera en charge des mines de charbon, non pas en tant que propriétaires mais en tant qu'exploitants [...] La possession collective, gérée de façon coopérative dans l'intérêt de la communauté, prendra la place de la propriété personnelle menée de façon privée pour le profit."[What is Anarchism?, p. 217]

Ce système serait basé sur l'autogestion par les travailleurs de leur travail et (pour la plupart des anarchistes socialistes) sur le partage libre du produit de ce travail (i.e. un système économique sans monnaie). La cause en est que "dans l'état actuel de l'industrie, quand tout est interdépendant, quand chaque branche de la production est maillée avec tout le reste, essayer d'affirmer une origine individuelle pour les produits de l'industrie est intenable." Étant donné cela, il est impossible d'"estimer le partage de chacune des richesses qui ont contribué à la masse" et, de plus, la "jouissance commune des instruments de travail doit nécessairement apporter la jouissance commune des fruits d'un travail commun." [ Kropotkine, The Conquest of Bread, p. 45 and p. 46] Les socialistes anarchistes veulent simplement dire par cela que le produit social qui est produit par par tous sera disponible pour tous et que chaque individu qui a contribué de façon productive à la société peut prendre ce dont il a besoin (à quelle vitesse ont peut atteindre une telle idée est discutable, comme on le verra à la section I.2.2). Quelques socialistes anarchistes, comme les mutualistes, sont contre un tel système de communisme libertaire, mais, en général, la vaste majorité des socialistes anarchistes souhaite la fin de la monnaie, et, ainsi, de l'achat et la vente. Tous sont d'accord, cependant, sur le fait que l'anarchie verra "l'exploitation propriétaire et capitaliste s'arrêter partout" et "le système de salaire aboli" que ce soit par un "échange égal et juste" (comme le pense Proudhon) ou par un partage libre (comme le pense Kropotkine). [ Proudhon, The General Idea of the Revolution, p. 281]

En revanche, l'anarchiste individualiste (ainsi que le mutualiste) conteste que ce système de droit d'utilisation devrait inclure le produit du travail des travailleurs. À la place d'une propriété sociale, les anarchistes individualistes proposent un système plus basé sur le marché, dans lequel les travailleurs possèderaient leurs propres de production et échangeraient le produit de leur travail librement avec les autres travailleurs. Ils soutiennent que le capitalisme n'est pas, en fait, un vrai libre marché. Au contraire, au moyen de l'état, les capitalistes ont mis des entraves sur le marché pour créer et protéger leur pouvoir économique et social (une discipline de marché pour la classe ouvrière, en d'autres mots des aides d'état pour la classe dirigeante). Ces monopoles d'état (sur la monnaie, les terres, les droits et brevets) et la défense étatique des droits de propriété capitaliste sont la source des inégalités économiques et de l'exploitation. L'abolition des gouvernements, résulterait en l'apparition d'une réelle libre concurrence et assurerait la fin du capitalisme et de l'exploitation capitaliste (voir l'essai de Benjamin Tucker "State Socialism and Anarchism" pour un excellent résumé de ce débat).

Les anarchistes individualistes soutiennent que les moyens de production sont le produit du travail individuel et donc ils acceptent que les individus devrait pouvoir vendre les moyens de productions qu'ils utilisent, si tel est leur désir. Cependant, ils rejettent les droits de propriété capitaliste et favorisent à la place un système d'"occupation et d'utilisation". Si le moyen de production, disons une terre, n'est pas utilisé, il redevient propriété commune et est utilisable par d'autres. Ils pensent que ce système, appelé mutualisme, résultera en un contrôle par les travailleur de la production et en la fin de l'exploitation capitaliste et de l'usure. Ceci est dû au fait que, logiquement et pratiquement, un régime d'"occupation et d'utilisation" ne peut pas coexister avec le travail salarié. Si un lieu de travail a besoin d'un groupe pour le faire fonctionner, alors il doit être détenu par le groupe qui l'utilise. Si un individu affirme que cela lui appartient, et qu'il est, en fait, utilisé par d'autre que cette personne alors, de toute évidence, la règle "occupation et utilisation" est violée. De même, si un propriétaire emploie d'autres personnes pour utiliser le lieu de travail, alors le patron peut s'approprier le produit du travail de ces personnes, et ainsi violer la maxime qui dit qu'un travailleur doit recevoir pleinement le fruit de son travail. Ainsi les principes de l'anarchisme individualiste amène à des conclusions anti-capitalistes (voir section G.3).

Cette seconde différence est la plus importante. Les individualistes craignent d'être forcés à joindre une communauté, et de par ce fait de perdre sa liberté (ce qui inclue la liberté d'échanger librement avec les autres). Max Stirner défend cette position quand il dit que le "communisme, par la suppression de toute propriété personnelle, me rends plus dépendant aux autres, à savoir, à la généralité ou à la collectivité [...] [qui est] une condition qui entrave ma liberté de mouvement, un pouvoir souverain sur moi. Le communisme se révolte justement contre la pression que j'expérimente de la part de propriétaires individuels ; mais encore plus horrible est le pouvoir qu'il met dans les mains de la collectivité." [The Ego and Its Own, p. 257] Proudhon argumentait aussi contre le communisme, déclarant que la communauté devient le propriétaire dans un régime communiste et donc que le capitalisme et le communisme sont basé sur la propriété et l'autorité (voir la section "Caractéristiques du communisme et de la propriété" dans Qu'est-ce que la propriété ?). Ainsi, les anarchistes individualistes soutiennent que la propriété sociale place la liberté individuelle en grand danger puisque toute forme de communisme assujetti l'individu à la société ou à la commune. Ils craignent que, en plus de dicter la morale individuelle, la socialisation éliminerait effectivement le contrôle des travailleurs puisque la "société" dirait aux travailleurs quoi produire et leur prendrait le produit de leur travail. En effet, ils disent que le communisme (ou la propriété sociale en générale) serait similaire au capitalisme, avec l'exploitation et l'autorité du patron remplacé par celle de la "société".

Il est inutile de le dire, les socialistes anarchistes sont en désaccord. Ils disent que les commentaires de Stirner et de Proudhon sont tout à fait justes -- mais seulement en ce qui concerne le communisme autoritaire. Comme le disait Kropotkine, "avant, et en 1848, la théorie [du communisme] était présentée de façon à rendre pleinement compte de la défiance de Proudhon quant à ses effets sur la liberté. La vieille idée du Communisme était l'idée de communautés monastique avec la règle sévère que les prêtres dirigeants étaient les plus âgés ou les hommes de sciences. Les derniers vestiges de liberté et d'énergie individuelle seraient détruits, si l'humanité avait du faire face à un tel communisme". [Act for Yourselves, p. 98] Kropotkine a toujours défendu que l'anarcho-communisme était un nouveau développement et que du fait que les remarques de Proudhon et Stirner datent de 1870, elles ne peuvent être considérées comme étant dirigées contre lui puisqu'ils ne pouvaient en être familier.

Plutôt que de soumettre l'individu à la communauté, les socialistes anarchistes affirment que propriété collective fournirait le cadre nécessaire pour protéger la liberté individuelle dans tous les aspects de la vie en abolissant le pouvoir du propriétaire, quelque soit la forme qu'il prenne. En outre, plutôt que de supprimer tout "propriété" individuelle, l'anarcho-communisme reconnaît l'importance des biens et de l'espace individuels. Ainsi nous voyons Kropotkine plaidant contre les formes de communisme qui "désirent gérer les communautés selon le modèle de la famille [...] [de vivre] tous dans la même maison et [...] ainsi forcés à rencontrer continuellement les mêmes 'frères et sœurs' [...] [c'est] une erreur fondamentale que d'imposer à tous une 'grande famille' plutôt que d'essayer, au contraire, de garantir la plus grande liberté et vie familiale o chaque individu." [Small Communal Experiments and Why They Fail, pp. 8-9] Le but de l'anarcho-communisme est, pour citer une nouvelle fois Kropotkine, de placer "le produit récolté ou fabriqué à la disposition de tous, en laissant à chacun la liberté de les consommer comme il le souhaite dans sa propre demeure." [The Place of Anarchism in the Evolution of Socialist Thought, p. 7] Ceci garanti l'expression individuelle des goûts et des désirs et donc de l'individualité -- que ce soit dans la consommation ou la production, puisque les socialistes anarchistes sont de fervents supporters de l'autogestion des travailleurs.

Ainsi, pour les socialistes anarchistes, l'opposition de l'anarchisme individualiste au communisme n'est valide que pour le communisme autoritaire ou d'état, et oublie la nature fondamentale de l'anarcho-communisme. Les anarcho-communistes ne remplacent pas l'individualité par la communauté, mais utilisent plutôt la communauté pour défendre l'individualité. Plutôt que d'avoir la "société" qui contrôle l'individu, comme le craignent les anarchistes individualistes, le socialisme anarchiste est basé sur l'importance de l'individualité et de l'expression individuelle :

"L'anarcho-communisme soutient cette conquête des plus précieuses -- la liberté individuelle -- et en outre, l'étend et lui donne une base solide -- la liberté économique -- sans qui la liberté politique ne serait qu'illusoire ; il ne demande pas à l'individu qui a rejeté dieu, le tyran universel, dieux le roi, et dieu le parlement, de se donner à un dieu encore plus terrible que les précédents -- dieu la Communauté, ou d'abdiquer à son autel son indépendance, sa volonté, ses goûts, et de renouveler le vÅ“u d'ascétisme qu'il a pris devant le dieu crucifié. Il lui dit, au contraire, 'Aucune société n'est libre tant que l'individu ne l'est pas ! [...]" [Op. Cit., pp. 14-15]

En outre, les socialistes anarchistes ont toujours reconnu le besoin d'une collectivisation volontaire. Si les individus désirent travailler par eux-mêmes, ce n'est pas perçu comme un problème (voir La conquête du pain, p.61, et Act for Yourselves, pp. 104-5, de Kropotkine, ainsi que Errico Malatesta : His Life and Ideas, p. 99 et p.103). Ceci, insistent les socialistes anarchistes, ne contredit en aucun cas leurs principes ou la nature communiste de la société qu'ils souhaitent puisque de telles exceptions sont comprises dans le système de "droits d'utilisation" sur lequel les deux sont basés (voir la section I.6.2 pour une discussion complète). De plus, pour les socialistes anarchistes une association n'existe que pour le bénéfice des individus qui la composent ; c'est le moyen dont les individus coopèrent pour répondre à leurs besoins communs. Ainsi, tous les anarchistes soulignent l'importance de la libre acceptation comme base de la société anarchiste. Aussi tous les anarchistes sont d'accords avec Bakounine :

Le collectivisme ne pourrait s'imposer seulement qu'à des esclaves, et cette sorte de collectivisme serait donc une négation de l'humanité. Dans une communauté libre, le collectivisme ne peut venir qu'à travers la pression des circonstances, et non par une contrainte venue de dessus mais par un mouvement libre et spontané venant de dessous." [ Bakounine on Anarchism, p. 200]

Si les individualistes désirent travailler pour eux-mêmes et échanger des biens avec les autres, les socialistes anarchistes n'ont pas d'objection. De là nos commentaires sur le fait que deux formes d'anarchisme ne sont pas mutuellement exclusive. Les socialistes anarchistes soutiennent le droit des individus à ne pas rejoindre une commune, tandis que les anarchistes individualistes soutiennent le droit des individus de mettre en commun leurs biens comme bon leur semble, associations communistes inclues. Cependant, si, au nom de la liberté, un individu souhaite affirmer son droit de propriété pour pouvoir exploiter le travail d'autrui, les socialistes anarchistes résisterait rapidement à cet essai de recréer l'étatisme au nom de la "liberté". Les anarchistes n'ont aucun respect pour une "liberté" souveraine ! Comme le disait Luigi Galleani :

Non moins insidieuses est la tendance de ceux qui, sous le couvert confortable de l'anarchisme individualiste, accueillerait l'idée de domination [...] Mais les hérauts de la domination pratiquent l'individualisme au nom de leur égo, en piétinant l'égo obéissant, résigné, ou inerte des autres. [The End of Anarchism?, p. 40]

En outre, pour les socialistes anarchistes, l'idée que les moyens de production puissent être vendus implique qu'une propriété privé pourrait être réintroduite dans la société anarchiste. Dans un marché libre, certains réussissent et d'autres échouent. Comme le disait Proudhon, dans une compétition la victoire va au plus fort. Quand le talent de marchandage de l'un est plus faible que celui de l'autre, alors tout "libre échange" se fait au bénéfice de la partie la plus forte. Ainsi le marché, même non capitaliste, tendra à renforcer les inégalités de richesse et de pouvoir avec le temps, plutôt que de les niveler. Avec le capitalisme, c'est plus évident puisque ceux qui n'ont que leur main d’œuvre à vendre sont dans une position plus faible que ceux qui ont du capital, mais l'anarchisme individualiste serait aussi affecté.

Aussi, les socialistes anarchistes défendent que, bien que contre sa volonté, une société anarchiste individualiste évoluerait d'échanges justes vers le capitalisme. Si, comme il semble probable, les concurrents "sans succès" sont forcés au chômage, ils auront peut-être à vendre leur force de travail à ceux "couronnés de succès" pour pouvoir survivre. Cela créerait des relations sociales autoritaires, et la domination d'une minorité sur la majorité via des "contrats libres". L'imposition de tels contrats, "ouvrirait" vraisemblablement "[...] une voie pour reconstruire au titre de la 'défense' toutes les fonctions de l'État." [[[Pierre Kropotkine]], Anarchism, p. 297]

Benjamin Tucker, l'anarchiste le plus influencé par les idées du libéralisme et du libre marché, fit aussi face aux problèmes associés avec toutes les écoles d'individualisme abstrait -- en particulier, l'acceptation de relations sociales autoritaires comme expression de la "liberté". Cela est du à la similarité de la propriété et de l'état. Tucker soutenait que l'état était marqué par deux choses, l'agression et "l'hypothèse que l'autorité sur un domaine donné et tout ce qu'il contient, s'exerçait généralement dans le double but d'une oppression plus complète de ses sujets et d'une extension de ses frontières." [Instead of a Book, p. 22] Cependant, le patron et propriétaire a aussi autorité sur un domaine donné (la propriété en question) et tout ce qu'il contient (les travailleurs et les locataires). Le premier contrôle les actions des seconds tout autant que l'état gouvernent ses citoyens ou ses sujets. En d'autres termes, la propriété individuelle produit les mêmes relations sociales que celles créées par l'état, puisqu'elles proviennent de la même source (le monopole du pouvoir sur un domaine donnée et ceux qui l'utilise).

Les socialistes anarchistes défendent que l'acceptation par les anarchistes individualistes de la propriété et de leur conception individualiste de la liberté individuelle peut mener au déni de la liberté individuelle par la création de relations sociales qui sont essentiellement de nature autoritaire/étatique. "Les individualistes", disait Malatesta, "donnent la plus grande importance à un concept abstrait de liberté et échouent à prendre en compte le fait que la liberté réelle, concrète est le résultat de la solidarité et d'une coopération vonlontaire." [The Anarchist Revolution, p. 16] Ainsi, le travail salarié, par exemple, place le travailleur dans la même relation envers son patron que la citoyenneté place le citoyen à l'état, à savoir une relation de domination et d'assujettissement. On retrouve la même chose avec les locataires et les propriétaires.

Une telle relation sociale ne peut que produire les autres aspects de l'état. Comme le montrait Albert Meltzer, cela ne peut avoir que des implications étatiques, puisque "l'école de Benjamin Tucker -- par la vertu de leur individualisme -- a accepté le besoin pour la police de casser les grèves afin de garantir la 'liberté' de l'employeur. Toute cette école de soi-disant individualistes accepte [...] la nécessite d'une force de police, et donc de gouvernement, et la définition première d'anarchisme est pas de gouvernement." [Anarchism: Arguments For and Against, p. 8] C'est en partie pour cette raison que les socialistes anarchistes soutiennent la propriété sociale comme meilleur moyen de protéger la liberté individuelle.



Accepting individual ownership this problem can only be "got round" by accepting, along with Proudhon (the source of many of Tucker's economic ideas), the need for co-operatives to run workplaces that require more than one worker. This naturally complements their support for "occupancy and use" for land, which would effectively abolish landlords. Without co-operatives, workers will be exploited for "it is well enough to talk of [the worker] buying hand tools, or small machinery which can be moved about; but what about the gigantic machinery necessary to the operation of a mine, or a mill? It requires many to work it. If one owns it, will he not make the others pay tribute for using it?" This is because "no man would employ another to work for him unless he could get more for his product than he had to pay for it, and that being the case, the inevitable course of exchange and re-exchange would be that the man having received less than the full amount." [Voltairine de Cleyre, "Why I am an Anarchist", Exquisite Rebel, p. 61 and p. 60] Only when the people who use a resource own it can individual ownership not result in hierarchical authority or exploitation (i.e. statism/capitalism). Only when an industry is co-operatively owned, can the workers ensure that they govern themselves during work and can get the full value of the goods they make once they are sold.

This solution is the one Individualist Anarchists do seem to accept and the only one consistent with all their declared principles (as well as anarchism). This can be seen when French individualist E. Armand argued that the key difference between his school of anarchism and communist-anarchism is that as well as seeing "ownership of the consumer goods representing an extension of [the worker's] personality" it also "regards ownership of the means of production and free disposal of his produce as the quintessential guarantee of the autonomy of the individual. The understanding is that such ownership boils down to the chance to deploy (as individuals, couples, family groups, etc.) the requisite plot of soil or machinery of production to meet the requirements of the social unit, provided that the proprietor does not transfer it to someone else or reply upon the services of someone else in operating it." Thus the individualist anarchist could "defend himself against . . . the exploitation of anyone by one of his neighbours who will set him to work in his employ and for his benefit" and "greed, which is to say the opportunity for an individual, couple or family group to own more than strictly required for their normal upkeep." ["Mini-Manual of the Anarchist Individualist", pp. 145-9, Anarchism, Robert Graham (ed.), p. 147 and pp. 147-8]

The ideas of the American individualist anarchists logically flow to the same conclusions. "Occupancy and Use" automatically excludes wage labour and so exploitation and oppression. As Wm. Gary Kline correctly points out, the US Individualist anarchists "expected a society of largely self-employed workmen with no significant disparity of wealth between any of them." [The Individualist Anarchists, p. 104] It is this vision of a self-employed society that logically flows from their principles which ensures that their ideas are truly anarchist. As it is, their belief that their system would ensure the elimination of profit, rent and interest place them squarely in the anti-capitalist camp alongside social anarchists.

Needless to say, social anarchists disagree with individualist anarchism, arguing that there are undesirable features of even non-capitalist markets which would undermine freedom and equality. Moreover, the development of industry has resulted in natural barriers of entry into markets and this not only makes it almost impossible to abolish capitalism by competing against it, it also makes the possibility of recreating usury in new forms likely. Combine this with the difficulty in determining the exact contribution of each worker to a product in a modern economy and you see why social anarchists argue that the only real solution to capitalism is to ensure community ownership and management of the economy. It is this recognition of the developments within the capitalist economy which make social anarchists reject individualist anarchism in favour of communalising, and so decentralising, production by freely associated and co-operative labour on a large-scale rather than just in the workplace.

For more discussion on the ideas of the Individualist anarchists, and why social anarchists reject them, see section G -- "Is individualist anarchism capitalistic?"