FAQAnar:A.3.2 - Y a-t-il des différents types d'anarchisme socialiste ?

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Catégorie:Quelles sortes d'anarchisme existe-t-il ?

FAQ anarchiste
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« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
A - Qu'est-ce que l'anarchisme ?

Introduction
A.1 - Qu'est ce que l'Anarchisme ?



A.2 - Que représente l'Anarchisme?



A.3 - Quelles sortes d'anarchisme existe-t-il ?



A.4 - Qui sont les penseurs reconnus dans l'anarchisme ?



A.5 - Quels sont les exemples "d'anarchie en action" ?



Sommaire complet et détaillé


Oui. Il existe quatre tendances majeures au sein de l'anarchisme socialiste : le mutualisme, le collectivisme, le communisme et le syndicalisme. Les différences ne sont pas énormes et sont simplement d'ordre stratégique. La seule différence majeure qui existe est entre le mutualisme et les autres types d'anarchisme socialiste. Le mutualisme est construit autour d'une forme de socialisme de marché - les coopératives de travailleurs échangent le produit de leur travail via un système de banque communautaire. Ce réseau de banques mutuelles serait "formé par l'ensemble de la communauté, non pour l'avantage spécial d'un individu ou d'une classe, mais pour le bénéfice de tous [...] [sans] intérêt [...] pris sur les prêts, sauf ce qui est suffisant pour couvrir les risques et les dépenses." Un tel système mettrait fin à l'exploitation et à l'oppression capitaliste "[puisqu']en introduisant le mutualisme au sein de l'échange et du crédit, on l'introduit partout, et le travail prendra un nouvel aspect et deviendra vraiment démocratique."[ Charles A. Dana, Proudhon and his "Bank of the People", pp. 44-45 and p. 45]

La version anarchiste socialiste du mutualisme diverge de la forme individualiste par le fait que les banques mutuelles appartiennent à la communauté (ou commune) locale au lieu d'être des coopératives indépendantes. Cela assurerait qu'elles fournissent les fonds d'investissement aux coopératives plutôt qu'aux entreprises capitalistes. Une autre différence est que quelques anarchistes socialistes mutualistes soutiennent la création de ce que Proudhon appelle une "fédération agro-industrielle" pour compléter la fédération des communautés libertaires (appelées communes par Proudhon). C'est une "confédération [...] qui a pour but de fournir une sécurité réciproque dans le commerce et l'industrie" et des développements à grande échelle tels que des routes, des voies de chemin de fer, etc. Le but "d'arrangements fédéraux spécifiques est de protéger les citoyens des états [sic !] fédéraux du féodalisme capitaliste et financier, à la fois de l'intérieur et de l'extérieur." C'est parce que "le droit politique a besoin d'être étayé par le droit économique." Ainsi la fédération agro-industrielle serait requise pour assurer la nature anarchiste de la société face aux effets déstabilisants des échanges de marché (qui peuvent générer un accroissement des inégalités de richesse et de pouvoir). Un tel système serait un exemple pratique de solidarité, puisque "les industries sont sÅ“urs ; elles font partie du même corps ; l'une ne peut souffrir sans que les autres partagent ses souffrances. Elles doivent de ce fait se fédérer, non pas pour être absorbées et fusionnées, mais afin de garantir la mutualité des conditions d'une prospérité commune [...] Passer un tel accord ne leur enlèvera pas leur liberté ; cela donnera simplement à leur liberté plus de sécurité et de force."[The Principle of Federation, p. 70, p. 67 and p. 72]

Les autres formes d'anarchisme socialiste ne partagent pas le soutient aux marchés, même ceux non-capitalistes. Au lieu de ça, ils pensent que mettre en commun la production et partager librement l'information et les produits entre coopératives permet de mieux assurer la liberté. En d'autres termes, les autres formes d'anarchisme socialiste sont basée sur la propriété commune (et sociale) par des fédérations d'associations de producteurs et de communes plutôt que sur le système mutualiste de coopératives individuelles. Selon les propres termes de Bakounine, "la future organisation sociale doit être construite uniquement de bas en haut, par la libre association ou fédération de travailleurs, d'abord dans leurs syndicats, ensuite dans leurs communes, régions, nations, et finalement dans une grande fédération, internationale et universelle" et "la terre, les instruments de travail et tout autre capital peut devenir la propriété collective de toute la société et être utilisé uniquement par les travailleurs, en d'autres mots par les associations agricoles et industrielles." [ Michael Bakunin: Selected Writings, p. 206 and p. 174] C'est uniquement en étendant le principe de la coopération au-delà des lieux de travail individuels que la liberté individuelle peut être maximisée et protégée (voir la section I.1.3 pour savoir pourquoi la plupart des anarchistes sont opposés aux marchés). En cela, ils partagent quelques fondations avec Proudhon, comme on peut le voir. Les confédérations industrielles "garantiraient l'utilisation mutuelle des outils de production qui sont la propriété de chacun de ces groupes et qui deviendra, par un contrat réciproque, la propriété collective de la fédération toute entière. De cette façon, la fédération de groupes sera capable de [...] réguler le taux de production pour répondre aux besoins fluctuants de la société." [ James Guillaume, Bakunin on Anarchism, p. 376]

Ces anarchistes partagent avec les mutualistes le soutien de l'autogestion par les travailleurs de la production au sein des coopératives mais voient les confédérations de ces associations comme étant le point central pour exprimer une aide mutuelle, et non un marché. L'autonomie du lieu de travail et l'autogestion serait la base de toute fédération, puisque "les travailleurs des différentes usines n'ont pas la moindre intention de remettre leur contrôle si durement gagné de l'outil de production à un pouvoir supérieur se faisant lui-même appeler 'corporation'." [Guillaume, Op. Cit., p. 364] En plus de cette fédération à travers toute l'industrie, il existerait aussi des confédérations inter-industries et communautés afin de s'occuper de tâches qui ne font pas partie de la capacité ou de la juridiction exclusive d'aucune de ces fédérations industrielles ou qui sont de nature sociale. Encore une fois, il y a des similarités avec les idées mutualistes de Proudhon

Les socialistes anarchistes partagent un engagement fort à la possession commune des moyens de production (en excluant ceux utilisés uniquement par des individus) et rejettent l'idée individualiste qu'ils peuvent être "vendus" à ceux qui les utilisent. La raison, comme noté précédemment, c'est que si cela pouvait être fait, le capitalisme et l'étatisme pourraient reprendre pied dans la société libre. En outre, d'autres socialistes anarchistes ne sont pas d'accord avec l'idée mutualiste suivant laquelle le capitalisme peut être réformé en socialisme libertaire par l'introduction des banques mutuelles. Pour eux le capitalisme ne peut être remplacé par une société libre que par une révolution sociale.

La différence majeur entre collectivistes et communistes porte sur la question de la "monnaie" après une révolution. Les anarcho-communistes considèrent que la suppression de la monnaie est essentielle, alors que les anarcho-collectiviste considèrent que la fin de la propriété privé des moyens de production est la clé. Comme le notait Kropotkine, l'anarchisme collectiviste "exprime un état des choses dans lequel tout ce qui est nécessaire à la production appartient de façon commune aux groupes de travail et aux communes libres, tandis que les voies de rétribution [i.e. de distribution] du travail, communiste ou autre, seraient mises en place par chaque groupe pour lui-même." [Anarchism, p. 295] Ainsi, tandis que le collectivisme et le communisme organisent tous deux la production en commun via des associations de producteurs, ils diffèrent sur la façon dont les biens produits seront distribués. Le communisme est basé sur la libre consommation de tout tandis que le collectivisme est très probablement basé sur la distribution de biens en fonction du travail effectué. Cependant, la plupart des anarcho-collectivistes pensent que, au fil du temps, avec l'augmentation de la productivité et un sens de la communauté devenu plus fort, la monnaie va disparaître. Les deux sont d'accord sur le fait que, à la fin, la société fonctionnera selon la maxime communiste : "De chacun suivant ses compétences, pour chacun suivant ses besoins." Ils ne sont simplement pas d'accord sur la vitesse à laquelle cela arrivera (voir la section I.2.2).

En ce qui concerne les anarcho-communistes, ils pensent que "le communisme -- au moins partiel -- a plus de chance d'être établi que le collectivisme" après une révolution. [Op. Cit., p. 298] Il pensent que des mouvements en direction du communisme sont essentiels puisque le collectivisme "commence par abolir la propriété privée des moyens de production et se retourne immédiatement en revenant au système de rémunération suivant le travail effectué, ce qui signifie la réintroduction de l'inégalité." [ Alexander Berkman, What is Anarchism?, p. 230] Plus vite on passe au communisme, moins on a de risque de voir de nouvelles inégalités se développer. Pas besoin de le dire, ces positions ne sont pas si différentes et, en pratique, la nécessité d'une révolution sociale et le niveau de conscience politique de ceux qui introduisent l'anarchisme déterminera quel système sera appliqué dans quelle zone.

Le syndicalisme est une autre forme majeure d'anarchisme socialiste. Les anarcho-syndicalistes, à l'instar d'autres syndicalistes, veulent créer un mouvement syndical industriel basé sur les idées anarchistes. De ce fait ils préconisent des syndicats décentralisés, fédérés qui utilisent l'action directe afin d'obtenir des réformes du capitalisme jusqu'au moment où ils seront assez puissants pour le renverser. À bien des égards l'anarcho-syndicalisme peut être considéré comme une nouvelle version de l'anarcho-collectivisme, qui met aussi l'accent sur l'importance pour les anarchistes de travailler au sein du mouvement ouvrier et de créer des syndicats qui préfigurent le future d'une société libre.

Ainsi, même sous le capitalisme, les anarcho-syndicalistes cherchent à créer des "associations libres de producteurs libres." Ils pensent que ces associations pourraient servir "d'école de la pratique anarchiste" et prennent très au sérieux la remarque de Bakounine selon laquelle les organisations de travailleurs doivent créer "non seulement les idées mais aussi les faits du futur lui-même" dans une période pré-révolutionnaire.

Les anarcho-syndicalistes, comme tous les anarchistes socialistes, "sont convaincus qu'un ordre économique Socialiste ne peut être créé par des décrets et des lois d'un gouvernement, mais seulement par une collaboration solidaire des travailleurs avec une main et un cerveau dans chaque branche de la production ; c'est-à-dire, à travers la prise de contrôle du management de toutes les usines par les producteurs eux-mêmes sous des formes telles que les groupes séparés, les usines, et les branches de l'industrie soient des membres indépendants de l'organisme économique générale et procèdent systématiquement à la production et la distribution des produits dans l'intérêt de la communauté sur la base d'accords libres et mutuels." [ Rudolf Rocker, Anarcho-syndicalism, p. 55]

Encore une fois, comme les anarchistes socialistes, les anarcho-syndicalistes voient dans l'organisation et la lutte collective qu'impliquent les syndicats comme l'école de l'anarchisme. Comme Eugene Varlin (un anarchiste actif dans la Première Internationale qui a été tué à la fin de la Commune de Paris) le disait, les syndicats ont "l'avantage considérable d'habituer les gens à une vie de groupe et ainsi de les préparer à une organisation sociale plus étendue. Ils habituent les gens non seulement à s'entendre les uns les autres et à se comprendre les uns les autres, mais aussi à s'organiser eux-mêmes, à discuter, et à raisonner avec une perspective collective." Moreover, as well as mitigating capitalist exploitation and oppression in the here and now, the unions also "form the natural elements of the social edifice of the future; it is they who can be easily transformed into producers associations; it is they who can make the social ingredients and the organisation of production work." [quoted by Julian P. W. Archer, The First International in France, 1864-1872, p. 196]

The difference between syndicalists and other revolutionary social anarchists is slight and purely revolves around the question of anarcho-syndicalist unions. Collectivist anarchists agree that building libertarian unions is important and that work within the labour movement is essential in order to ensure "the development and organisation . . . of the social (and, by consequence, anti-political) power of the working masses." [Bakunin, Michael Bakunin: Selected Writings, p. 197] Communist anarchists usually also acknowledge the importance of working in the labour movement but they generally think that syndicalistic organisations will be created by workers in struggle, and so consider encouraging the "spirit of revolt" as more important than creating syndicalist unions and hoping workers will join them (of course, anarcho-syndicalists support such autonomous struggle and organisation, so the differences are not great). Communist-anarchists also do not place as great an emphasis on the workplace, considering struggles within it to be equal in importance to other struggles against hierarchy and domination outside the workplace (most anarcho-syndicalists would agree with this, however, and often it is just a question of emphasis). A few communist-anarchists reject the labour movement as hopelessly reformist in nature and so refuse to work within it, but these are a small minority.

Both communist and collectivist anarchists recognise the need for anarchists to unite together in purely anarchist organisations. They think it is essential that anarchists work together as anarchists to clarify and spread their ideas to others. Syndicalists often deny the importance of anarchist groups and federations, arguing that revolutionary industrial and community unions are enough in themselves. Syndicalists think that the anarchist and union movements can be fused into one, but most other anarchists disagree. Non-syndicalists point out the reformist nature of unionism and urge that to keep syndicalist unions revolutionary, anarchists must work within them as part of an anarchist group or federation. Most non-syndicalists consider the fusion of anarchism and unionism a source of potential confusion that would result in the two movements failing to do their respective work correctly. For more details on anarcho-syndicalism see section J.3.8 (and section J.3.9 on why many anarchists reject aspects of it). It should be stressed that non-syndicalist anarchists do not reject the need for collective struggle and organisation by workers (see section H.2.8 on that particular Marxist myth).

In practice, few anarcho-syndicalists totally reject the need for an anarchist federation, while few anarchists are totally anti-syndicalist. For example, Bakunin inspired both anarcho-communist and anarcho-syndicalist ideas, and anarcho-communists like Kropotkin, Malatesta, Berkman and Goldman were all sympathetic to anarcho-syndicalist movements and ideas.

For further reading on the various types of social anarchism, we would recommend the following: mutualism is usually associated with the works of Proudhon, collectivism with Bakunin's, communism with Kropotkin's, Malatesta's, Goldman's and Berkman's. Syndicalism is somewhat different, as it was far more the product of workers' in struggle than the work of a "famous" name (although this does not stop academics calling George Sorel the father of syndicalism, even though he wrote about a syndicalist movement that already existed. The idea that working class people can develop their own ideas, by themselves, is usually lost on them). However, Rudolf Rocker is often considered a leading anarcho-syndicalist theorist and the works of Fernand Pelloutier and Emile Pouget are essential reading to understand anarcho-syndicalism. For an overview of the development of social anarchism and key works by its leading lights, Daniel Guerin's excellent anthology No Gods No Masters cannot be bettered.