Difference between revisions of "FAQAnar:F.1 - Les "anarcho"-capitalistes sont-ils vraiment des anarchistes ?"

From Anarchopedia
Jump to: navigation, search
(+++)
 
(22 intermediate revisions by the same user not shown)
Line 19: Line 19:
 
Maintenant, cette contradiction ne peut être résolue que par une seule manière - les utilisateurs de la "zone" sont aussi ses propriétaires. En d'autres termes, un système de possession (ou «'' d'occupation et d'utilisation ''») comme favorisé par les anarchistes. Cependant, Rothbard est un capitaliste et soutient la propriété privée, les revenus du non-travail (rente), le salariat, les capitalistes et les propriétaires. Cela signifie qu'il est favorable à une divergence entre la propriété et l'utilisation, ce qui signifie que cette "''ultime pouvoir de décision''" s'étend à ceux qui l'utilisent, mais ne sont pas propriétaires de ces biens (c'est-à-dire les locataires et les travailleurs). Le caractère étatique de la propriété privée est clairement indiquée par les paroles de Rothbard - le propriétaire du bien dans une société "anarcho"-capitaliste possède l'"ultime pouvoir de décision", dans une zone donnée, ce qui est aussi le droit que l'État a actuellement. Rothbard a, paradoxalement, prouvé par sa propre définition que l'"anarcho"-capitalisme n'est pas anarchiste.
 
Maintenant, cette contradiction ne peut être résolue que par une seule manière - les utilisateurs de la "zone" sont aussi ses propriétaires. En d'autres termes, un système de possession (ou «'' d'occupation et d'utilisation ''») comme favorisé par les anarchistes. Cependant, Rothbard est un capitaliste et soutient la propriété privée, les revenus du non-travail (rente), le salariat, les capitalistes et les propriétaires. Cela signifie qu'il est favorable à une divergence entre la propriété et l'utilisation, ce qui signifie que cette "''ultime pouvoir de décision''" s'étend à ceux qui l'utilisent, mais ne sont pas propriétaires de ces biens (c'est-à-dire les locataires et les travailleurs). Le caractère étatique de la propriété privée est clairement indiquée par les paroles de Rothbard - le propriétaire du bien dans une société "anarcho"-capitaliste possède l'"ultime pouvoir de décision", dans une zone donnée, ce qui est aussi le droit que l'État a actuellement. Rothbard a, paradoxalement, prouvé par sa propre définition que l'"anarcho"-capitalisme n'est pas anarchiste.
  
 +
Bien sûr, il serait grossier de souligner que le nom usuel d'un système politique dans lequel le propriétaire d'un territoire en est également le souverain est, en fait, la monarchie. Ce qui suggère que si l'"anarcho"-capitalisme peut être appelé "anarcho-étatisme" un bien meilleur terme pourrait être "anarcho-monarchisme". En fait, certains "anarcho"-capitalistes ont rendu explicite cette évidente implication de l'argument de Rothbard. Hans-Hermann Hoppe en est un.
  
 +
Hoppe préfère la monarchie à la démocratie, estimant qu'il n'y a pas de système supérieur. Il fait valoir que le monarque est le propriétaire privé du gouvernement - toutes les terres et d'autres ressources sont détenues par lui. Se basant sur l'économie autrichienne (quoi d'autre?), et sa notion de préférence temporelle, il conclut que le monarque va donc travailler à la fois pour maximiser le revenu courant et à la valeur totale du capital de son État. En supposant que son intérêt personnel, son horizon de planification soit perspicace et à exploitation beaucoup plus limitée. La démocratie, en revanche, est une propriété exclusive du gouvernement au public et les dirigeants ont étés élus pour l'utilisation des ressources pour une courte période seulement, et non pas par leur valeur en capital. En d'autres termes, ils ne possèdent pas le pays et s'efforceront de façon à maximiser leur intérêt à court terme (et les intérêts de ceux qu'ils pensent qui les éliront dans les bureaux). En revanche, Bakounine a souligné que si l'anarchisme rejette la démocratie, c'était «'' difficilement pour la faire renverser, mais pour la faire avancer'' » en particulier afin de l'étendre par l'intermédiaire de "la grande révolution économique sans lequel tous les droits, est une phrase vide de sens et d'une astuce." Il a rejeté de tout coeur "le camp des aristocrates... Réactionnaires."<ref>The Basic Bakounine, p. 87</ref>
 +
 +
Toutefois, Hoppe n'est pas un monarchiste traditionnel. Son système idéal est une monarchie de concurrents, une société qui est dirigée par une "élite naturelle volontairement reconnue - une '''nobilitas naturalis''' " composé de «'' familles établies de longue date avec des dossiers de réalisation supérieures, de clairvoyance, et de conduite personnelle exemplaire." C'est parce que « ''quelques individus acquièrent rapidement le statut d'élite'' » et leurs qualités intrinsèques seront «'' plus probablement qu'improbablement transmismes au sein de quelques - nobles - familles. ''». Le seul "problème" avec les monarchies traditionnelles était «'' avec le monopole, et non avec les élites ou la noblesse ''», en d'autres termes, le roi monopolisait le rôle de juge et leurs sujets ne pouvaient s'adresser à d'autres membres de la noblesse pour des services."<ref>L'Économie politique de la monarchie et la démocratie et l'idée d'un Ordre naturel", pp. 94-121, Journal of Libertarian Studies, vol. 11, no. 2, p. P. 118 et 119</ref>
 +
 +
Ce qui confirme simplement la critique de l'anarchisme au sujet de l'"anarcho"-capitalisme, à savoir qu'il n'est pas anarchiste. Cela devient encore plus évident lorsque Hoppe élargit utilement sur la réalité de l'"anarcho"-capitalisme :
 +
<blockquote>«'' Dans un pacte conclu entre un propriétaire et une communauté de locataires dans le but de protéger leur propriété privée, on ne peut parler qu'un droit à la liberté de parole (illimité) existe, même pas par un nombre illimité de discours sur son propriétaire-locataire. On peut dire des choses innombrables et promouvoir presque toute idée sous le soleil, mais naturellement, personne n'est autorisé à prôner des idées contraires à l'objet même de l'alliance de la préservation de la propriété privée, telles que la démocratie et le communisme. Il ne peut y avoir de tolérance envers les démocrates et les communistes dans un ordre social libertarien. Ils devront être physiquement séparés et expulsés de la société. De même, en un pacte fondé dans le but de protéger la famille et les proches, il ne peut y avoir aucune tolérance à l'égard de ceux qui habituellement promeuvent des modes de vie incompatibles avec cet objectif. Ils - les partisans de l'alternative, de la non-parentalité-familiale et d'un mode de vie centré comme, par exemple, l'hédonisme individuel, le parasitisme, et le culte de l'environnement et de la nature, l'homosexualité, ou le communisme - devront être physiquement retiré de la société, aussi, si le but consiste à maintenir un ordre libertarien. ''»<ref>Democracy: the God that Failed, p. 218</ref></blockquote>
 +
 +
Ainsi, le propriétaire a le pouvoir / l'autorité sur ses locataires et peut décreter ce qu'ils peuvent et ne peuvent pas faire, à l'exclusion de tous ceux qu'il considère comme étant subversifs (dans les propres intérêts des locataires , bien sûr;). En d'autres termes, les pouvoirs autocratiques du patron sont étendus à tous les aspects de la société - tous sous le masque de la liberté prôné. Malheureusement, la préservation des droits de propriété détruit la liberté pour beaucoup (Hoppe stipule clairement que pour les "anarcho"-capitalistes, le "''résultat naturel des transactions volontaires entre les différents propriétaires de droits de propriété privée est décidément non égalitaire, hiérarchique et élitiste.''"<ref>" L'Économie politique de la monarchie et la démocratie et l'idée d'un Ordre naturel ", op. Cit., P. 118</ref>). Sans surprise, Chomsky a fait valoir que le "libertarianisme" n'a "''pas d'objection à la tyrannie tant que c'est une tyrannie privé.''" En fait, celle-ci (comme les autres idéologies contemporaines) se "''réduit à la défense des intérêts de l'une ou de l'autre forme d'autorité illégitime, très souvent une réelle tyrannie.''"<ref>Chomsky sur l'anarchisme, p. P. 235 et 181</ref>. En tant que tel, il est difficile de ne pas conclure que l'"anarcho"-capitalisme n'est guère plus qu'un jeu avec les mots. Ce n'est pas de l'anarchisme, mais un substitut intelligemment conçu et rédigé pour l'élitiste, un conservatisme autocratique. Ni qu'il soit trop difficile de conclure que les véritables anarchistes et libertaires (de tous types) ne seraient pas tolérée dans ce soi-disant « ''ordre social libertarien'' »
 +
 +
Certains "anarcho"-capitalistes semblent vaguement conscients de cette contradiction qui saute aux yeux. Rothbard, par exemple, présente un argument qui pourrait servir à la résoudre, mais il n'y parvient pas tout à fait. Il ignore simplement le nœud de l'affaire, que le capitalisme est basé sur la hiérarchie et, par conséquent, ne peut pas être anarchiste. Il le fait en faisant valoir que la hiérarchie associée avec le capitalisme est bien en autant que la propriété privée qui l'a produite a été acquise d'une "juste" maniére. Pourtant, ce faisant, il attire l'attention encore une fois sur l'identique entre les structures d'autorité et les relations sociales d'Etat et de propriété. Il confie :
 +
<blockquote>«'' Si l'Etat peut être à proprement parlé propriétaire de son territoire, alors cela est bon pour lui de formuler des règles pour tous ceux qui supposent vivre dans son domaine. Il peut légitimement saisir ou contrôler des propriétés privés parce qu'il n'y a pas de propriété privée dans son domaine, puisqu'il est vraiment propriétaire de la totalité de la surface du sol. Tant que l'État permet à ses sujets de quitter son territoire, alors, on peut dire qu'il agit comme le fait n'importe quel autre propriétaire qui fixe des règles pour les personnes qui vivent sur ses biens. ''»<ref>Op. Cit., p. 170</ref></blockquote>
 +
 +
Évidemment Rothbard affirme que l'État ne posséde pas "justement" son territoire. Il affirme que « notre théorie de la prescription acquisitive » de la création de la propriété privée "''suffit à démolir toute prétention par l'appareil d'Etat''", et ainsi le problème de l'État est que celui-ci "''revendique et exerce un monopole obligatoire de la défense et, à terme, la prise de décision sur une zone plus grande qu'une propriété justement acquise par l'individu.''"<ref>Op. Cit., P. P. 171 et 173</ref> Il existe quatre problèmes fondamentaux à son argumentation.
 +
 +
'''Premièrement''', ça assume sa "''théorie de la prescription acquisitive''" comme une théorie solide et libertaire, mais ça n'est pas non plus le cas (voir la section F.4.1). '''Deuxièmement''', ça ignore l'histoire du capitalisme. Étant donné que la distribution actuelle de la propriété est tout autant le résultat de la violence et de la contrainte de l'État, son argument est donc gravement vicié. Elle s'élève à pas plus qu'une "''immaculée conception de la propriété''" sans rapport avec la réalité. '''Troisièmement''', même si on fait abstraction de ces questions, et supposons que la propriété privée pouvait être légitime et ait été produit par les moyens que suppose Rothbard, elle ne justifie pas la hiérarchie qui lui est associé comme les générations actuelles et futures de l'humanité ont, effectivement, été excommuniés de la liberté par leurs ancêtres. Si, comme l'affirme Rothbard, la propriété est un droit naturel et la base de la liberté alors pourquoi les nombreux devraient être exclus de leurs droits par une minorité ? En d'autres termes, Rothbard conteste que la liberté doive être universelle. Il choisit la propriété au dessus de la liberté alors que les anarchistes choisissent la liberté au dessus de la propriété. '''Quatrièmement''', ça implique que le problème fondamental de l'Etat n'est pas, comme les anarchistes ont continuellement souligné son caractère hiérarchique et autoritaire, mais plutôt le fait qu'il ne posséde pas "justement" le territoire qu'il prétend gérer.
 +
 +
Pire encore, la possibilité que la propriété privée puisse donner lieu à de nouvelles violations de la liberté individuelle (au moins pour les non-propriétaires) que l'état de ses citoyens a été implicitement reconnue par Rothbard. Il utilise comme exemple hypothétique, un pays dont le roi est menacé par une hausse d'un mouvement «libertarien». Le roi répondant par "''l'emploi d'un astucieux stratagème''", à savoir qu'il «'' proclame la dissolution de son gouvernement, mais juste avant de le faire, il parcellairise arbitrairement sur l'ensemble du territoire de son royaume à la 'propriété' de lui-même et de ses proches ''». Plutôt que des taxes, ses sujets maintenant payent un loyer et il peut «'' réglementer la vie de tous les gens qui vivent sur la présomption de ''» ses biens comme bon lui semble. Rothbard demande alors :
 +
 +
<blockquote>«'' Alors, quelle devrait être la réponse des rebelles libertariens devant ce défi expert ? Si ils sont de consistant utilitaristes, ils doivent se plier à ce subterfuge, et se résigner à vivre sous un régime, non moins despotique que celui qu'ils avaient combattus pendant si longtemps. Peut-être, d'ailleurs, plus despotique, pour l'instant le roi et ses proches peuvent réclamer pour eux-mêmes les principes libertariens du droit absolu de la propriété privée, un absolu qu'ils n'avaient peut-être pas osé réclamer avant. ''»<ref>Op. Cit., P. 54</ref></blockquote>
 +
 +
Il va sans dire que Rothbard affirme que nous devrions rejeter cette "ruse stratègique" comme un contenu dont la nouvelle répartition des biens ne serait pas le résultat de « juste » moyens. Toutefois, il a omis de noter à quel point son argumentation sape ses propres demandes à ce que le capitalisme puisse être libertaire. Comme il l'affirme lui-même, pas seulement que le propriétaire du bien ait le même pouvoir de monopole sur un territoire donné que l'État, c'est plus despotique, car c'est basé sur le "droit absolu de la propriété privée" ! Et souvenez-vous, Rothbard plaide en faveur de l'"anarcho"-capitalisme ( "''si vous avez un capitalisme débridé, vous aurez tous les types d'autorité : vous aurez l'extrême autorité.''" <ref>Chomsky, Understanding Power, p. 200</ref>). Le problème fondamental est que l'idéologie de Rothbard l'aveugle sur l'évidence, à savoir que l'État et la propriété privée produisent des rapports sociaux identiques (ironiquement, il pose la théorie de l'État propriétaire de son territoire qui "''rend l'État, ainsi que le roi du Moyen-Age, le maître féodal, au moins en théorie, sont propriétaires de toutes les terres dans leurs domaine''", sans remarquer que cela rend le propriétaire ou le capitaliste, un Roi et un maître féodal au sein de l'"anarcho"-capitalisme.<ref>Op. Cit., P. 171</ref>).
 +
 +
Un groupe d'anarchistes chinois a souligné l'évidence en 1914. Comme l'anarchisme "''prend opposition à l'autorité comme son principe essentiel''", les anarchistes visent à "''balayer tout les systèmes mauvais de la société actuelle qui ont un caractère autoritaire''" et que "''notre société idéale''" serait "sans propriétaires, sans capitalistes, sans dirigeants, sans fonctionnaires, sans représentants ou chefs de famille.''"<ref>Cité par Arif Dirlik, anarchisme dans la révolution chinoise, p. 131</ref> seulement cela, à l'élimination de toutes les formes de hiérarchie (politique, économique et sociale) permettrait d'atteindre anarchisme, une véritable société sans autorité (an-archie). Dans la pratique, la propriété privée est une source importante de l'oppression et d'autoritarisme au sein de la société -, il y a peu ou pas de liberté sous réserve d'un propriétaire ou au sein de la production capitaliste (comme Bakounine l'exprime «'' le travailleur vend sa personne et de sa liberté pendant un temps donné'' »). À l'opposé des anarchistes, les "anarcho"-capitalistes n'ont aucun problème avec les propriétaires et le fascisme d'usine (c'est-à-dire le travail salarié), une position qui semble très illogique pour une théorie qui se fait appeler ''libert''aire. Si elle était réellement libertaire, elle s'opposerait à toutes les formes de domination, et pas seulement à l'Étatisme («'' ceux qui rejettent l'autoritarisme, n'auront besoin de personne pour avoir la permission de respirer. Le libertaire... n'est pas reconnaissant d'obtenir la permission de résider n'importe où sur sa propre planète et il dénie le droit à quiconque d'inscrire sur tout un écran large que celle-ci est pour leur propre usage ou pour leur propre règle.'' »<ref>Stuart Christie et Albert Meltzer, Floodgates of Anarchy, p. 31</ref>). Cette position illogique et auto-contradictoire découle de la définition "anarcho"-capitaliste de la liberté comme absence de contrainte et qui sera examinée dans la section F.2 plus en détail. L'ironie, c'est que les "anarcho"-capitalistes prouvent implicitement la critique des anarchistes sur leur propre idéologie.
 +
 +
Bien sûr, l'"anarcho"-capitaliste a un autre moyen pour éviter l'évidence, à savoir l'affirmation selon laquelle le marché va limiter les abus des propriétaires. Si les travailleurs n'aiment pas leur souverain, ils peuvent en demander un autre. Ainsi le capitaliste, la hiérarchie est très bien tant que les travailleurs et les locataires "consentement" à celui-ci. Alors que la logique est évidemment la même, il est douteux qu'un "anarcho"-capitaliste soit favorable à l'Etat juste parce que ses sujets peuvent quitter et rejoindre un autre. En tant que tel, cela ne veut pas aborder la question centrale - le caractère autoritaire de la propriété capitaliste (voir section A.2.14). En outre, cet argument ignore complètement la réalité du pouvoir économique et social. Ainsi, l'argument du "consentement" ne peut être retenu car il ne tient pas compte de la situation sociale du capitalisme qui limite le choix de la majorité.
 +
 +
Les anarchistes ont depuis longtemps fait valoir que, en tant que classe, les travailleurs n'ont guère d'autre choix que le «''consentement''» à la hiérarchie capitaliste. L'alternative est soit la misère ou la famine. Les "Anarcho"-capitalistes rejetent ces réclamations en niant l'existence d'une telle chose en tant que pouvoir économique. Au contraire, pour eux, c'est tout simplement la liberté contractuelle. Les anarchistes considèrent ces revendications comme une plaisanterie. De montrer pourquoi, il suffit de citer (encore une fois) Rothbard sur l'abolition de l'esclavage et du servage au 19ième siècle. Il a fait valoir, à juste titre, que les "''corps des opprimés ont été libérés, mais les biens qu'ils ont travaillés et mérités de posséder en propres, est resté dans les mains de leurs anciens oppresseurs. Grâce à la puissance économique restant ainsi dans leurs mains, les anciens seigneurs bientôt Virtuels se sont retrouvés une fois de plus les maîtres au dessus maintenant des locataires ou des ouvriers agricoles libres. Les serfs et les esclaves ont goûté à la liberté, mais elle a été cruellement dérivée de ses fruits.''"<ref>Op. Cit., P. 74</ref>
 +
 +
Pour dire le moins, les anarchistes ne voient pas la logique de cette position. Ce contraste avec la norme "anarcho"-capitalistes affirment que si les forces du marché ("échange volontaire") résulte de la création de « ''locataires ou ouvriers agricoles'' », alors ils sont libres. Pourtant, les travailleurs dépossédés par les forces du marché sont exactement dans la même situation économique et sociale que l'ex-serfs et l'ex-esclaves. Si ces derniers ne disposent pas des fruits de la liberté, ni de l'ancienne. Rothbard voit l'évident "pouvoir économique" dans ce dernier cas, mais il en conteste l'ancien (ironiquement, Rothbard rejete le pouvoir économique sous le capitalisme pour un même travail. <ref>Op. Cit., Pp. 221-2</ref>). Ce n'est que l'idéologie de Rothbard qui l'arrête de tirer la conclusion évidente - d'identique conditions économiques produisent d'identiques rapports sociaux et donc que le capitalisme est marqué par le "pouvoir économique" et par des "maitres virtuels." La seule solution est pour l'"anarcho"-capitaliste à simplement dire que les ex-serfs et les ex-esclaves étaient en fait libres de choisir et, par conséquent, que Rothbard était dans le faux. Ce serait peut-être inhumain, mais au moins ça serait logique !
 +
 +
La perspective de Rothbard est étrangere à l'anarchisme. Par exemple, comme l'individualiste anarchiste William Bailie l'a noté, sous le capitalisme il y a un système de classes marquée par « ''une classe industrielle dépendante des salaires des travailleurs'' » et «'' une classe privilégiée monopolisant la richesse, chacun devenant de plus en plus distinct de l'autre plus le capitalisme Avance. ''» Cette propriété a transformé en une "''puissance sociale, une force économique destructrice des droits, une source fertile d'injustice, un moyen d'asservir les déshérités.''" Il a conclu: « ''Dans ce système, l'égalité ne peut pas obtenir la liberté.'' » Bailie note que le "''monde industriel [moderne] sous conditions capitaliste''" s'est "''posé sous le régime du statut''" (et de «''la loi faite privilège''»), cependant, il semble peu probable qu'il aurait conclu que le système de classes serait très bien si il s'était développé naturellement ou que l'état actuel aurait été supprimé tout en laissant intact cette structure de classe.<ref>Les anarchistes individualiste, p. 121</ref> Tel que nous en discutons dans la section G.4, les individualiste anarchistes comme Tucker et Yarrows ont finis par reconnaître que même la plus libre concurrence était devenue impuissante contre l'énorme concentration de richesse liés à la mondialisation du capitalisme.
 +
 +
Par conséquent, les anarchistes reconnaissent que "le libre échange" ou le "consentement" dans des circonstances inégales réduira la liberté, de même que l'accroissement des inégalités entre les individus et les classes. Tel que nous discutons dans la section F.3, les inégalités vont produire des rapports sociaux qui sont fondés sur la hiérarchie et la domination, et non pas la liberté. Comme le dit Noam Chomsky :
 +
 +
<blockquote>«'' L’anarcho-capitalisme, à mon avis, est un système doctrinal qui, si jamais il était mis en application, mènerait aux formes de tyrannies et d’oppression qui ont peu de contre-parties dans l’histoire humaine. Il n’y a pas la plus légère possibilité que ces (de mon point de vue, affreuse) idées soient mises en application, parce qu’elles détruiraient rapidement n’importe quelle société qui aurait fait cette erreur colossale. L’idée du "'contrat libre’" entre le potentat et son sujet affamé est une difficile plaisanterie, peut-être utile pour quelques moments dans une conférence d'universitaires explorant les conséquences (de mon point de vue, absurdes) de ces idées, mais nulle part ailleurs. ''»<ref>Noam Chomsky sur l'anarchisme, entrevue avec Tom Lane (23 décembre 1996).</ref></blockquote>
 +
 +
Il est donc clair que, par ses propres arguments l'"anarcho"-capitalisme n'est pas anarchiste. Cela ne devrait pas être étonnant pour les anarchistes. L'anarchisme, en tant que théorie politique, est né lorsque Proudhon écrivait ''Qu'est-ce que la propriété?'' particulièrement pour réfuter l'idée que les travailleurs sont libres quand la propriété capitaliste les oblige à chercher un emploi par des propriétaires terriens et des capitalistes. Il était bien conscient du fait que, dans de telles circonstances la propriété "''viole l'égalité par le droit d'exclusion et d'accroîssement, et la liberté par le despotisme... [et a] une parfaite identité avec le vol.''" Il a, sans surprise, parlé du "''propriétaire, à qui [l'employé] a vendu et cédé sa liberté.''" Pour Proudhon, l'anarchie est «'' l'absence d'un maitre, d'un souverain ''» tandis que "''propriétaire''" était "synonyme" de "''souverain''" car il "''impose sa volonté par le droit, et souffre ni de contradiction ni de contrôle.''" Cela signifiait que la "'' propriété engendre le despotisme''", en tant que "''chaque titulaire est souverain seigneur dans la sphère de sa propriété''".<ref>Qu'est-ce que la propriété, p. 251, p. 130, p. Et 264 pp. 266-7</ref> Il faut également souligner que l'ouvrage classique de Proudhon est une longue critique de la forme d'apologie de la propriété privée que Rothbard épouse pour sauver son idéologie de ses contradictions évidentes.
 +
 +
Ainsi, ironiquement, Rothbard reprend la même analyse que Proudhon mais pose des conclusions opposées et s'attend à être considéré comme un anarchiste ! De plus, il semble tout aussi ironique que l'"anarcho"-capitalisme s'appelle lui-même "anarchiste", tout en se fondant sur les arguments que l'anarchisme y a été créé en opposition. Comme on le voit, l'"anarcho"-capitalisme fait beaucoup de sens comme «anarcho-étatisme» - un oxymore, une contradiction dans les termes. L'idée que "anarcho"-capitalisme justifie le nom de «''anarchiste''» est tout simplement fausse. Seule une personne ignorante de l'anarchisme pourrait maintenir une telle chose. Alors que vous vous attendez à ce que la théorie anarchiste montre que c'est effectivement le cas, la chose merveilleuse est que l'"anarcho"-capitalisme lui-même fait la même chose.
 +
 +
Little wonder Bob Black soutient que "''diaboliser l'autoritarisme d'état tout en ignorant l'identique par contrat-consacré dans le régime inféodé à grande échelle des sociétés qui contrôlent l'économie mondiale est au plus mal du fétichisme.''" <ref>"The Libertarian Comme conservateur», l'abolition du travail et autres essais, pp. 142</ref> le Libéral de Gauche Stephen L. Newman fait la même réflexion :
 +
 +
<blockquote>«'' L'accent libertarien placé sur l'opposition liberté et pouvoir politique tend à occulter le rôle de l'autorité dans leur vision du monde... L'autorité exercée dans les relations privées, toutefois - dans la relation entre l'employeur et le salarié, par exemple - ne rencontre aucune opposition... [Cela] révèle une étrange insensibilité à l'usage de l'autorité privé comme un moyen de contrôle social. Comparer les pouvoirs publics et privés, il y a lieu de se demander aux libertariens : Lorsque le prix de l'exercice de la liberté est terriblement élevé, quelle différence de pratique y a t il entre les commandes de l'Etat et de ceux émis par son employeur ? ... Bien que les circonstances ne sont pas identiques, dire que les mécontents habilités qu'ils sont toujours libres de quitter leur emploi semble pas différent, en principe, de dire que les dissidents politiques, sont libres d'émigrer.'' »<ref>Le libéralisme à Wit's End, pp. 45-46</ref></blockquote>
 +
 +
Comme l'a fait remarquer Bob Black, les libertariens affirment que "''l'on peut au moins changer d'emploi. Mais vous ne pouvez pas éviter d'avoir un emploi - tout comme en vertu de l'étatisme, on peut au moins changer de nationalité, mais vous ne pouvez pas éviter l'assujettissement à un État-nation ou d'un autre. Mais la liberté ne signifie pas le droit de changer de maître.''"<ref>Op. Cit., P. 147</ref> Les similitudes entre le capitalisme et l'étatisme sont claires - et donc pourquoi l'"anarcho"-capitalisme ne peut pas être anarchiste. Pour rejeter l'autorité (le "''pouvoir ultime de décision''") de l'Etat et l'étreinte du propriétaire indique non seulement une position illogique mais une contradiction avec les principes fondamentaux de l'anarchisme. Ce soutien sincère pour le travail salarié capitaliste et les droits de propriété indique que les "anarcho"-capitalistes ne sont pas des anarchistes, parce qu'ils ne rejetent pas toutes les formes d' '''archie'''. Ils font évidemment un soutien de la hiérarchie entre le patron et le travailleur (travail salarié) et entre le propriétaire et le locataire. L'anarchisme, par définition, est contre toutes les formes d' archie, y compris la hiérarchie générée par la propriété capitaliste. Ignorer l'évidente archie associé à la propriété capitaliste est hautement illogique et en essayant de rejeter une forme de domination comme découlant de la «juste» propriété tout en attaquant les autres parce qu'elles découlent de l'"injuste" propriété est de ne pas voir le bois dans les arbres.
 +
 +
En outre, nous devons noter que de telles inégalités, dans le pouvoir et la richesse aura besoin de "défense" contre ceux qui sont assujettis à ceux-là (les "anarcho"-capitalistes reconnaissent la nécessité pour les tribunaux et la police privée de défendre la propriété contre le vol - et, les anarchistes ajoutent, à défendre le vol et le despotisme de la propriété !). En raison de son soutien de la propriété privée (et donc de son autorité), l''''"anarcho"-capitalisme''' finit maintenir un État dans son "anarchie" : à savoir un '''État privée''', dont, de son existence, ses partisans tentent de le nier tout simplement en refusant de l'appeler ''État'', comme une autruche cachant sa tête dans le sable. Comme un anarchiste l'a si justement dit, les "anarcho"-capitalistes ont "''simplement remplacés l'État, par des entreprises privées de sécurité, et cela peut être difficilement décrit comme anarchiste, comme le terme est généralement compris.''"<ref>Brian Morris, "Global Anti-Capitalism", pp. 170-6, Anarchist Studies, vol. 14, no. 2, p. 175</ref> Alors que nous en discutons plus en détail dans la section F.6, c'est pour cette raison que l'"anarcho"-capitalisme est mieux qualifié par capitalisme d'"''État privée''" il y aurait un équivalent fonctionnel de l'État et il serait tout aussi biaisée en faveur des élites de la propriété comme celui existant (sinon plus). Comme Albert Meltzer l'a dit :
 +
 +
<blockquote>«'' Le sens commun montre que toute la société capitaliste pourrait renoncer à un "État"... Mais il ne pouvait pas renoncer à un gouvernement organisé, ou une forme de privatisation de celui-ci, si il y avait des gens amassant de l'argent et d'autres recueillant à leur place. La philosophie de l'«anarcho-capitalisme» imaginé par la Nouvelle Droite, n'a rien à voir avec l'anarchisme telle qu'il est connu par le mouvement anarchiste proprement dit. C'est un mensonge... un brevet de capitalisme débridé... a besoin d'une certaine vigueur à sa disposition pour maintenir les privilèges de classe, soit de l'Etat lui-même ou d'armées privées. Ce à quoi ils croient est en fait un État limité - c'est-à-dire un État qui a une fonction, protéger la classe dirigeante, ne pas interférer dans l'exploitation, et être aussi bon marché que possible pour la classe dirigeante. L'idée a également un autre but... une justification morale pour les consciences bourgeoises pour éviter les impôts sans se sentir coupable.'' »<ref>Anarchism: Arguments pour et contre, p. 50</ref></blockquote>
 +
 +
Pour les anarchistes, ce besoin du capitalisme pour une sorte d'Etat n'est pas surprenant. "''l'anarchie sans socialisme semble tout aussi impossible à nous [comme le socialisme sans l'anarchie], car dans un tel cas, il ne pourrait être autrement que la domination du plus fort, et donc la mise en marche tout de suite de l'organisation et de la consolidation de cette domination , C'est-à-dire la constitution du gouvernement.''"<ref>Errico Malatesta, Errico Malatesta: His Life and Ideas, p. 148</ref> De ce fait, les "anarcho"-capitalistes rejettant la critique anarchiste du capitalisme et de nos arguments sur la nécessité de l'égalité, ne peuvent donc pas être considérés comme des anarchistes ni d'une partie de la tradition anarchiste. Pour les anarchistes, il semble étrange que les "anarcho"-capitalistes veuillent se débarrasser de l'État tout en maintenant le système qu'il a contribué à créer et sa fonction de défenseur de la propriété de la classe capitaliste et les droits de propriété. En d'autres termes, réduire l'État uniquement à sa fonction (pour utiliser les mots de Malatesta) de gendarme de la classe capitaliste n'est pas un objectif anarchiste.
 +
 +
Ainsi, l'anarchisme est beaucoup plus que la définition commune du dictionnaire de «''l'absence de gouvernement''» - il implique également d'être contre toutes les formes d' archie, y compris celles générées par la propriété capitaliste. Cela ressort clairement des racines du mot «''anarchie''». Comme nous l'avons signalé dans la section A.1, le mot anarchie signifie "''pas de dirigeants''" ou "''contraire à l'autorité.''" Comme le reconnaît lui-même Rothbard, le propriétaire est le prince de leurs biens et, par conséquent, de ceux qui les utilisent. Pour cette raison, l'"anarcho"-capitalisme ne peut être considérée comme une forme d'anarchisme - un véritable anarchiste doit logiquement s'opposer à l'autorité du propriétaire ainsi que celle de l'État. Comme l'"anarcho"-capitalisme ne fait pas explicitement (ou implicitement, d'ailleurs) appel à des arrangements économiques qui mettraient fin au travail salarié et l'usure, il ne saurait être considéré anarchiste ou d'une partie de la tradition anarchiste. Bien que les anarchistes ont toujours étés opposés au capitalisme, les "anarcho"-capitalistes ont adoptés, et ce en raison de leur étreinte, leur "anarchie" sera marquée par des relations fondées sur la subordination et la hiérarchie (comme le travail salarié), pas la liberté (pas étonnant que Proudhon ait fait valoir que "''la propriété est le despotisme''" - il crée des relations hiérarchique et autoritaire entre les personnes de la même façon que l'étatisme). Leur soutien du capitalisme de "marché libre" ne tient pas compte de l'impact de la richesse et du pouvoir sur la nature et le résultat des décisions individuelles sur le marché (voir les sections F.2 et F.3 pour une discussion plus approfondie). En outre, un tel système (économique et social) de pouvoir aura une force pour le maintenir et le systéme "anarcho"-capitaliste de la concurrence pour "la défense des entreprises" sera simplement un nouvel État, l'application du pouvoir capitaliste, les droits de propriété et la loi.
 +
 +
Ainsi, les "anarcho"-capitalistes et les anarchistes ont différentes positions de départ et des fins opposées en esprit. Leurs demandes d'être anarchistes sont tout simplement fausses, car ils rejettent une si grande partie de la tradition anarchiste autant faire le peu qu'ils ont de non-anarchiste en théorie et en pratique. Il n'est donc pas surprenant que Peter Marshall déclare que "''peu d'anarchistes accepteraient les « anarcho-capitalistes » dans le camp anarchiste, car ils ne partagent pas une préoccupation pour l'égalité économique et la justice sociale.''" À ce titre, les "anarcho"-capitalistes, "''même s'ils rejetent l'Etat, pourrait donc être mieux appelés "libertariens" plutôt que d'anarchistes.''" <ref>Demandes d'l'impossible, p. 565</ref>
 +
 +
{{Boîte déroulante|version précédente|
 
----
 
----
  
Line 94: Line 152:
 
Ainsi, à la différence des anarchistes, les "anarcho"-capitalistes ne cherchent pas "l’abolition du prolétariat" (expression utilisé par Proudhon) par l’intermédiaire du changement des droits de propriété capitaliste et des institutions. Ainsi l’"anarcho"-capitaliste et l’anarchiste ont différentes positions au départ et des buts opposés à l’esprit et ainsi ils ne peuvent pas être considérés comme partie de la même tradition (anarchiste).
 
Ainsi, à la différence des anarchistes, les "anarcho"-capitalistes ne cherchent pas "l’abolition du prolétariat" (expression utilisé par Proudhon) par l’intermédiaire du changement des droits de propriété capitaliste et des institutions. Ainsi l’"anarcho"-capitaliste et l’anarchiste ont différentes positions au départ et des buts opposés à l’esprit et ainsi ils ne peuvent pas être considérés comme partie de la même tradition (anarchiste).
  
Nous discutons plus loin dans les sections postérieures, les réclamations des "anarcho"-capitalistes d’être des anarchistes sont fausses simplement parce qu’elles rejettent tellement la tradition anarchiste quant à ce qu’elles acceptent de non-anarchiste dans leur théorie et leur pratique. Peu se demandent quand Peter Marshall dit que "peu d’anarchistes accepteraient les "anarcho"-capitalistes dans le camp anarchiste puisqu’ils ne partagent pas un souci pour l’égalité économique et la justice sociale." [Demandant l’impossible, p. 565 ]
+
Nous discutons plus loin dans les sections postérieures, les réclamations des "anarcho"-capitalistes d’être des anarchistes sont fausses simplement parce qu’elles rejettent tellement la tradition anarchiste quant à ce qu’elles acceptent de non-anarchiste dans leur théorie et leur pratique. Peu se demandent quand Peter Marshall dit que "peu d’anarchistes accepteraient les "anarcho"-capitalistes dans le camp anarchiste puisqu’ils ne partagent pas un souci pour l’égalité économique et la justice sociale." [Demandant l’impossible, p. 565 ]}}
 
==Notes et références==
 
==Notes et références==
 
<references />
 
<references />
====F.1.1 - [[FaqAnar:Ne pas renoncer à la hierarchie : le talon d’Achilles des libertariens et des "anarcho"-capitalistes ?| Ne pas renoncer à la hierarchie : le talon d’Achilles des libertariens et des "anarcho"-capitalistes ?]]====
+
{{source|http://anarchism.pageabode.com/afaq/secF1.html|Les "anarcho"-capitalistes sont-ils vraiment des anarchistes ?|http://faqanarchiste.free.fr/secF1.php3}}
====F.1.2 - [[FaqAnar:A quel point la théorie libertarienne est-elle libertaire ?| A quel point la théorie libertarienne est-elle libertaire ?]]====
+
====F.1.3 - [[FaqAnar:La théorie libertarienne est-elle scientifique par nature ?| La théorie libertarienne est-elle scientifique par nature ?]]====
+
{{source|http://www.infoshop.org/faq/secF1.html}}
+

Latest revision as of 17:16, 1 November 2012

FAQ anarchiste
Anarchy-symbol.svg
« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
F - L’anarcho-capitalisme est-il un type d’anarchisme ?

Introduction

F.1 - Les "anarcho"-capitalistes sont-ils vraiment des anarchistes ?


F.2 - Que signifie "liberté" pour les "anarcho"-capitalistes ?


F.2.1 - Comment la propriété privée affecte la liberté ?
F.2.2 - Les libertarians-capitalistes supportent-ils l'esclavage ?

F.3 - Pourquoi les "anarcho"-capitalistes n'attribuent-ils généralement peu ou pas de valeur à l'"égalité" ?


F.3.1 - Pourquoi la négligence vis-à-vis de l'égalité est-elle si importante ?
F.3.2 - Peut-il y avoir une harmonie des intérêts dans une société inégalitaire ?

F.4 - Quelle est la position des libertariens sur la propriété privée ?


F.4.1 - Quel est le problème avec la théorie de propriété « homesteading » ?

F.5 - Privatiser les « terrains communaux » augmentera-t-il la liberté ?


F.6 - L'"anarcho"-capitalisme est il contre l'État ?


F.6.1 - Quel est le problème avec cette justice de « libre marché » ?
F.6.2 - Quelles sont les conséquences sociales d'un tel système ?
F.6.3 - Mais sûrement que les forces du marché arrêteront l'abus des riches ?
F.6.4 - Pourquoi ces « associations de défense » sont-elles des États ?

F.7 - Comment l'histoire de l'"anarcho"-capitalisme prouve-t-elle que cette théorie n'est pas anarchiste ?


F.7.1 - Les gouvernements en concurrence sont-ils de l'anarchisme?
F.7.2 - Le gouvernement est-il compatible avec l'anarchisme ?
F.7.3 - Peut-il exister un "anarchisme" de droite ?

F.8 - Quel rôle l'État a-t-il pris dans la création du capitalisme ?


F.8.1 - Quelles sont les forces sociales derrière la montée du capitalisme ?
F.8.2 - Quel était le contexte social amenant le « laissez-faire » ?
F.8.3 - Quelles autres formes l'intervention de l'État ont-elles prises en créant le capitalisme ?
F.8.4 - Les « enclosures » ne sont-elles pas un mythe socialiste ?
F.8.5 - Que diriez-vous du manque de clôtures en Amérique ?
F.8.6 - Comment les travailleurs voient-ils l'élévation de capitalisme ?
Sommaire complet et détaillé


Catégorie:L’anarcho-capitalisme est-il un type d’anarchisme ?

En un mot, non. Tandis que les "anarcho"-capitalistes essayent évidemment de s’associer à la tradition anarchiste en employant le mot" anarcho", leurs idées sont distinctement en désaccord avec celles liées à l’anarchisme. En raison de cela, le fait qu’ils réclament que leurs idées soient anarchistes ou qu’elles fassent parties de la tradition anarchiste ou du mouvement anar, est faux.

Les "Anarcho"-capitalistes prétendent être des anarchistes parce qu’ils disent qu’ils s’opposent au gouvernement. En tant que tel, comme définit dans la dernière section (introduction de F), ils emploient une définition de l’anarchisme venant du dictionnaire. Cependant, l’anarchisme est une théorie politique, pas une définition de dictionnaire. Car les dictionnaires sont rarement des objets de connaissance politiquement sophistiquées, ceci signifie qu’ils n’identifient pas que l’anarchisme est plus (+) que juste une opposition au gouvernement, il est également marqué par une opposition au capitalisme (c.-à-d. l’exploitation et la propriété privée). Ainsi, l’opposition au gouvernement est un état nécessaire mais non suffisant pour être un anarchiste - vous devez également être opposés à l’exploitation et à la propriété privée capitaliste. Du fait que les "anarcho"-capitalistes ne considérent pas l’intérêt, la location et les bénéfices (c.-à-d. le capitalisme) comme de l'exploitation, ni ne s’opposent aux droits de propriété capitaliste, ils ne sont pas anarchistes.

Une partie du problème est que les marxistes, comme beaucoup d'universitaires, ont également tendance à affirmer que les anarchistes sont tout simplement contre l'État. Il est significatif que les deux, marxistes et "anarcho"-capitalistes, ont tendance à définir l'anarchisme comme purement une opposition au gouvernement. Ce n'est pas une coïncidence, car les deux visent à exclure l'anarchisme de sa place dans le plus vaste mouvement socialiste. Cela prend tout son sens dans la perspective marxiste, qui leur permet de présenter leur idéologie comme la seule sérieuse autour de l'anti-capitalisme (sans parler de leur association de l'anarchisme avec l'"anarcho"-capitalisme qui est un excellent moyen de discréditer nos idées dans le plus vaste mouvement radical). Il va sans dire qu'il s'agit là d'une grave et évidente déformation de la position anarchiste et d'un regard superficiel sur la théorie anarchiste, et, l'histoire montre qu'aucun anarchiste n'ont limités leur critique de la société tout simplement à l'État. Donc, même si les universitaires et les marxistes semblent conscients de l'opposition des anarchistes à l'État, ils ne parviennent pas généralement à saisir que la critique anarchiste s'applique à toutes les autres institutions sociales autoritaires et comment il s'insère dans un contexte d'analyse et de lutte anarchiste. Ils semblent penser que les condamnations anarchistes de la propriété privée capitaliste, du patriarcat et ainsi de suite, sont en quelque sorte des ajouts superflus plutôt que d'une logique qui reflète la position de base de l'anarchisme.

« Les critiques ont parfois soutenus que la pensée anarchiste, et la théorie anarchiste classique, en particulier, a insisté sur l'opposition à l'État au point de négliger la véritable hégémonie de la puissance économique. Cette interprétation se pose, peut-être, d'un dépassement simpliste et une distinction entre les anarchistes, se concentrant sur la domination politique, et les marxistes, se concentrant sur l'exploitation économique... Il existe d'abondantes preuves contre une telle thèse tout au long de l'histoire de la pensée anarchiste. »[1]

Reclus énonce simplement une évidence quand il écrit que : « la critique anti-autoritaire dans laquelle l'Etat est soumis s'applique également à toutes les institutions sociales. »[2] Proudhon, Bakounine, Kropotkine, Goldman, et ainsi de suite seraient tous d'accord avec cela. Même si ils ont tous insistés sur le fait que l'anarchisme est contre l'Etat, ils ont rapidement évolué pour présenter une critique de la propriété privée et d'autres formes de l'autorité hiérarchique. Ainsi, alors que de toute évidence l'anarchisme s'oppose à l'Etat, « la théorie anarchiste produit davantage de sophistication et de développement. Il ne s'arrête pas à une critique de l'organisation politique, mais va enquêter sur le caractère autoritaire de l'inégalité économique, de la propriété privée, de la hiérarchie des structures économiques, de l'éducation traditionnelle, de La famille patriarcale, la discrimination raciale et de classe, de la rigidité sexuelle, de l'âgisme, pour n'en citer que quelques-uns des sujets les plus importants. » L'« essence de l'anarchisme est, après tout, pas une opposition théorique à l'État, mais une lutte pratique et théorique contre la domination ».[3]

C'est également le cas avec les anarchistes individualistes dont la défense de certaines formes de propriété ne les a pas fait cesser de critiquer les principaux aspects de droits de propriété capitaliste. Comme le note Jeremy Jennings, le « point à souligner est que tous les anarchistes, et pas seulement ceux attachés à la prédominance de la souche du communisme anarchiste du XXe siècle ont été critiques à l'égard de la propriété privée dans la mesure où elle est une source de hiérarchie et de privilège. » Il ajoute que les anarchistes comme Tucker et Spooner « d'accord avec l'idée que la propriété n'est légitime que dans la mesure où elle englobe pas plus que le total des produits individuels du travail. »[4] Cela est reconnu par les clients de Rothbard lequel avait explicitement comme point que sa position sur ces sujets était fondamentalement différente (c'est-à-dire fausse) avec l'anarchisme individualiste.

À ce titre, il serait juste de dire que la plupart des "anarcho"-capitalistes sont, d'abord et avant tout, capitalistes. Si les aspects de l'anarchisme ne cadrent pas avec certains éléments du capitalisme, ils rejettent cet élément de l'anarchisme plutôt que de questionner le capitalisme (l'appropriation sélective de la tradition individualiste anarchiste par Rothbard est l'exemple le plus évident de ce point.) Cela signifie que les "libertariens" attachent le préfixe "anarcho" à leur idéologie parce qu'ils croient que le fait d'être contre l'intervention de l'Etat est l'équivalent d'être anarchiste (qui suit leur utilisation de la définition du dictionnaire de l'anarchisme). Qu'ils ignorent l'essentiel de la tradition anarchiste doit prouver qu'il n'y a pas grand-chose d'anarchique à leur sujet du tout. Ils ne sont pas contre l'autorité, la hiérarchie ou l'État -, ils veulent tout simplement les privatiser.

Paradoxalement, cette définition limitée de "l'anarchisme" assure que l'"anarcho"-capitalisme est fondamentalement réfuté par elle même. On peut le constater à partir du leader "anarcho"-capitaliste Murray Rothbard. Il a tonné contre le fléau de l'Etat, faisant valoir qu'il "s'arroge à lui-même le monopole de la force, de l'ultime pouvoir de décision, sur une zone territoriale donnée." En soi, cette définition est presque intacte. Qu'un petit nombre de personnes (une élite de dirigeants) revendique le droit de diriger les autres doit faire partie de toute définition raisonnable de l'État ou d'un gouvernement. Cependant, les problèmes commencent pour Rothbard quand il note que « de toute évidence, dans une société libre, Smith a l'ultime pouvoir de décision sur sa propre juste propriété, Jones sur la sienne, etc" [5] La contradiction logique dans cette position devrait être évidente, mais pas à Rothbard. Il montre la puissance de l'idéologie, de la capacité des simples mots (l'expression "propriété privée") pour transformer les méchants ( "ultime pouvoir de décision, dans une zone donnée") par des gentils ( "ultime pouvoir de décision au cours d'une certaine Zone").

Maintenant, cette contradiction ne peut être résolue que par une seule manière - les utilisateurs de la "zone" sont aussi ses propriétaires. En d'autres termes, un système de possession (ou « d'occupation et d'utilisation ») comme favorisé par les anarchistes. Cependant, Rothbard est un capitaliste et soutient la propriété privée, les revenus du non-travail (rente), le salariat, les capitalistes et les propriétaires. Cela signifie qu'il est favorable à une divergence entre la propriété et l'utilisation, ce qui signifie que cette "ultime pouvoir de décision" s'étend à ceux qui l'utilisent, mais ne sont pas propriétaires de ces biens (c'est-à-dire les locataires et les travailleurs). Le caractère étatique de la propriété privée est clairement indiquée par les paroles de Rothbard - le propriétaire du bien dans une société "anarcho"-capitaliste possède l'"ultime pouvoir de décision", dans une zone donnée, ce qui est aussi le droit que l'État a actuellement. Rothbard a, paradoxalement, prouvé par sa propre définition que l'"anarcho"-capitalisme n'est pas anarchiste.

Bien sûr, il serait grossier de souligner que le nom usuel d'un système politique dans lequel le propriétaire d'un territoire en est également le souverain est, en fait, la monarchie. Ce qui suggère que si l'"anarcho"-capitalisme peut être appelé "anarcho-étatisme" un bien meilleur terme pourrait être "anarcho-monarchisme". En fait, certains "anarcho"-capitalistes ont rendu explicite cette évidente implication de l'argument de Rothbard. Hans-Hermann Hoppe en est un.

Hoppe préfère la monarchie à la démocratie, estimant qu'il n'y a pas de système supérieur. Il fait valoir que le monarque est le propriétaire privé du gouvernement - toutes les terres et d'autres ressources sont détenues par lui. Se basant sur l'économie autrichienne (quoi d'autre?), et sa notion de préférence temporelle, il conclut que le monarque va donc travailler à la fois pour maximiser le revenu courant et à la valeur totale du capital de son État. En supposant que son intérêt personnel, son horizon de planification soit perspicace et à exploitation beaucoup plus limitée. La démocratie, en revanche, est une propriété exclusive du gouvernement au public et les dirigeants ont étés élus pour l'utilisation des ressources pour une courte période seulement, et non pas par leur valeur en capital. En d'autres termes, ils ne possèdent pas le pays et s'efforceront de façon à maximiser leur intérêt à court terme (et les intérêts de ceux qu'ils pensent qui les éliront dans les bureaux). En revanche, Bakounine a souligné que si l'anarchisme rejette la démocratie, c'était « difficilement pour la faire renverser, mais pour la faire avancer » en particulier afin de l'étendre par l'intermédiaire de "la grande révolution économique sans lequel tous les droits, est une phrase vide de sens et d'une astuce." Il a rejeté de tout coeur "le camp des aristocrates... Réactionnaires."[6]

Toutefois, Hoppe n'est pas un monarchiste traditionnel. Son système idéal est une monarchie de concurrents, une société qui est dirigée par une "élite naturelle volontairement reconnue - une nobilitas naturalis " composé de « familles établies de longue date avec des dossiers de réalisation supérieures, de clairvoyance, et de conduite personnelle exemplaire." C'est parce que « quelques individus acquièrent rapidement le statut d'élite » et leurs qualités intrinsèques seront « plus probablement qu'improbablement transmismes au sein de quelques - nobles - familles. ». Le seul "problème" avec les monarchies traditionnelles était « avec le monopole, et non avec les élites ou la noblesse », en d'autres termes, le roi monopolisait le rôle de juge et leurs sujets ne pouvaient s'adresser à d'autres membres de la noblesse pour des services."[7]

Ce qui confirme simplement la critique de l'anarchisme au sujet de l'"anarcho"-capitalisme, à savoir qu'il n'est pas anarchiste. Cela devient encore plus évident lorsque Hoppe élargit utilement sur la réalité de l'"anarcho"-capitalisme :

« Dans un pacte conclu entre un propriétaire et une communauté de locataires dans le but de protéger leur propriété privée, on ne peut parler qu'un droit à la liberté de parole (illimité) existe, même pas par un nombre illimité de discours sur son propriétaire-locataire. On peut dire des choses innombrables et promouvoir presque toute idée sous le soleil, mais naturellement, personne n'est autorisé à prôner des idées contraires à l'objet même de l'alliance de la préservation de la propriété privée, telles que la démocratie et le communisme. Il ne peut y avoir de tolérance envers les démocrates et les communistes dans un ordre social libertarien. Ils devront être physiquement séparés et expulsés de la société. De même, en un pacte fondé dans le but de protéger la famille et les proches, il ne peut y avoir aucune tolérance à l'égard de ceux qui habituellement promeuvent des modes de vie incompatibles avec cet objectif. Ils - les partisans de l'alternative, de la non-parentalité-familiale et d'un mode de vie centré comme, par exemple, l'hédonisme individuel, le parasitisme, et le culte de l'environnement et de la nature, l'homosexualité, ou le communisme - devront être physiquement retiré de la société, aussi, si le but consiste à maintenir un ordre libertarien. »[8]

Ainsi, le propriétaire a le pouvoir / l'autorité sur ses locataires et peut décreter ce qu'ils peuvent et ne peuvent pas faire, à l'exclusion de tous ceux qu'il considère comme étant subversifs (dans les propres intérêts des locataires , bien sûr;). En d'autres termes, les pouvoirs autocratiques du patron sont étendus à tous les aspects de la société - tous sous le masque de la liberté prôné. Malheureusement, la préservation des droits de propriété détruit la liberté pour beaucoup (Hoppe stipule clairement que pour les "anarcho"-capitalistes, le "résultat naturel des transactions volontaires entre les différents propriétaires de droits de propriété privée est décidément non égalitaire, hiérarchique et élitiste."[9]). Sans surprise, Chomsky a fait valoir que le "libertarianisme" n'a "pas d'objection à la tyrannie tant que c'est une tyrannie privé." En fait, celle-ci (comme les autres idéologies contemporaines) se "réduit à la défense des intérêts de l'une ou de l'autre forme d'autorité illégitime, très souvent une réelle tyrannie."[10]. En tant que tel, il est difficile de ne pas conclure que l'"anarcho"-capitalisme n'est guère plus qu'un jeu avec les mots. Ce n'est pas de l'anarchisme, mais un substitut intelligemment conçu et rédigé pour l'élitiste, un conservatisme autocratique. Ni qu'il soit trop difficile de conclure que les véritables anarchistes et libertaires (de tous types) ne seraient pas tolérée dans ce soi-disant « ordre social libertarien »

Certains "anarcho"-capitalistes semblent vaguement conscients de cette contradiction qui saute aux yeux. Rothbard, par exemple, présente un argument qui pourrait servir à la résoudre, mais il n'y parvient pas tout à fait. Il ignore simplement le nÅ“ud de l'affaire, que le capitalisme est basé sur la hiérarchie et, par conséquent, ne peut pas être anarchiste. Il le fait en faisant valoir que la hiérarchie associée avec le capitalisme est bien en autant que la propriété privée qui l'a produite a été acquise d'une "juste" maniére. Pourtant, ce faisant, il attire l'attention encore une fois sur l'identique entre les structures d'autorité et les relations sociales d'Etat et de propriété. Il confie :

« Si l'Etat peut être à proprement parlé propriétaire de son territoire, alors cela est bon pour lui de formuler des règles pour tous ceux qui supposent vivre dans son domaine. Il peut légitimement saisir ou contrôler des propriétés privés parce qu'il n'y a pas de propriété privée dans son domaine, puisqu'il est vraiment propriétaire de la totalité de la surface du sol. Tant que l'État permet à ses sujets de quitter son territoire, alors, on peut dire qu'il agit comme le fait n'importe quel autre propriétaire qui fixe des règles pour les personnes qui vivent sur ses biens. »[11]

Évidemment Rothbard affirme que l'État ne posséde pas "justement" son territoire. Il affirme que « notre théorie de la prescription acquisitive » de la création de la propriété privée "suffit à démolir toute prétention par l'appareil d'Etat", et ainsi le problème de l'État est que celui-ci "revendique et exerce un monopole obligatoire de la défense et, à terme, la prise de décision sur une zone plus grande qu'une propriété justement acquise par l'individu."[12] Il existe quatre problèmes fondamentaux à son argumentation.

Premièrement, ça assume sa "théorie de la prescription acquisitive" comme une théorie solide et libertaire, mais ça n'est pas non plus le cas (voir la section F.4.1). Deuxièmement, ça ignore l'histoire du capitalisme. Étant donné que la distribution actuelle de la propriété est tout autant le résultat de la violence et de la contrainte de l'État, son argument est donc gravement vicié. Elle s'élève à pas plus qu'une "immaculée conception de la propriété" sans rapport avec la réalité. Troisièmement, même si on fait abstraction de ces questions, et supposons que la propriété privée pouvait être légitime et ait été produit par les moyens que suppose Rothbard, elle ne justifie pas la hiérarchie qui lui est associé comme les générations actuelles et futures de l'humanité ont, effectivement, été excommuniés de la liberté par leurs ancêtres. Si, comme l'affirme Rothbard, la propriété est un droit naturel et la base de la liberté alors pourquoi les nombreux devraient être exclus de leurs droits par une minorité ? En d'autres termes, Rothbard conteste que la liberté doive être universelle. Il choisit la propriété au dessus de la liberté alors que les anarchistes choisissent la liberté au dessus de la propriété. Quatrièmement, ça implique que le problème fondamental de l'Etat n'est pas, comme les anarchistes ont continuellement souligné son caractère hiérarchique et autoritaire, mais plutôt le fait qu'il ne posséde pas "justement" le territoire qu'il prétend gérer.

Pire encore, la possibilité que la propriété privée puisse donner lieu à de nouvelles violations de la liberté individuelle (au moins pour les non-propriétaires) que l'état de ses citoyens a été implicitement reconnue par Rothbard. Il utilise comme exemple hypothétique, un pays dont le roi est menacé par une hausse d'un mouvement «libertarien». Le roi répondant par "l'emploi d'un astucieux stratagème", à savoir qu'il « proclame la dissolution de son gouvernement, mais juste avant de le faire, il parcellairise arbitrairement sur l'ensemble du territoire de son royaume à la 'propriété' de lui-même et de ses proches ». Plutôt que des taxes, ses sujets maintenant payent un loyer et il peut « réglementer la vie de tous les gens qui vivent sur la présomption de » ses biens comme bon lui semble. Rothbard demande alors :

« Alors, quelle devrait être la réponse des rebelles libertariens devant ce défi expert ? Si ils sont de consistant utilitaristes, ils doivent se plier à ce subterfuge, et se résigner à vivre sous un régime, non moins despotique que celui qu'ils avaient combattus pendant si longtemps. Peut-être, d'ailleurs, plus despotique, pour l'instant le roi et ses proches peuvent réclamer pour eux-mêmes les principes libertariens du droit absolu de la propriété privée, un absolu qu'ils n'avaient peut-être pas osé réclamer avant. »[13]

Il va sans dire que Rothbard affirme que nous devrions rejeter cette "ruse stratègique" comme un contenu dont la nouvelle répartition des biens ne serait pas le résultat de « juste » moyens. Toutefois, il a omis de noter à quel point son argumentation sape ses propres demandes à ce que le capitalisme puisse être libertaire. Comme il l'affirme lui-même, pas seulement que le propriétaire du bien ait le même pouvoir de monopole sur un territoire donné que l'État, c'est plus despotique, car c'est basé sur le "droit absolu de la propriété privée" ! Et souvenez-vous, Rothbard plaide en faveur de l'"anarcho"-capitalisme ( "si vous avez un capitalisme débridé, vous aurez tous les types d'autorité : vous aurez l'extrême autorité." [14]). Le problème fondamental est que l'idéologie de Rothbard l'aveugle sur l'évidence, à savoir que l'État et la propriété privée produisent des rapports sociaux identiques (ironiquement, il pose la théorie de l'État propriétaire de son territoire qui "rend l'État, ainsi que le roi du Moyen-Age, le maître féodal, au moins en théorie, sont propriétaires de toutes les terres dans leurs domaine", sans remarquer que cela rend le propriétaire ou le capitaliste, un Roi et un maître féodal au sein de l'"anarcho"-capitalisme.[15]).

Un groupe d'anarchistes chinois a souligné l'évidence en 1914. Comme l'anarchisme "prend opposition à l'autorité comme son principe essentiel", les anarchistes visent à "balayer tout les systèmes mauvais de la société actuelle qui ont un caractère autoritaire" et que "notre société idéale" serait "sans propriétaires, sans capitalistes, sans dirigeants, sans fonctionnaires, sans représentants ou chefs de famille."[16] seulement cela, à l'élimination de toutes les formes de hiérarchie (politique, économique et sociale) permettrait d'atteindre anarchisme, une véritable société sans autorité (an-archie). Dans la pratique, la propriété privée est une source importante de l'oppression et d'autoritarisme au sein de la société -, il y a peu ou pas de liberté sous réserve d'un propriétaire ou au sein de la production capitaliste (comme Bakounine l'exprime « le travailleur vend sa personne et de sa liberté pendant un temps donné »). À l'opposé des anarchistes, les "anarcho"-capitalistes n'ont aucun problème avec les propriétaires et le fascisme d'usine (c'est-à-dire le travail salarié), une position qui semble très illogique pour une théorie qui se fait appeler libertaire. Si elle était réellement libertaire, elle s'opposerait à toutes les formes de domination, et pas seulement à l'Étatisme (« ceux qui rejettent l'autoritarisme, n'auront besoin de personne pour avoir la permission de respirer. Le libertaire... n'est pas reconnaissant d'obtenir la permission de résider n'importe où sur sa propre planète et il dénie le droit à quiconque d'inscrire sur tout un écran large que celle-ci est pour leur propre usage ou pour leur propre règle. »[17]). Cette position illogique et auto-contradictoire découle de la définition "anarcho"-capitaliste de la liberté comme absence de contrainte et qui sera examinée dans la section F.2 plus en détail. L'ironie, c'est que les "anarcho"-capitalistes prouvent implicitement la critique des anarchistes sur leur propre idéologie.

Bien sûr, l'"anarcho"-capitaliste a un autre moyen pour éviter l'évidence, à savoir l'affirmation selon laquelle le marché va limiter les abus des propriétaires. Si les travailleurs n'aiment pas leur souverain, ils peuvent en demander un autre. Ainsi le capitaliste, la hiérarchie est très bien tant que les travailleurs et les locataires "consentement" à celui-ci. Alors que la logique est évidemment la même, il est douteux qu'un "anarcho"-capitaliste soit favorable à l'Etat juste parce que ses sujets peuvent quitter et rejoindre un autre. En tant que tel, cela ne veut pas aborder la question centrale - le caractère autoritaire de la propriété capitaliste (voir section A.2.14). En outre, cet argument ignore complètement la réalité du pouvoir économique et social. Ainsi, l'argument du "consentement" ne peut être retenu car il ne tient pas compte de la situation sociale du capitalisme qui limite le choix de la majorité.

Les anarchistes ont depuis longtemps fait valoir que, en tant que classe, les travailleurs n'ont guère d'autre choix que le «consentement» à la hiérarchie capitaliste. L'alternative est soit la misère ou la famine. Les "Anarcho"-capitalistes rejetent ces réclamations en niant l'existence d'une telle chose en tant que pouvoir économique. Au contraire, pour eux, c'est tout simplement la liberté contractuelle. Les anarchistes considèrent ces revendications comme une plaisanterie. De montrer pourquoi, il suffit de citer (encore une fois) Rothbard sur l'abolition de l'esclavage et du servage au 19ième siècle. Il a fait valoir, à juste titre, que les "corps des opprimés ont été libérés, mais les biens qu'ils ont travaillés et mérités de posséder en propres, est resté dans les mains de leurs anciens oppresseurs. Grâce à la puissance économique restant ainsi dans leurs mains, les anciens seigneurs bientôt Virtuels se sont retrouvés une fois de plus les maîtres au dessus maintenant des locataires ou des ouvriers agricoles libres. Les serfs et les esclaves ont goûté à la liberté, mais elle a été cruellement dérivée de ses fruits."[18]

Pour dire le moins, les anarchistes ne voient pas la logique de cette position. Ce contraste avec la norme "anarcho"-capitalistes affirment que si les forces du marché ("échange volontaire") résulte de la création de « locataires ou ouvriers agricoles », alors ils sont libres. Pourtant, les travailleurs dépossédés par les forces du marché sont exactement dans la même situation économique et sociale que l'ex-serfs et l'ex-esclaves. Si ces derniers ne disposent pas des fruits de la liberté, ni de l'ancienne. Rothbard voit l'évident "pouvoir économique" dans ce dernier cas, mais il en conteste l'ancien (ironiquement, Rothbard rejete le pouvoir économique sous le capitalisme pour un même travail. [19]). Ce n'est que l'idéologie de Rothbard qui l'arrête de tirer la conclusion évidente - d'identique conditions économiques produisent d'identiques rapports sociaux et donc que le capitalisme est marqué par le "pouvoir économique" et par des "maitres virtuels." La seule solution est pour l'"anarcho"-capitaliste à simplement dire que les ex-serfs et les ex-esclaves étaient en fait libres de choisir et, par conséquent, que Rothbard était dans le faux. Ce serait peut-être inhumain, mais au moins ça serait logique !

La perspective de Rothbard est étrangere à l'anarchisme. Par exemple, comme l'individualiste anarchiste William Bailie l'a noté, sous le capitalisme il y a un système de classes marquée par « une classe industrielle dépendante des salaires des travailleurs » et « une classe privilégiée monopolisant la richesse, chacun devenant de plus en plus distinct de l'autre plus le capitalisme Avance. » Cette propriété a transformé en une "puissance sociale, une force économique destructrice des droits, une source fertile d'injustice, un moyen d'asservir les déshérités." Il a conclu: « Dans ce système, l'égalité ne peut pas obtenir la liberté. » Bailie note que le "monde industriel [moderne] sous conditions capitaliste" s'est "posé sous le régime du statut" (et de «la loi faite privilège»), cependant, il semble peu probable qu'il aurait conclu que le système de classes serait très bien si il s'était développé naturellement ou que l'état actuel aurait été supprimé tout en laissant intact cette structure de classe.[20] Tel que nous en discutons dans la section G.4, les individualiste anarchistes comme Tucker et Yarrows ont finis par reconnaître que même la plus libre concurrence était devenue impuissante contre l'énorme concentration de richesse liés à la mondialisation du capitalisme.

Par conséquent, les anarchistes reconnaissent que "le libre échange" ou le "consentement" dans des circonstances inégales réduira la liberté, de même que l'accroissement des inégalités entre les individus et les classes. Tel que nous discutons dans la section F.3, les inégalités vont produire des rapports sociaux qui sont fondés sur la hiérarchie et la domination, et non pas la liberté. Comme le dit Noam Chomsky :

« L’anarcho-capitalisme, à mon avis, est un système doctrinal qui, si jamais il était mis en application, mènerait aux formes de tyrannies et d’oppression qui ont peu de contre-parties dans l’histoire humaine. Il n’y a pas la plus légère possibilité que ces (de mon point de vue, affreuse) idées soient mises en application, parce qu’elles détruiraient rapidement n’importe quelle société qui aurait fait cette erreur colossale. L’idée du "'contrat libre’" entre le potentat et son sujet affamé est une difficile plaisanterie, peut-être utile pour quelques moments dans une conférence d'universitaires explorant les conséquences (de mon point de vue, absurdes) de ces idées, mais nulle part ailleurs. »[21]

Il est donc clair que, par ses propres arguments l'"anarcho"-capitalisme n'est pas anarchiste. Cela ne devrait pas être étonnant pour les anarchistes. L'anarchisme, en tant que théorie politique, est né lorsque Proudhon écrivait Qu'est-ce que la propriété? particulièrement pour réfuter l'idée que les travailleurs sont libres quand la propriété capitaliste les oblige à chercher un emploi par des propriétaires terriens et des capitalistes. Il était bien conscient du fait que, dans de telles circonstances la propriété "viole l'égalité par le droit d'exclusion et d'accroîssement, et la liberté par le despotisme... [et a] une parfaite identité avec le vol." Il a, sans surprise, parlé du "propriétaire, à qui [l'employé] a vendu et cédé sa liberté." Pour Proudhon, l'anarchie est « l'absence d'un maitre, d'un souverain » tandis que "propriétaire" était "synonyme" de "souverain" car il "impose sa volonté par le droit, et souffre ni de contradiction ni de contrôle." Cela signifiait que la " propriété engendre le despotisme", en tant que "chaque titulaire est souverain seigneur dans la sphère de sa propriété".[22] Il faut également souligner que l'ouvrage classique de Proudhon est une longue critique de la forme d'apologie de la propriété privée que Rothbard épouse pour sauver son idéologie de ses contradictions évidentes.

Ainsi, ironiquement, Rothbard reprend la même analyse que Proudhon mais pose des conclusions opposées et s'attend à être considéré comme un anarchiste ! De plus, il semble tout aussi ironique que l'"anarcho"-capitalisme s'appelle lui-même "anarchiste", tout en se fondant sur les arguments que l'anarchisme y a été créé en opposition. Comme on le voit, l'"anarcho"-capitalisme fait beaucoup de sens comme «anarcho-étatisme» - un oxymore, une contradiction dans les termes. L'idée que "anarcho"-capitalisme justifie le nom de «anarchiste» est tout simplement fausse. Seule une personne ignorante de l'anarchisme pourrait maintenir une telle chose. Alors que vous vous attendez à ce que la théorie anarchiste montre que c'est effectivement le cas, la chose merveilleuse est que l'"anarcho"-capitalisme lui-même fait la même chose.

Little wonder Bob Black soutient que "diaboliser l'autoritarisme d'état tout en ignorant l'identique par contrat-consacré dans le régime inféodé à grande échelle des sociétés qui contrôlent l'économie mondiale est au plus mal du fétichisme." [23] le Libéral de Gauche Stephen L. Newman fait la même réflexion :

« L'accent libertarien placé sur l'opposition liberté et pouvoir politique tend à occulter le rôle de l'autorité dans leur vision du monde... L'autorité exercée dans les relations privées, toutefois - dans la relation entre l'employeur et le salarié, par exemple - ne rencontre aucune opposition... [Cela] révèle une étrange insensibilité à l'usage de l'autorité privé comme un moyen de contrôle social. Comparer les pouvoirs publics et privés, il y a lieu de se demander aux libertariens : Lorsque le prix de l'exercice de la liberté est terriblement élevé, quelle différence de pratique y a t il entre les commandes de l'Etat et de ceux émis par son employeur ? ... Bien que les circonstances ne sont pas identiques, dire que les mécontents habilités qu'ils sont toujours libres de quitter leur emploi semble pas différent, en principe, de dire que les dissidents politiques, sont libres d'émigrer. »[24]

Comme l'a fait remarquer Bob Black, les libertariens affirment que "l'on peut au moins changer d'emploi. Mais vous ne pouvez pas éviter d'avoir un emploi - tout comme en vertu de l'étatisme, on peut au moins changer de nationalité, mais vous ne pouvez pas éviter l'assujettissement à un État-nation ou d'un autre. Mais la liberté ne signifie pas le droit de changer de maître."[25] Les similitudes entre le capitalisme et l'étatisme sont claires - et donc pourquoi l'"anarcho"-capitalisme ne peut pas être anarchiste. Pour rejeter l'autorité (le "pouvoir ultime de décision") de l'Etat et l'étreinte du propriétaire indique non seulement une position illogique mais une contradiction avec les principes fondamentaux de l'anarchisme. Ce soutien sincère pour le travail salarié capitaliste et les droits de propriété indique que les "anarcho"-capitalistes ne sont pas des anarchistes, parce qu'ils ne rejetent pas toutes les formes d' archie. Ils font évidemment un soutien de la hiérarchie entre le patron et le travailleur (travail salarié) et entre le propriétaire et le locataire. L'anarchisme, par définition, est contre toutes les formes d' archie, y compris la hiérarchie générée par la propriété capitaliste. Ignorer l'évidente archie associé à la propriété capitaliste est hautement illogique et en essayant de rejeter une forme de domination comme découlant de la «juste» propriété tout en attaquant les autres parce qu'elles découlent de l'"injuste" propriété est de ne pas voir le bois dans les arbres.

En outre, nous devons noter que de telles inégalités, dans le pouvoir et la richesse aura besoin de "défense" contre ceux qui sont assujettis à ceux-là (les "anarcho"-capitalistes reconnaissent la nécessité pour les tribunaux et la police privée de défendre la propriété contre le vol - et, les anarchistes ajoutent, à défendre le vol et le despotisme de la propriété !). En raison de son soutien de la propriété privée (et donc de son autorité), l'"anarcho"-capitalisme finit maintenir un État dans son "anarchie" : à savoir un État privée, dont, de son existence, ses partisans tentent de le nier tout simplement en refusant de l'appeler État, comme une autruche cachant sa tête dans le sable. Comme un anarchiste l'a si justement dit, les "anarcho"-capitalistes ont "simplement remplacés l'État, par des entreprises privées de sécurité, et cela peut être difficilement décrit comme anarchiste, comme le terme est généralement compris."[26] Alors que nous en discutons plus en détail dans la section F.6, c'est pour cette raison que l'"anarcho"-capitalisme est mieux qualifié par capitalisme d'"État privée" il y aurait un équivalent fonctionnel de l'État et il serait tout aussi biaisée en faveur des élites de la propriété comme celui existant (sinon plus). Comme Albert Meltzer l'a dit :

« Le sens commun montre que toute la société capitaliste pourrait renoncer à un "État"... Mais il ne pouvait pas renoncer à un gouvernement organisé, ou une forme de privatisation de celui-ci, si il y avait des gens amassant de l'argent et d'autres recueillant à leur place. La philosophie de l'«anarcho-capitalisme» imaginé par la Nouvelle Droite, n'a rien à voir avec l'anarchisme telle qu'il est connu par le mouvement anarchiste proprement dit. C'est un mensonge... un brevet de capitalisme débridé... a besoin d'une certaine vigueur à sa disposition pour maintenir les privilèges de classe, soit de l'Etat lui-même ou d'armées privées. Ce à quoi ils croient est en fait un État limité - c'est-à-dire un État qui a une fonction, protéger la classe dirigeante, ne pas interférer dans l'exploitation, et être aussi bon marché que possible pour la classe dirigeante. L'idée a également un autre but... une justification morale pour les consciences bourgeoises pour éviter les impôts sans se sentir coupable. »[27]

Pour les anarchistes, ce besoin du capitalisme pour une sorte d'Etat n'est pas surprenant. "l'anarchie sans socialisme semble tout aussi impossible à nous [comme le socialisme sans l'anarchie], car dans un tel cas, il ne pourrait être autrement que la domination du plus fort, et donc la mise en marche tout de suite de l'organisation et de la consolidation de cette domination , C'est-à-dire la constitution du gouvernement."[28] De ce fait, les "anarcho"-capitalistes rejettant la critique anarchiste du capitalisme et de nos arguments sur la nécessité de l'égalité, ne peuvent donc pas être considérés comme des anarchistes ni d'une partie de la tradition anarchiste. Pour les anarchistes, il semble étrange que les "anarcho"-capitalistes veuillent se débarrasser de l'État tout en maintenant le système qu'il a contribué à créer et sa fonction de défenseur de la propriété de la classe capitaliste et les droits de propriété. En d'autres termes, réduire l'État uniquement à sa fonction (pour utiliser les mots de Malatesta) de gendarme de la classe capitaliste n'est pas un objectif anarchiste.

Ainsi, l'anarchisme est beaucoup plus que la définition commune du dictionnaire de «l'absence de gouvernement» - il implique également d'être contre toutes les formes d' archie, y compris celles générées par la propriété capitaliste. Cela ressort clairement des racines du mot «anarchie». Comme nous l'avons signalé dans la section A.1, le mot anarchie signifie "pas de dirigeants" ou "contraire à l'autorité." Comme le reconnaît lui-même Rothbard, le propriétaire est le prince de leurs biens et, par conséquent, de ceux qui les utilisent. Pour cette raison, l'"anarcho"-capitalisme ne peut être considérée comme une forme d'anarchisme - un véritable anarchiste doit logiquement s'opposer à l'autorité du propriétaire ainsi que celle de l'État. Comme l'"anarcho"-capitalisme ne fait pas explicitement (ou implicitement, d'ailleurs) appel à des arrangements économiques qui mettraient fin au travail salarié et l'usure, il ne saurait être considéré anarchiste ou d'une partie de la tradition anarchiste. Bien que les anarchistes ont toujours étés opposés au capitalisme, les "anarcho"-capitalistes ont adoptés, et ce en raison de leur étreinte, leur "anarchie" sera marquée par des relations fondées sur la subordination et la hiérarchie (comme le travail salarié), pas la liberté (pas étonnant que Proudhon ait fait valoir que "la propriété est le despotisme" - il crée des relations hiérarchique et autoritaire entre les personnes de la même façon que l'étatisme). Leur soutien du capitalisme de "marché libre" ne tient pas compte de l'impact de la richesse et du pouvoir sur la nature et le résultat des décisions individuelles sur le marché (voir les sections F.2 et F.3 pour une discussion plus approfondie). En outre, un tel système (économique et social) de pouvoir aura une force pour le maintenir et le systéme "anarcho"-capitaliste de la concurrence pour "la défense des entreprises" sera simplement un nouvel État, l'application du pouvoir capitaliste, les droits de propriété et la loi.

Ainsi, les "anarcho"-capitalistes et les anarchistes ont différentes positions de départ et des fins opposées en esprit. Leurs demandes d'être anarchistes sont tout simplement fausses, car ils rejettent une si grande partie de la tradition anarchiste autant faire le peu qu'ils ont de non-anarchiste en théorie et en pratique. Il n'est donc pas surprenant que Peter Marshall déclare que "peu d'anarchistes accepteraient les « anarcho-capitalistes » dans le camp anarchiste, car ils ne partagent pas une préoccupation pour l'égalité économique et la justice sociale." À ce titre, les "anarcho"-capitalistes, "même s'ils rejetent l'Etat, pourrait donc être mieux appelés "libertariens" plutôt que d'anarchistes." [29]



Notes et références[edit]

  1. John P. Clark and Camille Martin, Anarchy, Geography, Modernity, p. 95
  2. Cité par Clark et Martin, op. Cit., P. 140
  3. John Clark, The Anarchist Moment, p. P. 128 et 70
  4. "Anarchisme", Contemporary Political Ideologies, Roger Eatwell et Anthony Wright (eds.), p. 132
  5. The Ethics of Liberty, p. P. 170 et 173
  6. The Basic Bakounine, p. 87
  7. L'Économie politique de la monarchie et la démocratie et l'idée d'un Ordre naturel", pp. 94-121, Journal of Libertarian Studies, vol. 11, no. 2, p. P. 118 et 119
  8. Democracy: the God that Failed, p. 218
  9. " L'Économie politique de la monarchie et la démocratie et l'idée d'un Ordre naturel ", op. Cit., P. 118
  10. Chomsky sur l'anarchisme, p. P. 235 et 181
  11. Op. Cit., p. 170
  12. Op. Cit., P. P. 171 et 173
  13. Op. Cit., P. 54
  14. Chomsky, Understanding Power, p. 200
  15. Op. Cit., P. 171
  16. Cité par Arif Dirlik, anarchisme dans la révolution chinoise, p. 131
  17. Stuart Christie et Albert Meltzer, Floodgates of Anarchy, p. 31
  18. Op. Cit., P. 74
  19. Op. Cit., Pp. 221-2
  20. Les anarchistes individualiste, p. 121
  21. Noam Chomsky sur l'anarchisme, entrevue avec Tom Lane (23 décembre 1996).
  22. Qu'est-ce que la propriété, p. 251, p. 130, p. Et 264 pp. 266-7
  23. "The Libertarian Comme conservateur», l'abolition du travail et autres essais, pp. 142
  24. Le libéralisme à Wit's End, pp. 45-46
  25. Op. Cit., P. 147
  26. Brian Morris, "Global Anti-Capitalism", pp. 170-6, Anarchist Studies, vol. 14, no. 2, p. 175
  27. Anarchism: Arguments pour et contre, p. 50
  28. Errico Malatesta, Errico Malatesta: His Life and Ideas, p. 148
  29. Demandes d'l'impossible, p. 565