FAQAnar:F.2.1 - Comment la propriété privée affecte la liberté ?

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FAQ anarchiste
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« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
F - L’anarcho-capitalisme est-il un type d’anarchisme ?

Introduction

F.1 - Les "anarcho"-capitalistes sont-ils vraiment des anarchistes ?


F.2 - Que signifie "liberté" pour les "anarcho"-capitalistes ?


F.2.1 - Comment la propriété privée affecte la liberté ?
F.2.2 - Les libertarians-capitalistes supportent-ils l'esclavage ?

F.3 - Pourquoi les "anarcho"-capitalistes n'attribuent-ils généralement peu ou pas de valeur à l'"égalité" ?


F.3.1 - Pourquoi la négligence vis-à-vis de l'égalité est-elle si importante ?
F.3.2 - Peut-il y avoir une harmonie des intérêts dans une société inégalitaire ?

F.4 - Quelle est la position des libertariens sur la propriété privée ?


F.4.1 - Quel est le problème avec la théorie de propriété « homesteading » ?

F.5 - Privatiser les « terrains communaux » augmentera-t-il la liberté ?


F.6 - L'"anarcho"-capitalisme est il contre l'État ?


F.6.1 - Quel est le problème avec cette justice de « libre marché » ?
F.6.2 - Quelles sont les conséquences sociales d'un tel système ?
F.6.3 - Mais sûrement que les forces du marché arrêteront l'abus des riches ?
F.6.4 - Pourquoi ces « associations de défense » sont-elles des États ?

F.7 - Comment l'histoire de l'"anarcho"-capitalisme prouve-t-elle que cette théorie n'est pas anarchiste ?


F.7.1 - Les gouvernements en concurrence sont-ils de l'anarchisme?
F.7.2 - Le gouvernement est-il compatible avec l'anarchisme ?
F.7.3 - Peut-il exister un "anarchisme" de droite ?

F.8 - Quel rôle l'État a-t-il pris dans la création du capitalisme ?


F.8.1 - Quelles sont les forces sociales derrière la montée du capitalisme ?
F.8.2 - Quel était le contexte social amenant le « laissez-faire » ?
F.8.3 - Quelles autres formes l'intervention de l'État ont-elles prises en créant le capitalisme ?
F.8.4 - Les « enclosures » ne sont-elles pas un mythe socialiste ?
F.8.5 - Que diriez-vous du manque de clôtures en Amérique ?
F.8.6 - Comment les travailleurs voient-ils l'élévation de capitalisme ?
Sommaire complet et détaillé


Catégorie:L’anarcho-capitalisme est-il un type d’anarchisme ? Les "libertariens" ne reconnaissent pas ou rejettent comme non pertinent le fait que le droit (absolu) de propriété privée peut conduire à de vastes contrôles par les propriétaires sur ceux qui utilisent, mais ne sont pas propriétaires, des biens (tels que les travailleurs et les locataires ). Ainsi, un systéme capitaliste de libre-marché conduit à la protection des «droits» et «libertés» très sélectives et basé sur la classe. Par exemple, sous le capitalisme, la "liberté" des employeurs sera inévitablement en conflit avec la "liberté" des salariés. Lorsque les actionnaires ou les gestionnaires exercent leur "liberté d'entreprise" de décider comment leur entreprise évoluera, ils violent le droit de leurs employés à décider comment leurs capacités de travail seront utilisés et sous le capitalisme les "droits de propriété" des employeurs seront en conflits avec et limiteront le «droit humain» des employés à se gérer eux-mêmes. Le capitalisme permet le droit d'auto-gestion à seulement quelques-uns, pas pour tous. Ou, à défaut, le capitalisme ne reconnaît pas certains droits de l'homme comme universels alors que l'anarchisme oui.

Cela peut être vu de par la défense du travail salarié par l'économiste autrichien W. Duncan Reekie. Tout en se référant aux "marchés du travail intra-entreprise" comme «hiérarchies», Reekie (dans son meilleur ton ex cathedra) stipule qu'"il n'y a rien d'autoritaire, de dictatorial ou d'exploitation dans la relation. Les employés ordonnent aux Employeurs de payer les montants indiqués dans le contrat de location tout autant que les employeurs ordonnent aux employés de respecter les termes du contrat"[1]. Étant donné que "les termes du contrat" impliquent au travailleur d'accepter d'obéir aux ordres de l'employeur et qu'ils seront licenciés s'ils ne le font pas, il est assez clair que l'ordre dans le "marché du travail intra-entreprise" va décidément que d'un sens. Les patrons ont le pouvoir, les travailleurs sont payés à obéir. Et cela soulève la question suivante : si le contrat de travail crée un travailleur libre, pourquoi doit-il renoncer à sa liberté pendant les heures de travail ?

Reekie reconnaît effectivement ce manque de liberté dans un "point" quand il note que "les salariés d'une entreprise, à tout niveau dans la hiérarchie, peuvent exercer un rôle d'entreprise. La zone dans lequel ce rôle peut être effectué augmente le plus d'autorité qu'a l'employé"[2]. Ce qui signifie que les travailleurs sont soumis au contrôle d'en haut, ce qui limite les activités qu'ils sont autorisés à faire et ils ne sont pas libres d'agir, de prendre des décisions, de participer dans les plans de l'organisation, de créer le futur et ainsi de suite durant les heures de travail. Et il est étrange que tout en reconnaissant l'entreprise comme une hiérarchie, Reekie tente de nier qu'il est autoritaire ou dictatorial - comme si vous pourriez avoir une hiérarchie sans les structures autoritaires non élues ou une personne en autorité qui n'est pas un dictateur. Sa confusion est partagé par le gourou autrichien Ludwig von Mises, qui a affirmé que le "chef d'entreprise et le capitaliste ne sont pas des autocrates irresponsables" parce qu'ils sont "soumis sans condition à la souveraineté du consommateur" tandis que, sur la page suivante, il admet une "hiérarchie managériale" qui contient "l'arrivée des employés subalternes"[3]. Il ne fait pas entrer dans son esprit que le capitaliste peut faire l'objet d'un contrôle des consommateurs tout en étant un autocrate pour leurs subordonnés employés. Encore une fois, nous trouvons le "libertarien" reconnaissant que la structure de la gestion capitaliste est une hiérarchie et que des travailleurs sont subordonnés, tout en déniant qu'il est autocratique pour les travailleurs ! Nous avons donc des travailleurs «libre» dans une relation nettement manquant de liberté - un étrange paradoxe. En effet, si votre vie personnelle a été aussi étroitement surveillé et réglementé que la vie au travail de millions de personnes à travers le monde, vous considèreriez à juste titre comme la pire forme d'oppression et de tyrannie.

Assez ironiquement, l'aile droite libérale et l'économiste de "marché libre" Milton Friedman contrastent la "planification centralisée impliquant l'utilisation de la contrainte - par la technique de l'armée ou de l'État totalitaire moderne" par "une coopération volontaire entre les individus - par la technique du marché" qui de deux façons distinctes de coordination de l'activité économique de grands groupes (" millions ") de personnes. [4]. Cependant, cela manque la question clé de la nature interne de l'entreprise. Comme les "libertariens" le notent, la structure interne d'une société capitaliste est hiérarchique. En effet, la société capitaliste est une forme de planification centrale et partageant la même "technique" que l'armée. Comme Peter Drucker l'a noté dans son histoire de General Motors, "il y a un parallèle remarquablement proche entre le régime d'organisation de General Motors et celles des deux institutions les plus réputées pour leur efficacité administrative : celle de l'Église catholique et celle de l'armée moderne"[5]. Ainsi le capitalisme est marqué par une série d'organisations totalitaires. La dictature ne change pas beaucoup - pas plus qu'il ne devient moins fascisant - lors de l'examen des structures économiques plutôt que politiques. À l'évidence, "le contrat de travail (comme le contrat de mariage) n'est pas un échange : les deux contrats créent des relations sociales qui subissent au fil du temps - des relations sociales de subordination"[6].

Peut-être que Reekie (comme la plupart des "libertariens") soutiendra que les travailleurs acceptent volontairement (par «consentement») qu'ils soient soumis à la dictature des patrons (il écrit que "chacun d'eux voudra seulement entrer dans un accord contractuel connu pour chaque entreprise si il estime qu'il sera mieux ainsi. La société est tout simplement un autre exemple d'échange mutuellement bénéfique"[7]). Toutefois, cela n'arrête pas la relation autoritaire ou dictatoriale (et donc l'exploitation puisqu'il est fort peu probable que ceux qui sont au sommet n'abuseront pas de leur pouvoir). Représenter les relations d'emplois comme accord volontaire mystifie simplement l'existence et l'exercice du pouvoir au sein de l'organisation ainsi créée.

Comme nous l'affirmons plus loin dans la section F.3, dans une société capitaliste, les travailleurs ont la possibilité de trouver un emploi ou de faire face à une pauvreté abjecte et / ou la famine. Il n'est alors guère étonnant que les gens "volontairement" vendent leur force de travail et "consentent" à des structures autoritaires ! Ils ont peu de possibilité de faire autrement. Ainsi, dans le marché du travail, les travailleurs peuvent et recherchent les meilleures conditions de travail possible, mais cela ne signifie pas que le contrat final soit convenu "librement" et non dû en raison de la force des circonstances, que les deux parties ont le même pouvoir de négociation lors de l'établissement du contrat ou que la liberté des deux parties soit assuré.

Ce qui signifie que faire valoir (comme les "libertariens" le font) que la liberté ne peut être restreinte par le travail salarié puisque les gens, entrant dans des relations qu'ils estiment, conduira à des améliorations de leur situation initiale, manque totalement son but. Puisque la situation initiale n'est pas pertinente, leur argument n'est pas fondé. Après tout, accepter de travailler dans un atelier clandestin 14 heures par jour est une amélioration par rapport au fait de mourrir de faim - mais cela ne signifie pas que ceux qui y consentent soient libres lorsqu'ils travaillent ou ni qu'ils aient envie d'être là. Ils ne le sont pas et c'est les ciconstances, créé et appliqué par la loi (c'est-à-dire l'État), qui ont assurés qu'ils «consentent» à un tel régime (compte tenu de la chance, s'ils désiraient changer ce régime, ils ne le pourraient pas puisque cela constituerait une violation des droits de propriété des boss -patrons- et ils seraient réprimés pour avoir tenté cela).

Ainsi, le droit "libertarien" s'intéresse seulement à un concept étroit de la liberté (plutôt qu'en liberté ou la Liberté en tant que tel). Cela peut être vu dans l'argument de Ayn Rand que "la liberté, dans un contexte politique, signifie liberté de coercition de la part du gouvernement. Cela ne signifie pas la liberté du propriétaire, ou la liberté de l'employeur, ou la liberté des lois de la nature qui ne sont pas fournis aux hommes automatiquement avec la prospérité. ça signifie la liberté du pouvoir coercitif de l'État - et rien d'autre ! "[8]. En soutenant de cette façon, les "libertariens" ignorent le grand nombre des relations sociales autoritaires qui existent dans la société capitaliste et, comme Rand le fait ici, que ces rapports sociaux sont comme "les lois de la nature". Toutefois, si l'on regarde le monde sans préjugé mais avec un souci de maximisation de la liberté, les grandes institutions coercitives sont l'Etat et les rapports sociaux capitaliste (et ces derniers reposent sur le premier). Il convient également de noter que, à la différence de gravité, le pouvoir du propriétaire et du patron dépend de l'utilisation de la force - la gravité n'a pas besoin de policiers pour que tout rentre dans l'ordre!

Le "libertarien", alors, loin d'être un défenseur de la liberté, est en fait un grand défenseur de certaines formes d'autorité. Comme Kropotkine le fait valoir contre un précurseur du "libertarianisme" :

"L'individualisme moderne initiée par Herbert Spencer est, à l'instar de la théorie critique de Proudhon, un puissant acte d'accusation contre les dangers et les injustices du gouvernement, mais sa solution pratique au problème social est misérable - si misérable jusqu'à nous amener à savoir si parler d'«Aucune force» soit simplement une excuse pour soutenir les propriétaires et la domination capitaliste"[9].

Pour défendre la "liberté" des propriétaires est de défendre l'autorité et le privilège - en d'autres termes, l'étatisme. Ainsi, en examinant la notion de liberté comme "la liberté de", il est clair que par la défense de la propriété privée (par opposition à la possession) les "anarcho"-capitalistes défendent le pouvoir et l'autorité des propriétaires pour gouverner ceux qui utilisent leurs "Biens". Et aussi, nous devons noter, la défense de toutes les petites tyrannies qui rendent la vie au travail de tant de personnes frustrant, stressant et ingrat.

L'anarchisme, par définition, est en faveur des organisations et des relations sociales qui sont non-hiérarchique et non-autoritaire. Sinon, certaines personnes sont plus libres que d'autres. Ne pas attaquer la hiérarchie conduit à une contradiction massive. Par exemple, depuis que l'armée britannique est bénévole, c'est une organisation "anarchiste" ! Ironie du sort, ça peut aussi permettre un état d'apparaître "libertaire" que cela, aussi, peut être considéré comme un accord volontaire tant qu'il permet à ses sujets d'émigrer librement. Donc, assimiler la liberté (capitaliste) à des droits de propriété ne protège pas la liberté, en fait, elle la nie activement. Ce manque de liberté est tout simplement inévitable, aussi longtemps que nous acceptons des droits de propriété privée capitaliste. Si nous les rejetons, nous pouvons essayer de créer un monde fondé sur la liberté dans tous les aspects de la vie, plutôt que seulement dans quelques-uns.

Notes et references[edit]

  1. Markets, Entrepreneurs and Liberty, p. P. 136 et 137
  2. Op. Cit., P. 142
  3. Human Action, P. Et p. 809 810
  4. Capitalism and Freedom, p. 13
  5. cité par David Engler, Apostles of Greed, p. 66
  6. Carole Pateman, The Sexual contract, p. 148
  7. op. Cit., p. 137
  8. Capitalism: The Unknown Ideal, p. 192
  9. Act For Yourselves, p. 98