Difference between revisions of "Georges Darien"

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(Citations)
(Pamphlétaire)
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En plus de ses romans, Darien est le pamphlétaire le plus violent de son époque. Il collabore à plusieurs revues anarchistes, parmi lesquelles ''L'Escarmouche'' et ''L'Endehors'', où il côtoie [[Zo d'Axa]].  
 
En plus de ses romans, Darien est le pamphlétaire le plus violent de son époque. Il collabore à plusieurs revues anarchistes, parmi lesquelles ''L'Escarmouche'' et ''L'Endehors'', où il côtoie [[Zo d'Axa]].  
  
Tout en France révulse Darien. Il ne supporte pas le style de la IIIe République bourgeoise. Il en exècre la mentalité, s’irrite de la veulerie généralisée et triomphante de la société française. Adversaire du colonialisme, il se gausse des prétendues justifications humanitaires : « La libération de certains peuples fut souvent un prétexte à l’invasion de certains pays ; mais rien qu’un prétexte. » Antimarxiste, il juge la lutte des classe dépassée. Il trouve étonnante « cette obstination de certaines gens à parler de conflits d’intérêts, d’avènement du prolétariat, d’abaissement de la bourgeoisie. Mais il y a longtemps qu’ils sont terminés, les conflits ; il y a beau jour qu’ils sont fondus l’un dans l’autre, le prolétariat et la bourgeoisie, et qu’ils marchent la main dans la main, malgré leurs dénégations ». Et Darien de dénoncer « '''la formation d’une nouvelle classe moyenne, énorme mais idiote, dogmatique par respect et gouvernementale par discipline, à qui la misère même n’a pas donné la haine, mais la vénération jalouse, et qui ne veut pas détruire, mais prendre - pour conserver''' », autrement dit « un nouveau Tiers-État, qui ne tient à être quelque chose que pour avoir tout, coalition des intérêts mesquins, des appétits ignobles, des cultes déshonorants».
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Tout en France révulse Darien. Il ne supporte pas le style de la IIIe République bourgeoise. Il en exècre la mentalité, s’irrite de la veulerie généralisée et triomphante de la société française.  
  
« Obligatoire ! tout l’est à présent, rugit-il : instruction, service militaire, et demain, mariage. Et mieux que ça : la vaccination. La rage de l’uniformité, de l’égalité devant l’absurde, poussée jusqu’à l’empoisonnement physique ! Du pus qu’on vous inocule de force - et dont l’homme n’aurait nul besoin si la morale ne lui donnait pas de mépriser son corps ; - de la sanie infecte qu’on vous infuse dans le sang au risque de vous tuer (comptez-les, les cadavres d’enfants qu’assassine le coup de lancette !) du venin qu’on introduit dans vos veines afin de tuer vos instincts, d’empoisonner votre être ; afin de faire de vous, autant que possible, une particules passives qui constituent la platitude collective et morale. »
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Adversaire du colonialisme, il se gausse des prétendues justifications humanitaires :
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::« La libération de certains peuples fut souvent un prétexte à l’invasion de certains pays ; mais rien qu’un prétexte. »
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Antimarxiste, il juge la lutte des classe dépassée. Il s'étonne donc :
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:: « cette obstination de certaines gens à parler de conflits d’intérêts, d’avènement du prolétariat, d’abaissement de la bourgeoisie. Mais il y a longtemps qu’ils sont terminés, les conflits ; il y a beau jour qu’ils sont fondus l’un dans l’autre, le prolétariat et la bourgeoisie, et qu’ils marchent la main dans la main, malgré leurs dénégations ».
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Et Darien de dénoncer « '''la formation d’une nouvelle classe moyenne, énorme mais idiote, dogmatique par respect et gouvernementale par discipline, à qui la misère même n’a pas donné la haine, mais la vénération jalouse, et qui ne veut pas détruire, mais prendre - pour conserver''' », autrement dit « un nouveau Tiers-État, qui ne tient à être quelque chose que pour avoir tout, coalition des intérêts mesquins, des appétits ignobles, des cultes déshonorants».
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Sa vision de la société n'est pas moins lucide :
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::« Obligatoire ! tout l’est à présent, rugit-il : instruction, service militaire, et demain, mariage. Et mieux que ça : la vaccination. La rage de l’uniformité, de l’égalité devant l’absurde, poussée jusqu’à l’empoisonnement physique ! Du pus qu’on vous inocule de force - et dont l’homme n’aurait nul besoin si la morale ne lui donnait pas de mépriser son corps ; - de la sanie infecte qu’on vous infuse dans le sang au risque de vous tuer (comptez-les, les cadavres d’enfants qu’assassine le coup de lancette !) du venin qu’on introduit dans vos veines afin de tuer vos instincts, d’empoisonner votre être ; afin de faire de vous, autant que possible, une particules passives qui constituent la platitude collective et morale. »
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Darien considère que l'éducation est au service de l'ordre - immoral et hypocrite- et ne peut  que légitimer la révolte et encourager l'effort que font certains "caractères" pour se soustraire à son emprise étouffante.
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::« Education. La chasse aux instincts . On me reproche mes défauts ; on me fait honte de mes imperfections. Je ne dois pas être comme je suis mais comme il faut. Pourquoi faut-il ? .... On m'incite à suivre les bons exemples ; parce qu'il n'y a que les mauvais qui vous décident à agir. On m'apprend à ne pas tromper les autres; mais point à ne pas me laisser tromper . On m'inocule la raison - ils appellent ça comme ça- juste à la place du coeur. Mes sentiments violents sont criminels, ou au moins déplacés; on m'enseigne à les dissimuler. De ma confiance, on fait quelque chose qui mérite d'avoir un nom : la servilité; de mon orgueil quelque chose qui ne devrait pas en avoir : les respect humain. Le crâne déprimé par le casque d'airain de la saine philosophie , les pieds alourdis par les brodequins à semelles de plomb dont me chaussent les moralistes, je pourrai décemment, vers mon quatrième lustre me présenter à mes semblables. J'aurai du savoir vivre. Je regarderai passer ma vie derrière le carreau brouillé des conventions hypocrites, avec permission de la romantiser un peu , mais défense de la vivre. J'aurai peur. Car il n'y a qu'une seule chose que l'on m'apprenne ici , je le sais! On m'apprend à avoir peur.
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::Pour que j'aie bien peur des autres et bien peur de moi, pour que je sois un lieu commun articulé par la résignation et un automate de la souffrance imbécile, il faut que mon être moral primitif, le moi que je suis né disparaisse. Il faut que mon caractère soit brisé,  meurtri , enseveli. Si j'en ai besoin plus tard , de mon caractère - pour me défendre, si je suis riche et pour attaquer si je suis pauvre - il faudra que je l'exhume ...» 
  
 
En écrivant tout le mal qu’il pensait de la société française de son temps, s’appliquant le principe qu’il faut « agir ce qu’on rêve » et affirmant que « le secret du bonheur c’est le courage », Georges Darien ne pouvait que déplaire à ses contemporains.
 
En écrivant tout le mal qu’il pensait de la société française de son temps, s’appliquant le principe qu’il faut « agir ce qu’on rêve » et affirmant que « le secret du bonheur c’est le courage », Georges Darien ne pouvait que déplaire à ses contemporains.

Revision as of 08:18, 20 July 2007