Difference between revisions of "Giovanna Caleffi"

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'''Giovannina Caleffi''' (Gualtieri (Émilie-Romagne), [[4 mai]] [[1897]] - Gênes, [[14 mars]] [[1962]] ), ou '''Giovanna''', aussi appellée Giovanna Berneri du nom de son mari, est une anarchiste italienne, femme de [[Camillo Berneri]] et mère de [[Marie Louise Berneri]] et de [[Giliana Berneri]].
'''Giovanna Caleffi''' (Gualtieri (Émilie-Romagne), [[4 mai]] [[1897]] - Gênes, [[14 mars]] [[1962]] ), connue sous son seul prénom Giovanna, est une anarchiste italienne, femme de [[Camillo Berneri]] et mère de [[Marie Louise Berneri]] et de [[Giliana Berneri]].
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<ref>{{it}} [http://www.anarca-bolo.ch/a-rivista/296/55.htm Biographie dans le ''Dizionario Biografico degli Anarchici Italiani''].</ref>
<ref>[http://www.anarca-bolo.ch/a-rivista/296/55.htm Biographie dans le ''Dizionario Biografico degli Anarchici Italiani'']</ref>
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« Nous sommes radicalement révolutionnaires, aussi nous nous considérons comme des éducateurs. »<br>'''Giovanna Caleffi''', ''Società senza Stato'' (''Société sans État''), [[1946]].<ref name="ephe">[http://epheman.perso.neuf.fr/mai04.html#caleffi Éphéméride Anarchiste].</ref>
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« Nous sommes radicalement des révolutionnaires, même quand nous nous posons en éducateurs. »<br>'''Giovanna Caleffi''', ''Società senza Stato'' (''La Société sans État''), [[1946]].<ref>{{fr}} [http://epheman.perso.neuf.fr/mai04.html#caleffi Éphéméride Anarchiste].</ref>
  
 
==Biographie==
 
==Biographie==
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'''Giovannina Caleffi''' naît à Gualtieri (Émilie-Romagne) le [[4 mai]] [[1897]] dans une modeste famille d'agriculteurs. Elle est la fille de Giuseppe et Caterina Simonazzi, et a quatre frères.
 
'''Giovannina Caleffi''' naît à Gualtieri (Émilie-Romagne) le [[4 mai]] [[1897]] dans une modeste famille d'agriculteurs. Elle est la fille de Giuseppe et Caterina Simonazzi, et a quatre frères.
  
Elle naît à une époque où beaucoup de familles, à cause des énormes difficultés économiques dans lesquelles l'Italie est empêtrée, émigrent aux USA à la recherche d'une fortune nouvelle. Le père et le frère majeur de Giovanna partent s'installer à Pittsburgh, tandis que le reste de la famille demeure à Gualteri.
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Elle naît à une époque où beaucoup de familles, à cause des énormes difficultés économiques dans lesquelles l'Italie est empêtrée, émigrent aux USA à la recherche d'une fortune nouvelle. Le père et le frère majeur de Giovannina partent s'installer à Pittsburgh, tandis que le reste de la famille demeure à Gualteri.
  
 
===Le socialisme et la rencontre avec Camillo Berneri===
 
===Le socialisme et la rencontre avec Camillo Berneri===
 
Le père et le fils réussissent à trouver du travail aux USA, permettant à toute la famille de vivre sans trop de problèmes.
 
Le père et le fils réussissent à trouver du travail aux USA, permettant à toute la famille de vivre sans trop de problèmes.
  
Giovannina, que tout le monde appelle Giovanna, fréquente l'école primaire du village, puis en [[1914]] elle part pour Reggio d'Émilie pour finir ses études. Là-bas, elle commence à fréquenter les milieux socialistes et assiste à certaines conférences de [[Camillo Prampolini]] qui la convertit aux thèses [[socialisme|socialistes]]. Élève d''''[[Adalgisa Fochi]]''', écrivaine et conférencière dans les cercles [[féminisme|féministes]] socialistes, Giovanna, à 15 ans, s'éloigne de la foi catholique, ce qui n'est pas sans entraîner des disputes avec le reste de la famille.
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Giovannina, que tout le monde appelle '''Giovanna''', fréquente l'école primaire du village, puis en [[1914]] elle part pour Reggio d'Émilie pour finir ses études. Là-bas, elle commence à fréquenter les milieux socialistes et assiste à certaines conférences de [[Camillo Prampolini]] qui la convertit aux thèses [[socialisme|socialistes]]. Élève d''''[[Adalgisa Fochi]]''', écrivaine et conférencière dans les cercles [[féminisme|féministes]] socialistes, Giovanna, à 15 ans, s'éloigne de la foi catholique, ce qui n'est pas sans entraîner des disputes avec le reste de la famille.
  
Elle obtient le droit d'enseigner en [[1915]], et commence immédiatement à travailler dans l'école élémentaire de Santa Vittoria à Gualteri. L'année suivante, déjà titulaire, elle part enseigner à l'école élémentaire de Montecchio Emilia (Émilie-Romagne). La même année elle rencontre '''[[Camillo Berneri]]''', fils de [[Adalgisa Fochi]], à l'époque encore lycéen et militant à la [[Federazione Giovanile Socialista]] (Fédération des Jeunesses Socialistes), qu'il abandonne bientôt pour rejoindre l'[[anarchisme]]. Pour suivre [[Adalgisa Fochi|sa mère]], Camillo Berneri s'installe à Arrezo, où il est rejoint par Giovanna l'année suivante. Amoureux, ils se marient le [[4 novembre]] [[1917]] à Gualteri avec l'accord de leurs parents puisqu'ils sont encore mineurs.
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Elle obtient le droit d'enseigner en [[1915]], et commence immédiatement à travailler dans l'école élémentaire de Santa Vittoria à Gualteri. L'année suivante, déjà titulaire, elle part enseigner à l'école élémentaire de Montecchio Emilia (Émilie-Romagne). La même année elle rencontre '''[[Camillo Berneri]]''', fils de [[Adalgisa Fochi]], à l'époque encore lycéen et militant à la [[Federazione Giovanile Socialista]] (Fédération des Jeunesses Socialistes), qu'il abandonne bientôt pour rejoindre l''''[[anarchisme]]'''. Pour suivre [[Adalgisa Fochi|sa mère]], Camillo Berneri s'installe à Arrezo, où il est rejoint par Giovanna l'année suivante. Amoureux, ils se marient le [[4 novembre]] [[1917]] à Gualteri avec l'accord de leurs parents puisqu'ils sont encore mineurs.
  
Tandis que Camillo est appelé au front puis envoyé en prison, le [[1er mars|1<sup>er</sup> mars]] [[1918]] naît leur première fille, [[Marie Louise Berneri|Marie Louise]]. Leur seconde fille, [[Giliana Berneri|Giliana]], naît le [[5 octobre]] [[1919]], à Florence, où le couple a été transféré entre temps. Les deux deviendront des anarchistes importantes sur le plan national et international.
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Tandis que Camillo est appelé au front puis envoyé en prison, le [[1er mars|1<sup>er</sup> mars]] [[1918]] naît leur première fille, '''[[Marie Louise Berneri|Marie Louise]]'''. Leur seconde fille, '''[[Giliana Berneri|Giliana]]''', naît le [[5 octobre]] [[1919]], à Florence, où le couple a été transféré entre temps. Les deux deviendront des anarchistes importantes sur le plan national et international.
 
   
 
   
 
===L’anarchisme "non militant"===
 
===L’anarchisme "non militant"===
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« Elle n'est pas une anarchiste dans le sens d'une militante, mais elle accepte mes idées et les partagent en grande partie. »
 
« Elle n'est pas une anarchiste dans le sens d'une militante, mais elle accepte mes idées et les partagent en grande partie. »
  
Avec l'avènement du [[fascisme|régime fasciste]] en Italie, les ennuis commencent pour la famille Berneri-Caleffi : [[Camillo Berneri]] subit deux agressions, puis il refuse de jurer fidélité au régime - procédure obligatoire pour tous les professeurs (Camillo avait commencé à enseigner la philosophie à Camerino) - et est contraint à l'exil en avril [[1926]]. Au départ, Giovanna passe quelques mois près de la maison de [[Adalgisa Fochi|sa belle-mère]], puis le [[1er août|1<sup>er</sup> août]] réussit à rassembler toute la famille à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne, banlieue de Paris). Avec toutes les difficultés en [[1929]], par la faute de son prétendu ami Ermanno Menapace, en réalité un espion de l'OVRA (Organizzazione di Vigilanza e Repressione dell'Antifascismo, Organisation de vigilance et de répression de l'antifascisme, la police secrète du régime fasciste italien de Mussolini), Camillo Berneri subit une série d'arrestations et d'expulsions qui l'obligent à fuir de nouveau à travers l'Europe. Giovanna soutient son mari en écrivant des lettres à ses compagnons anarchistes et à l'avocat Paul De Bock de Bruxelles. Elle-même, en tant que femme de Camillo, est surveillée par la police. C'est en outre elle qui fait survivre la famille : en [[1933]], avec l'aide de sa sœur et sur les conseils de [[Louis Lecoin]], elle ouvre une droguerie (au 20 rue de Terre-Neuve), dans laquelle les anarchistes en fuite trouvent un refuge temporaire.
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Avec l'avènement du '''[[fascisme|régime fasciste]]''' en Italie, les ennuis commencent pour la famille Berneri-Caleffi : [[Camillo Berneri]] subit deux agressions, puis il refuse de jurer fidélité au régime - procédure obligatoire pour tous les professeurs (Camillo avait commencé à enseigner la philosophie à Camerino) - et est contraint à l'exil en avril [[1926]]. Au départ, Giovanna passe quelques mois près de la maison de [[Adalgisa Fochi|sa belle-mère]], puis le [[1er août|1<sup>er</sup> août]] elle réussit à rassembler toute la famille à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne, banlieue de Paris). Parmi d'autres difficultés, en [[1929]], par la faute de son prétendu ami Ermanno Menapace, en réalité un espion de l'OVRA (Organizzazione di Vigilanza e Repressione dell'Antifascismo, Organisation de vigilance et de répression de l'antifascisme, la police secrète du régime fasciste italien de Mussolini), Camillo Berneri subit une série d'arrestations et d'expulsions qui l'obligent à fuir de nouveau à travers l'Europe. Giovanna soutient son mari en écrivant des lettres à ses compagnons anarchistes et à l'avocat Paul De Bock de Bruxelles. Elle-même, en tant que femme de Camillo, est surveillée par la police. C'est en outre elle qui fait survivre la famille : en [[1933]], avec l'aide de sa sœur et sur les conseils de [[Louis Lecoin]], elle ouvre une droguerie (au 20 rue de Terre-Neuve), dans laquelle les anarchistes en fuite trouvent un refuge temporaire.
  
 
Le [[12 décembre]] [[1934]], alors qu'elle est toujours surveillée par la police, le Ministère de l'Intérieur français, suite aux contrôles de [[Maria Bibbi]], sœur de l'anarchiste [[Gino Bibbi]] et amie de Giovanna avec qui elle partage la gestion de la droguerie, demande des renseignements à la préfecture de Milan.
 
Le [[12 décembre]] [[1934]], alors qu'elle est toujours surveillée par la police, le Ministère de l'Intérieur français, suite aux contrôles de [[Maria Bibbi]], sœur de l'anarchiste [[Gino Bibbi]] et amie de Giovanna avec qui elle partage la gestion de la droguerie, demande des renseignements à la préfecture de Milan.
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===La mort de Camillo Berneri et le militantisme anarchiste===
 
===La mort de Camillo Berneri et le militantisme anarchiste===
  
Avec le début de la [[Révolution espagnole]] en [[1936]], [[Camillo Berneri]] part organiser les milices antifascistes et Giovanna se retrouve de nouveau seule à s'occuper de ses filles. Pendant la guerre, on doit prêt à mourir, mais Giovanna est loin d'imaginer que la mort de son mari sera due aux [[stalinisme|staliniens]]. Le [[5 mai]] [[1937]], à Barcelone, [[Camillo Berneri]] est assassiné avec [[Francesco Barbieri]] par les staliniens. Giovanna part en Espagne assister aux funérailles avec sa fille ainée [[Marie Louise Berneri|Marie Louise]].
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Avec le début de la '''[[Révolution espagnole]]''' en [[1936]], [[Camillo Berneri]] part organiser les milices antifascistes et Giovanna se retrouve de nouveau seule à s'occuper de ses filles. Pendant la guerre, on doit prêt à mourir, mais Giovanna est loin d'imaginer que la mort de son mari sera due aux [[stalinisme|staliniens]]. Le [[5 mai]] [[1937]], à Barcelone, [[Camillo Berneri]] est assassiné avec [[Francesco Barbieri]] par les staliniens. Giovanna part en Espagne assister aux funérailles avec sa fille ainée [[Marie Louise Berneri|Marie Louise]].
  
Profondément affectée par la mort de son mari, Giovanna commence à se lancer dans la propagande anarchiste et à défendre ses idées à travers une correspondance prolifique avec les anarchistes d'Amérique qui demandent son aide pour diverses initiatives. En [[1938]] elle publie ''Pensieri e Battaglie'' (''Pensées et Batailles''), dont la préface est signée par [[Emma Goldman]], un recueil d'écrits divers de son mari. Elle écrit des articles dans des journaux et revues anarchistes et plaide publiquement pour la mémoire de son mari. Elle publie aussi en [[1939]] un appel non signé en faveur des anarchistes expulsé(e)s de France et interné(e)s dans des camps de concentration. L'appel sera traduit et diffusé sous le nom de « ''Comité "C. Berneri"'' ».
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Profondément affectée par la mort de son mari, Giovanna commence à se lancer dans la propagande anarchiste et à défendre ses idées à travers une correspondance prolifique avec les anarchistes d'Amérique qui demandent son aide pour diverses initiatives. En [[1938]] elle publie ''Pensieri e Battaglie'' (''Pensées et Batailles''), dont la préface est signée par [[Emma Goldman]], un recueil d'écrits divers de son mari. Elle écrit des articles dans des journaux et revues anarchistes et plaide publiquement pour la mémoire de son mari. Elle publie aussi en [[1939]] un appel non signé en faveur des anarchistes expulsé(e)s de France et interné(e)s dans des camps de concentration. L'appel sera traduit et diffusé sous le nom du « ''Comité "C. Berneri"'' ».
  
Après le début de la Seconde Guerre Mondiale et l'occupation nazie, Giovanna est arrêtée et emprisonnée une première fois pendant trois mois à la prison de la Santé, sur ordre du régime fasciste, le [[28 octobre]] [[1940]]. Puis en février [[1941]], elle est déportée en Allemagne et y reste cinq mois avant d'être conduite en Autriche pour être confiée aux autorités anarchistes. Emprisonnée à Reggio Emilia et condamnée le [[25 août]] à un an d'emprisonnement à Lacedonia (Camapanie) pour « avoir développé à l'étranger une activité subversive qui présentait un élément dangereux pour les organisations politiques de l'État »<ref>« aver svolto all’estero attività sovversiva dimostrandosi elemento pericoloso per gli ordinamenti politici dello [[Stato]]. »</ref>. Une fois sa peine purgée, elle retourne à Gualtieri, mais on lui refuse un passeport français car elle est reconnue comme une anarchiste militante ; elle reste donc en Italie méridionale.  
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Après le début de la Seconde Guerre Mondiale et l'occupation nazie, Giovanna est arrêtée et emprisonnée une première fois pendant trois mois à la prison de la Santé, sur ordre du régime fasciste, le [[28 octobre]] [[1940]]. Puis en février [[1941]], elle est déportée en Allemagne et y reste cinq mois avant d'être conduite en Autriche pour être confiée aux autorités anarchistes. Emprisonnée à Reggio d'Émilie et condamnée le [[25 août]] à un an d'emprisonnement à Lacedonia (Camapanie) pour « avoir développé à l'étranger une activité subversive qui présentait un élément dangereux pour les organisations politiques de l'État »<ref>« aver svolto all’estero attività sovversiva dimostrandosi elemento pericoloso per gli ordinamenti politici dello Stato. »</ref>. Une fois sa peine purgée, elle retourne à Gualtieri, mais on lui refuse un passeport français car elle est reconnue comme une anarchiste militante ; elle reste donc en Italie méridionale.  
  
En [[1943]] elle rencontre [[Cesare Zaccaria]], un anarchiste et vieil ami de la famille, avec qui elle vit à partir de février [[1943]]. Avec pour exemple l'assassinat de son mari par des mains communistes, elle envoie aux anarchistes de la [[Federazione Comunista Libertaria]] (Fédération Communiste Libertaire) de Livourne une lettre (de Naples, le [[12 avril]] [[1945]]) dans laquelle elle invite à ne plus entretenir de rapports avec la section locale du "Comitato di Liberazione Nazionale" (Comité de Libération Nationale), en rappelant les destins tragiques des anarchistes lors la [[Révolution espagnole]] où beaucoup furent tués pas les staliniens.  
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En [[1943]] elle rencontre '''[[Cesare Zaccaria]]''', un anarchiste et vieil ami de la famille, avec qui elle vit à partir de février [[1943]]. Avec pour exemple l'assassinat de son mari par des mains communistes, elle envoie aux anarchistes de la [[Federazione Comunista Libertaria]] (Fédération Communiste Libertaire) de Livourne une lettre (de Naples, le [[12 avril]] [[1945]]) dans laquelle elle invite à ne plus entretenir de rapports avec la section locale du "Comitato di Liberazione Nazionale" (Comité de Libération Nationale), en rappelant les destins tragiques des anarchistes lors la [[Révolution espagnole]] où beaucoup furent tués pas les staliniens.  
  
 
===L'après-guerre===
 
===L'après-guerre===
  
Liberata l’[[Italia]] dal [[fascismo]], si attiva per la ricostituzione del movimento anarchico: stringe rapporti con [[Armido Abbate]] e [[Pio Turroni]], editori dei [[stampa anarchica|giornali]] clandestini «La Rivoluzione libertaria» ([[1944]]) e «[[Volontà]]». Quest'ultimo sarà trasformato poi in rivista in seguito alle delibere [[Congresso di Carrara (1945)]] e si avvarrà nel tempo di personalità del calibro di [[Ignazio Silone|Silone]], [[Albert Camus|Camus]], [[Gaetano Salvemini|Salvemini]] ecc.  
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Une fois l'Italie libérée du fascisme, Giovanna s'emploie à reconstruire le mouvement anarchiste italien : elle resserre les liens avec [[Armido Abbate]] et [[Pio Turroni]], éditeurs des journaux clandestins ''[[La Rivoluzione libertaria]]'' (''La Révolution libertaire'', [[1944]]) et '''''[[Volontà]]''''' (''Volonté''). Ce-dernier sera transformé en revue suite au [[Congrès de Carrare]] en [[1945]]. Y collaboreront des personnalités telles qu'[[Ignazio Silone]], [[Albert Camus]] ou [[Gaetano Salvemini]].
  
Giovanna contribuisce in maniera notevole alla [[Volontà|rivista]], dedicandovi gran parte del suo tempo e delle sue energie:
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Giovanna contribue de façon notable à la revue, en lui consacrant une grande part de son temps et de son énergie :  
: «Non si tratta di una rivista fatta da intellettuali, da gente colta, dalla penna facile per i quali lo scrivere è un piacere o una professione. «[[Volontà]]» è messa insieme, in generale, con il modesto contributo di lavoratori che sentono impellente il bisogno di esprimere la loro critica anarchica alla società ed agli avvenimenti attuali e di inserirvi le loro idee di rinnovamento sociale e di giustizia».  
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« Il ne s'agit pas d'une revue faite par des intellectuels, des gens cultivés, à la plume facile, qui écrivent par plaisir ou parce que c'est leur profession. ''Volontà'' est faite, en général, grâce à la modeste contribution des travailleurs qui ressentent le besoin impérieux d'exprimer leur critique anarchiste de la société et des événements actuels et de partager leur idée du renouveau social et de la justice. »<ref>« Non si tratta di una rivista fatta da intellettuali, da gente colta, dalla penna facile per i quali lo scrivere è un piacere o una professione. «''Volontà''» è messa insieme, in generale, con il modesto contributo di lavoratori che sentono impellente il bisogno di esprimere la loro critica anarchica alla società ed agli avvenimenti attuali e di inserirvi le loro idee di rinnovamento sociale e di giustizia. »</ref>
  
Nel settembre [[1945]] ([[15 settembre|15]]-[[19 settembre]]) partecipa con [[Cesare Zaccaria]] e la figlia [[Giliana Berneri|Giliana]], tutti delegati dell'[[Alleanza Gruppi Libertari Campani]], al congresso costitutivo della [[Federazione Anarchica Italiana]] <ref name="fai">[http://www.federazioneanarchica.org/archivio/1945.html Archivio FAI]</ref>. Cura anche le edizioni RL e la Collana Porro, editando inoltre pubblicazioni di [[Malatesta]], [[Volin]], [[Luigi Fabbri]], [[Carlo Doglio]], ecc. Scrive su varie [[stampa anarchica|riviste anarchiche]] e non: «[[Umanità Nova]]», «[[L’Adunata dei Refrattari]]», «Controcorrente» di Boston; «Il Mondo», «Il Lavoro nuovo» di Genova ecc. Pubblica la ''brochure'' ''Società senza Stato'' ([[1946]]) e poi, insieme a [[Cesare Zaccaria]], si batte in favore del [[neomalthusianesimo|controllo delle nascite]] diffondendo l’opuscolo ''Il controllo delle nascite (1948)'', contenente una raccolta di articoli apparsi nel [[1947]] su «Volontà», immediatamente sequestrato dalle [[autorità]]. I due sono processati per propaganda contro la procreazione ma vengono assolti entrambi con formula piena nel maggio del [[1950]].  
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En septembre [[1945]] (du [[15 septembre|15]] au [[19 septembre|19]]) Giovanna participe avec [[Cesare Zaccaria]] et sa fille [[Giliana Berneri|Giliana]], tous délégués de l'[[Alleanza Gruppi Libertari Campani]] (L'alliance des groupes libertaires de Campanie (région de Naples)), au Congrès constitutif de la [[Fédération Anarchiste Italienne]] (Federazione Anarchica Italiana<ref>{{it}} [http://www.federazioneanarchica.org/archivio/1945.html Archives de la FAI.]</ref>. Elle s'occupe aussi des éditions RL et la Collana Porro, éditant des publications de [[Malatesta]], [[Voline]], [[Luigi Fabbri]], [[Carlo Doglio]], etc. Elle écrit dans divers journaux anarchistes ou non : ''[[Umanità Nova]]'' (''Humanité Nouvelle''), ''[[L’Adunata dei Refrattari]]'' (''Le Rassemblement des Réfractaires''), ''Controcorrente'' (''Contre-courant'') de Boston, ''Il Mondo'', ''Il Lavoro nuovo'' (''Le travail nouveau'') de Gênes, etc. Elle publie aussi la brochure ''Società senza Stato'' (''La Société sans État'', [[1946]]) et, avec [[Cesare Zaccaria]], elle se bat en faveur du [[néo-malthusianisme|contrôle des naissances]] en fondant la brochure ''Il controllo delle nascite (1948)'' (''Le contrôle des naissances''') qui contient un recueil d'articles parus en [[1947]] dans ''Volontà'', immédiatement censurée par les autorités. Ils sont tous les deux accusés de propagande anti-procréation mais sont acquittés en mai [[1950]].  
  
Si impegna anche in alcune iniziative ludico-ricreative per i figli di genitori [[Personalità anarchiche|anarchici]]: nel biennio [[1948]]-[[1949|49]] si attiva per consentire ai bambini di «compagni del Sud» di andare in vacanza presso «famiglie del Nord Italia». Dal [[1951]], in ricordo della figlia [[Maria Luisa Berneri|Maria Luisa]] prematuramente scomparsa all’età di 31 anni, organizza a Paino di Sorrento una colonia estiva per i bambini\e figli di [[Personalità anarchiche|anarchici e anarchiche]] di tutte le nazionalità grazie alla casa privata messa a disposizione da [[Cesare Zaccaria]]. L’esperienza sarà interrotta momentaneamente nel [[1957]] a causa del deficit economico e soprattutto per via della fine del rapporto tra Giovanna e Cesare.  
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Elle mène aussi quelques intiatives ludo-récréatives pour les filles et fils d'anarchistes : pendant les années [[1948]] et [[1949]] elle s'active à permettre aux enfants des « compagnons du Sud » de partir en vacances auprès de « familles de l'Italie du Nord. » En [[1951]], en souvenir de sa fille [[Marie Louise Berneri]] morte prématurément à l'âge de 31 ans, elle organise à Paino di Sorrento (Campanie) une colonie d'été pour les filles et fils d'anarchistes de toute nationalité grâce à [[Cesare Zaccaria]] qui met à sa disposition sa maison. L'expérience sera momentanément interrompue en [[1957]] à cause d'un déficit et surtout à cause de la fin de la relation entre Giovanna et Cesare.
  
=== Il periodo genovese ===
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===La période génoise===
  
Nel [[1956]] Giovanna si stabilisce a Genova Nervi, dove vi trasferisce anche la sede amministrativa di «[[Volontà]]» e poi anche le strutture per la stampa. Nel numero del gennaio [[1959]] di «[[Volontà]]» compare la lettera di [[Cesare Zaccaria|Zaccaria]] che spiega il motivo del suo abbandono al movimento anarchico e alla [[stampa libertaria|rivista]], che nel frattempo veniva stampata a Nervi.  
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En [[1956]] Giovanna s'installe à Gênes, où est aussi transféré le siège administratif et les structures pour l'impression de ''[[Volontà]]''. Le numéro de janvier [[1959]] contient la lettre de [[Cesare Zaccaria|Zaccaria]] où il explique les raisons de son abandon du mouvement anarchiste et du journal, qui entretemps est maintenant imprimé à Nervi.
  
Nonostante tutto, Giovanna vorrebbe proseguire l’esperienza della colonia e si attiva per trovare dei finanziatori. Dopo vari tentativi alla fine riuscirà ad acquistare un terreno nella pineta di Ronchi (MS), a 700 metri dal mare, che le permetterà di far nascere la Comunità «Maria Luisa Berneri» e a cui peraltro si adopererà sino alla morte. Grazie a quattro persone che costituiscono un nuovo gruppo gestionale, la Colonia sopravvive per tre anni anche dopo che la figlia [[Giliana Berneri|Giliana]] decide di abbandonare l’attività anarchica.
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Malgré tout, Giovanna veut poursuivre l'expérience de la colonie et se démène pour trouver des financements. Après de nombreuses tentatives, elle réussit finalement à acquérir un terrain dans la pineraie de Ronchi (hameau de Massa, Toscane), à 700 mètres de la mer, où nait la '''Communauté « Maria Luisa Berneri »''' et à laquelle elle se consacrera jusqu'à sa mort. Ensuite, grâce à un nouveau groupe de dirigeants formé de quatre personne, dont sa fille [[Giliana Berneri]], la Colonie survivra pendant trois ans jusqu'à ce que Giliana décide d'abandonner l'activisme anarchiste.  
  
Ammalatasi gravemente, é accudita dall'anarchico e amico [[Aurelio Chessa]]. Proprio tra le braccia di Chessa, Giovanna Caleffi muore il [[14 marzo]] [[1962]] all'uscita dall’ospedale di Genova Nervi dove era stata ricoverata.
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Gravement malade, elle est aidée par son ami anarchiste [[Aurelio Chessa]]. '''Giovanna Caleffi''' meurt dans les bras de Chessa le [[14 mars]] [[1962]] à la sortie de l'hôpital de Gênes où elle était internée.  
  
== Opere ==
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==Anecdote==
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À la première conférence anarchiste d'après-guerre, à Paris en [[1948]], les délégations française, italienne et britannique contenaient chacune un membre de la famille Berneri : '''Giovanna''' représentait l'Italie, sa fille ainée '''[[Marie Louise Berneri]]''' la Grande-Bretagne et sa fille cadette '''[[Giliana Berneri]]'''.
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==Å’uvres==
 
=== Écrits de Giovanna Caleffi ===
 
=== Écrits de Giovanna Caleffi ===
*''Società senza stato'', Napoli, 1946;
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*''Società senza stato'' (''La Société sans État''), Naples, [[1946]].
*''Controllo delle nascite. Mezzi politici per avere figli solo quando si vogliono'', Milano 1955. <ref name="zaccaria">Queste opere sono state scritte da Giovanna Caleffi, indicata come G. Berneri, insieme a [[Cesare Zaccaria]]</ref>
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*''Controllo delle nascite. Mezzi politici per avere figli solo quando si vogliono'' (''Le contrôle des naissances. Moyen politique pour avoir des enfants seulement quand on le veut''), Milan, [[1955]].<ref>Cette œuvre est écrite par Giovanna Caleffi, sous le nom de G. Berneri, avec [[Cesare Zaccaria]].</ref>
  
 
===Écrits sur Giovanna Caleffi===
 
===Écrits sur Giovanna Caleffi===
*F. Montanari, ''Giovanna Caleffi'', «L’Almanacco», Reggio Emilia, n. 31, 1998;
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*F. Montanari, ''Giovanna Caleffi'', «L’Almanacco», Reggio Emilia, n° 31, [[1998]].
*[[Fiamma Chessa]], ''Italia: le donne di casa Berneri, Giovanna Caleffi'', «BAP», n. 12, 1999;
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*[[Fiamma Chessa]], ''Italia: le donne di casa Berneri, Giovanna Caleffi'', «BAP», n° 12, [[1999]].
*G. Boccolari, [[Fiamma Chessa|F. Chessa]], ''Storie di anarchici e anarchia'' – [http://www.archivioberneri.it/ L’Archivio Famiglia Berneri – Aurelio Chessa], catalogo della Mostra, Reggio Emilia, 11 mar.-9 apr. 2000.
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*G. Boccolari, [[Fiamma Chessa|F. Chessa]], ''Storie di anarchici e anarchia'' – [http://www.archivioberneri.it/ Archives Berneri–Chessa], catalogue de l'exposition, Reggio Emilia, 11 mar.-9 avr. [[2000]].
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==Sources et bibliographie==
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*{{fr}} [http://epheman.perso.neuf.fr/mai04.html#caleffi Éphéméride du 4 mai avec une biographie de Giovanna Caleffi].
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*{{it}}{{pdf}}[http://www.comune.re.it/biblioteche/berneri.nsf/4cde79c085bc5503c125684d0047d9a0/33f94405adb8eaffc12574dd002d7603/$FILE/pieCaleffi.pdf ''Giovanna Caleffi Berneri e la cultura  eretica di sinistra nel secondo dopoguerra'', fiche de présentation de la journée d'étude consacrée à Giovanna Caleffi].
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==Note==
 
==Note==
 
<references/>
 
<references/>
 
[[Catégorie:Anarchiste|Caleffi, Giovanna]]
 
[[Catégorie:Anarchiste|Caleffi, Giovanna]]
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[[it:Giovanna Caleffi]]

Revision as of 19:32, 13 March 2010

Giovannina Caleffi (Gualtieri (Émilie-Romagne), 4 mai 1897 - Gênes, 14 mars 1962 ), ou Giovanna, aussi appellée Giovanna Berneri du nom de son mari, est une anarchiste italienne, femme de Camillo Berneri et mère de Marie Louise Berneri et de Giliana Berneri. [1]

« Nous sommes radicalement des révolutionnaires, même quand nous nous posons en éducateurs. »
Giovanna Caleffi, Società senza Stato (La Société sans État), 1946.[2]

Biographie

Giovanna Caleffi avec ses filles Marie Louise (à sa droite) et Giliana.

Giovannina Caleffi naît à Gualtieri (Émilie-Romagne) le 4 mai 1897 dans une modeste famille d'agriculteurs. Elle est la fille de Giuseppe et Caterina Simonazzi, et a quatre frères.

Elle naît à une époque où beaucoup de familles, à cause des énormes difficultés économiques dans lesquelles l'Italie est empêtrée, émigrent aux USA à la recherche d'une fortune nouvelle. Le père et le frère majeur de Giovannina partent s'installer à Pittsburgh, tandis que le reste de la famille demeure à Gualteri.

Le socialisme et la rencontre avec Camillo Berneri

Le père et le fils réussissent à trouver du travail aux USA, permettant à toute la famille de vivre sans trop de problèmes.

Giovannina, que tout le monde appelle Giovanna, fréquente l'école primaire du village, puis en 1914 elle part pour Reggio d'Émilie pour finir ses études. Là-bas, elle commence à fréquenter les milieux socialistes et assiste à certaines conférences de Camillo Prampolini qui la convertit aux thèses socialistes. Élève d'Adalgisa Fochi, écrivaine et conférencière dans les cercles féministes socialistes, Giovanna, à 15 ans, s'éloigne de la foi catholique, ce qui n'est pas sans entraîner des disputes avec le reste de la famille.

Elle obtient le droit d'enseigner en 1915, et commence immédiatement à travailler dans l'école élémentaire de Santa Vittoria à Gualteri. L'année suivante, déjà titulaire, elle part enseigner à l'école élémentaire de Montecchio Emilia (Émilie-Romagne). La même année elle rencontre Camillo Berneri, fils de Adalgisa Fochi, à l'époque encore lycéen et militant à la Federazione Giovanile Socialista (Fédération des Jeunesses Socialistes), qu'il abandonne bientôt pour rejoindre l'anarchisme. Pour suivre sa mère, Camillo Berneri s'installe à Arrezo, où il est rejoint par Giovanna l'année suivante. Amoureux, ils se marient le 4 novembre 1917 à Gualteri avec l'accord de leurs parents puisqu'ils sont encore mineurs.

Tandis que Camillo est appelé au front puis envoyé en prison, le 1er mars 1918 naît leur première fille, Marie Louise. Leur seconde fille, Giliana, naît le 5 octobre 1919, à Florence, où le couple a été transféré entre temps. Les deux deviendront des anarchistes importantes sur le plan national et international.

L’anarchisme "non militant"

Camillo Berneri, mari de Giovanna.

À Florence, la maison des Berneri-Caleffi devient un lieu de rencontre pour les anarchistes et les antifascistes : Gaetano Salvemini, le promoteur du Cercle culturel florentin (par exemple Piero Calamandrei), Carlo et Nello Rosselli, Ernesto Rossi, Piero Jahier, etc.

Sa vie commune avec Camillo la pousse à se rapprocher de l'anarchisme, bien que ne puisse pas être considérée comme une militante active. Elle s'occupe principalement de ses filles. À son propos, Camillo dira à son ami Gaetano Salvemini : « Elle n'est pas une anarchiste dans le sens d'une militante, mais elle accepte mes idées et les partagent en grande partie. »

Avec l'avènement du régime fasciste en Italie, les ennuis commencent pour la famille Berneri-Caleffi : Camillo Berneri subit deux agressions, puis il refuse de jurer fidélité au régime - procédure obligatoire pour tous les professeurs (Camillo avait commencé à enseigner la philosophie à Camerino) - et est contraint à l'exil en avril 1926. Au départ, Giovanna passe quelques mois près de la maison de sa belle-mère, puis le 1er août elle réussit à rassembler toute la famille à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne, banlieue de Paris). Parmi d'autres difficultés, en 1929, par la faute de son prétendu ami Ermanno Menapace, en réalité un espion de l'OVRA (Organizzazione di Vigilanza e Repressione dell'Antifascismo, Organisation de vigilance et de répression de l'antifascisme, la police secrète du régime fasciste italien de Mussolini), Camillo Berneri subit une série d'arrestations et d'expulsions qui l'obligent à fuir de nouveau à travers l'Europe. Giovanna soutient son mari en écrivant des lettres à ses compagnons anarchistes et à l'avocat Paul De Bock de Bruxelles. Elle-même, en tant que femme de Camillo, est surveillée par la police. C'est en outre elle qui fait survivre la famille : en 1933, avec l'aide de sa sÅ“ur et sur les conseils de Louis Lecoin, elle ouvre une droguerie (au 20 rue de Terre-Neuve), dans laquelle les anarchistes en fuite trouvent un refuge temporaire.

Le 12 décembre 1934, alors qu'elle est toujours surveillée par la police, le Ministère de l'Intérieur français, suite aux contrôles de Maria Bibbi, sœur de l'anarchiste Gino Bibbi et amie de Giovanna avec qui elle partage la gestion de la droguerie, demande des renseignements à la préfecture de Milan.

La mort de Camillo Berneri et le militantisme anarchiste

Avec le début de la Révolution espagnole en 1936, Camillo Berneri part organiser les milices antifascistes et Giovanna se retrouve de nouveau seule à s'occuper de ses filles. Pendant la guerre, on doit prêt à mourir, mais Giovanna est loin d'imaginer que la mort de son mari sera due aux staliniens. Le 5 mai 1937, à Barcelone, Camillo Berneri est assassiné avec Francesco Barbieri par les staliniens. Giovanna part en Espagne assister aux funérailles avec sa fille ainée Marie Louise.

Profondément affectée par la mort de son mari, Giovanna commence à se lancer dans la propagande anarchiste et à défendre ses idées à travers une correspondance prolifique avec les anarchistes d'Amérique qui demandent son aide pour diverses initiatives. En 1938 elle publie Pensieri e Battaglie (Pensées et Batailles), dont la préface est signée par Emma Goldman, un recueil d'écrits divers de son mari. Elle écrit des articles dans des journaux et revues anarchistes et plaide publiquement pour la mémoire de son mari. Elle publie aussi en 1939 un appel non signé en faveur des anarchistes expulsé(e)s de France et interné(e)s dans des camps de concentration. L'appel sera traduit et diffusé sous le nom du « Comité "C. Berneri" ».

Après le début de la Seconde Guerre Mondiale et l'occupation nazie, Giovanna est arrêtée et emprisonnée une première fois pendant trois mois à la prison de la Santé, sur ordre du régime fasciste, le 28 octobre 1940. Puis en février 1941, elle est déportée en Allemagne et y reste cinq mois avant d'être conduite en Autriche pour être confiée aux autorités anarchistes. Emprisonnée à Reggio d'Émilie et condamnée le 25 août à un an d'emprisonnement à Lacedonia (Camapanie) pour « avoir développé à l'étranger une activité subversive qui présentait un élément dangereux pour les organisations politiques de l'État »[3]. Une fois sa peine purgée, elle retourne à Gualtieri, mais on lui refuse un passeport français car elle est reconnue comme une anarchiste militante ; elle reste donc en Italie méridionale.

En 1943 elle rencontre Cesare Zaccaria, un anarchiste et vieil ami de la famille, avec qui elle vit à partir de février 1943. Avec pour exemple l'assassinat de son mari par des mains communistes, elle envoie aux anarchistes de la Federazione Comunista Libertaria (Fédération Communiste Libertaire) de Livourne une lettre (de Naples, le 12 avril 1945) dans laquelle elle invite à ne plus entretenir de rapports avec la section locale du "Comitato di Liberazione Nazionale" (Comité de Libération Nationale), en rappelant les destins tragiques des anarchistes lors la Révolution espagnole où beaucoup furent tués pas les staliniens.

L'après-guerre

Une fois l'Italie libérée du fascisme, Giovanna s'emploie à reconstruire le mouvement anarchiste italien : elle resserre les liens avec Armido Abbate et Pio Turroni, éditeurs des journaux clandestins La Rivoluzione libertaria (La Révolution libertaire, 1944) et Volontà (Volonté). Ce-dernier sera transformé en revue suite au Congrès de Carrare en 1945. Y collaboreront des personnalités telles qu'Ignazio Silone, Albert Camus ou Gaetano Salvemini.

Giovanna contribue de façon notable à la revue, en lui consacrant une grande part de son temps et de son énergie : « Il ne s'agit pas d'une revue faite par des intellectuels, des gens cultivés, à la plume facile, qui écrivent par plaisir ou parce que c'est leur profession. Volontà est faite, en général, grâce à la modeste contribution des travailleurs qui ressentent le besoin impérieux d'exprimer leur critique anarchiste de la société et des événements actuels et de partager leur idée du renouveau social et de la justice. »[4]

En septembre 1945 (du 15 au 19) Giovanna participe avec Cesare Zaccaria et sa fille Giliana, tous délégués de l'Alleanza Gruppi Libertari Campani (L'alliance des groupes libertaires de Campanie (région de Naples)), au Congrès constitutif de la Fédération Anarchiste Italienne (Federazione Anarchica Italiana) [5]. Elle s'occupe aussi des éditions RL et la Collana Porro, éditant des publications de Malatesta, Voline, Luigi Fabbri, Carlo Doglio, etc. Elle écrit dans divers journaux anarchistes ou non : Umanità Nova (Humanité Nouvelle), L’Adunata dei Refrattari (Le Rassemblement des Réfractaires), Controcorrente (Contre-courant) de Boston, Il Mondo, Il Lavoro nuovo (Le travail nouveau) de Gênes, etc. Elle publie aussi la brochure Società senza Stato (La Société sans État, 1946) et, avec Cesare Zaccaria, elle se bat en faveur du contrôle des naissances en fondant la brochure Il controllo delle nascite (1948) (Le contrôle des naissances') qui contient un recueil d'articles parus en 1947 dans Volontà, immédiatement censurée par les autorités. Ils sont tous les deux accusés de propagande anti-procréation mais sont acquittés en mai 1950.

Elle mène aussi quelques intiatives ludo-récréatives pour les filles et fils d'anarchistes : pendant les années 1948 et 1949 elle s'active à permettre aux enfants des « compagnons du Sud » de partir en vacances auprès de « familles de l'Italie du Nord. » En 1951, en souvenir de sa fille Marie Louise Berneri morte prématurément à l'âge de 31 ans, elle organise à Paino di Sorrento (Campanie) une colonie d'été pour les filles et fils d'anarchistes de toute nationalité grâce à Cesare Zaccaria qui met à sa disposition sa maison. L'expérience sera momentanément interrompue en 1957 à cause d'un déficit et surtout à cause de la fin de la relation entre Giovanna et Cesare.

La période génoise

En 1956 Giovanna s'installe à Gênes, où est aussi transféré le siège administratif et les structures pour l'impression de Volontà. Le numéro de janvier 1959 contient la lettre de Zaccaria où il explique les raisons de son abandon du mouvement anarchiste et du journal, qui entretemps est maintenant imprimé à Nervi.

Malgré tout, Giovanna veut poursuivre l'expérience de la colonie et se démène pour trouver des financements. Après de nombreuses tentatives, elle réussit finalement à acquérir un terrain dans la pineraie de Ronchi (hameau de Massa, Toscane), à 700 mètres de la mer, où nait la Communauté « Maria Luisa Berneri » et à laquelle elle se consacrera jusqu'à sa mort. Ensuite, grâce à un nouveau groupe de dirigeants formé de quatre personne, dont sa fille Giliana Berneri, la Colonie survivra pendant trois ans jusqu'à ce que Giliana décide d'abandonner l'activisme anarchiste.

Gravement malade, elle est aidée par son ami anarchiste Aurelio Chessa. Giovanna Caleffi meurt dans les bras de Chessa le 14 mars 1962 à la sortie de l'hôpital de Gênes où elle était internée.

Anecdote

À la première conférence anarchiste d'après-guerre, à Paris en 1948, les délégations française, italienne et britannique contenaient chacune un membre de la famille Berneri : Giovanna représentait l'Italie, sa fille ainée Marie Louise Berneri la Grande-Bretagne et sa fille cadette Giliana Berneri.

Å’uvres

Écrits de Giovanna Caleffi

  • Società senza stato (La Société sans État), Naples, 1946.
  • Controllo delle nascite. Mezzi politici per avere figli solo quando si vogliono (Le contrôle des naissances. Moyen politique pour avoir des enfants seulement quand on le veut), Milan, 1955.[6]

Écrits sur Giovanna Caleffi

  • F. Montanari, Giovanna Caleffi, «L’Almanacco», Reggio Emilia, n° 31, 1998.
  • Fiamma Chessa, Italia: le donne di casa Berneri, Giovanna Caleffi, «BAP», n° 12, 1999.
  • G. Boccolari, F. Chessa, Storie di anarchici e anarchia – Archives Berneri–Chessa, catalogue de l'exposition, Reggio Emilia, 11 mar.-9 avr. 2000.

Sources et bibliographie

Note

  1. (it) Biographie dans le Dizionario Biografico degli Anarchici Italiani.
  2. (fr) Éphéméride Anarchiste.
  3. « aver svolto all’estero attività sovversiva dimostrandosi elemento pericoloso per gli ordinamenti politici dello Stato. »
  4. « Non si tratta di una rivista fatta da intellettuali, da gente colta, dalla penna facile per i quali lo scrivere è un piacere o una professione. «Volontà» è messa insieme, in generale, con il modesto contributo di lavoratori che sentono impellente il bisogno di esprimere la loro critica anarchica alla società ed agli avvenimenti attuali e di inserirvi le loro idee di rinnovamento sociale e di giustizia. »
  5. (it) Archives de la FAI.
  6. Cette œuvre est écrite par Giovanna Caleffi, sous le nom de G. Berneri, avec Cesare Zaccaria.

Caleffi, Giovanna