Talk:Amour libre

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Revision as of 04:23, 28 October 2005 by Anne Archet (Talk | contribs) (Proposition de plan pour l'article)

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En fait, j'ai modifié cet article qui faisait un redirect ou une présentation du Polyamour (suite à la page de discussion de polyamour), mais l'amour libre n'est pas le polyamour, je pense aussi qu'il ne faut pas confondre ses deux terminaisons. Libre 27 oct 2005 à 18:21 (UTC)

Je sais bien, mais sur wikipedia il re-dirige amour libre sur la page polyamour. C'est sur que ça n'a pas grand chose à voir. Faudrait en fait refaire un truc de A à Z. merzok 27 oct 2005 à 19:23 (UTC)

En effet. Si ça ne vous dérange pas trop, j'aimerais bien rédiger cet article, puisque c'est un de mes champs d'intérêt et de réflexion. Anne Archet 27 oct 2005 à 20:00 (UTC)

Si tu as besoins d'un coups de mains nous pourrions travailler l'article à plusieurs dans les discutions et en sortir l'article ?

Autrement il y a quelques textes assez intéressant sur le sujet dans les pages d'infokiosques.net merzok 27 oct 2005 à 20:20 (UTC)

Je vais vous faire un petit plan de travail d'ici demain et je le posterai ici. Vous me direz ce que vous en pensez... ! Anne Archet 28 oct 2005 à 00:25 (UTC)

Proposition de plan pour l'article

(par Anne Archet)

Évidemment, ceci n'est qu'une ébauche rapide. Je l'illusterai d'exemples plus précis. Et surtout, je renverrai vers d'autres articles portant sur le polyamour, la pornographie, la prostitution, l'homosexualité, la bisexualité, les communes sexuelles, etc.

1. Définition

  • Amour libre : principal concept anarchiste en ce qui concerne la sexualité et sa régulation sociale.
  • A eu historiquement plusieurs significations : tolérance sexuelle, libre expression des pulsions, libération du patriarcat, contraception libre, camaraderie amoureuse et polyanmour, etc.

2. Les anarchistes et la sexualité – remarques générales

  • La plupart des fondateurs de l’anarchisme sont très conventionnels en ce qui concerne la sexualité. En particulier Proudhon (qui était TRÈS mysogyne et conservateur en ce qui concerne la sexualité), Bakounine (qui évite le sujet et dont la vie personnelle à ce chapitre est ambigue) et Kropotkine (qui prévoit une redistribution des tâches domestiques mais ne remet pas réellement en cause la famille patriarcale)
  • Encore aujourd’hui, la sexualité est peu discutée dans les milieux anarchistes
  • De façon générale, les anarchistes partagent avec les courants de gauche un puritanisme sexuel assez marqué (ex: les anars espagnols faisant la chasse aux prostituées en 1936)
  • La réflexion sur la sexualité a surtout été le fait des anarchistes individualistes
  • Et même dans leur cas, ils ont souvent été à la remorque du freudo-marxisme (ex : Reich)
  • La réflexion anarchiste ne fait que timidement assimiler les apports théoriques récents du féminisme et du post-féminisme, ainsi que des théories post-structuralistes (Foucault)

3. L’approche pluraliste

  • Initialement, l’amour libre a été compris par les anars dans une optique essentialiste et pluraliste. Y adhèrent les anarchistes individualistes américains du XIXe siècle comme Tucker et Spooner.
  • Essentialiste : approche selon laquelle la sexualité est une force biologique qui influence non seulement l’individu mais également la vie sociale. La sexualité serait un instinct inné chez l’animal humain, qui façonne ses institutions sociales.
  • L’approche pluraliste de la régulation de la sexualité est libérale de nature
  • L’amour libre dans sa version pluraliste critique le concept de vice hérité de la morale judéo-chrétienne et insiste sur la séparation de la sphère privée et publique. Par exemple, Havelock Ellis insiste pour dire que la question n’est pas de savoir si tel ou tel comportement est pervers ou non, mais plutôt s’il est nuisible pour les autres.
  • L’accent est donc mis sur le respect des droits individuels, dont la limite est le droits des autres individus.
  • Évidamment, cette approche peut être critiquée de diverses manières.
    • Elle ne s'intéresse pas aux institutions sociales qui encadrent la société.
    • Elle se base sur des concepts de «vie privée» et «vie publique» rigoureusement sparées, alors que cette séparation est une construction sociale historiquement datée.
    • Et surtout, elle ne comprend pas que les comportements sexuels ne sont pas uniquement biologiques mais sont grandement conditionnés par des influences sociales.

4. L’approche libertaire

  • L'approche libertaire est celle adoptée et développée par les anarchistes individualistes du début du XXe siècle comme Emma Goldman ou E. Armand, ainsi que par les freudo marxistes W. Reich et H. Marcuse, le socialiste utopique C, Fourrier et le pédagogue libertaire A.S. Neil.
  • Comme l'approche pluraliste, l'approche libertaire est essentialiste - la sexualité est comprise comme une pulsion biologique qui se situe donc à l'intérieur de l'individue et donc à l'extérieur du champ social.
  • L'approche libertaire est à contre pied de l'approche absolutiste de la régulation de la société (issue de la morale judéo-chrétienne), pour qui la sexualité et son expression est un mal qui menace la société.
  • Ainsi, pour les libertaires, la sexualité est au contraire une pulsion saine et positive qu'on ne doit pas brimer.
  • La répression sociale de la sexualité empêche ainsi l'expression de la nature profonde de l'individu. Elle est donc néfaste et est la principale, si ce n'est la seul source des comportements malsains et déviants. Dans sa Psychologie de masse du fascisme, Reich va même mettre la montée du nazisme dans l'Allemagne des années vingt sur le compte de la frustration sexuelle des Allemands.
  • Les libertaires en matière de sexualité critiquent donc l'ensemble des institutions sociales, étatiques et religieuses qui encadrent la libre expression de la sexualité humaine, en premier chef le mariage et la famille patriarcale, ainsi que la censure et l'interdiction légale des comportements sexuels ne menant pas à la procréation (contraception, avortement...)
  • L'approche libertaire est celle qui accompagna la révolution sexuelle en Occident pendant les années soixante et soixante-dix.
  • Elle fait toutefois l'objet de critiques de la part des féministes radicales à partir du milieu des années 70, pour qui sa principale faille est d'être essentialiste.
    • Elle finit par devenir une célébration des toutes les manifestations du désir, même celles qui mènent à la domination et à l'exploitation de l'autre.
    • En faisant de la sexualité un fait naturel, elle néglige d'aborder les pratiques qui ne sont pas liées à la fonction biologique de reproduction (comme l'homosexualité)
    • Elle finit souvent par devenir phallocentrique, liée presque exclusivement à une conception traditionnelle de la sexualité masculine. En fait, il y a paradoxalement un aspect très conservateur à l'approche libertaire, qui veut libérer les pratiques sexuelles telles qu'elles existent dans l'ordre établi, tout en négligeant pour l'essentiel de définir et de construire de nouvelles valeurs sexuelles.

5. L’approche pluraliste radicale

  • L'approche pluraliste radicale est non-essentialiste. Elle est l'héritière des travaux de théoriciens comme M. Foucault, J.H Gagnon, William Simon, Kenneth Plummer et Julieth Mitchell.
  • Selon cette approche, la sexualité est socialement construite et organisée. Son sens et ses normes sont intimement liées aux structures de la société.
  • La structuration sociale de la sexualité implique donc une influence de des définitions de la culture, des rôles sexuels, des classes sociales, des divisions raciales et ethniques sur le comportement sexuel individuel.
    • Par exemple, pour les anthropologues Ellen Ross et Rayna Rapp, la socialisation sexuelle est aussi spécifique aux différentes cultures que les rituels religieux, l'habillement ou la cuisine.
  • Selon cette approche, on ne peut donc pas aborder la sexualité de façon dichotomique, en ne considérant que le doublon répression-libération. On doit également abandonner l'idée qu'une vérité immanente se trouve dans la sexualité.
  • La première tâche des anarchistes prônant l'amour libre serait donc d'explorer la complexité de la sexualité dans ses aspects biologiques, psychologiques et sociaux. La seconde consiste en l'élaboration de nouveaux modes d'interaction et d'association amoureuse basés sur une sensibilité à la nature sociale de l'identité sexualle, des critères du choix sexuel, du sens du plaisir et du consentement, et des relations entre la sexualité et le pouvoir.
  • L'approche pluraliste radicale ne se donne toutefois pas comme but de construire une utopie sexuelle à l'extérieur de l'histoire et de la société actuelle, puisque c'est l'histoire et la société actuelle qui donne un sens à la sexualité.
  • L'approche pluraliste est radicale en ce sens qu'elle propose la diversité plutôt que l'uniformité des sexualités, et est sensible à la réalité que la nature humaine est historique, les individus ont différentes histoires, et par conséquences différents besoins.
  • Puisque les relations sociales de pouvoir s'expriment dans la société, il faut veiller à libérer les structures sociales pour libérer la sexualité.