Bertrand Russell

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Bertrand Arthur William Russell (18 mai 1872, Tellek, Monmouthshire - 2 février 1970, près de Penrhyndeudraeth, Pays de Galles), 3e comte Russell, fut un épistémologue, un mathématicien, un logicien, un philosophe et un moraliste britannique. Considéré comme l'un des plus importants philosophes du XXème siècle, il popularisa la philosophie, fut un polémiste et un militant de gauche proche du socialisme de tendance libertaire.

Il organisa le tribunal Sartre-Russell contre les crimes survenus pendant la guerre du Viêt Nam. Il reçut le prix Nobel de littérature en 1950 pour l'ensemble de son œuvre, en particulier pour son engagement humaniste et comme libre penseur.

Biographie[edit]

Bertrand Russell, second fils du vicomte Amberley, naquit le 18 mai 1872 à Trellech, dans le Monmouthshire, au Pays de Galles.

Il perdit sa mère et sa sœur en 1875, puis son père en 1876. Son grand-père, John Russell, le premier comte Russell, deuxième fils du 6ème duc de Bedford (ancien premier ministre du Royaume-Uni dans les années 1840 et 1860) et sa grand-mère (née Lady Frances Elliot), tous deux victoriens rigoristes, obtinrent sa garde ainsi que celle de son frère aîné John Francis Stanley.

Après le décès de leur grand-père en 1878, les deux frères sont élevés par leur grand mère lady Russell, dans une atmosphère religieuse et répressive. C'est son frère, John Francis, qui succède au titre de comte Russell. Bertrand est un adolescent solitaire, aux pulsions suicidaires, éduqué à la maison par des précepteurs et passant de nombreuses heures dans la bibliothèque de feu Lord Russell. Son frère lui fait découvrir les Éléments d'Euclide, ce qu'il vit comme une illumination.

En 1890, il entre au Trinity College à l'Université de Cambridge, où il étudie les mathématiques et les sciences morales.

En 1894, il épouse Alys Pearsall Smith, une quaker américaine, contre l'avis de sa grand-mère.

À partir de 1896, il mène une carrière scientifique, rencontrant Giuseppe Peano et correspondant avec Friedrich Ludwig Gottlob Frege. En 1901, il formule le paradoxe de Russell en rédigeant The principles of mathematics (publié en 1903). En 1908, il est élu à la Royal Society. En 1911, il rencontre Ludwig Wittgenstein, ce qui fut l'une des rencontres les plus déterminantes de son existence philosophique.

En 1910 paraît le premier volume de son œuvre maîtresse du point de vue de la logique, les Principia Mathematica, écrits en collaboration avec Alfred North Whitehead. Suivront deux autres volumes parus respectivement en 1912 et 1913.

Durant la Première Guerre mondiale, ses activités pacifistes le font renvoyer du Trinity College en 1916 après qu'il eut été condamné suivant Defence of the Realm Act. Il sera même condamné à purger une peine de six mois dans la prison de Brixton en 1918.

En 1920, il fait partie d'une délégation britannique officielle en Russie, puis il va donner des cours à Pékin, accompagné de sa maîtresse Dora Blake. Il souffrit en Chine d'une grave pneumonie, si bien que des journaux japonais annoncèrent à tort sa mort. Lorsqu'il visita le Japon avant de retourner au Royaume-Uni, il fit dire par Miss Blake aux journalistes que "M. Bertrand Russell, étant mort selon la presse japonaise, n'est pas en mesure de donner d'interview aux journalistes japonais".

En 1921, à leur retour au Royaume-Uni, Miss Blake est enceinte de cinq mois, si bien que Bertrand Russell divorce précipitamment d'Alys Pearsall Smith pour l'épouser. Ils auront deux enfants, John Conrad (le futur quatrième comte Russell) et Katharine Jane (plus tard Lady Katharine Tait). À cette époque, Russell écrit des livres et fonde avec Dora une école expérimentale, la Beacon Hill School, en 1927.

En 1931, suite à la mort de son frère, il devient le troisième comte Russell.

Son mariage avec Dora Blake battait de l'aile, et ils finissent par divorcer lorsqu'elle eut deux enfants d'un journaliste américain, Griffin Barry. En 1936, Lord Russell épouse Patricia Spence (surnommée "Peter"), qui était la gouvernante de ses enfants depuis 1930. Ils eurent un fils, Conrad Sebastian Robert, le futur cinquième comte Russell, célèbre historien et homme politique britannique.

À partir de 1939, il alla donner des cours aux États-Unis, mais fut destitué sous le prétexte que ses opinions radicales le rendaient "moralement inadapté" à enseigner.

En 1944, il regagna le Royaume-Uni pour enseigner à nouveau au Trinity College. En 1949, il reçut l'Order of Merit, et en 1950 le prix Nobel de Littérature.

Sa femme Patricia Spence, obtint le divorce en 1952, et il épousa peu après Edith Finch, avec qui il vécut jusqu’à sa mort.

Durant les années 1950 et 1960, il s'engagea dans diverses causes politiques, essentiellement pour le désarmement nucléaire et contre la Guerre du Viêt-Nam, prenant vigoureusement position contre la politique du gouvernement des États-Unis.

Il publia à la fin des années 1960 son autobiographie en trois volumes, et mourut en 1970 dans sa résidence de Plas Penrhuyn, à Penrhyndeydraeth, Merioneth, dans le Pays de Galles.

Russell militant[edit]

Militantisme « pacifiste »[edit]

Pacifiste, Russell s'est opposé à la participation britannique à la Première Guerre mondiale ce qui lui a valu la perte de son poste de professeur à l'Université de Cambridge ainsi que six mois de prison où il a pu écrire Introduction à la philosophie mathématique. Peu avant la Seconde Guerre mondiale, Russell défendait une politique de paix bien qu'il admît plus tard comme l'avait déjà exprimé Gandhi qu'Hitler devait être combattu. Il était plutôt pacifique que pacifiste, admettant que la guerre peut représenter un moindre mal dans certaines circonstances.

Il prend position en faveur d'Albert Einstein lorsque ce dernier est violemment attaqué par les MacCarthistes. Il écrit au The New York Times, qui vient de fustiger Einstein dans un de ses éditoriaux, en ces termes : « Vous semblez affirmer qu'on doit toujours obéir à la loi, aussi mauvaise qu'elle soit. Je ne peux pas croire que vous ayez réalisé ce que cette position implique. Condamnez-vous les martyrs chrétiens qui refusèrent de se soumettre à l'empereur, ou encore John Brown ? Non, mieux, je pense que vous vouez aux gémonies George Washington et militez pour que votre pays refasse allégeance à sa gracieuse majesté Élizabeth II. En tant que loyal sujet britannique, je ne peux qu'approuver votre point de vue ; mais j'ai peur qu'il n'obtienne que peu d'écho chez vous. »


Pendant les années 1950, Russell s'est opposé aux armes nucléaires en signant un manifeste avec Albert Einstein et Joseph Rotblat et en animant des conférences. Il en fut emprisonné en 1961. Il milita aussi contre la guerre du Viêt Nam avec Jean-Paul Sartre en organisant un tribunal jugeant les "crimes de guerre de l'armée américaine" (ce nom lui fut reproché, un tribunal devant en principe se poser comme neutre tant que l'instruction n'est pas achevée).

Engagement libre-penseur[edit]

Russell a écrit contre la morale victorienne, en particulier pour la sexualité libre : ce qui lui a coûté de vigoureuses dénonciations aux États-Unis. Il était d'ailleurs bon vivant.

Il se déclarait philosophiquement agnostique et en pratique athée. Il considérait le dieu chrétien comme les dieux grecs : il ne peut pas prouver leur existence mais il est fortement convaincu de leur inexistence.

Cependant, il a écrit: "Si vous ne partez pas du principe qu'il y a un Dieu, la vie n'a aucun sens"

Quelques polémistes lui ont reproché d'avoir un penchant gnostique [1]. En effet, on lui attribue la phrase You could, of course, if you liked, say that there was a superior deity who gave orders to the God that made this world, or could take up the line that some of the gnostics took up -- a line which I often thought was a very plausible one -- that as a matter of fact this world that we know was made by the devil at a moment when God was not looking. There is a good deal to be said for that, and I am not concerned to refute it.

Citations[edit]

  • « Si je recevais la toute-puissance, avec des millions d'années pour expérimenter, je ne penserais pas à me vanter de l'Homme comme résultat de mes efforts. »
Science et religion
  • « N'y a t-il pas quelque chose d'un peu grotesque dans le spectacle d'êtres humains tenant un miroir devant eux, et trouvant ce qu'ils y voient assez parfait pour démontrer qu'un Dessein Cosmique y tendait dès l'origine? »
Science et religion, à la fin du chapitre sur le Dessein Cosmique
  • « J'ai un jour reçu une lettre d'une éminente logicienne, Mme Christine Ladd Franklin, disant qu'elle était solipsiste et qu'elle était surprise qu'il y en eût si peu d'autres. »
Human knowledge: its scope and limits
  • « Les mathématiques sont la science dans laquelle on ne sait jamais de quoi on parle ni si ce que l'on dit est vrai. »
ABC de la relativité
  • « La religion chrétienne a été et est encore le plus grand ennemi du progrès moral dans le monde. »