Charles Fourier

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Charles Fourier

Charles Fourier (1772-1837): sa vie[edit]

Charles Fourier né en 1772, à Besançon

(sa maison natale se situe à l'angle des rues Moncey et Grande-Rue), mort en 1837, est un philosophe français considéré comme socialiste utopique.

Son père, un notable de la ville, marchand de draps aisés, et sa mère, une littéraire romantique ne s'entendaient pas. Elle préféra garder son fils auprès d'elle, de sorte qu'il ne fit jamais d'études dignes de ce nom. La mère et le fils, autodidactes, passaient d'un sujet à l'autre au gré de leur fantaisie et lui reconnaissait qu'il ignorait tout du grec et du latin... Enthousiaste, il s'engagea en 1793 dans les armées de la Révolution mais pour être aussitôt réformé en 1793. Malgré son aversion pour le commerce en particulier et le libéralisme en général, il travailla comme employé de commerce à Lyon, puis à Paris en 1826.

Il pose en 1808 les bases d'une réflexion sur une société communautaire dans son ouvrage Théories des quatre mouvements et des destinées générales, qu’il poursuit dans Le nouveau monde industriel et sociétaire (1829).

Le Phalanstère[edit]

Il constitue l'École sociétaire avec autour de lui : Juste Muiron, Clarisse Vigoureux, Jean-Baptiste André Godin notamment. Cette école publiera le Phalanstère, périodique où ils exposent leurs idéaux.

La quête de Fourier est celle d’une harmonie humaine. Parti à sa recherche, pour la trouver, il théorise, théorise beaucoup et en arrive à classer chaque type d’homme et chaque type de femme en 810 catégories exactement. Ces catégories correspondent à autant de passions, sous-passions, sous-sous-passions, etc. différentes. Sur cette base de 1620 caractères, il jette l’organisation des phalanstères composés, comme il se doit, d’autant de personnes.

Selon Fourier, le travail doit être attractif. De fait, chaque personne au sein du phalanstère œuvre selon ses affinités, tout en accordant une place particulière à l’agriculture, ainsi qu’aux arts et aux sciences.

Il pose ainsi les premières bases d'une réflexion critique portant sur la société industrielle naissante et ses défauts les plus criants. Pour lui, pour faire cesser les vices de la société, il faut créer des attractions, attirance des hommes pour le travail, la vertu. Il propose donc, après mûrs calculs et réflexions, ces sociétés idéales, de 1620 individus des deux sexes (810 hommes et 810 femmes exactement), nommées phalanstères ou chacun est employé selon ses goûts et capacités, dans des séries (on parle de société sériaire).

De plus, il y promeut par plusieurs idées, dont la création de crèches, l'une des premières tentatives de libération de la femme. Convaincu par son utopie, il tente de la faire réaliser par quelques mécènes fortunés, mais n’y parvient pas de son vivant. Après sa mort, quelques tentatives de création de phalanstères ont bien lieu, mais — à part le Familistère toutes faillissent du fait de querelles internes. De toute façon, aucune n'approche le bonheur promis par le théoricien socialiste.

Critiques:[edit]

Fourier, s'il glisse parfois dans une classification exagérée, cherche-t-il (au minimum) à rendre le travail attrayant. Pour ce faire, il voulait réaliser une «  phalange d’essai » pour prouver la viabilité du système. Cependant, faute de capitaux, il n’a jamais pu concrétiser son projet lui-même : plusieurs de ses disciples le tentent à sa place, entre 1830 et 1850.

Quoiqu'il en soit, par sa réflexion sur l’organisation du travail, sur les relations entre les sexes, entre l’individu et la société, ... il apparaît comme un précurseur et du socialisme et du féminisme français.

Pour les premiers marxistes qui prônaient eux, au contraire, « la communauté des femmes », "utopiste" ou "fourieriste", devient vite une injure grave, aussi grave que capitaliste (ce qui n'est pas peu dire).

Ses principaux disciples[edit]

Les réalisations[edit]

Donc, et bien que taxé d'utopiste par Engels, sa pensée fut néanmoins mise en application, par plusieurs de ses disciples, entre 1830 et 1850. avec plus ou moins de réussite, en France, en Algérie, au Brésil et au Texas.

Notes et anecdotes[edit]

En tête à tête avec lui-même[edit]

De 1825 à 1835, Charles Fourier conviait tous les jeudis d'éventuels mécènes à dîner avec lui, pour leur exposer son projet de phalanstère et les convaincre de le financer. Attendant désespérément un riche industriel aussi fortuné qu'enthousiaste, il dîna finalement seul tous ces jeudis pendant dix ans...

La quatrième pomme[edit]

Un soir, Fourier voit dans un grand restaurant parisien un client (pour la légende : Brillat-Savarin, le célèbre gastronome) payer une pomme 14 sous, alors que le matin-même à Rouen, ville qu'il vient de quitter, il venait d'en acheter une pour le centième de cette somme ! Pour Fourier, une telle distorsion dans les prix est totalement injustifiée et condamne toute société fondée sur l'échange tarifé et la concurrence.

Mais grand théoricien, il conclut sa démonstration en affirmant que quatre pommes marqueront l'histoire de l'Humanité :

celle qu'Ève offrit à Adam,
celle que Pâris offrit à Vénus,
celle que Newton prit sur la tête en dormant,
et celle de Fourier qui venait de lui révéler l'ampleur de l'imposture commerciale!

Son œuvre écrite[edit]

Théorie des quatre mouvements et des destinées générales[edit]

Son premier traité, qui paraît en 1808, demeure comme son Å“uvre sinon maîtresse, tout au moins, la plus travaillée. Il y classe les douze passions en trois catégories :

  • cinq sensuelles, correspondant aux cinq sens ;
  • quatre affectives, amitié, amour, paternité, ambition ;
  • trois distributives, cabaliste ou goût de l’intrigue, composite ou plaisir des sens et de l’âme, papillonne ou goût du changement.

Son projet : grouper les individus en fonction de celles-ci pour obtenir l’Harmonie. Il est favorable au retour à la terre, notamment par le biais des phalanstères, associations de production et de consommation fondées sur la copropriété et la cogestion. Il imagine un palais en forme d’étoile comprenant des galeries marchandes couvertes, des salles à manger, une bibliothèque, un temple pour accueillir 1620 personnes dont les 7/8e sont des cultivateurs ou des artisans tandis que le 1/8e restant correspond aux artistes et aux savants.

Les enfants sont élevés en commun, l’éducation conjugue théorie et pratique.
Chaque membre — connaissant 20 métiers — en pratiquera cinq ou six par jour (?!).
Les habitants seront rassemblés en fonction de leur passion dominante et l’attraction passionnelle, et non pas la raison. Ce sera le moteur de cette société.

Théorie des quatre mouvements, quelques extraits[edit]

Le peuple a besoin qu'on l'éblouisse et non pas qu'on l'éclaire.
On commence par dire : cela est impossible pour se dispenser de le tenter, et cela devient impossible, en effet, parce qu'on ne le tente pas.
Toute passion engorgée produit sa contre-passion qui est aussi malfaisante que la passion naturelle aurait été bienfaisante.
Le bonheur consiste à avoir beaucoup de passions et beaucoup de moyens de les satisfaire.
Le mariage est le tombeau de la femme, le principe de toute servitude féminine.
Ce ne sont pas les plaisirs qui sont malfaisants, mais seulement la rareté des plaisirs, d'où naît l'excès.
Le bonheur de l'homme, en amour, se proportionne à la liberté dont jouissent les femmes.
Comment la femme pourrait-elle échapper à ses « penchants serviles et perfides » quand l'éducation l'a façonnée dès l'enfance à étouffer son caractère pour se plier à celui du premier venu que le hasard, l'intrigue ou l'avarice lui choisiront pour époux ?
La fidélité est contraire à la nature humaine.
Le mariage semble inventé pour récompenser les pervers.
Si vos sciences dictées par la sagesse n'ont servi qu'à perpétuer l'indigence et les déchirements, donnez-nous plutôt des sciences dictées par la folie, pourvu qu'elles calment les fureurs, qu'elles soulagent les misères des peuples.

Autres Å“uvres[edit]

Ecrivain prolifique, il publie ensuite le Traité de l’association domestique-agricole (en 1812, réédité en 1834 sous le titre Théorie de l’unité universelle), Le Nouveau Monde industriel et sociétaire (1829), La Fausse industrie (1835-1836) ainsi que de nombreux articles dans les revues: Le Phalanstère, ou la Réforme industrielle.

Le patron n'est autre que le personnage qui est en retard quand vous êtes en avance et qui arrive avant vous si vous êtes en retard.
Pauvres de jouissances, ils veulent être riches d'illusions.
Partout où l'homme a dégradé la femme, il s'est dégradé lui-même.
Une planète est un corps androgyne, pourvu des deux sexes et fonctionnant en masculin par les copulations du pôle nord, et en féminin par celles du pôle sud.

Voir aussi :[edit]

Liens externes :[edit]

Fourier, Charles Fourier



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