Colônia CecÃlia
La Colônia Cecilia (Colonie de Cecilia), expérience de communauté anarchiste qui a vu le jour au Brésil en 1890, dans l’état du Paraná, est l’élément le plus connu du mouvement anarchiste italien au Brésil et également, sa première manifestation.
Il est vraisemblable que si la légende ne s’était pas emparée de l’histoire de la Cecilia, en en transmettant une version détournée de la vérité, l’expérience communautaire n’aurait pas tant frappé les imaginations. En effet, malgré la présence de quelques anciens colons de la Cecilia dans le mouvement anarchiste de São Paulo et dans la presse anarchiste au Brésil, ni la colonie, ni son fondateur Giovanni Rossi n’ont laissé de traces profondes dans l’histoire du mouvement ouvrier tant italien que brésilien. Malgré tout, la colonie Cecilia constitue un épisode très original qui confère sa notoriété à l’anarchisme italien au Brésil. En revanche, on oublie souvent de rappeler que la colonie Cecilia est aussi fortement liée à l’histoire de l’émigration italienne au Brésil car, par bien des aspects, l’expérience des colons de la Cecilia est très proche de celle des autres émigrants italiens de la fin du XXème siècle. La Cecilia naît d’ailleurs au moment où la vague d’émigration italienne vers le Brésil est la plus forte. Les esclaves ayant été libéré(e)s en 1888, les patrons sont à la recherche de beaucoup de main-d'œuvre bon marché.
Quant au personnage du fondateur de la Cecilia, Giovanni Rossi, dont la démarche est tout à fait marginale dans le contexte politique italien de l’époque, il est indissociable de l’histoire de la colonie. Cette histoire l’a profondément marqué : d’importants changements idéologiques s’opèrent en lui après la fin de l’expérience. Agronome et anarchiste, Rossi se bat pour ce qu’il appelle le socialisme expérimental, qui commence bien avant la Cecilia. Le combat à mener est d’autant plus rude que Rossi ne trouve guère de sympathisants à son projet dans les différents courants socialistes qu’il côtoie jusqu’à son départ en 1890. A l’époque de la vague de violence anarchiste en Europe (1892-1894, faisant écho aux théories de la propagande par le fait, Rossi et ses compagnons tentèrent pacifiquement de faire triompher ce qu’ils appellent la propagande par l’exemple.
Le petit groupe d'anarchistes italien(ne)s (10 hommes et une femme) s'établit avec leurs idées rationelles et biologiques, mais manquait de l'aspect pratique de l'agriculture. Le nombre de participant(e)s à l'expérience grimpa à près de 300 après 5 ans mais, par manque d'argent pour les semences et les outils, certains des anars devront travailler dans des entreprises privées pour la survie de la colonie. L'expérience du groupe sera aussi critiqué par plusieurs libertaires comme une reclusion inutile au mouvement.
Les anarchistes, dont Rossi et ses compagnons, dénoncent l’esprit totalitaire (c. f. Icarie) de la plupart des projets utopiques; ils souhaitent vivre dans une société sans organisation, sans bureaucratie, sans règle ni discipline[1]. Les compagnons de la Cecilia prônent un mode de vie et une économie collectivistes ; ils organisent donc une communauté sans religion, sans propriété privée et sans rapports hiérarchiques. Ils critiquent également l’archétype de la famille et expérimentent l’amour libre afin de briser le système familial. Ils croient en l’éducation naturelle de l’Homme.
Le manque d’intimité, causé par la transparence des faits et gestes des colons et l’absence de propriété privée leur posera beaucoup de problèmes. En effet, il leur apparaît difficile d’abandonner toutes leurs pratiques individualistes ainsi que leurs préjugés religieux et sociaux. Le contraste de leur mode de vie avec celui, quasiment féodal, qui régit la société brésilienne à l’époque est également source de problèmes.
Les péripéties de la Cecilia et les mésaventures de ses colons vont aller en croissant, jusqu'à la fin de l’expérience. Les derniers/ières membres se sépararont dans les grands centres du Brésil, travailleront à bâtir les premières associations ouvrières du pays et constitueront un "Groupe d'étude sociale".
Chanson[edit]
La colonia Cecilia par un(e) auteur(e) anonyme
L'eco delle foreste
Dalle città insorte al nostro grido
Or di vendetta sì, ora di morte
Liberiamoci dal nemico.
All'erta compagni dall'animo forte
Più non ci turbino il dolore e la morte
All'erta compagni, formiamo l'unione
Evviva evviva la rivoluzione.
Ti lascio Italia, terra di ladri
Coi miei compagni vado in esilio
E tutti uniti, a lavorare
E formeremo una colonia sociale.
E tu borghese, ne paghi il fio
Tutto precipita, re patria e dio
E l'Anarchia forte e gloriosa
E vittoriosa trionferà ,
Sì se trionferà la nostra causa
E noi godremo dei diritti sociali
Saremo liberi, saremo uguali
La nostra idea trionferà .
(traduction)
L'écho des forêts,
Sort des villes à notre cri
Heure de vengeance, heure de mort
Libérons-nous de l'ennemi.
À la montée, camarades, de l’esprit fort
Ne nous troublent plus la douleur ni la mort
À la montée,camarades,nous formons l'union
Et vive la révolution.
Je te laisse Italie, terre de voleurs
Avec mes camarades, je pars en exil
Et tous unis à travailler
Nous formerons une colonie sociale.
Et toi, bourgeois, paies-en le tribut
Tout tombe, roi, patrie et dieu.
L'anarchie forte, glorieuse
Et victorieuse triomphera.
Oui, notre cause triomphera et
Nous jouirons des droits sociaux.
Nous serons libres, nous serons égaux,
Notre idée triomphera.
Références[edit]
- La Cecilia, Histoire d’une communauté anarchiste et de son fondateur Giovanni Rossi, Isabelle Felici, Atelier de Création Libertaire, Lyon (2001) ISBN 2905691697 (Note : un gros magasin vendant, entre autre choses, des livres refuse de diffuser les publications de l'ACL ; que les intéressé(e)s ne soient donc pas surpris de ne pas voir l'ouvrage apparaître en cliquant sur son lien. La WP-fr contient deux autres liens, commerciaux mais démocratiques, proposant l'ouvrage dans sa "liste ISBN". Mai la solution de l'édireur est la meilleure.)
- Les Italiens dans le mouvement anarchiste au Brésil, 1890-1920, Isabelle Felici, Thèse de Doctorat : Études italiennes, dir. Mario Fusco, co-dir. Jean-Charles Vegliante,. Université de la Sorbonne nouvelle-PARIS 3 (1994). (Téléchargez-le ; 450 pp.)
- La Cecilia, film par Jean-Louis Comolli, 1975, france-italie.
Voir aussi[edit]
Liens externes[edit]
- Le Brésil anarchiste à la fin du XIXè siècle: La Cecilia une communauté agricole libertaire et Les écoles anarchistes au Brésil
- Colonies anarchistes au Brésil : projets et désillusions
- REDIRECT Modèle:Wikipedia