Guy Debord

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Malgré son radicalisme, Guy Debord est souvent cité par des contestataires mais également par de grands publicitaires. Les agents même du spectacle lui font référence alors qu’il fut l’un de leur pire adversaire. Mais qui est–il ? Il n’est pas un philosophe, bien que certains aillent jusqu’à le qualifier de métaphysicien (Philippe Sollers). Le terme le plus souvent employé pour le designer est celui de stratège. Tantôt « stratège de la révolution » ou «de la subversion », nous pouvons affirmer qu’il fut un intellectuel qui aura marqué le XXème siècle.

Guy Debord est né le 28 décembre 1931 à Paris dans une famille d’industriels ruinés. Son père, Martial Debord, est atteint de tuberculose et meurt alors que celui-ci n’est âgé que de quatre ans. Sa mère, très jeune au moment de sa naissance, se désintéresse vite de l’éducation de son fils, qui est pris en charge par sa grand-mère. Certains concluront que l’on peut établir un lien entre une enfance marquée par de nombreuses pertes (absence d’héritage, morts de proches…) et une philosophie fortement axée sur la destruction.

Son ouvrage le plus illustre est La Société du Spectacle publié pour la première fois en 1967 à Paris. L’idée centrale soutenue dans cet ouvrage est la transformation de la vie en représentation. Dans notre société marchande, tout est la transformation de la marchandise en spectacle, il recouvre toute la surface du monde et s’immisce dans les rapports sociaux les plus intimes faussant ainsi la vision du réel. Le spectacle permet la servitude et sépare les masses du réel. Guy Debord va même jusqu’à dire qu’il l’inverse. « Dans le monde réellement inversé, le vrai est un moment du faux ». Il réfléchit sur le poids des représentations, des images, sur notre façon d’appréhender le réel, que l’on ne peut selon lui plus envisager dans notre société du spectacle. Le spectacle c’est le règne des images mais il ne faut pas restreindre sa théorie à une critique du monde dominé par les images.

De façon plus large on peut considérer que la société spectaculaire est « l’étape ultime du capitalisme sur la vie ». Etape ultime car après avoir aliéné les hommes en transformant leur « Ãªtre » en « avoir », le spectacle transforme l’ « avoir » en « paraître ». Ce livre est considéré comme l’un des moteurs des événements de mai 68. Il donnera naissance à son quatrième film en 1973.

En 1957, 10 ans auparavant, Guy fonde avec d’autres (Michèle Bernstein, ...) l’Internationale Situationniste (IS) issue en partie de deux mouvements artistiques : l’Internationale Lettriste et le MIBI et du Comité Psychogéographique de Londres. L’IS est la rencontre de différents intellectuels qui a pour but de développer une critique de la société capitaliste en s’opposant au dogme mais attention pour Debord il s’agit de mettre « La révolution au service de la création, et non l’inverse… ». L'IS naît le 27 juillet 1957 dans la petite ville de Cosio D’Arroscia (Italie) avec pour programme de devenir « le mouvement d’avant-garde le plus actif dans le dépassement de l’art par une créativité généralisée ». Bien qu’ils emploient une rhétorique marxiste, ils se défendent de cette idéologie comme de celle de l’anarchisme. Est situationniste celui qui ne se revendique pas comme tel car il n’y a pas de doctrine d’interprétation des faits existants, il n’y pas d’idéologie. Il y a des situations, des situations qui peuvent être construites. Raoul Vaneigem parlera de la révolution de la vie quotidienne, agir et construire des moments de la vie plutôt que se résoudre à la passivité. Plutôt que d’interpréter les situations qui traversent l’homme, comme l’ont toujours fait les artistes et les philosophes, les situationnistes prônent la construction des situations. Bien qu’ils s’en défendent également, cette idée peut rejoindre les thèses existentialistes de Sartre qui rédigera plusieurs ouvrages à ce propos des 1947. Les « situationnistes » malgré leur nom ne sont pas des partisans de la situation présente. Ils ont une importante conscience de la place d’une idée dans l’histoire des idées et simplement dans l’histoire.

Ainsi après avoir été considérés comme extrémistes dans les champs politiques et artistiques, ils décideront la dissolution de l’IS en 1972.

Debord continuera d’écrire et de réaliser des films jusqu’à son suicide en novembre 1994.

Citations[edit]

  • que Guy Debord se refuse à tout éclaircissement des positions qu’il prend considérant qu’elles sont suffisamment radicales pour être comprises de ceux qui le souhaitent, et qu’à ceux pour qui elles demeurent obscures il ne souhaite pas s’adresser.
  • « Dans le monde réellement inversé, le vrai est un moment du faux »
  • « C'est l'unité de la misère qui se cache dérrière les oppositions spectaculaires »
  • « La condition de vedette est la spécialisation du vécu apparent, les vedettes incarnent le résultat inacessible du travail social »
  • « Nous sommes des artistes par cela que nous ne sommes plus des artistes : nous venons réaliser l’art »
  • « Le dadaïsme a voulu supprimer l'art sans le réaliser ; et le surréalisme a voulu réaliser l'art sans le supprimer.

La position critique élaborée depuis par les situationnistes a montré que la suppression et la réalisation de l'art sont les aspects inséparables d'un même dépassement de l'art.», (191 dans La société du spectacle)

  • « Nous ne pouvons construire que sur les ruines du spectacle »
  • « Il n'y a pas de film. Le cinéma est mort. Il ne peut plus y avoir de films. Passons si vous voulez au débat. »
  • « Le cinéma dont je parle ici est cette imitation insensée d’une vie insensée, une représentation ingénieuse à ne rien dire, habile a trompé une heure l’ennui par le reflet du même ennui ; cette lache imitation qui est la dupe du présent et le faux témoin de l’avenir ; qui par beaucoup de fictions et de grands spectacles, ne fait que se consumer inutilement en amassant des images que le temps emporte »

Liens externes[edit]


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