Renzo Novatore
Renzo Novatore est le nom de plume de Abele Rizieri Ferrari (12 Mai 1890 – 29 novembre 1922), un anarchiste individualiste, illégaliste et anti-fasciste poète, philosophe et militant, maintenant surtout connu pour son ouvrage posthume (Verso il nulla creatore) et associé au futurisme de gauche. Sa pensée a été influencée par Max Stirner, Friedrich Nietzsche, Georges Palante, Oscar Wilde, Henrik Ibsen, Arthur Schopenhauer et Charles Baudelaire.
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Biographie[edit]
Abele Ricieri Ferrari est né en Italie à Arcole, Ligurie, le 12 mai 1890 dans une famille de paysans pauvres. Il ne s’est pas adapté à la discipline scolaire et quitta définitivement après la première année [1]. Alors qu’il travaillait à la ferme de son père, il se forma lui-même en autodidacte, avec un accent mis sur la poésie et la philosophie. Les environs sa ville était le lieu d’une scène anarchiste dynamique dont il ne tarda pas à se rapprocher. Il découvrit Errico Malatesta, Peter Kropotkin, Henrik Ibsen et Friedrich Nietzsche, qu’il cita souvent, et spécialement Max Stirner. À partir de 1908, il embrassa l’anarchisme individualiste [1]. En 1910, Il fut accusé de l’incendie d’une église locale et passa trois mois en prison, mais sa participation ne fut jamais prouvée. L’année suivante, il passa plusieurs mois en cavale car la police le recherchait pour cambriolage. Le 30 septembre 1911, la police l’arrêta pour vandalisme. Il se justifia comme refus de travailler. Il pensait, dans sa philosophie de vie personnelle, qu’il avait le droit d’exproprier les riches de ce dont il avait besoin pour sa survie quotidienne, l’usage de la force n’étant pas un problème pour lui [1].
En 1914, il commença à écrire pour des journaux anarchistes [1]. Il fut incorporé dans l’armée en 1912 mais rapidement démis pour des causes inconnues [1]. Alors que la Grande Guerre approchait, il déserta le 26 avril 1918 et fut condamné à mort par un tribunal militaire pour désertion et haute trahison le 31 octobre. Il quitta son village et fuit, prêchant la désertion et le soulèvement armé contre l’État [1]. Novatore était alors marié et avait deux enfants. Dans les derniers mois de 1918, son plus jeune fils mourut. Novatore revint chez lui, au risque d’être arrêté, pour lui faire un dernier adieu [1].
Impliqué dans un collectif anarcho-futuriste à La Spezia ce qui le conduisit (aux côtés d’Auro d'Arcola) à être actif dans le Arditi del Popolo, militant anti-fasciste [2]. Il devint un ami proche de Enzo Martucci et Bruno Filippi. Renzo Novatore écrivit pour différents journaux anarchistes (Cronaca Libertaria, Il Libertario, Iconoclastal, Gli Scamiciati, Nichilismo, Pagine Libere) où il débattait avec d’autres anarchistes (parmi lesquels Camillo Berneri). Il publia un magazine, Vertice, qui a malheureusement été perdu à l’exception de quelques articles/ [1]. Novatore collabora au journal anarchiste individualiste Iconoclasta! avec le jeune illégaliste stirnerien Bruno Filippi[3]
En Mai 1919, la ville de La Spezia tomba sous le contrôle d’un Comité Révolutionnaire autoproclamé aux côtés duquel il combattit. Le 30 juin 1919, Novatore était cache dans une hutte des environs de la ville de Sarzana. Un fermier le dénonça à la police et il fut condamné à dix ans de prison, mais fut libéré lors d’une amnistie générale quelques mois plus tard [1]. Aux débuts des années 1920, l’Italie était près d’être emportée par le Fascisme. Il décida d’entrer dans la clandestinité et en 1922 il joignit le gang du célèbre voleur d’inspiration anarchiste: Sante Pollastro.
Le 29 novembre 1922, il fut tué dans une embuscade par les carabiniers à Teglia, près de Genoa, alors qu’il était avec Pollastro. Ce dernier réussit à s’échapper. Sur la dépouille de Novatore, les enquêteurs trouvèrent de faux documents, un pistolet Browning avec deux chargeurs pleins, une grenade à main et une anneau avec un container secret rempli d’une dose léthale de cyanure[1].
L’anarchisme individualiste de Novatore[edit]
Novatore parlait de "la beauté héroïque du Je anti-collectiviste et créatif", lequel est au delà des manières et de la moralité aussi bien bourgeoise que prolétaire [4]. Il parlait de sa situation individuelle comme vivant "sous le règne des fantômes ", rappelant Stirner. Il résumait ainsi sa vision de la situation comme existant au sein du conformisme social "Le monde est une église envieuse et visqueuse où tous ont une idole à adorer de façon fétichiste et un autel sur lequel se sacrifier soi-même."[5]
À sa façon, il parle de la religion "Si vous êtes prêt à attendre patiemment le calvaire désolé pour ensuite vous pendre vous-mêmes sur la croix, devenant l’image du MOI qui est l’Homme-Dieu, vous serez la parfaite créature humaine digne de s’asseoir à la droite de mon père qui est dans le royaume des cieux". De la démocratie et de l’héritage des Lumières il disait "la révolution française vous dit: J’ai proclamé les droits de l’homme. Si vous êtes prêt à entrer dévotement dans le cloître symbolique de la justice sociale humaine pour sublimer et humaniser grâce au canon moral de la vie sociale, vous serez un citoyen et je vous donnerai les droits que j’ai proclamés pour l’homme."[5] "Progrès (?) et Civilisation (?), Religion (?) et l’Idéal (?), ont enclos la vie dans un cercle mortel où les fantômes les plus macabres ont érigé leur règne visqueux. Il est temps d’en finir! Nous devons briser les cercle violemment et sortir "[5].
Comme sortie à sa situation, il proclame : « La révolution est le feu de notre volonté et un besoin de nos esprits solitaires ; c’est une obligation de l’aristocratie libertaire. Pour créer de nouvelles valeurs éthiques. Pour créer de nouvelles valeurs esthétiques. Pour mettre en commun les biens matériels. Pour individualiser les biens spirituels. Parce que nous—cérébraux violents et sentimentalistes passionnés en même temps—comprenons et savons que la révolution est une nécessité de la peine silencieuse qui souffre dans les tréfonds et un besoin des esprits libres qui souffrent dans les hauteurs. » [4] Il résume les trois options de la vie comme "le courant de l’esclavage, le courant de la tyrannie, le courant de la liberté! Avec la révolution, le dernier de ces courants doit éclater sur les deux autres et les submerger. Il doit créer la beauté spirituelle, enseigner aux pauvres la honte de leur pauvreté, et aux riches la honte de leur richesse."[4]
Il déclare ne considérer que « seule la richesse éthique et spirituelle » comme « invulnérable ». “Là est la vraie propriété des individus, le reste non ! Le reste est vulnérable ! Et tout ce qui est vulnérable sera violé. » [4] Novatore voit ceux qui lui sont similaires comme des "anarchistes. Et individualistes, et nihilistes, et aristocrates." Et comme "les amoureux de chaque miracle, les promoteurs de chaque prodige, les créateurs de toute merveille!"; "les ennemis de toute domination matérielle et de tout nivellement spirituel."[4]
Il adhère au nihilisme mais rejette le "nihilisme chrétien" car il le voit comme déniant la vie. Il dit à la place "car les seuls gens sérieux sont ceux qui savent comment être activement engagés dans le rire." Et ainsi les individualistes doivent aller "en avant, pour la destruction du mensonge et des fantômes! En avant, pour la conquête complète de l’individualité et de la Vie!".[4]
Influence[edit]
Renzo Novatore a récemment fait l’objet d’attention de la part des courants "post-left Anarchism" et anarchisme insurrectionnel comme on peut le voir dans les écrits de Wolfi Landstreicher. Dans son introduction à "Verso il nulla creatore)" de Renzo Novatore, Landstreicher écrit "Il est difficile de trouver des travaux anarchistes en anglais qui soient en même temps "individualistes" et explicitement révolutionnaires, qui mettent l’accent sur la centralité de l’autodétermination individuelle à une révolution qui "mettra en commun la richesse matérielle " comme elle "individualisera la richesse spirituelle". Pour cela et pour d’autres raisons, j’ai choisi de traduire “Vers le Rien créatif†de Renzo Novatore et de publier plusieurs de ses pièces plus petites."[6] Dans un article intitulé "Où aller maintenant ? Quelques pensées sur la création de l’anarchie " Wolfi Landstreicher écrivant sous le pseudonyme de Feral Faun déclare "Alors nous cesserons d’être seulement aux marges de la société et chacun, en tant qu’être sauvage unique, deviendra le centre d’un projet insurrectionnel qui pourrait détruire la civilisation et créer un monde dans lequel nous vivrions, communiquerions et créerions librement, selon les mouvements que nos désirs uniques nous impriment. Nous deviendrons—encore pour citer Renzo Novatore— "une ombre éclipsant toute forme de société qui peut exister sous le soleil."[7]
On trouve aussi une très longue citation de Renzo Novatore dans les annexes du TAZ de Hakim Bey. [8] : "Et après moi comme avant moi, il y aura ceux qui disent à leurs frères : « Tournez-vous vers vous-mêmes plutôt que vers vos Dieux ou vos idoles. Découvrez ce qui se cache en vous-mêmes ; ramenez-le à la lumière ; montrez-vous ! » Parce que toute personne qui, cherchant dans sa propre intériorité, extrait ce qui y était caché mystérieusement, est une ombre qui éclipse toute forme de société pouvant exister sous le soleil. Renzo Novatore, Arcola, Janvier 1920" (cité dans [8]).
Références[edit]
- ↑ 1.0 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6 1.7 1.8 1.9 Novatore: a biography (nlle version anglaise corrigée, due à Penwan)
- ↑ Berghaus (1998, p. 331)
- ↑ The rebel's dark laughter: the writings of Bruno Filippi
- ↑ 4.0 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 "Towards the creative Nothing" par Renzo Novatore
- ↑ 5.0 5.1 5.2 "In the realm of the phantoms" by Renzo Novatore
- ↑ Towards the creative nothing and other writings by Renzo Novatore
- ↑ "Whither now? Some thoughts on creating anarchy" by Feral Faun
- ↑ 8.0 8.1 |"TAZ : Zone Autonome Temporaire" by Hakim Bey (1991, pp=82-83)
Voir aussi[edit]
Bibliographie[edit]
- Berghaus, Günter. "Italian Futurist Theatre, 1909-1944", Clarendon Press, Oxford, 1998
- Novatore, Renzo. "Toward the Creative Nothing", San Francisco, Californie, Venomous Butterfly, 2000.
- Feral Faun (November–December 1989). "Whither now?". Anarchy: A Journal of Desire Armed (22). http://www.insurgentdesire.org.uk/whither.htm. Retrieved March 24, 2009.
Liens externes[edit]
(fr) * Et notre haine rit... recueil de textes de Novatore en français
(it)(eng) * Novatore.it Sito dedicato alla memoria di Renzo Novatore essentiellement en italien avec une petite section en anglais, inclut beaucoup des travaux de Novatore en anglais
(eng) *Archive of Renzo Novatore in english at the Anarchist Library
(eng) *"Twilight Dance" by Renzo Novatore Un long poème
(eng) *"The expropiator" by Renzo Novatore un essai à la gloire de l'illégalisme et de la récupération individuelle.
- Cet article ou une partie de cet article provient de l'article Renzo Novatore de Wikipedia anglophone, et a été traduit en français.Novatore, Renzo