Démocrature

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Catégorie:Articles à retravailler

La démocrature (condensation des mots "démocratie" et "dictature" - ou parfois de "caricature"-) est un régime qui s’autoproclame démocratique, qui se pare de nombreux oripeaux démocratiques mais fonctionne en réalité comme une dictature ([1]).

c'est un régime où existe aussi des pressions et des contraintes sur les personnes (notamment sur des journalistes ou des juristes hors cadre), et où les médias fonctionnent étroitement avec les pouvoirs en place.

Le terme sera utilisé, par différents auteurs, au sujet de régimes d'amérique latine, d'europe de l'est (actuellement du régime russe de poutine) ou de l'ouest (Il est utilisé pour définir la situation actuelle de la france ; voir : [2]), d'afrique ou d'ailleurs.

sources[edit]

  • « Démocrature, Comment les médias transforment la démocratie » : Mermet Gérard (1987)
  • « La démocrature, dictature camouflée, démocratie truquée » : Max Liniger-Goumaz (1992)
  • « démocrature de Vladimir Poutine » : Michel Roche (2004)
  • « CONGO : DE LA DÉMOCRATIE À LA DÉMOCRATURE » : Gaspard Nsafou (1996)

L'exemple classique est celui des "démocraties populaires" d'Europe centrale et de l'Est avant la chute du Mur de Berlin, dans lesquels le multipartisme n'était qu'apparent et dissimulait en réalité la domination d'un parti unique. Tout régime autoritaire a besoin de ces travestissements sémantiques pour légitimer sa domination. Orwell en avait donné une traduction littéraire dans son roman visionnaire "1984", dans lequel les bâtiments où sont enfermés et torturés les opposants au régime sont baptisés "Ministère de l'Amour", et où chaque poste de télévision renferme une caméra espionne directement reliée à des centres de contrôle.

Les dites "démocraties libérales", qui sont les régimes sous lesquels nous vivons aujourd'hui, pratiquent cette technique avec une efficacité redoublée par l'apparente liberté qu'elles concèdent. La dictature libérale, camouflée sous le nom de démocratie, se nourrit de sa propre contestation à travers des éléments de démocratie formelle qu'elle met en avant: élections, liberté apparente d'expression, semblant de méritocratie, etc. Ce faisant, elle contrôle totalement les médias les plus influents (Télévision, grands quotidiens, chaînes de radio les plus écoutées), qui sont d'une docilité sans borne envers le pouvoir, qui les rémunère, et fait jouer les groupes d'intérêts les uns contre les autres (vision de la démocratie comme compétition d'intérêts, et de l'Etat comme compagnie d'assurances), le tout dans le but de faire disparâitre les 4 éléments matériels les plus fondamentaux de la démocratie, à savoir: l'accès pour tous au logement et à la nourriture, à la sécurité et à la protection juridique, à la santé, à l'éducation. Dans les démocratures, l'extrême pauvreté est reconnue comme compatible avec les libertés démocratiques, voire ^présentée comme une condition de ces dernières, et l'enrichissement sans fin d'une infime minorité est basé sur la destruction des emplois et affiché comme contribution à la prospérité générale. Economiquement parlant, une démocrature présente une courbe du chômage parallèle à la courbe de la progression du PIB; en d'autres termes, cela veut dire que les chiffres de la croissance tels que présentés au Journal de 20h y sont synonymes d'augmentation du chômage et de la précarité (les démocratures préfèrent parler de "flexibilité"). Les statistiques du chômage et de la précarité y font d'ailleurs l'objet d'une manipulation constante.

Politiquement parlant, les démocratures modernes se caractérisent par une soumission du pouvoir politique et de l'Etat au pouvoir obscur du capital. Les think-tanks libéraux tels que les Chicago boys de Friedmann, le groupe de Bilderberg ou des organisations comme Le Siècle, la société du Mont-Pèlerin, etc., y définissent la composition et le programme des gouvernements. Ceux-ci agissent comme des émissaires, sélectionnés essentiellement sur la base de leurs talents de communication. C'est le règne de la "Com'politique".

Si les démocratures cherchent à se donner une apparence humaine, leur gouvernance entraîne mécaniquement des crises sociales et des risques de soulèvement qui les obligent de plus en plus à révéler leur vrai visage en ressuscitant les méthodes dures employées par les dictatures historiques. Ceci est particulièrement nécessaire dans des pays qui ont, comme la France, une longue tradition de luttes sociales et dont l'histoire a été traversée par de multiples secousses révolutionnaires. Un exemple en est donné par l'invocation des risques de sécurité pour mettre en place un filet de contrôle sur les voies publiques (caméras de surveillance, radars, omniprésence d'une police des routes équipée d'appareils lasers et infrarouges, et réputée invisible, hélicoptères, etc.), surveiller les dépenses et les habitudes de consommation, la fréquentation des sites internet, affiner la surveillance satellitaire au mètre près, les écoutes téléphoniques, l’archivage de documents à charge contre les individus, etc.. Les grands médias relaient cet effort par une propagande policière présentant les soldats de la répression sous un jour protecteur, multipliant les émissions sur la délinquance, le crime et les faits divers. Toute révélation sur les abus de ces forces fait l'objet d'une censure impitoyable. La création de nouveaux délits et l'alourdissement des peines progresse insidieusement au gré de décrets et ordonnances auxquels la population, habituée à cette spirale sécuritaire, ne prête plus aucune attention. Il devient ainsi possible, exactement comme sous la dictature nazie ou sous le régime de Pinochet, d'enfermer des personnes pour des vétilles. Les démocratures diffusent la peur pour resserrer leurs filets.

La globalisation a consolidé les régimes démocraturiaux. Ceux-ci en ont donné une interprétation exclusivement néolibérale. La mise en application d'une pensée dite "unique" s'est opérée à travers des instances de "gouvernance globale" (Commission Européenne, BCE, FMI, OMC, G8, Banque mondiale, etc.), dont les décideurs n'ont pas été élus et échappent à tout contrôle démocratique. Ces instances ont extraordinairement affaibli le pouvoir d’organisation de la contestation. Les responsabilités sont diluées et de moins en moins identifiables.

L’idéologie démocraturiale est foncièrement cynique et repose sur une conception inversée de l’anarchie : celle-ci n’est plus entendue comme une vigilance populaire contre la domination par un petit groupe s’appuyant sur un appareil de répression, mais comme la suprématie d’une oligarchie, aux commandes d’un Etat et d’institutions totalitaires, sur une masse informe censée croire malgré tout qu’elle est libre.

Si la réalité et la cruauté des démocratures sont aujourd’hui communément admises, la question principale que nous pose la mise en place de ce régime est celle des formes de résistance que nous pouvons lui opposer. A la différence des anciennes dictatures, incarnées au sommet par un dirigeant unique et tout puissant, les démocratures sont des hydres difficiles à saisir. On ne sait jamais vraiment où se loge leur cerveau, ni quel bras doit être coupé en premier. Il a fallu des siècles pour sortir de l’Ancien Régime, des décennies pour obtenir des droits sociaux, combien de temps faudra-t-il pour mettre fin à la répression des démocratures ?

citations[edit]

  • « La plupart de ces pays ont les apparences démocratiques : une constitution, un parlement existe formellement au vu des élections régulières, de la juridiction, des garanties de liberté d'expression et d'assemblée. Mais, dans la pratique, toutes ces institutions sont manÅ“uvrées afin de préserver les privilèges des élites en place. Dans certaines démocratures comme en Asie, la manipulation, complète et besstajie. Dans d'autres cas, comme en Ukraine ou en Russie, la falsification des élections et l'utilisation de la violence contre des opposants politiques se produisent habituellement avec un certain "nom". La chose la plus importante est de maintenir l'infantilisation du pouvoir et ce faisant de convaincre le peuple et le monde extérieur que le processus politique, même en forme approximative, reflète les aspirations de la population » Dmitry Voskoboynikov

Voir aussi :[edit]