Critique des mass-média
Catégorie:Critique anarchiste
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Nous parlerons ici surtout de la télévision, car c’est la plus insidieuse, mais la plupart des principes sont utilisés aussi pour le cinéma, les journaux et la radio.
Contents
Le rapport d’autorité[edit]
Les mass-média ne font pas de communication. La communication est un échange, or les média s’imposent. Il n’y a pas de retour, sauf le courrier des lecteurs, piètre moyen limité où l’unique droit de réponse du lecteur/spectateur est sélectionné sur le volet. Les média ont donc un rapport d’autorité.
- Watkins, Bourdieu
- voir un peu ce qu’on dit aussi Saussure, Lazarfeld, Mac Luhan et autres...
Le fait que les mass-média parlent de ce qui se passe loin de chez soi implique aussi une baisse de l’autonomie de l’individu qui en oublie ce qui se passe localement. Les gens voient donc des horreurs dans un pays lointain, et trouvent banales les petites horreurs qui se passent autour de lui ; les gens deviennent spectateurs de la vie. Ce système de global/local se retrouve aussi entre l’État et l’individu autonome de l’anarchisme (en termes de pouvoir), ou encore entre le « village global » (c’est-à -dire la mondialisation...) et l’anarchie.
La connivence des média[edit]
Les mass-média sont avant tout des entreprises présidées par des capitalistes, qui doivent faire des bénéfices pour subsister ; elles ont donc besoin d’avoir un large public et se moquent des idées et pratiques minoritaires à moins d’en faire un piquant documentaire à la manière des zoos humains de Paris au début du XXè siècle.
Aujourd’hui les mass-média existent grâce aux politiques capitalistes et autoritaires. Ils les soutiennent entièrement en ne parlant que d’eux, bien qu’ils se disent impartiaux en se cachant derrière l’étiquette du journaliste objectif et rigoureux. Mais bien sûr, aucun autre système que le capitalisme n’est présenté à l’écran. Les mass-média sont un outil de propagande très efficace ; les fascistes adorent les manipuler, tout comme les entreprises capitalistes adorent les utiliser.
Le système actuel de la connivence repose beaucoup sur la peur. On l’a vu plus haut, les média aiment montrer le macabre et la violence pour inspirer la peur. La peur est en fait toujours un sentiment lié à l’inconnu : on a peur des étrangers, peur qu’il arrive du mal à quelqu’un, peur d’aller en enfer, peur de mourir, ... Par la suite, quoi de plus réconfortant d’entendre les « représentants du peuple » dire qu’il vont régler tous les problèmes : les problèmes d’insécurité, les problèmes d’immigration, les problèmes économiques, ... Bien sûr, tout le monde se garde bien de dire que le vrai problème, c’est la peur que les média inspirent. Mais les gens n’ont pas peur des média, car c’est en théorie un « médiateur », un canal où coulent les informations sans entraves ; seulement ce canal possède bien des entraves et seules quelques informations choisies peuvent traverser.
On observe fréquemment des manœuvres médiatiques pour noyer un poisson (des mouvements sociaux, comme les luttes étudiantes) ou pour passer des lois peu populaires. On va parler de l'affaire Clearstream dans tous les journaux, pour oublier très vite la lutte étudiante contre la misère sociale du printemps 2006. Lutte étudiante que les média ont appelé "anti-CPE", et ainsi cantoner cette lutte comme simple protestation contre un article de loi, et oublier que toutes les revendications convergeaient en fait vers une lutte sociale. On va aussi oublier des informations, car d'autres sont considérées plus importantes... Dernièrement, la coupe du monde de football masquait dans les média les manifestations en Grèce, la répression israélienne contre la Palestine, l'adoption des lois DADvSI (sur les droits d’auteurs) et CESEDA (immigration choisie) en France, et bien d’autres informations encore. Les journaux télévisés masquent de la même manière les informations mondiales importantes par des faits divers, locaux et isolés ; les faits divers sont des "faits qui font diversion" (Bourdieu). Aux usa, il existe une industrie du fait divers, où les "springers" (des pseudo-journalistes sans scrupules) errent dans les villes pour dénicher l'accident ou le meurtre qui fera la une du journal télévisé.
Filmographie
- Pas vu, pas pris de Pierre Carles (documentaire 2001)
- La sociologie est un sport de combat de Pierre Carles (documentaire 2001)
- Bowling for Columbine de Michael Moore (documentaire 2002)
- Juppé, forcément de Pierre Carles (documentaire 2003)
- Enfin pris ? de Pierre Carles (documentaire 2004)
- Chronique d'un chasseur de faits divers de Philippe Clous (documentaire 2005)
Webographie
La publicité[edit]
L’entreprise gagne de l’argent grâce à la publicité. Le Lay, patron de la chaîne de télévision TF1, dit très justement que le but est d’endormir les désirs des gens et d’offrir aux annonceurs (d’autres entreprises) « du temps de cerveau humain disponible » en échange d’argent. Voilà comment les mass-média obtiennent de l’argent. C’est la même chose pour les journaux qui offrent un espace visuel disponible, et caetera.
Pour en revenir aux émotions, les journaux télévisés et espaces sérieux génèrent uniquement de la peur chez les téléspectateurs ; on nous montre des tueries, des accidents... Ces horreurs font contraste avec le soulagement qu’apporte la publicité qui ne parle que d’amour, de désirs et de bonheur. On fait peur pour mieux réconforter par la suite, comme cette histoire de l’homme qui se tape la tête sur une plaque d’égout pour mieux profiter du moment où il arrête. Les téléspectateurs tendent à adhérer au bonheur virtuel publicitaire, mais ce bonheur promis passe toujours par l’achat de tel ou tel produit qui finalement n’apporte pas du tout le bonheur, tout au plus le faux confort de se sentir bien chez soi, là où le sang ne coule pas.
La société du spectacle[edit]
Dans cet essai du situationniste Guy Debord, le spectacle est un phénomène sociétal qui paralyse les invididu-e-s dans une non-vie qui se résume à la consommation. « Le spectacle [est un] rapport social entre des personnes, médiatisé par des images. » C’est ce qu’il appelle la société spectaculaire marchande. Le monde était une marchandise, le spectacle est une marchandise et les individu-e-s deviennent des marchandises. « Le spectacle est bien plus une misère qu’une conspiration. »
Cette conception est assez répandue chez les anarchistes car c’est surement la critique la plus aboutie. C’est aussi d’après l’Internationale situationniste qu’on admet généralement qu’on ne peut pas « combattre l’aliénation par des moyens aliénés. » Cela remet bien sûr en question l’existence même de cette encyclopédie anarchiste en ligne...
Liens internes
Bibliographie
- La société du spectacle (1967) et les Commentaires sur la société du spectacle (1994) de Guy Debord
Filmographie
- La société du spectacle (G. Debord 1973)
- Réfutation... (G. Debord 1975)
- In girum imus nocte et consumimur igni (G. Debord 1978)
Ressources générales[edit]
Liens internes[edit]
Bibliographie[edit]
- La société du spectacle (1967) et les Commentaires sur la société du spectacle (1994) de Guy Debord
- Sur la télévision de Pierre Bourdieu
- Media Crisis de Peter Watkins (Éditions Homnisphères 2004)
Filmographie[edit]
- filmographie d'Acrimed : [1] et [2]
- La Commune (Paris 1871) de Peter Watkins (2000)
Webographie[edit]
- ACRIMED (Association Critique Médias)
- Manuel pour une lecture critique des médias
- la vache folle, section articles "Pouvoir des mass média"
- Réinventer les médias, chez les renseignements généreux.