Difference between revisions of "Critiques de l'"anarcho"-capitalisme"

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L''''"anarcho"-capitalisme''' est un oxymoron inventé à la seconde moitié du XX eme siécle, par des libéraux "individualistes" désirant se distinguer des libéraux d'État (les libéraux aux états unis se trouvent à gauche de l'échiquier politique parlementaire, ces libéraux auraient une similitude dans les faits avec les socio-démocrates europpéens).  
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L''''"anarcho"-capitalisme''' est un oxymoron inventé à la seconde moitié du XX eme siécle, par des libéraux "individualistes" désirant se distinguer des libéraux d'État .
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<small>→ les libéraux aux États-unis sont des groupes politiques se trouvant à gauche de l'échiquier parlementaire, ces libéraux auraient une similitude au niveau politique avec les socio-démocrates européens</small>.  
  
Cet oxymoron associe deux termes, anarchisme et capitalisme. Mais dans les écrits des "anarcho"-capitalistes, "''anarcho''" et "''capitalisme''" signifie respectivement "individualisme" et "libéralisme". La raison étant respectivement que le terme "anarchisme" fait référence à l'histoire des anarchistes qui n'est pas favorable au capitalisme, et que "capitalisme" pouvant signifier aussi "capitalisme d'État". D'ailleurs [[Individualisme]] et [[collectivisme]] (des notions sociales) sont, pour les "anarcho"-capitalistes, plus essentiels qu'[[anarchisme]] et [[étatisme]] (qui sont des notions politiques) pour définir leur façon de penser.
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Cet oxymoron associe deux termes, anarchisme et capitalisme. Mais dans les écrits de certains "anarcho"-capitalistes, "''anarcho''" et "''capitalisme''" signifie respectivement "individualisme" et "libéralisme". La raison du refus de se définir "anarchiste" ou "capitaliste" étant, respectivement, que le terme "anarchisme" fait référence à l'histoire des anarchistes qui n'est pas favorable au capitalisme, et que "capitalisme" pouvant signifier aussi "capitalisme d'État" (le terme capitalisme englobant autant de tendances que de divers gestionnaires). D'ailleurs [[Individualisme]] et [[collectivisme]] (des notions sociales) sont, pour les "anarcho"-capitalistes, plus essentiels qu'[[anarchisme]] et [[étatisme]] (qui sont des notions politiques) pour définir leur façon de penser ; la raison qui fait que tout ce qui est collectivisme est considéré de leur part comme de l'Étatisme. et tout ce qui est Individualisme est considéré de capitaliste (alors qu'un individualiste peut désirer la commune/le communisme).
On peut donc aussi comprendre et considérer l'"anarcho"-capitalisme comme un [[individualisme libéral]] et non comme un [[Anarchisme_individualiste|Individualisme Anarchiste]]. C'est la raison pour laquelle les « anarcho  » -capitalistes ne sont pas reconnus, comme [[Anarchisme|anarchiste]]s, par les anarchistes, qui les considérent comme des [[individualisme-libéral|individualistes libéraux]] ou voire des [[panarcho-libéralisme|panarchistes libéraux]].
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On peut donc aussi comprendre et considérer l'"anarcho"-capitalisme comme un [[individualisme libéral]] et non comme un [[Anarchisme_individualiste|Individualisme Anarchiste]]. C'est la raison pour laquelle les « anarcho  » -capitalistes ne sont pas reconnus, comme [[Anarchisme|anarchiste]]s, par les anarchistes, qui les considérent comme des [[individualisme-libéral|individualistes libéraux]] ou voire, pour certains, des [[panarcho-libéralisme|panarchistes libéraux]].
  
 
  Néanmoins, anarchopédia étant une encyclopédie sur l'anarchisme, on traitera de cet oxymoron,<br>afin de faire une étude sur ce mouvement prétendument anarchiste.
 
  Néanmoins, anarchopédia étant une encyclopédie sur l'anarchisme, on traitera de cet oxymoron,<br>afin de faire une étude sur ce mouvement prétendument anarchiste.
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*La doctrine "anarcho"-capitaliste défend le droit d'accomplir certains actes qui sont jugés illicites ou immoraux dans la plupart des pays occidentaux, à savoir : le droit pour une personne individuelle de posséder, d'user et de vendre librement de la drogue, des jeux, de la pornographie (p 1), des armes à feu (et éventuellement des armes militaires), des espèces naturelles rares et protégées, etc.
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*Elle prône la privatisation de tous les services publics qui incombent traditionnellement à l'Etat :
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**Gestion des routes (p 109) et de l'environnement. Les routes seraient privatisées et la collecte des déchets également. Les biens environnementaux seraient privatisés.
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**Enseignement (p 83). L'école publique serait dissoute, et les opérateurs privés prendraient le relais (famille, enseignement libre ou écoles).
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**Justice (p 173). Il y a deux positions. Selon Friedman, les règles du Droit seraient produites sur un marché libre (p 177), alors que selon Rothbard, elles découlent de la théorie du [[Droit naturel]].
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**Sécurité (p 179), celle-ci est confiée à des agences privées ou à l'initiative individuelle.
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**Défense (p 205).
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**Monnaie (p 334). Les banques assureraient la création monétaire.
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**Médecine publique (p 136). Chacun aurait le droit de vendre, de consommer et d'échanger toute sorte de services et produits médicaux.
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:Tous ces services seraient donc laissés au libre jeu du marché, sans qu'un organisme d'origine étatique n'intervienne pour les réguler et les contrôler. C'est la concurrence qui assurerait l'équilibre dans tous ces secteurs.
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*Elle défend le "droit" des enfants à travailler (p 143). La position de Friedman n'est pas unique. Hermann-Hoppe nous dit ainsi : ''En interdisant le travail des enfants, on prend de l'argent aux familles avec enfants pour le donner à ceux qui n'en ont pas''), la prostitution libre, le droit de donner ses organes sans entraves, etc. Ce sont des conséquences logiques du droit naturel, et du droit de contracter librement. Les penseurs "anarcho"-capitalistes s'opposent aussi à toute forme de redistribution des richesses, car celle-ci est assimilée à un vol.
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*Pour lutter contre l'Etat, certains comme Hermann-Hoppe sont sécessionistes, d'autres comme Friedman sont réformistes
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Il existe d'autre part des tendances dans l'"anarcho"-capitalisme qui se rapprochent de celles de la droite américaine. Un "anarcho"-capitaliste comme [[Hans-Hermann Hoppe]] a ainsi des positions sur des sujets sensibles proches de celles des courants républicains conservateur, il défend également le monarchisme plutôt que la démocratie.
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:Hans-Hermann Hoppe défend ainsi :
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*''La hiérarchie naturelle''. Cette position n'est toutefois pas propre à Hans-Hermann Hoppe, elle est en fait commune à la plupart des libertariens. Ces derniers défendent en effet le bien-fondé de la hiérarchie économique et sociale, qui ne fait selon eux que refléter une hiérarchie naturelle "inévitable". Hans-Hermann Hoppe s'exclame ainsi : ''Les riches sont en règle générale intelligents et industrieux, alors que les pauvres sont typiquement stupides ou paresseux, ou les deux à la fois.''
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*Des positions qu'on peut assimiler à de ''l'eugénisme''. Comme il le dit : ''En subventionnant les tire-au-flanc, les névrosés, les négligents, les alcooliques, les drogués, les sidateux, et les handicapés physiques et mentaux par la réglementation de l'assurance et par l'assurance-maladie obligatoire, on aura davantage de maladie, de paresse, de névroses, d'imprévoyance, d'alcoolisme, de dépendance à la drogue, d'infections par le Sida, de même que de tares physiques et mentales.''
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*Une tendance à ''l'anti-écologisme''. D'une manière générale, les positions des anarcho-capitalistes et des libertariens divergent de celles des écologistes. Hermann-Hoppe dit ainsi : ''En forçant les propriétaires privés, par la réglementation de l'environnement, à protéger, c.-à-d. à subventionner les "espèces menacées" qui résident sur leurs terres, on aura davantage d'animaux, mieux portants, et moins d'êtres humains, qui se porteront moins bien.''
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*''Des politiques d'immigration restrictives et sélectives''. Il s'oppose en cela à la position de Friedman qui veut une immigration illimitée (p 105). Hans-Hermann Hoppe déclare : ''Que doit-on espérer et prôner comme politique d'immigration correcte (...) ? La meilleure que l'on puisse espérer (...) : c'est que les dirigeants démocratiques se conduisent "comme si" ils étaient personnellement propriétaires du pays, comme s'ils avaient à décider qui admettre et qui exclure dans leur propre propriété privée. Cela signifie pratiquer une politique de discrimination extrême : (...) en faveur de ceux qui présentent les plus grandes qualités humaines d'expertise, de caractère et de compatibilité culturelle. (...) en outre, (...) cela implique que l'immigrant doit présenter non seulement une connaissance de [notre] langue mais encore des capacités intellectuelles générales supérieures (au-dessus de la moyenne) et des qualités de caractère compatibles avec notre système de valeurs — avec pour résultat prévisible une tendance systématique à favoriser l'immigration des Européens.''
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==Positionnement de la doctrine==
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*'''Les "anarcho"-capitalistes sont-ils libertariens ?''' La question fait débat. Friedman y répond parfois par la négative (p 193), ''Que des institutions donnent naissance à une société libertarienne, c'est ce qui reste à prouver. Dans certaines conditions, cela ne sera pas possible''. Notamment, car selon lui, dans une société "anarcho"-capitaliste, le droit est produit sur un marché (p 194). En fait, le débat donne lieu à des opinions assez variables. Pour les "anarcho"-capitalistes, leur doctrine est incluse dans le libertarianisme. Pour les libertariens, c'est mitigé. Pourquoi ? Car certains libertariens, ou certains objectivistes, considèrent que l'anarcho-capitalisme ne conduirait pas à un monde où les principes libertariens seraient respectés. Ayn Rand et Robert Nozick font partie de cette catégorie : pour eux, la gestion de la violence par un Etat est la condition minimale pour que les droits individuels soient respectés. Dans tous les cas, il est incontestable que l'"anarcho"-capitalisme est issu de la doctrine et du mouvement libertarien.
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*'''Libéralisme et "anarcho"-capitalisme'''. Certains penseurs "anarcho"-capitalistes rejettent l'apport d'Adam Smith et du libéralisme classique, d'autres comme Friedman s'en réclament (p XVIII). Naturellement, comme ils rejettent toute forme d'interventionnisme, ils sont opposés au libéralisme de gauche, et notamment aux politiques keynésiennes. Les libéraux rejettent quant à eux l'"anarcho"-capitalisme dans la mesure où le rôle qu'ils assignent à l'Etat n'est pas respecté dans la doctrine "anarcho"-capitaliste : sécurité, services publics, redistribution.
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*'''Anarchisme et "anarcho"-capitalisme'''. Pour établir la distinction entre les deux mouvements, il faut bien différencier la façon dont les anarcho-capitalistes se représentent leur doctrine et la façon dont ils la positionnent par rapport à d'autres doctrines politiques, du positionnement réel de cette doctrine, ou tout au moins du positionnement qui fait consensus chez la plupart des gens (le point de vue commun). Ainsi, pour les national-socialistes, leur mouvement était une forme de socialisme, mais bien sûr, la plupart des historiens ont prouvé le contraire à maintes reprises. Il importe donc d'exposer les deux points de vue, le point de vue interne, celui des "anarcho"-capitalistes, et celui qui fait autorité, et d'indiquer lequel fait autorité. En ce qui concerne l'"anarcho"-capitalisme, le mouvement est rejeté officiellement par tous les organes "officiels" de l'anarchisme (fédérations anarchistes, collectifs, mouvements, etc.), et de plus, le point de vue courant est d'assimiler l'anarchisme à la lutte contre le capitalisme. C'est donc ce point de vue qui fait autorité. En revanche, les "anarcho"-capitalistes assimilent leur doctrine à une forme d'anarchisme. Selon Friedman, en effet l'"anarcho"-capitalisme est une forme d'anarchisme, en ce sens qu'il veut la suppression de l'Etat considéré comme ''un organisme d'agression prétendument légitime''. Le rejet de l'Etat par les "anarcho"-capitalistes est le principal point commun qu'ils ont avec les anarchistes. Un auteur comme [[Murray Rothbard]] critique par ailleurs la position des anarcho-communistes. D'autre part, les anarcho-capitalistes sont en désaccord avec d'autres mouvements qui se réclament de l'anarchisme : anarcho-primitivisme, anarchisme vert, éco-anarchisme, etc.
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== Liens externes ==
 
== Liens externes ==

Revision as of 18:42, 28 September 2005

L'"anarcho"-capitalisme est un oxymoron inventé à la seconde moitié du XX eme siécle, par des libéraux "individualistes" désirant se distinguer des libéraux d'État . → les libéraux aux États-unis sont des groupes politiques se trouvant à gauche de l'échiquier parlementaire, ces libéraux auraient une similitude au niveau politique avec les socio-démocrates européens.

Cet oxymoron associe deux termes, anarchisme et capitalisme. Mais dans les écrits de certains "anarcho"-capitalistes, "anarcho" et "capitalisme" signifie respectivement "individualisme" et "libéralisme". La raison du refus de se définir "anarchiste" ou "capitaliste" étant, respectivement, que le terme "anarchisme" fait référence à l'histoire des anarchistes qui n'est pas favorable au capitalisme, et que "capitalisme" pouvant signifier aussi "capitalisme d'État" (le terme capitalisme englobant autant de tendances que de divers gestionnaires). D'ailleurs Individualisme et collectivisme (des notions sociales) sont, pour les "anarcho"-capitalistes, plus essentiels qu'anarchisme et étatisme (qui sont des notions politiques) pour définir leur façon de penser ; la raison qui fait que tout ce qui est collectivisme est considéré de leur part comme de l'Étatisme. et tout ce qui est Individualisme est considéré de capitaliste (alors qu'un individualiste peut désirer la commune/le communisme). On peut donc aussi comprendre et considérer l'"anarcho"-capitalisme comme un individualisme libéral et non comme un Individualisme Anarchiste. C'est la raison pour laquelle les « anarcho » -capitalistes ne sont pas reconnus, comme anarchistes, par les anarchistes, qui les considérent comme des individualistes libéraux ou voire, pour certains, des panarchistes libéraux.

Néanmoins, anarchopédia étant une encyclopédie sur l'anarchisme, on traitera de cet oxymoron,
afin de faire une étude sur ce mouvement prétendument anarchiste.
  • La doctrine "anarcho"-capitaliste défend le droit d'accomplir certains actes qui sont jugés illicites ou immoraux dans la plupart des pays occidentaux, à savoir : le droit pour une personne individuelle de posséder, d'user et de vendre librement de la drogue, des jeux, de la pornographie (p 1), des armes à feu (et éventuellement des armes militaires), des espèces naturelles rares et protégées, etc.
  • Elle prône la privatisation de tous les services publics qui incombent traditionnellement à l'Etat :
    • Gestion des routes (p 109) et de l'environnement. Les routes seraient privatisées et la collecte des déchets également. Les biens environnementaux seraient privatisés.
    • Enseignement (p 83). L'école publique serait dissoute, et les opérateurs privés prendraient le relais (famille, enseignement libre ou écoles).
    • Justice (p 173). Il y a deux positions. Selon Friedman, les règles du Droit seraient produites sur un marché libre (p 177), alors que selon Rothbard, elles découlent de la théorie du Droit naturel.
    • Sécurité (p 179), celle-ci est confiée à des agences privées ou à l'initiative individuelle.
    • Défense (p 205).
    • Monnaie (p 334). Les banques assureraient la création monétaire.
    • Médecine publique (p 136). Chacun aurait le droit de vendre, de consommer et d'échanger toute sorte de services et produits médicaux.
Tous ces services seraient donc laissés au libre jeu du marché, sans qu'un organisme d'origine étatique n'intervienne pour les réguler et les contrôler. C'est la concurrence qui assurerait l'équilibre dans tous ces secteurs.
  • Elle défend le "droit" des enfants à travailler (p 143). La position de Friedman n'est pas unique. Hermann-Hoppe nous dit ainsi : En interdisant le travail des enfants, on prend de l'argent aux familles avec enfants pour le donner à ceux qui n'en ont pas), la prostitution libre, le droit de donner ses organes sans entraves, etc. Ce sont des conséquences logiques du droit naturel, et du droit de contracter librement. Les penseurs "anarcho"-capitalistes s'opposent aussi à toute forme de redistribution des richesses, car celle-ci est assimilée à un vol.
  • Pour lutter contre l'Etat, certains comme Hermann-Hoppe sont sécessionistes, d'autres comme Friedman sont réformistes

Il existe d'autre part des tendances dans l'"anarcho"-capitalisme qui se rapprochent de celles de la droite américaine. Un "anarcho"-capitaliste comme Hans-Hermann Hoppe a ainsi des positions sur des sujets sensibles proches de celles des courants républicains conservateur, il défend également le monarchisme plutôt que la démocratie.

Hans-Hermann Hoppe défend ainsi :
  • La hiérarchie naturelle. Cette position n'est toutefois pas propre à Hans-Hermann Hoppe, elle est en fait commune à la plupart des libertariens. Ces derniers défendent en effet le bien-fondé de la hiérarchie économique et sociale, qui ne fait selon eux que refléter une hiérarchie naturelle "inévitable". Hans-Hermann Hoppe s'exclame ainsi : Les riches sont en règle générale intelligents et industrieux, alors que les pauvres sont typiquement stupides ou paresseux, ou les deux à la fois.
  • Des positions qu'on peut assimiler à de l'eugénisme. Comme il le dit : En subventionnant les tire-au-flanc, les névrosés, les négligents, les alcooliques, les drogués, les sidateux, et les handicapés physiques et mentaux par la réglementation de l'assurance et par l'assurance-maladie obligatoire, on aura davantage de maladie, de paresse, de névroses, d'imprévoyance, d'alcoolisme, de dépendance à la drogue, d'infections par le Sida, de même que de tares physiques et mentales.
  • Une tendance à l'anti-écologisme. D'une manière générale, les positions des anarcho-capitalistes et des libertariens divergent de celles des écologistes. Hermann-Hoppe dit ainsi : En forçant les propriétaires privés, par la réglementation de l'environnement, à protéger, c.-à-d. à subventionner les "espèces menacées" qui résident sur leurs terres, on aura davantage d'animaux, mieux portants, et moins d'êtres humains, qui se porteront moins bien.
  • Des politiques d'immigration restrictives et sélectives. Il s'oppose en cela à la position de Friedman qui veut une immigration illimitée (p 105). Hans-Hermann Hoppe déclare : Que doit-on espérer et prôner comme politique d'immigration correcte (...) ? La meilleure que l'on puisse espérer (...) : c'est que les dirigeants démocratiques se conduisent "comme si" ils étaient personnellement propriétaires du pays, comme s'ils avaient à décider qui admettre et qui exclure dans leur propre propriété privée. Cela signifie pratiquer une politique de discrimination extrême : (...) en faveur de ceux qui présentent les plus grandes qualités humaines d'expertise, de caractère et de compatibilité culturelle. (...) en outre, (...) cela implique que l'immigrant doit présenter non seulement une connaissance de [notre] langue mais encore des capacités intellectuelles générales supérieures (au-dessus de la moyenne) et des qualités de caractère compatibles avec notre système de valeurs — avec pour résultat prévisible une tendance systématique à favoriser l'immigration des Européens.

Positionnement de la doctrine

  • Les "anarcho"-capitalistes sont-ils libertariens ? La question fait débat. Friedman y répond parfois par la négative (p 193), Que des institutions donnent naissance à une société libertarienne, c'est ce qui reste à prouver. Dans certaines conditions, cela ne sera pas possible. Notamment, car selon lui, dans une société "anarcho"-capitaliste, le droit est produit sur un marché (p 194). En fait, le débat donne lieu à des opinions assez variables. Pour les "anarcho"-capitalistes, leur doctrine est incluse dans le libertarianisme. Pour les libertariens, c'est mitigé. Pourquoi ? Car certains libertariens, ou certains objectivistes, considèrent que l'anarcho-capitalisme ne conduirait pas à un monde où les principes libertariens seraient respectés. Ayn Rand et Robert Nozick font partie de cette catégorie : pour eux, la gestion de la violence par un Etat est la condition minimale pour que les droits individuels soient respectés. Dans tous les cas, il est incontestable que l'"anarcho"-capitalisme est issu de la doctrine et du mouvement libertarien.
  • Libéralisme et "anarcho"-capitalisme. Certains penseurs "anarcho"-capitalistes rejettent l'apport d'Adam Smith et du libéralisme classique, d'autres comme Friedman s'en réclament (p XVIII). Naturellement, comme ils rejettent toute forme d'interventionnisme, ils sont opposés au libéralisme de gauche, et notamment aux politiques keynésiennes. Les libéraux rejettent quant à eux l'"anarcho"-capitalisme dans la mesure où le rôle qu'ils assignent à l'Etat n'est pas respecté dans la doctrine "anarcho"-capitaliste : sécurité, services publics, redistribution.
  • Anarchisme et "anarcho"-capitalisme. Pour établir la distinction entre les deux mouvements, il faut bien différencier la façon dont les anarcho-capitalistes se représentent leur doctrine et la façon dont ils la positionnent par rapport à d'autres doctrines politiques, du positionnement réel de cette doctrine, ou tout au moins du positionnement qui fait consensus chez la plupart des gens (le point de vue commun). Ainsi, pour les national-socialistes, leur mouvement était une forme de socialisme, mais bien sûr, la plupart des historiens ont prouvé le contraire à maintes reprises. Il importe donc d'exposer les deux points de vue, le point de vue interne, celui des "anarcho"-capitalistes, et celui qui fait autorité, et d'indiquer lequel fait autorité. En ce qui concerne l'"anarcho"-capitalisme, le mouvement est rejeté officiellement par tous les organes "officiels" de l'anarchisme (fédérations anarchistes, collectifs, mouvements, etc.), et de plus, le point de vue courant est d'assimiler l'anarchisme à la lutte contre le capitalisme. C'est donc ce point de vue qui fait autorité. En revanche, les "anarcho"-capitalistes assimilent leur doctrine à une forme d'anarchisme. Selon Friedman, en effet l'"anarcho"-capitalisme est une forme d'anarchisme, en ce sens qu'il veut la suppression de l'Etat considéré comme un organisme d'agression prétendument légitime. Le rejet de l'Etat par les "anarcho"-capitalistes est le principal point commun qu'ils ont avec les anarchistes. Un auteur comme Murray Rothbard critique par ailleurs la position des anarcho-communistes. D'autre part, les anarcho-capitalistes sont en désaccord avec d'autres mouvements qui se réclament de l'anarchisme : anarcho-primitivisme, anarchisme vert, éco-anarchisme, etc.


Liens externes

Citations

  • "Tous les arguments des anarcho-capitalistes reposent sur l’usage de la définition d’anarchisme et/ou anarchie, telle qu’on a la trouve dans le dictionnaire - ils ramènent l’anarchisme à une "opposition au gouvernement", et uniquement cela."
  • "ce n’est pas parce que quelqu’un emploie une étiquette que cela signifie qu’il soutient les idées liées à cette étiquette. Et c’est le cas avec l’"anarcho"-capitalisme — ses idées sont en désaccord avec les idées principales liées à toutes les formes d’anarchisme traditionnel."
  • "En plus de cette capacité d’être sélective au sujet de l’histoire et des résultats du capitalisme, leur théorie a une grande "clause échappatoire." Si les employeurs riches abusent de leur puissance ou restreignent les droits de la classe ouvrière (comme ils ont toujours fait), alors ils (selon l’idéologie) "libertarienne" cessent d’être des capitalistes ! Ceci est basé sur la fausse intuition qu’un système économique qui se fonde sur la force ne peut pas être capitaliste. C’est très pratique, car on peut affranchir l’idéologie du blâme de n’importe quelle oppression (excessive) qui résulterait de sa pratique. Ainsi les individus sont toujours à blâmer, et non le système qui a produit des occasions pour l’abus, et qu’elles ont librement saisies."
(FAq anarchiste : Section F - L’anarcho-capitalisme est-il un genre d’anarchisme ?)
  • « une aile du Reaganisme s’est évidemment appropriée, avec une sélectivité suspecte, les thèmes libertariens tels que la déréglementation et le volontarisme. Des ideologues se sont indignés que Reagan a travestis leurs principes. Merde alors ! Je note que c’est leurs principes, et pas les miens, qu’ils ont trouvé approprié de travestir. »
Bob Black dans "The Libertarian As Conservative"
  • "bien qu’ils affirment que le "vrai capitalisme" n’existe pas (parce que toutes les formes existantes de capitalisme sont étatiques), ils affirmeront que toutes les bonnes choses que nous avons — la technologie médicale avançée, le choix des produits pour le consommateur, etc... — sont néanmoins dues au "capitalisme." "


  • "La conception de la liberté que promeut un libertarien est une pièce maîtresse de son argumentaire. Or celle-ci est également on ne peut plus éloignée de positions anarchistes. Cette liberté est la liberté individuelle de n'être pas entravé: c'est la liberté dite négative, conçue d'une manière purement individuelle et garantie par un système de protection que certains veulent privé tandis que d'autres reconnaissent qu'un Etat sera nécessaire à son maintien. Or cette liberté, qui ignore tout des circonstances, est d'une confondante pauvreté. Le salarié contraint de se vendre y est présumé libre. C'est la liberté libre du renard dans le poulailler libre, c'est celle de ces villes grillagées derrière lesquelles se réfugient les plus riches citoyens américains pour échapper au chaos qu'ils ont créé, c'est la liberté qui s'accroît avec l'esclavage d'autrui."
  • "Notons enfin que les libertariens ont une attitude pour le moins étonnante face à l'État, à cet État qui a joué un rôle crucial dans le développement du capitalisme et dans son expansion. L'État subventionnaire des entreprises à même les fonds publics, l'État garant des droits et privilèges consentis à des tyrannies privées d'une inouïe puissance, tout cela n'amène pas ces supposés ennemis de l'État à en tirer la conséquence que la propriété acquise par ces moyens serait illégitime. Des libertariens ont ainsi récemment, aux État-Unis, pris la défense de Bill Gates dans le procès qui lui a été intenté."
  • "Débattre du marché avec un libertarien est toujours délicat. C'est qu'on a bien du mal à savoir de quoi il parle. Du marché qu'on analyse et qu'on décrit dans des livres d'économie? Ou alors de celui qui existe dans le monde réel?"
  • "dans le monde réel, le marché qui prévaut tend, dans une mesure très importante, à être la négation du marché " pur " ou théorisé. En fait, comme le dit souvent Chomsky, le développement de l'Europe, des États-Unis (de manière particulièrement marquée sous Reagan, frauduleusement présenté comme un apôtre du libre marché), de l'Asie de l'Est, tout cela est dû à la trahison systématique, dans la pratique, des règles que suggèrent la théorie et la doctrine du libre marché."
  • "Les anarchistes, là-dessus? Je ne peux pas rendre justice à leur position en quelques lignes, pas plus que je n'ai pu exposer complètement celle des libertariens. Disons simplement que les anars refusent ce qui est impliqué sous le nom de propriété dans les exemples qui précèdent. Et ils se placent donc dans la lignée de Rousseau qui écrivait : " Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire, Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eussent point épargné au Genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d'écouter cet imposteur; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la Terre n'est à personne."
Norman Baillargeon, avril 2000, dans «Une polémique 123» Réponse à Martin Masse.


  • "Au coeur de la célébration des marchés, on trouve une tautologie inlassablement réaffirmée. Si nous assumons d'abord que tout ce qui est peut-être considéré comme un marché et que le marché optimise les résultats, alors on est conduit à recommander que tout soit géré comme un marché. Dans l'éventualité où un marché particulier n'optimise pas, on ne peut conclure qu'une chose : c'est qu'il n'est pas assez conforme au marché. C'est là un système infaillible pour garantir que la théorie soit bien à l'abri des faits. Par ailleurs, s'il arrive qu'une activité humaine ne se conforme pas à un marché efficient, cela doit nécessairement être la faute d'interférences, qui doivent être éliminées. Mais il ne vient jamais à l'esprit que la théorie ne rend pas adéquatement compte des comportements humains."
Robert Kutner


Voir aussi

Catégorie:Oxymoron