Difference between revisions of "Internationale situationniste"

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* la réalisation et l'épanouissement de l'individu (opposée à son aliénation) : le [[libertinage]] est un des aspects de cet épanouissement, mais globalement, la subjectivité radicale de chacun-e est censée se développer dans le refus des contraintes, et ce dans tous les domaines.
 
* la réalisation et l'épanouissement de l'individu (opposée à son aliénation) : le [[libertinage]] est un des aspects de cet épanouissement, mais globalement, la subjectivité radicale de chacun-e est censée se développer dans le refus des contraintes, et ce dans tous les domaines.
  
* l'abolition du travail en tant qu'aliénation et activité séparée, résumée par le slogan de [[Guy Debord]] écrit à la craie sur un mur de la rue de Seine (à [[Paris]]) : « ''Ne travaillez jamais'' ».
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* l'abolition du travail en tant qu'aliénation et activité séparée, résumée par le slogan de [[Guy Debord]] écrit à la craie sur un mur de la rue de Seine (à Paris) : « ''Ne travaillez jamais'' ».
  
 
* le refus de toute activité séparée du reste de la vie quotidienne : les situationnistes luttent pour l'abolition de l'art contemplatif, des loisirs, et de l'université et pour la réunification de toutes les activités humaines : fin de la [[division du travail]] et des séparations entre les différentes sciences. Ils ne font ainsi que reprendre le projet communiste de Marx : l'autogestion communiste permet à l'activité de production de ne plus être un travail et de fusionner avec toutes les autres activités humaines sous une forme [[Art|artistique]] et [[Poésie|poétique]]. Ainsi, l'activité de production n'est plus séparée de l'épanouissement individuel, des loisirs et de la [[sexualité]]. De manière plus générale, le projet situationniste aspire à ce que toutes les activités humaines prennent une forme artistique : celle de la libre création des individus, en un mot celle de l'autogestion.  
 
* le refus de toute activité séparée du reste de la vie quotidienne : les situationnistes luttent pour l'abolition de l'art contemplatif, des loisirs, et de l'université et pour la réunification de toutes les activités humaines : fin de la [[division du travail]] et des séparations entre les différentes sciences. Ils ne font ainsi que reprendre le projet communiste de Marx : l'autogestion communiste permet à l'activité de production de ne plus être un travail et de fusionner avec toutes les autres activités humaines sous une forme [[Art|artistique]] et [[Poésie|poétique]]. Ainsi, l'activité de production n'est plus séparée de l'épanouissement individuel, des loisirs et de la [[sexualité]]. De manière plus générale, le projet situationniste aspire à ce que toutes les activités humaines prennent une forme artistique : celle de la libre création des individus, en un mot celle de l'autogestion.  

Revision as of 12:54, 2 April 2006

catégorie:Autre théorie

Catégorie:Articles à retravailler

L'Internationale situationniste (ou IS) était une organisation révolutionnaire désireuse d'en finir avec la société de classes en tant que système oppressif et de combattre le système idéologique de la civilisation occidentale : la domination capitaliste. L'IS était, au niveau des idées développées, issue de différents mouvements révolutionnaires apparus depuis le XIXème siècle, notamment de la pensée marxiste d'Anton Pannekoek, de Georg Lukacs ainsi que du communisme de conseil. L'Internationale situationniste pouvait être apparentée à un groupe d'ultra-gauche, mais elle était également l'héritière des tentatives révolutionnaires des avant-gardes artistiques de la première moitié du XXème siècle, comme le surréalisme ou le dadaïsme...

Ce mouvement, créé formellement en 1957, est né au sein d'un autre mouvement contestataire des années 1950 : l'Internationale lettriste, les fondateurs de l'IS (notamment Guy Debord) lui reprochant son insuffisance. L'IS est le produit de la fusion de l'Internationale lettriste, du Mouvement International pour un Bauhaus Imaginiste, et du Comité Psychogéographique de Londres. L'une des principales caractéristiques des idées situationnistes est la libération des conditions historiques pour une réappropriation du réel, et ce dans tous les domaines. Le dépassement de l'art fut un des objectifs de départ de l'IS, qui s'est vite orientée vers une critique de la société du spectacle, la société « spectaculaire-marchande » doublée d'un désir de révolution sociale qui s'est notamment fait connaître en France en mai 1968.

Théorie(s) situationniste(s)

Le projet situationniste est un programme marxiste libertaire reposant sur « la réalisation de la philosophie », conçue comme un projet historique. Ce projet repose sur :

  • le communisme de conseil : lutte révolutionnaire pour l'abolition des États et du capitalisme et l'instauration de l'autogestion généralisée par le pouvoir des conseils ouvriers (démocratie directe). Les situationnistes luttent avant tout pour une société égalitaire débarassée des rapports marchands, c'est-à-dire pour le communisme.
  • la révolution de la vie quotidienne, projet libertaire et hédoniste que l'on pourrait résumer par ce slogan : « Jouissons sans entraves ! ».

La révolution de la vie quotidienne ne peut se faire que dans le cadre de l'autogestion généralisée, sur des bases égalitaires, et en supprimant les rapports marchands. Elle s'appuie sur plusieurs idées :

  • l'abolition du spectacle en tant que rapport social
  • la participation des individus (refus des représentations)
  • la communication (refus des médiations)
  • la réalisation et l'épanouissement de l'individu (opposée à son aliénation) : le libertinage est un des aspects de cet épanouissement, mais globalement, la subjectivité radicale de chacun-e est censée se développer dans le refus des contraintes, et ce dans tous les domaines.
  • l'abolition du travail en tant qu'aliénation et activité séparée, résumée par le slogan de Guy Debord écrit à la craie sur un mur de la rue de Seine (à Paris) : « Ne travaillez jamais ».
  • le refus de toute activité séparée du reste de la vie quotidienne : les situationnistes luttent pour l'abolition de l'art contemplatif, des loisirs, et de l'université et pour la réunification de toutes les activités humaines : fin de la division du travail et des séparations entre les différentes sciences. Ils ne font ainsi que reprendre le projet communiste de Marx : l'autogestion communiste permet à l'activité de production de ne plus être un travail et de fusionner avec toutes les autres activités humaines sous une forme artistique et poétique. Ainsi, l'activité de production n'est plus séparée de l'épanouissement individuel, des loisirs et de la sexualité. De manière plus générale, le projet situationniste aspire à ce que toutes les activités humaines prennent une forme artistique : celle de la libre création des individus, en un mot celle de l'autogestion.

Pour décrire le capitalisme moderne, Guy Debord réutilise le concept de « spectacle » invoqué par Marx. Ce concept a plusieurs significations. Le spectacle est avant tout l'appareil de propagande du pouvoir capitaliste mais c'est aussi un rapport social médiatisé par des images.

« Le spectacle est la religion de la marchandise »

Il apparaît avec la société de consommation, dans les années 1930. Guy Debord distingue deux formes de spectacle :

  1. le spectaculaire concentré des sociétés totalitaires (capitalisme d'État)
  2. le spectaculaire diffus des sociétés libérales.

Alors qu'en URSS et dans les pays de l'est le spectacle se concentre sur la personne du dictateur (Staline puis Khrouchtchev puis Brejnev), le spectacle se présente dans les sociétés libérales occidentales de manière diffuse, sous la forme de marchandises qui contiennent en elles-mêmes toute la propagande de l'idéologie capitaliste. Guy Debord observe que dans les années 1980 les deux formes de spectacle ont fusionné sous la forme du « spectaculaire intégré » : désormais, le spectacle n'est plus seulement dans les marchandises ou dans la simple propagande du pouvoir.

« Désormais, le spectacle est présent partout »

Il régit tous les rapports sociaux, puisque désormais tous les rapports sociaux tendent à devenir des rapports marchands : les rapports sociaux ne sont plus que des rapports de seuls signifiants, autrement dit de simulacres. Ils sont eux mêmes des simulacres.

Au-delà même des rapports sociaux, le spectaculaire intégré est présent dans l'architecture, la géographie, le paysage, les consciences, et même la nature (pollutions diverses, radioactivité, réchauffement climatique, organismes génétiquement modifiés).

La revue

L'Internationale situationniste fut également une revue dirigée par Guy Debord, Mohamed Dahou, Giuseppe Pinot-Gallizio, Maurice Wyckaert, Constant, Asger Jorn, Helmut Sturm, Attila Kotanyi, Jørgen Nash, Uwe Lausen, Raoul Vaneigem, Michèle Bernstein, Jeppesen Victor Martin, Jan Stijbosch, Alexander Trocchi, Théo Frey, Mustapha Khayati, Donald Nicholson-Smith, René Riesel, René Viénet, etc. 12 numéros furent publiés entre 1958 et 1969. Cette revue était un terrain d'expérimentation discursif et également moyen de propagation des idées.

L'IS a largement influencé les mouvement révolutionnaires. Elle a participé activement au mouvement des occupations d'usines, lors de la grève générale de mai 1968. Bien qu'auto-dissoute en 1972, l'Internationale situationniste reste aujourd'hui un mouvement largement étudié en raison de son passage spectaculaire dans l'histoire de la pensée de la politique et dans l'histoire des théories artistiques ainsi que par la contemporanéité - c'est-à-dire la modernité quand un situationniste ne veut pas l'utiliser avec un sens péjoratif - de son discours critique. Les situationnistes ne reconnaissent pas non plus la propriété intellectuelle.

Dans ce sens, n'importe qui pourra toujours se dire situationniste (ou disons, s'approprier et user théoriquement et pratiquement des idées situationnnistes), à condition bien sûr de critiquer l'IS. Car un situationniste qui ne critiquerait pas les situationnistes n'en serait pas un : là réside la différence entre les situationnistes et ceux qu'ils dénonçaient eux-mêmes sous le terme de « pro-situs » (les adeptes de l'idéologie figés dans le « situationnisme »). En effet, le concept de « situationnisme » a toujours été dénoncé par les situationnistes, puisqu'il sous-entend l'existence d'une idéologie situationniste avec ses dogmes et sa doctrine, ce qui est le contraire de la théorie situationniste, qui repose sur la critique permanente et le dépassement. En 1972, l'IS était devenue une forme d'organisation dépassée mais surtout à dépasser, car elle avait achevé son rôle historique. Les membres de l'IS ont donc décidé de dissoudre leur organisation cette année-là. En 1974, des anciens membres de l'IS ont alors créé l'Antinationale situationniste.

Critique (des) situationistes

« Au-delà d'une critique perpétuelle quelles étaient les propositions de l'IS ? ». Contrairement à d'autres mouvements de la même époque (par exemple le maoïsme ou le structuralisme), les propositions de l'IS sont quasi-inexistantes.

En 2004, plus de trente ans plus tard, le situationnisme reste toujours aussi mystérieux : au-delà de la critique permanente, quels étaient ses buts, son existence, son (ou ses) influence(s), ses retombées... ? N'étant pas partisane de la prise de pouvoir, l'IS reste encore aujourd'hui dans le flou. Et s'il semble encore trop tôt pour répondre à ce genre de questions, simplement plusieurs lignes de forces semblent peu à peu se dégager :

  • Ainsi, aujourd'hui, de nombreux conseillistes continuent à se dire situationnistes. Certains pensent cependant qu'il est abusif de se déclarer aujourd'hui situationniste et que cela revient à une récupération du mouvement, dénoncée dès l'origine. Cela dit, les membres de l'IS affirmaient aussi eux-mêmes que leur pensée et leur pratique étaient faites pour être réappropriées par chacun : la théorie situationniste n'appartient dans ces conditions à personne. Mais ce « chacun » désigne-t-il les OS des usines Renault ou un « petit microcosme d'étudiants attardés, de professeurs Nimbus enfermés dans un monde à part » (Alain Gesmar) ?
  • Depuis les années 1970, les thèses situationnistes ont été critiquées par le reste de l'ultra-gauche. Cette critique dénonce plusieurs aspects du discours et des pratiques des situationnistes, notamment leurs origines bourgeoises, leur intellectualisme, leur ésotérisme, leur élitisme et leur moralisme supposés.

Les Brigades Rouges

Les situationnistes ont été considérés par certains pour des tenants de théories du complot : Guy Debord et Gianfranco Sanguinetti sont censés avoir cru que les Brigades Rouges étaient une filiale des services secrets de l'État italien, alors que les lettres qu'ils échangent ne font qu'exprimer des doutes sur l'autonomie réelle du groupe qui a perpétré et l'enlèvement et le meurtre d'Aldo Moro.

Le sida

Les situationnistes ont été également critiqués car ils auraient énoncé une théorie négationniste selon laquelle le sida (syndrome d'immuno-déficience acquise) n'existe pas et qu'il n'est qu'une invention de la CIA pour briser l'émancipation sexuelle des populations. Pourtant, Debord a été l'un des seuls à soutenir Le Temps du sida, un livre de Michel Bounan qui ne nie absolument pas la réalité du sida mais le relie aux conditions de vie exécrables qui régissent le monde moderne, sans chercher à y placer un complot étatique ou sous-étatique. De plus, Guy Debord a soutenu les premiers mouvements Act-up.

Critique historique

De nos jours, le mouvement situationiste qui, pour Alain Krivine, n'était qu'un « rassemblement d'intellectuels de gauche sans prise aucune avec les réalités concrètes des classes laborieuses », apparaît plus comme un laboratoire d'idées que comme un réel mouvement politique ou même révolutionnaire qui suppose comme finalité la prise de pouvoir.

Citations situationnistes

  • « Nous pensons d'abord qu'il faut changer le monde. Nous voulons le changement le plus libérateur de la société et de la vie où nous nous trouvons enfermés. » (Guy Debord)
  • « Ne travaillez jamais. » (Guy Debord)
  • « La bureaucratie révolutionnaire qui dirigeait le prolétariat, en s'emparant de l'État, donna à la société une nouvelle domination de classe. » (Guy Debord, 1967)
  • « La révolution cesse dès l'instant où il faut se sacrifier pour elle. » (Raoul Vaneigem, 1967).

La « mouvance » situationniste

Membres de l'Internationale situationniste

Compagnons de route

Le nom du sinologue Simon Leys est souvent associé au mouvement situationniste, trois de ses livres étant venus confirmer la méfiance de ce mouvement envers le système politique chinois : Ombres chinoises, Les Habits neufs du président Mao et Revolution culturelle dans la Chine populaire. Le style même de ces trois titres se situe d'ailleurs parfaitement en ligne avec l'esprit de ce mouvement.

Annexes

Bibliographie

  • Un recueil de la revue Potlatch (Internationale lettriste) a été publié dans la collection Folio (Gallimard) en 1996.
  • 1948-1957 : Documents relatifs à la fondation de l'internationale situationniste a été publié aux éditions Allia.
  • Le recueil des douze numéros de la revue Internationale situationniste a été republié chez Van Gennep. Amsterdam.
  • Le recueil des douze numéros de la revue Internationale situationniste a été republié en 1997 chez Artheme Fayard.
  • De la misère en milieu étudiant, Champ libre.
  • Enragés et situationnistes dans le mouvement des occupations, Gallimard, Coll. Témoins (1968)
  • La véritable scission dans l'Internationale, circulaire publique de l'Internationale Situationniste (1972)
  • Jean-Jacques Raspaud et Jean-Pierre Voyer, L'Internationale situationniste : protagonistes, chronologie, bibliographie, index des noms insultés, Champ Libre (1972).
  • Jean-François MARTOS, Histoire de l'Internationale situationniste, Ivrea (1995).
  • Guy Debord, La société du spectacle, Gallimard (1992).
  • Guy Debord, Commentaires sur la société du spectacle, Gallimard (1992).
  • Guy Debord, Panégyrique, Gallimard (1993).
  • Guy Debord, Considérations sur l'assassinat de Gérard Lebovici, Gallimard (1993).
  • Guy Debord, Cette mauvaise réputation..., Gallimard (1993).
  • Gianfranco Sanguinetti, Du terrorisme et de l'État (1980).
  • Raoul Vaneigem, De la grève sauvage à l'autogestion généralisée, 10/18 (1974).
  • Raoul Vaneigem, Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations, Gallimard (1994).
  • Raoul Vaneigem, Le Livre des plaisirs, Labord (1993)
  • Raoul Vaneigem, Avertissement aux écoliers et lycéens, Mille et une nuits (1995).
  • Raoul Vaneigem, Adresse aux vivants sur la mort qui les gouverne et l'opportunité de s'en défaire, Seghers-Laffont (1990).
  • Raoul Vaneigem, Lettre de Staline à ses enfants enfin réconciliés, Verdier (1998).
  • Raoul Vaneigem, Nous qui désirons sans fin, Gallimard (1998).
  • Thomas Genty, La critique situationniste ou la praxis du dépassement de l'art, Zanzara athée (1998).
  • Archives situationnistes, Contre-moule parallèles (1997).
  • Les éditions Denoël publient depuis 2000 la revue Archives et documents situationnistes

Liens internes

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