casseur
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Autrefois le terme de "casseur" désignait les "casseur de grève", les jaunes.
Casseur est aujourd'hui un terme souvent repris par des médias, utilisé pour regrouper sous une même dénomination l'ensemble des personnes pratiquant des actes de vandalisme et/ou violents en marge des manifestations, que ce soit pendant ou à la fin d'un défilé protestataire. Afin de ne pas être repérés, ils ont le visage souvent masqué par des écharpes, des capuches ou des casquettes, et agissent à plusieurs (un "casseur" isolé étant à la merci des forces de l'ordre, en uniforme ou pas), de manière très mobile. Ils interviennent parfois lors de manifestations de syndicalistes, de lycéens ou d'étudiants, en profitant des mouvements et de l'anonymat de la foule, mais également de manière spontanée et séparée, quand il ne reste plus que les forces de l'ordre et des gens désireux d'en découdre. Le terme ne fait référence qu'à l'acte de casser et à la violence qu'évoque le mot, et en ce sens il est à la fois réducteur et source de confusion, voire d'amalgames.
Il désigne à la fois:
- des personnes opérant des larcins plus ou moins graves (vols à l'arrachée parmi les manifestants)
- les auteurs d'actes de vandalisme, perpétrés soit contre le mobilier urbain (abribus, cabines téléphoniques), soit contre des boutiques (vitrines brisées, avec parfois ensuite des vols dans les magasins vandalisés etc.), soit contre les distributeurs automatiques, les édifices publics, etc.
- des manifestants qui s'en prennent physiquement aux forces de l'ordre (CRS, Police Nationale, Gendarmerie, parfois même les Sapeurs-Pompiers).
Le casseur se caractérise donc pour les médias par sa nature violente et intimidante.
Les casseurs sont à la merci les policiers en civil qui se mêlent aux manifestants et prétendent participer eux aussi à la "casse" pour ensuite mieux pouvoir identifier, et éventuellement ramener directement vers les lignes de CRS les fauteurs de trouble. Ils sont en ceci aidés par le service d'ordre des manifestations.
Le terme "casseur" est parfois confondu -et d'ailleurs souvent à juste titre, la différence étant très floue- avec celui d'émeutier (auteurs d'émeutes) qui provoquent et invectivent les forces de l'ordre et prétendent exprimer un message de révolte : révolte antisociale, nihilisme, anarchisme, rejet radical du système social, économique et politique dans son ensemble, pression politique par la violence ...
Les casseurs agressent parfois les journalistes, qu'ils soupçonnent d'aider la police dans sa tâche d'identification des fauteurs de troubles, par les photos. Ils leur reprochent aussi de donner une version fausse des événements, de minimiser les causes de la colère, de ne pas prendre au sérieux la radicalité des motivations des casseurs, et tout ceci pour aboutir à une analyse réduite à la dénonciation de la délinquance. De plus, la difficulté éprouvée pour différencier un appareil photo d'agent des Renseignements Généraux de celui d'un journaliste explique les attaques dont est parfois victime le matériel. Par ailleurs, la présence des journalistes transforme l'émeute en symbole ou en spectacle, ce qui entre en contradiction avec la volonté, précisément centrale dans la "casse", de rendre l'affrontement concret, réel. Les photographes "amateurs", en dépit de leurs protestations, sont parfois assimilés aux journalistes et traités en conséquence.
Aux yeux d'une large part des manifestants (et de la totalité des organisateurs), les casseurs sont l'une des causes de discrédit de leur message, notamment au niveau médiatique. En effet, ils posent de manière décisive la question de l'acceptation ou non de la violence comme mode d'action politique, et la question de la définition des revendications : dans les deux cas, les "casseurs" ont tendance à la fois à élargir (droit d'utiliser n'importe quel moyen ; rejet d'un système social pris dans son ensemble) et à simplifier le but et le cadre de la manifestation.
On lit parfois aussi les déclinaisons "casseur de flics", "casseur de manifestants", "casseur de grève", "casseur de mouvement", etc.
Au final, le terme de "casseur" ne veut pas dire grand chose. Plusieurs raisons à cela : il regroupe maintes populations qu'il est aisément possible de différencier : un jeune banlieusard n'est pas un étudiant insurgé et encore moins un activiste d'extrême droite ou gauche. De plus, l'appellation "casseur" désigne l'acte en soi, et non les motivations. Il sert ainsi, notamment par son utilisation dans les médias, à stigmatiser des populations, à décrédibiliser la violence et ainsi à cacher les révoltes. Au point de penser qu'il y aurait une connivence entre les médias et les pouvoirs publics à des fins politiques concertées, ségrégationnistes, et admises. Utiliser ce mot permet de s'affranchir de trouver les motivations[1], c'est une manière d'exclure toute révolte du champ politique.[2]
Liens internes
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Bibliographie
- Apologie du Casseur, Serge Roure
- C'est de la racaille ? Eh bien, j'en suis Alèssi Dell’Umbria[3]
Liens externes
- Pourquoi je casse ? par le journal Le Monde (www.lemonde.fr)
- Nouveau lumpenprolétariat et jeunes casseurs (Brigitte Larguèze, Frédéric Goldbronn et José Reynes) dans le journal Le Monde (infos.samizdat.net)
Notes et références
- ↑ Un vandale n'a pas de motivation politique
- ↑ Dans son livre LQR, la propagande au quotidien, Eric Hazan montre comment le langage médiatique et politique nie le caractère politique d'une révolte, désormais appelée émeute.
- ↑ http://www.monde-diplomatique.fr/2006/09/PIERROT/13948
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