Jacques Ellul
Jacques Ellul, nait le 6 janvier 1912 à Bordeaux - meurt le 19 mai 1994 dans la même ville après une longue maladie. C'est un penseur, historien et sociologue français.
Apres une révélation à 18 ans qui le mettra dans la voie du christianisme, et une lecture poussée de Marx à 19 ans, Jacques Ellul a étudié le droit, puis mené sa vie dans une recherche de cohérence et en cherchant à comprendre et penser, notamment avec son ami Bernard Charbonneau, l'évolution de la société moderne, constatant la disparition du monde rural, la technicisation et normalisation de l'homme comme de son milieu et prévoyant, d'un point de vue écologique comme social l'ampleur de cette "grande mue".
Il a mené une étude critique très complète de ce qu'il appelait "la société technicienne" - la technique étant d'après lui le facteur déterminant de la société moderne - notamment dans une triologie sur la technique, dans laquelle il developpe sa thèse, exemples à l'appuis et en suivant l'évolution du phénomène technique; these selon laquelle la technique s'auto accroit, imposant ses valeurs d'efficacité et de progres technique, niant l'homme, ses besoins, sa culture, ainsi que la nature. La sociologie n'étant pas son seul domaine, son œuvre est partagée entre les travaux qu'ils a mené en tant que théologien, historien et sociologue, certains diraient même philosophe bien qu'il ne se définissait pas comme tel.
Il enseigna à l'université de Bordeaux et à Sciences Po de Bordeaux (IEP).
Militant anarchiste proche du situationnisme, mais également commentateur subtil de la pensée et des dérives marxistes, il a contribué à la mise en place de l'écologisme politique, ainsi qu'à des réflexions sur un anarchisme chrétien. On lui doit aussi de nombreux travaux théologiques sur les aspects subversifs et libérateurs de l'Evangile, ainsi que sur la "perversion" que la révélation chretienne aurait subit, ainsi que par exemple une interprétation de l'Apocalypse et une reflexion sur l'éthique et l'espoir.
On peut le considérer, avec son ami Ivan Illich comme un des pères de l'idée de décroissance raisonnée et de simplicité volontaire.
Citations
- " C'est maintenant la technique qui opère le choix ipso facto, sans rémission, sans discussion possible entre les moyens à utiliser... L'homme (ni le groupe) ne peut décider de suivre telle voie plutôt que la voie technique .... ou bien il décide d'user du moyen traditionnel on personnel ... et alors ses moyens ne sont pas efficaces, ils seront étouffés ou éliminés, ou bien il décide d'accepter la nécessité technique, il vaincra ... soumis de façon irrémédiable à l'esclavage technique. il n'y a donc absolument aucune liberté de choix."
Le système technique Calmann-Lévy, 1977 p. 245 et sv.
- « Ce n'est pas la technique qui nous asservit mais le sacré transféré à la technique (...) Ce n'est pas l'État qui nous asservit (...), c'est sa transfiguration sacrale (...) ». Les nouveaux possédés, Paris, Fayard, 1973, p. 259.
- « J'ai montré sans cesse la technique comme étant autonome, je n'ai jamais dit qu'elle ne pouvait pas être maîtrisée. » Changer de révolution, Paris, Seuil, 1982, p. 224.
- « Par conviction spirituelle, je ne suis pas seulement non violent mais je suis pour la non-puissance. Ce n'est sûrement pas une technique efficace. (...) Mais c'est ici qu'intervient pour moi la foi. (...) On ne peut pas créer une société juste avec des moyens injustes. On ne peut pas créer une société libre avec des moyens d'esclaves. C'est pour moi le centre de ma pensée. » Patrick Chastenet, Entretiens avec Jacques Ellul, Paris, La Table Ronde, 1994, p. 52.
- « Plus j'étudiais, et plus je comprenais sérieusement le message biblique (et Biblique entièrement, pas le « doux » message de Jésus !) plus je rencontrais l'impossibilité d'une obéissance serve à l'État, et plus j'apercevais dans cette Bible les orientations vers un certain anarchisme. [..] l'anarchisme me parait, dans son domaine politique la conviction la plus proche de la pensée biblique. » Anarchie et Christianisme, Ateliers de Création Libertaire, 1998, Introduction
- « Lorsque nous aurons vraiement pris au sérieux la situation concrète des hommes et des femmes de notre temps, que nous aurons entendu leur cri d'angoisse et que nous aurons compris pourquoi ils ne veulent pas de notre Evangile désincarné; lorsque nous aurons participé à leur souffrance, charnelle et spirituelle, à leur désespoir, à leur abandon; lorsque nous serons devenus solidaires de nos compatriotes et de notre universelle Eglise, comme Moise et Jeremie de leur peuple, comme Jesus des foules érrantes, troupeau sans berger, alors notre voix pourra annoncer la parole de Dieu. Mais pas avant! [..] Ce n'est pas la Parole qui doit changer et leur apporter autre chose, c'est leur situation. [..] Nécéssité de la révolution dans un monde où elle est devenue impossible, et d'une révolution qui attaque les structures profondes d'une civilisation dont tous les efforts tendent vers cet unique but: transformer en pourceaux tous les êtres humains, qui ne peuvent plus de ce fait recevoir les perles de l'Ecriture. Nécéssité d'une redécouverte du sens de l'activité humaine, de la situation des moyens et des fins, de leur place véritable dans un monde tout entier livré à l'esprit de puissance, au déréglement, à l'orgueil de moyens sans bornes et qui nous absorbent sans réserve possible. [..] Tant que la solidarité entre chrétiens ne se traduira pas dans une aide pour permettre à chaqun de trouver un équilibre de vie, de rechercher un style de vie ou s'incarne vraiement sa foi (non pas pour éviter de crever de faim), elle ne sera qu'un mot. Et ceci seulement montre à quel point cette recherche peut conduire dans des sentiers désagréables à nos chères habitudes. [..] Mais c'est à ce prix que la bonne nouvelle du salut en Christ sera autre chose qu'une parole humaine parmis d'autres paroles humaines... » Présence au monde moderne, 1948, conclusion.
Bibliographie
Voir: http://www.ellul.org/bib.htm
Anecdotes
Le film de Godfrey Reggio Koyaanisqatsi lui rend hommage dans son générique de fin comme l'un des cinq inspirateurs du film, Guy Debord et Ivan Illich étant parmi deux des autres noms cités.
Curieusement, Jacques Ellul semble avoir été bien plus populaire aux États-Unis que dans son université de Bordeaux. Une rue porte toutefois son nom dans le quartier Sainte-Croix, qui abrite plusieurs établissements d'enseignement supérieur.
Ivan Illich le considère comme un des "pères" de sa pensée, voir "Hommage à Jacques Ellul" (http://agora.qc.ca/textes/ellul.html)
Liens externes
- Bibliographie
- http://www.ellul.org
- http://www.jacques-ellul.org
- http://agora.qc.ca/textes/ellul.html
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