Critiques de l'"anarcho"-capitalisme
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Catégorie:Ébauches Catégorie:Anarcho-capitalisme Catégorie:Autre théorie Catégorie:Critique anarchiste L'"anarcho"-capitalisme est un oxymoron inventé à la seconde moitié du XX eme siécle.
Contents
Oxymoron
Cet oxymoron associe deux termes, anarcho- (qui se référe à anarchisme) et capitalisme. Mais les termes "anarcho" et "capitalisme", selon certains "anarcho"-capitalistes, signifie respectivement "individualisme" (au sens large) et "libéralisme économique". L'apparition de cet oxymoron vient de l'évolution de la désignation du terme libéral aux États-unis. Suite à la seconde guerre mondiale (1939-45), de par la crainte psychotique lié à la guerre froide, une répression politique sera faite par les libéraux mccarthyiste à l'encontre des socialistes de toute sorte. Du fait de cette répréssion, les sociaux démocrates se désigneront alors sous le terme de libéral (ce qui ne changera rien à ce qu'ils étaient déjà ). Pour ne pas permettre la confusion des genres, certains ex-libéraux s'approprieront le terme de "libertarian" (ce courant sera un groupement minoritaire au sein des républicains et conservateurs), puis du fait que la nouvelle désignation ne changera rien à leur pratiques libérales d'avant, d'autres ex-libéraux, plus radicaux que la faction minarchiste (ne demandant que la limitation des prérogatives de l'État) ayant une majorité au sein des libertarianistes, créeront (rothbard, disciple de mises et appartenant à la société du mont pélerin - dont le but est de diffuser les idées libérales dans le monde -) l'oxymoron "anarcho"-capitaliste (sans guillemets) pour énoncer leurs intentions libérales radicales de fin de l'État (Tout comme certains socialistes -marxistes & co- qui prétendent à la fin de l'État).
On peut donc aussi comprendre et considérer l'"anarcho"-capitalisme comme un individualisme libéral et non comme un Individualisme Anarchiste. C'est la raison pour laquelle les « anarcho » -capitalistes ne sont pas reconnus, comme anarchistes, par les anarchistes, qui les considérent comme des individualistes libéraux.
La doctrine
Elle défend le droit pour une personne individuelle de posséder, d'user et de vendre librement de la drogue, des jeux, de la pornographie (p 1), des armes à feu (et éventuellement des armes militaires), des espèces naturelles rares et protégées, etc. Elle prône la privatisation de tous les services publics qui incombent traditionnellement à l'Etat, tels la Gestion des routes, de l'environnement, de l'Enseignement, de la Justice (Selon Friedman, les règles du Droit seraient produites sur un marché libre, alors que selon Rothbard, elles découlent de la théorie du Droit naturel), de la Sécurité/défense (celle-ci est confiée à des agences privées ou à l'initiative individuelle), de la Monnaie (Des banques assureraient la création monétaire), de la Médecine (Chacun aurait le droit de vendre, de consommer et d'échanger toute sorte de services et produits médicaux).
Tous ces services seraient donc laissés au libre jeu du marché (firmes, multinationales, etc), sans qu'un organisme d'origine étatique n'intervienne pour les réguler et les contrôler. C'est la concurrence qui assurerait l'équilibre dans tous ces secteurs.
Leur doctrine défend également le "droit" des enfants à travailler (La position de Friedman n'est pas unique. Hermann-Hoppe nous dit ainsi : "En interdisant le travail des enfants, on prend de l'argent aux familles avec enfants pour le donner à ceux qui n'en ont pas"), la prostitution libre, le droit de donner ses organes sans entraves, etc. Ce sont, selon eux, des conséquences logiques du droit naturel, et du droit de contracter librement. Leurs penseurs s'opposent aussi à toute forme de redistribution des richesses, car celle-ci est assimilée à un vol (mais ils n'ont rien contre la redistribution par consentement mutuel).
Pour lutter contre l'Etat, certains comme Hermann-Hoppe sont sécessionistes, d'autres comme Friedman sont réformistes
Certains ont ainsi des positions sur des sujets sensibles proches de celles des courants républicains conservateur, ils peuvent défendre également le monarchisme (voire le fascisme) plutôt que la démocratie.
Ils défendent ainsi La "hiérarchie naturelle". Cette position ne leur est toutefois pas propre, elle est en fait commune à la plupart des liberaux/tariens. Ces derniers défendent en effet le bien-fondé de la hiérarchie économique et sociale, qui ne fait selon eux que refléter une hiérarchie naturelle "inévitable".
Ils ont parfois, suivant la logique de la "hiérarchie naturelle", des positions qu'on peut assimiler à de l'eugénisme (voir la citation de Hermann Hoppe au sujet des handicapés et des malades).
Ils ont une tendance à l'anti-écologisme.
Ils réclament dans leur ensemble (cependant Friedman quant à lui veut une immigration illimitée) des politiques d'immigration restrictives et sélectives.
Enfin, Ils peuvent également être taxés de liberticides, puisque leur vision de la liberté est principalement orientée sur la liberté économique, ce que d'autres théoriciens, notamment ceux opposés au libre-échange, récusent puisque dès lors, seuls les individus les plus riches sont libres de faire ce qu'il leur plait. Cette critique est généralement résumée en disant qu'ils défendent « la liberté du loup dans la bergerie ».
Positionnement de la doctrine
- Les "anarcho"-capitalistes sont-ils libertariens ? La question fait débat. Friedman y répond parfois par la négative (p 193), Que des institutions donnent naissance à une société libertarienne, c'est ce qui reste à prouver. Dans certaines conditions, cela ne sera pas possible. Notamment, car selon lui, dans une telle société, le droit est produit sur un marché (p 194). En fait, le débat donne lieu à des opinions assez variables. Pour les "anarcho"-capitalistes, leur doctrine est incluse dans le libertarianisme. Pour les libertariens, c'est mitigé. Pourquoi ? Car certains libertariens, ou certains objectivistes, considèrent que l'"anarcho"-capitalisme ne conduirait pas à un monde où les principes libertariens seraient respectés. Ayn Rand et Robert Nozick font partie de cette catégorie : pour eux, la gestion de la violence par un Etat est la condition minimale pour que les droits individuels soient respectés. Dans tous les cas, il est incontestable que l'"anarcho"-capitalisme est issu de la doctrine et du mouvement libertarien.
- Libéralisme et "anarcho"-capitalisme. Certains penseurs "anarcho"-capitalistes rejettent l'apport d'Adam Smith et du libéralisme classique, d'autres comme Friedman s'en réclament (p XVIII). Naturellement, comme ils rejettent toute forme d'interventionnisme, ils sont opposés au libéralisme keynésien. Les libéraux rejettent quant à eux l'"anarcho"-capitalisme dans la mesure où le rôle qu'ils assignent à l'Etat n'est pas respecté dans la doctrine "anarcho"-capitaliste : sécurité, services publics, redistribution.
- Anarchisme et "anarcho"-capitalisme. Pour établir la distinction entre les deux mouvements, il faut bien différencier la façon dont les "anarcho"-capitalistes se représentent leur doctrine et la façon dont ils la positionnent par rapport à d'autres doctrines politiques, du positionnement réel de cette doctrine, ou tout au moins du positionnement qui fait consensus chez la plupart des gens (le point de vue commun). Ainsi, pour les national-socialistes, leur mouvement était une forme de socialisme, mais bien sûr, la plupart des historiens ont prouvé le contraire à maintes reprises. Il importe donc d'exposer les deux points de vue, le point de vue interne, celui des "anarcho"-capitalistes, et celui qui fait autorité, et d'indiquer lequel fait autorité. En ce qui concerne l'"anarcho"-capitalisme, le mouvement est rejeté officiellement par tous les organes "officiels" de l'anarchisme (fédérations anarchistes, collectifs, mouvements, etc.), et de plus, le point de vue courant est d'assimiler l'anarchisme à la lutte contre le capitalisme. C'est donc ce point de vue qui fait autorité. En revanche, les "anarcho"-capitalistes assimilent leur doctrine à une forme d'anarchisme. Selon Friedman, en effet l'"anarcho"-capitalisme est une forme d'anarchisme, en ce sens qu'il veut la suppression de l'Etat considéré comme un organisme d'agression prétendument légitime. Le rejet de l'Etat par les "anarcho"-capitalistes est le principal point commun qu'ils ont avec les anarchistes. D'autre part, les anarcho-capitalistes sont en désaccord avec d'autres mouvements qui se réclament de l'anarchisme : anarcho-primitivisme, anarcho-communisme, anarchisme vert, éco-anarchisme, etc.
Citations
- "bien qu’ils affirment que le "vrai capitalisme" n’existe pas (parce que toutes les formes existantes de capitalisme sont étatiques), ils affirmeront que toutes les bonnes choses que nous avons — la technologie médicale avançée, le choix des produits pour le consommateur, etc... — sont néanmoins dues au "capitalisme."
- "Tous les arguments des anarcho-capitalistes reposent sur l’usage de la définition d’anarchisme et/ou anarchie, telle qu’on a la trouve dans le dictionnaire - ils ramènent l’anarchisme à une "opposition au gouvernement", et uniquement cela."
- "ce n’est pas parce que quelqu’un emploie une étiquette que cela signifie qu’il soutient les idées liées à cette étiquette. Et c’est le cas avec l’"anarcho"-capitalisme — ses idées sont en désaccord avec les idées principales liées à toutes les formes d’anarchisme traditionnel."
- "En plus de cette capacité d’être sélective au sujet de l’histoire et des résultats du capitalisme, leur théorie a une grande "clause échappatoire." Si les employeurs riches abusent de leur puissance ou restreignent les droits de la classe ouvrière (comme ils ont toujours fait), alors ils (selon l’idéologie) "libertarienne" cessent d’être des capitalistes ! Ceci est basé sur la fausse intuition qu’un système économique qui se fonde sur la force ne peut pas être capitaliste. C’est très pratique, car on peut affranchir l’idéologie du blâme de n’importe quelle oppression (excessive) qui résulterait de sa pratique. Ainsi les individus sont toujours à blâmer, et non le système qui a produit des occasions pour l’abus, et qu’elles ont librement saisies."
- "La conception de la liberté que promeut un libertarien est une pièce maîtresse de son argumentaire. Or celle-ci est également on ne peut plus éloignée de positions anarchistes. Cette liberté est la liberté individuelle de n'être pas entravé: c'est la liberté dite négative, conçue d'une manière purement individuelle et garantie par un système de protection que certains veulent privé tandis que d'autres reconnaissent qu'un Etat sera nécessaire à son maintien. Or cette liberté, qui ignore tout des circonstances, est d'une confondante pauvreté. Le salarié contraint de se vendre y est présumé libre. C'est la liberté libre du renard dans le poulailler libre, c'est celle de ces villes grillagées derrière lesquelles se réfugient les plus riches citoyens américains pour échapper au chaos qu'ils ont créé, c'est la liberté qui s'accroît avec l'esclavage d'autrui."
- "Les anarchistes, là -dessus? Je ne peux pas rendre justice à leur position en quelques lignes, pas plus que je n'ai pu exposer complètement celle des libertariens. Disons simplement que les anars refusent ce qui est impliqué sous le nom de propriété dans les exemples qui précèdent. Et ils se placent donc dans la lignée de Rousseau qui écrivait : " Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire, Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eussent point épargné au Genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez-vous d'écouter cet imposteur; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la Terre n'est à personne."
- Norman Baillargeon, avril 2000, dans «Une polémique 123» Réponse à Martin Masse.
- "L’anarcho-capitalisme, à mon avis, est un système doctrinal qui, si jamais il était mis en application, mènerait aux formes de tyrannie et d’oppression qui ont peu de contre-parties dans l’histoire humaine. Il n’y a pas la plus légère possibilité que ces (de mon point de vue, affreuse) idées soient mises en application, parce qu’elles détruiraient rapidement n’importe quelle société qui aurait fait cette erreur colossale. L’idée du 'contrat libre’ entre le potentat et son sujet affamé est une difficile plaisanterie, peut-être que c'est une valeur pour quelques moments dans une conférence universitaire explorant les conséquences (de mon point de vue, absurdes) de ces idées, mais nulle part ailleurs."
- Noam Chomsky sur l'anarchisme, entrevue avec Tom Lane (1996).
Voir aussi
Liens externes
- Ne pas renoncer à la hierarchie : le talon d’Achilles des libertariens et des "anarcho"-capitalistes ?
- Les "anarcho"-capitalistes sont-ils vraiment des anarchistes ?
- [1] [2] [3] réponses de Norman Baillargeon aux libertariens/"anarcho"-capitalistes.
- base de liens opposés à l'"anarcho"-capitalisme