paskua
Paskua est un artiste plasticien contemporain né à Rouen en 1959. Il vit et travaille en Polynésie Française, sur l'île de Bora Bora, archipel des Îles Sous le Vent (Raiatea, Huahine, Maupiti...). Peintre qualifié d'"Outsider", de "Singulier",ou de "néo-expressionniste" il définit lui-même son oeuvre fétichiste de "rituel érotique d'apparition punk post néo-dada". Rien de commun donc avec ce qu'il appelle le "popa'art" pour touristes... ("popa'a" veut dire européen en langue maohi). Anarchiste ("anartiste") engagé dans le renversement du monde à l'envers, il est l'initiateur du mouvement d'émancipation Upside-Down. C'est à Raiatea qu'il fut appelé Tahua (ce qui signifie guérisseur, sorcier, chamane, littéralement "celui qui voit"). Paskua est considéré, avec le Néo-zélandais John Pule (né en 1962), comme l'un des artistes les plus reconnus d'Océanie. Paskua est le premier artiste polynésien à avoir intégré les collections des musées européens de son vivant.
Oeuvre
Pratique une peinture expressionniste dans la lignée des Cobra (Alechinsky, Appel, Jorn...), des néo-expressionnistes allemands (Georg Baselitz, Anselm Kiefer, Immendorf) et des actionnistes viennois (Hermann Nitsch, Otto Muehl) sur des supports polymorphes - bois ravagés et calcinés, termitières et vieux sacs à coprah déchirés . Utilise une "materia prima" constituée d'une alchimie de résines, de mousse polyurhétane, de pigments, de plumes et fibres naturelles, de langes usagés (pahi), de vieux torchons de peintre, et du cocktail "gitmo", du sang, du sperme et de la merde d'artiste, comme l'utilisent les "combattants-ennemis" détenus au camp de Guantanamo Bay contre leurs gardiens masqués... Parfois encore, Paskua utilise des poupées-foetus momifiées, comme en Ancienne Egypte. (Materia prima pour une oeuvre au noir). Cette épaisseur, c'est celle de son existence, face à "l'insoutenable légéreté de l'être". Elle est aussi l'apport d'une dimension tridimentionnelle des traditions esthétiques océaniennes que connait rarement la peinture occidentale. Dans ses oeuvres récentes il utilise également les effilochures des vieux sacs à coprah sur lesquels il peint ou des bouts de ficelles pour inviter chaque spectateur à y pratiquer son "noeud-mémoire", seul témoignage de son acte singulier et trace de sa présence. Ainsi le spectateur n'est-il plus simplement passif et nul, toujours un peu effaré, parfois effrayé, quelque fois acheteur, mais maintenant acteur décrétinisé d'une oeuvre devenue collective en cours de création/destruction - jusqu'à ce que la trace originelle disparaisse enfin des regards sous l'accumulation de ces noeuds de mémoire, indissociables les uns des autres... Parce que le monde est couturé d'absences, ces noeuds-là , chargés de présence, expriment finalement une libération parce qu'ils irriguent l'oeuvre d'un sens collectif. L'oeuvre est devenue "TO'O", littéralement "réceptacle des dieux", un objet-fétiche chargé d'une mémoire, d'une force, d'une énergie presque organique - le "mana", investi du pouvoir de l'effroi.
Paskua est comparé aux artistes contemporains de sa génération Manuel Ocampo et Jonathan Meese notamment.
Arnau Puig, le critique d'art catalan et co-fondateur avec Antoni Tà pies du mouvement Dau al Set a écrit que "l'oeuvre de Paskua est merveilleuse. C'est l'expressionnisme devenu culte. C'est une trés forte réussite plastique comparable aux plus grands artistes modernes et contemporains qui s'inscrit dans l'histoire de l'art occidental et qui témoigne de l'extraordinaire culture des antipodes que Paskua a trés personnellement intégrée et nous apprend à aimer". Thierry Ehrmann, le propriétaire de la société Artprice et de la Demeure du Chaos, a dit à propos de Paskua: "Ce mec porte ses couilles. C'est un singulier, un pur".
Expositions
Expose régulièrement à Tahiti, et en Océanie. Le Musée Royal Salvador Dali de Barcelone le représente en permanence pour l'Espagne, comme l'AntigAlerie du Centre Beaubourg, pour la France.
Nombreuses expositions en Australie, en Amérique du nord, et en Europe - Italie, France et Espagne et des acquisitions publiques et privées, notamment par le Musée Royal Salvador Dali de Barcelone, le Musée Joan Abello de Barcelone, l'Europa Museum de Schengen au Luxembourg (Musée de l'Europe)... Initiateur du mouvement Upside Down (un art des antipodes pour le renversement du monde à l'envers...) et de l'OOPart.
Invité en 2007 de la Biennale de Lyon, Biennale Internationale d'Art Hors-les-Normes. Grande exposition personnelle en Espagne, au Palais Pignatelli de Barcelone, à l'invitation du Rieal Cercle Artistic de Catalogne, en Novembre 2007, ainsi qu'à l'AntigAlerie du Centre Beaubourg à Paris.
Contribue à la Demeure du Chaos de Thierry Ehrmann lors de la Borderline Biennal off Lyon en Novembre 2007 pour ce que le New York Times considére comme "l'oeuvre monumentale la plus importante du XXIème siècle" en inscrivant à la craie cette phrase détournée de Guy Debord: "Paskua ne travaille pas au spectacle de la fin du monde, mais à la fin du monde du spectacle".
Il a participé à Art Expo New-York 2008 sur le stand de l'ECAP (Espace Contemporain des Arts du Pacifique).
En Mai 2008 à l'exposition collective "Mana" au Musée de Tahiti et ses Îles, il présente une de ses oeuvres détruite par le feu, un cerf-volant traditionnel maohi, action qu'il revendique comme "l'autodafé d'une non-oeuvre fétichiste à valeur immatérielle non nulle"...
Il créé avec l'artiste Lili Oop le Black Block Kube, matérialisation de l'antigallery des antipodes, déclaré zone d'autonomie temporaire (autonomous temporary zone - TAZ) ou NoBorderZone, espace alternatif, nomade et offensif, aux limites des frontières de l'Etat-Nation et du Territoire colonisé, actuellement situé sur l'île de Bora Bora, coupant son unique route circulaire précisément au point kilométrique fluctuant de sa moitié exacte, à l'antipode d'un monde à l'envers. Il s'agit d'une "machine de guerre", incontrolée et auto-déterminée agissant spontanément sur une ligne de rupture fluctuante pour des pratiques artistico-politiques non représentatives, expérimentales, participatives et collectives : terrorisme poètique, sabotage esthétique, action directe, résistance aux centres virtuels du pouvoir et insurrection... Les 05 et 06 Décembre 2008, à l'improviste, plus de 2.000 personnes se sont approprié le BBK pour deux journées expérimentales de création spontanée et d'expressions libres durant le salon du livre et des arts de Bora Bora. Les métamorphoses successives des 9 faces du cube en lévitation ont été photographiées et révèlent des oeuvres collectives puissantes et joyeuses réalisées pendant une situation ludique. Les documents servent maintenant de supports pédagogiques aux élèves des écoles de l'île. Ce projet, soutenu par Pacific Art Alliance (Unesco program), sera présenté lors des festivals Pacific Storm et Dreaming Festival à Brisbane en Australie en Juin 2009. (à suivre...)
Publications, sources
Une monographie, "Paskua Outside In Tahiti", a été éditée par l'Espace Contemporain des Arts du Pacifique, aux éditions du Livre d'Art, Paris 2007. Préface de Jeannine Rivais.
Arnau Puig, "Paskua: l'expressionnisme devenu culte", bulletin Reial Cercle Artistic Barcelonès, Barcelone, Espagne, 2007.
Riccardo Pineri, "Paskua, un primitif contemporain ?", préfacé par Arnau Puig, Espace Contemporain des Arts du pacifique, France, 2008.
Huit oeuvres de Paskua illustrent le dossier du Monde Diplomatique consacré à l'anarchie en janvier 2009.
Liens externes
site internet: http://www.paskua.net
contact: paskua@mail.pf
Saatchi Gallery
Drouot Cotation.
site internet ECAP (Espace Contemporain des Arts du Pacifique): http://www.zaagoom.com