Abolition de la prison
Le but du mouvement pour l'abolition des prisons est d'éliminer les institutions liberticides telles que les prisons, les centres de rétention administrative ou encore les camps de prisonniers de guerre, en proposant des alternatives plus utiles et surtout plus humaines. Les abolitionnistes sont très critiques envers la justice occidentale (norme et référent du monde actuel), qu'ils estiment raciste, passéiste et inefficace tant dans la réintégration des criminels, la prévention du crime, que dans l'aide aux victimes. Beaucoup de gens impliqués dans le mouvement abolitionniste sont politiquement proches des luttes contre d'autres formes de contrôle social et d'oppression comme la psychiatrie et la vivisection. Cela explique aussi que cette lutte ait été souvent associée à l'anarchisme.
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Histoire
Plusieurs groupes militants sont à l'origine du mouvement actuel d'abolition des prisons. Entre autres organisations on retiendra surtout :
- Les quakers (Société religieuse des Amis), qui fut l'un des premiers groupes à proposer des alternatives à la prison au nom de l'égalitarisme qui se trouve au centre de leur croyance [1].
- Fondée au début du XXe siècle à Londres, l'Anarchist Black Cross (ABC) est l'une des principales associations soutenant l'abolition des prisons. Baptisée au départ Anarchist Red Cross, l'association de soutien politique aux prisonniers anarchistes a changé de nom peu après la révolution russe de 1917 afin d'une part d'éviter toute confusion avec la Croix Rouge Internationale, et d'autre part de ne pas utiliser la couleur rouge, maintenant associée au bolchévisme - et responsable de bien des emprisonnements ou exécutions d'anarchistes [2].
- L'un de ces groupes, Raze The Walls!, basé à Seattle, Washington, a existé pendant presque dix ans avant de se dissoudre à cause de luttes intestines et des différences politiques avec d'autres formations anarchistes. Durant son existence, Raze The Walls! a envoyé des milliers de livres, fanzines et journaux aux prisonniers, ainsi que de l'aide financière pour leurs familles. Beaucoup de leur moyens et de leurs idées sont encore utilisés aujourd'hui.
Les anarchistes et l'abolition de la prison
Historiquement, les anarchistes ont toujours joué un rôle significatif dans le mouvement d'abolition de la prison et ceci continue aujourd'hui. La principale raison à cela est leur volonté de supprimer toute forme de contrôle, la prison étant bien sûr un exemple frappant de contrôle de l'État. Les prisons sont également très liées au capitalisme, en particulier avec le développement de prisons privées et du travail forcé. L'anarchisme est contre la prison parce que beaucoup de prisonniers n'ont pas commis de crimes violents, mais sont souvent des personnes pauvres ou des gens de couleur, et parce que la prison ne permet que très rarement la réintégration des prisonniers mais a plutôt tendance à augmenter le nombre et la gravité des crimes commis par d'anciens prisonniers.
Au lieu de la prison, certains anarchistes proposent des tribunaux, conseils ou assemblées contrôlés par la communauté pour gérer le problème du crime. Ils affirment également qu'avec la destruction du capitalisme et l'instauration d'une société anarchiste, une grande part des crimes devraient disparaître, car la plupart sont dûs à la propriété privée et à l'autorité.
Méthodes
Les méthodes utilisées par les abolitionnistes diffèrent principalement à cause de leurs opinions politiques respectives, on peut recenser :
- Les réformes du système pénal ;
- Les réformes des conditions de vie dans les prisons ;
- La prévention plutôt que la punition ;
- Tenter d'éviter les programmes gouvernementaux qui augmentent la population carcérale ;
- L'éducation ;
- Faire connaître le problème à des gens qui n'ont pas connu la prison.
Arguments contre l'abolition de la prison
- Les prisons seraient nécessaires à la préservation de "l'ordre et de la sécurité" en société.
- Les prisons donnent une punition appropriée aux crimes.
Arguments pour l'abolition de la prison
- Aux États-Unis, le treizième amendement de la constitution américaine n'a pas aboli l'esclavage, mais l'a limité aux cas où il s'agit d'une "punition pour un crime", dans certains pays, la prison n'est qu'un esclavage institutionnel.
- L'État peut utiliser les prisons pour se débarrasser des "indésirables" (ennemis politiques).
- L'accusé ne peut bien se défendre que s'il est riche.
- La loi est basée sur le profit d'une catégorie de la population sur une autre. Dans la plupart des pays, le tabac est légal, alors que la marijuana ne l'est pas, parce que de grosses sociétés contrôlent le premier, alors que la seconde serait impossible à contrôler et à taxer.
- La police et les prisons éloignent les gens de leurs communautés.
- Le système judiciaire occidental prend trop souvent pour cible les gens de couleur et les pauvres.
- Il y a des exemples de communautés sans prison, certaines étant anarchistes.
- Rien ne prouve que les prisons rendent les gens moins violents, en fait, il semble qu'elles les rendent plus violents.
- Les prisons nourrissent l'avarice et les pulsions malsaines des prisonniers, plutôt que d'aider ces derniers à combattre leurs désirs.
- La justice n'est au fond qu'une vengeance légale, qui n'a pas de différence profonde avec la vengeance gratuite contre laquelle les gens favorables à la prison se battent bien souvent.
Voir aussi
Liens externes (anglais)
- Prison abolition & alternatives
- ZNet article on Prison Abolition
- Prison Abolition pamphlet
- Radical Alternatives to Prison
- Howard League for Penal Reform
Liens externes (français)
- Exposition sur la prison de Kilmainham accompagnée de cinq textes
- Mouvement abolitionniste français
- Pourquoi faudrait-il punir ?, Catherine Baker
- Une succincte histoire des luttes anti-carcérales depuis l’intérieur des prisons, Brochure écrite sur infokiosques.net
- Viento de Libertad, (es) un projet du [Comité Cerezo] (Mexique)