Benjamin Péret
Benjamin Péret, né le 4 juillet 1899 à Rezé, décédé le 18 septembre 1959 à Paris, fut un écrivain surréaliste avec une « fourchette coupante à cliché ». Il est connu sous plusieurs pseudonymes : Satyremont, Peralda et Peralta[1].
Sa mère fait engager cet adolescent rebelle comme infirmier au cours de la Der des Ders. Il se révèle être un potache doué d'un humour carabin. il avait une passion pour les chevaux
En 1921, dadaïste adepte du mauvais goût, il participe au procès contre Barrès, (propagandiste de la terre, des morts, de la patrie) à l'origine de la dislocation du mouvement. Péret y joue le rôle du «soldat inconnu», revêtu d'une capote de soldat français mais parlant allemand.
En 1922, il rencontre Robert Desnos et les surréalistes avec lesquels il se lance dans l'écriture automatique, dont la syntaxe saugrenue de la phrase bouscule les conventions du langage, et notamment les proverbes.
Il la leur restitue par le calembour, la contrepèterie, le renversement de l'ordre usuel des mots dans la phrase. Par exemple: « Je me demande un peu : qui trompe-t-on ici ? Ah ! je me trompe un peu : qui DEMANDE-t-on ici ? ».
Péret est un des poètes surréalistes les plus singuliers : virtuosité de l'écriture automatique, luxuriance baroque des images (relancées infiniment par un emploi unique de la proposition relative), humour burlesque désacralisateur, audace transgressive. La poésie de Benjamin Péret s'inscrit dans le surréalisme du plus haut vol, sous le signe ascendant de l'abondance, de la liberté.
Contents
Biographie[edit]
Le 1er décembre 1924 parait le premier numéro de la revue La Révolution Surréaliste dont Péret est co-directeur jusqu'en 1929, date de son départ pour le Brésil. En 1927, Péret apporte son concours à la réorientation politique du surréalisme annoncée dans la brochure Au grand jour : il adhère lui aussi au parti communiste et collabore à L’Humanité, le temps de comprendre que l’espoir révolutionnaire a déserté un parti en cours de bureaucratisation.
Brésil[edit]
En 1928, il épouse la cantatrice brésilienne Elsie Houston, et fait la connaissance de Mario Pedrosa, son beau-frère, qui vient de souscrire aux thèses de Trotski. Au Brésil, où il séjourne de 1929 à 1931, il s’invente une sorte de nouvelle vie qui fait de lui simultanément : un oppositionnel de gauche, un poète reporter curieux des rituels de la macumba et du candomblé, un correcteur, un père de famille (son fils, Geyser, naît le 31 août 1931) et un prisonnier politique. Péret est finalement expulsé comme « agitateur communiste » par le gouvernement de Getúlio Vargas.
Revenu en France, il est membre de L’Union Communiste (trotskyste). Il s'en éloigne ensuite pour se rapprocher peu de temps après de Grandizo Munis. Il reprend ses activités avec le groupe surréaliste, co-signant notamment le tract Au feu ! relatif à la vague d'incendies d'églises qui ont suivi la chute de la dictature de Primo de Rivera en 1931. Il publie également plusieurs poèmes dans Le Surréalisme au service de la Révolution (Vie de l'assassin Foch, La conversion de Gide, Le pacte des quatre...), la nouvelle revue de Breton et Aragon.
Espagne[edit]
En 1936, il se rend en Espagne auprès des républicains en tant que délégué du POI (Parti Ouvrier Internationaliste), qui pour une brève durée avait uni les différents courants trotskistes. Il se bat dans les colonnes du POUM[2], puis, déçu par les dissensions internes de l'extrême gauche antistalinienne, Péret rejoint les anarchistes de la "colonne Durutti" et dirige une unité qui combat sur le front de Teruel.[3] À Barcelone, il rencontre la peintre Remedios Varo et se marient.
Revenu en France, il est emprisonné en mai 1940 à Rennes pendant trois semaines au motif de reconstitution de ligue dissoute (trotskiste) puis libéré sous caution par les nazis qui viennent d'occuper la Bretagne. Rentré à Paris, il glisse de très belles coquilles dans un journal collaborateur tout en dirigeant les premières réunions du groupe La Main à plume avec Robert Rius. Le froid et la faim le poussent à quitter la capitale pour Marseille où il se réfugie en mars 1941, il travaille un temps à la coopérative Le Croquefruit.
Mexique[edit]
À Barcelone, Péret a rencontré la peintre espagnole Remedios Varo et l'épousera en 1946. Lorsque les Surréalistes fuient les nazis, Varo et Péret partent pour le Mexique en 1941. (Ils se sépareront ultérieurement.) Péret reste de 1942 à 1948 au Mexique dans des conditions financières difficiles, mais est fasciné par l’art maya et les mythes et légendes des sociétés précolombiennes. Il entreprend une vaste anthologie qu’il termine peu de temps avant sa mort. Il rédige Le Déshonneur des poètes (1945), un pamphlet en réponse à L'Honneur des poètes (1943), contre les versificateurs (dont Paul Éluard et Louis Aragon) qui se firent les hérauts du patriotisme sous couvert d'union sacrée contre l'occupant.
Revenu en France en 1948, il collabore à plusieurs revues surréalistes et, à partir de 1951, au journal Le Libertaire.
Å’uvre[edit]
- Le Passager du transatlantique (1921)
- 152 Proverbes mis au goût du jour, en collaboration avec Paul Éluard (1925)
- Dormir, dormir dans les pierres (1927)
- Le Grand Jeu (1928)
- Ne visitez pas l'exposition coloniale (1931)
- Au feu ! (1931)
- De derrière les fagots (1934)
- Je sublime (1936)
- Je ne mange pas de ce pain-là (1936) lire en ligne
- Le Déshonneur des poètes (1945)
- Dernier malheur dernière chance (1945)
- Un point c'est tout (1946)
- Les syndicats contre la révolution (1952)
- Air mexicain (1952)
- Texte du film L'invention du monde réalisé par Michel Zimbacca en collaboration avec Jean-Louis Bédouin (1952)
- Le Livre de Chilam Balam de Chumayel (1955)
- Anthologie de l’amour sublime (1956)
- Gigot, sa vie, son Å“uvre (1957)
- Anthologie des mythes, légendes et contes populaires d’Amérique (1960)
- Œuvres complètes, tomes I à III, Eric Losfeld / Association des amis de Benjamin Péret..
- Œuvres complètes, Tome IV à VII, José Corti. / Association des amis de Benjamin Péret
- Pour un second manifeste communiste avec Grandizo Munis du Fomento obrero revolucionario Ed. Losfeld (1965)
- Édition populaire : Le déshonneur des poètes suivi de La parole est à Péret, avec une postface de Joël Gayraud, Éditions Mille et une nuits, Paris, 1996.
Citations[edit]
- « Cardinal Mercier tu n'es qu'une hostie que les porcs ont mangée / mais les porcs en sont morts / et tu leur survécus / grâce à l'endurance et au patriotisme / que tu prêchais dans l'abattoir / Mais maintenant que tu es crevé / si le monde a moins d'ulcères / les hosties gardent leur goût de cadavre »
Le cardinal Mercier est mort (1926)
- « Partez chiens crevés pour amuser les troupes / et vous araignées pour empoisonner les ennemis / Le communiqué du jour rédigé par des singes tabétiques annonce / le 22e corps d'armée de punaises / a pénétré dans les lignes ennemis sans coup férir / à la prochaine guerre / les nonnes garderont les tranchés pour le plus grand plaisir des rengagés / et pour se faire trouer l'hostie à coup de balai / Et les enfants au biberon / pisseront du pétrole enflammé sur les bivouacs ennemis / Pour avoir hoqueté dans ses langes / un héros de trois mois aura les mains coupées / et la légion d'honneur tatouée sur les fesses »
La loi Paul Boncour (1929)
- « Ce n'est rien dit le père / son bâton de maréchal est sorti de la tinettE / C'est le métier qui veut cela / Le métier était beau et l'ouvrier à sa hauteur / Sur son passage des geysers de vomissements jaillissaient / et l'éclaboussaient / Il eut tout ce qu'on fait de mieux dans le genre / des dégueulis bilieux de médaille militaire / et la vinasse nauséabonde de la légion d'honneur / qui peu à peu s'agrandit »
Vie de l'assassin Foch (1930)
- « Tout ce qui n'est pas la violence quand il s'agit de la religion, de l'épouvantail Dieu, des parasites de la prière, des professeurs de la résignation, est assimilable à la pactisation avec cette innombrable vermine du christianisme, qui doit être exterminée. »
Au feu ! (1931)
- « Issu d'un vomissement dans un pot de chambre bleu / Chiappe la vieille chique sucée et resucée / se rabougrit en séchant / Déjà tout enfant il empestait le gendarme / que les bandits de son dépotoir tuent comme un cafard sous une fesse / et les autres le traitaient de chien galeux / Plus tard / plus rabougri encore / il fermenta longuement / dans la fosse où l'on fait les flics / qui deviendront un si beau jeu de massacre »
La peste tricolore (1936)
- « Choeur des ouvriers trahis / Dommage qu'il soit mort trop tôt / Notre guillotine n'aurait jamais si bien fonctionné / Heureusement qu'il nous reste des banquiers des généraux des députés des évêques »
Briand crevé (1936)
Annexes[edit]
Bibliographie[edit]
- Jean-Louis Bédouin, Benjamin Péret, Paris, 1960.
- A la mémoire de Benjamin Péret, Paris, groupe Spartacus, mars 1963. Tract de Louis Janover, Roger Langlais et Bernard Pécheur, cosigné par les groupes Pouvoir Ouvrier et Fomento Obrero Revolutionario. Cf. Front Noir (n°1, juin 1963) ; et l'Association des Amis de Benjamin Péret qui l'a reproduit à son tour intégralement dans A propos de Péret. Le surréalisme pris en otage par ses sectaires, même, Paris, 1987.
- Claude Courtot, Introduction à la lecture de Benjamin Péret, Paris, 1965.
- Jean-Michel Goutier, (dir.) Benjamin Péret, Paris, 1982.
- Guy Prévan, Péret Benjamin, révolutionnaire permanent, Paris, 1999.
Liens externes[edit]
- Je ne mange pas de ce pain-là en brochure
- Le Déshonneur des poètes
- Péret sur le site des éditions José Corti
- Association des amis de Benjamin Péret
- Péret et le cinéma, mémoire de maîtrise
Notes et références[edit]
- ↑ Source BnF
- ↑ Chronologie du trotskisme en France (1928-2009) sur Dissidences.net (13 p.)
- ↑ Adam Biro et René Passeron « Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs », Office du livre, Fribourg, Suisse & Presses universitaires de France, Paris, 1985, p. 326