Nungesser und Coli sind verreckt
Nungesser und Coli sind verreckt est un poème de Benjamin Péret.
Ils partirent
et des drapeaux tricolores sortirent de tous les anus
Dans l'égout du ciel français
ils étaient à leur aise mieux que des crapauds
mais quand ils eurent dépassé leur crachat
les requins vinrent à leur rencontre
et les rejoignirent quelque part entre deux vagues
surmontées d'un chapeau haut-de-forme
comme des croque-morts patriotiques
Mais ils étaient déjà pourris
et dans leurs yeux les vers simulaient des points d'interrogation
Les vagues crachèrent de dégoût à leur approche
et dans un hoquet les avalèrent
Trempez vieux croûtons dans le grand urinoir
Quel salace maniaque oserait de ses doigts qui s'effritent
toucher votre triste pourriture
Vous êtes crevés Nungesser et Coli
Pourtant la guerre injuste vous avait manqué
et ceux que vous assassinâtes s'avancent vers vous
Ils ont des yeux de coupe-tête et des mains de garrot
mais ils sourient de se savoir vengés
Aujourd'hui les beaux monstres de la mer
viennent flairer l'éponge de vos corps
et disent
Pouah c'est du Français puant l'eau bénite
laissons-les aux curés de leur pays
Avec leurs crânes ils feront des calices
et leurs os serviront de chandeliers
Quand à nous nous aurons des banquiers soufflés
des généraux couverts de vomissures
et de sombres bourriques de tous les pays
- Première parution 1936, in Je ne mange pas de ce pain-lÃ