Difference between revisions of "Capitalisme d'État"

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Marx, dans le manifeste du parti communiste (1847), proposera quelques mesures qui annonce ce capitalisme d'État :  
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Marx, dans le manifeste du parti communiste ([[1847]]), proposera quelques mesures qui annonce ce capitalisme d'État :  
 
<blockquote>«'' Expropriation de la propriété foncière et affectation de la rente foncière aux dépenses de l'Etat. [...] Centralisation du crédit entre les mains de l'Etat, au moyen d'une banque nationale, dont le capital appartiendra à l'Etat et qui jouira d'un monopole exclusif. [...] Centralisation entre les mains de l'Etat de tous les moyens de transport. [...]  ''»</blockquote>
 
<blockquote>«'' Expropriation de la propriété foncière et affectation de la rente foncière aux dépenses de l'Etat. [...] Centralisation du crédit entre les mains de l'Etat, au moyen d'une banque nationale, dont le capital appartiendra à l'Etat et qui jouira d'un monopole exclusif. [...] Centralisation entre les mains de l'Etat de tous les moyens de transport. [...]  ''»</blockquote>
  

Revision as of 12:32, 20 September 2007

Le capitalisme d’État désigne originellement un système économique où les Forces productives sont la propriété de l’État. Ils se révèlent, dans les faits, détenus/privés au sein de l'État, par une classe privilégiée de la population, celle qui monopolise le pouvoir politique : la bureaucratie.

Le capitalisme d’État est donc une société divisé en classe sociale telles que des sociétés capitalistes à propriété privée (entre patrons et ouvriers) : les prolétaires (salariés) vendent leur force de travail à la bureaucratie, qui contrôle les moyens de production. le systéme fonctionne toujours sur la loi de la valeur et l'extorsion d'une plus value y est prélevé de la force de travail fourni par les salariés, et ceci dans le but de valoriser le capital.

Théorie et pratique

Marx, dans le manifeste du parti communiste (1847), proposera quelques mesures qui annonce ce capitalisme d'État :

« Expropriation de la propriété foncière et affectation de la rente foncière aux dépenses de l'Etat. [...] Centralisation du crédit entre les mains de l'Etat, au moyen d'une banque nationale, dont le capital appartiendra à l'Etat et qui jouira d'un monopole exclusif. [...] Centralisation entre les mains de l'Etat de tous les moyens de transport. [...] »

Engels, dans l'anti-Dühring, énoncera comme inéluctable et une nécessité que l'État prenne la direction de la société capitaliste, dés lors que son dévellopement sous la forme de la propriété privée ne permettra plus d'exploiter les forces productives, pour lui :

« la transformation en propriété d'État ne supprime la qualité de capital des forces productives... et l'État n'est à son tour que l'organisation que la société bourgeoise se donne pour maintenir les conditions extérieures générales du mode de production capitaliste contre les empiétements venant des ouvriers commes des capitalistes isolés. L'État moderne, qu'elle qu'en soit la forme, est une machine essentiellement capitaliste... ; plus il devient capitaliste collectif en fait, plus il exploite les citoyens»

de par cette analyse, engels en conclut que cette forme de capitalisme est un moyen formel rapprochant de la solution, avant que le prolétariat s'empare du pouvoir de l'État.

En suivant les théories d'Engels et Marx, Lénine (et autres léninistes) ne refusera pas la désignation de "capitalisme d'État" à l'encontre de la situation économique qu'il gouvernait avec la bureaucratie bolchévique :

«si nous payons un tribut plus élevé au capitalisme d'Etat, cela ne nous nuira en rien, mais servira au contraire à nous conduire au socialisme par le chemin le plus sûr. [...] Quand la classe ouvrière aura appris [...] à organiser la grande production à l'échelle de l'Etat, sur les bases du capitalisme d'Etat, elle aura alors, passez moi l'expression, tous les atouts en mains et la consolidation du socialisme sera assurée. [...] Le capitalisme d'Etat est, au point de vue économique, infiniment supérieur à notre économie actuelle. [...] Le socialisme est impossible sans la technique du grand capitalisme, conçue d'après le dernier mot de la science la plus moderne, sans une organisation d'Etat méthodique qui ordonne des dizaines de millions d'hommes à l'observa­tion la plus rigoureuse d'une norme unique dans la produc­tion et la répartition des produits. Nous, les marxistes, nous l'avons toujours affirmé; quant aux gens qui ont été incapables de comprendre au moins cela (les anarchistes et une bonne moitié des socialistes révolutionnaires de gau­che), il est inutile de perdre même deux secondes à discuter avec eux. [...] notre devoir est de nous mettre à l'école du capitalisme d'Etat des Allemands, de nous appliquer de tous nos forces à l'assimiler, de ne pas ménager les procédés dictatoriaux pour l'implanter en Russie [...] le pouvoir soviétique confie la « direction » aux capitalistes non pas en tant que capitalistes, mais en tant que spécialistes techniciens ou organisateurs, moyennant des salaires élevés. [...] il est plutôt étrange d'entendre de pareils propos de la part d'un marxiste qui devrait savoir qu'il est impos­sible de réaliser le socialisme sans utiliser les conquêtes de la technique et de la culture obtenues par le grand capitalis­me. Il ne reste plus là le moindre soupçon de marxisme»
Lénine, dans "Sur l'infantilisme de gauche et les idées petites-bourgeoises", le 5 mai 1918.

Il réclamera même cette désignation (qu'il avait énoncé plus tôt, en 1917, comme "capitalisme monopoliste d'État" concernant l'allemagne), considérant (selon le schéma Engelien et Marxien) que c'était une phase nécessaire pour permettre la concentration du capital afin d'arriver du capitalisme de marché vers le socialisme. Cette position est similaire avec celle de la social démocratie (rappel: Lénine était le dirigeant des bolchéviques du parti ouvrier social-démocrate de russie). D'autres bolchéviques, dont boukharine le soutiendra :

«L'" économie politique " devient de plus en plus une " économie " d'Etat (...). La science, les partis, les églises, les groupements de patrons, etc. sont englobées dans l'Etat. Ainsi se constitue une organisation unique qui s'étend sur tout, l'Etat brigand du capitalisme moderne, représentant l'organisation dominante et omnipotente de la bourgeoisie (...). Là aussi, nous reconnaissons la dialectique de l'histoire : l'Etat, qui était à l'origine la seule classe dominante, se transforme en une organisation parmi d'autres, pour redevenir ensuite un organe unique, ayant absorbé tous les autres. C'est le monstre, le Léviathan moderne de l'appareil d'Etat.»
Boukharine, dans "la théorie de l'Etat impérialiste".

La suite ne ménera jamais au socialisme.

opposition anti-capitaliste

Michel Bakounine développera dans "Étatisme et Anarchie", et dans ses critiques vis à vis des théories de Marx (et Engels), le fait que ces derniers prévoyaient une transition dictatoriale par la prise de pouvoir d'État, et ceci soit disant pour mener au socialisme. Michel Bakounine proclamera que si il arrivait à ce que les théories de Marx (et Engels) soient appliquées, cela ménerait à :

« un gouvernement excessivement compliqué, qui ne se contentera pas de gouverner et d'administrer les masses politiquement, (...) mais qui encore les administrera économiquement, en concentrant en ses mains la production et la juste répartition des richesses, la culture de la terre, l'établissement et le développement des fabriques, l'organisation et la direction du commerce, enfin l'application du capital à la production par le seul banquier, l'État. Tout cela exigera une science immense et beaucoup de têtes débordantes de cervelle dans ce gouvernement. Ce sera le règne de l'intelligence scientifique, le plus aristocratique, le plus despotique, le plus arrogant et le plus méprisant de tous les régimes»
Bakounine, "Ecrits contre Marx, dans l'oeuvre Étatisme et anarchie", dans "OEuvres complètes", Vol III, p. 204.

50 ans plus tard, lors des applications en URSS de la dictature bolchévique par des "marxistes" d'obédience léniniste, il se trouvera que l'État sera l'unique banquier du capital, pouvant confirmer ainsi la critique de Bakounine.

Cependant, cette notion de "capitalisme d'État", déjà énoncé et refusé/critiqué par certains marxistes (Wilhelm Liebknecht) en 1896 (« le socialisme d'État n'est que du capitalisme d'État »), fut à nouveau remise en question en avril 1918, notamment par N. Osinskij, comme supposition de l'économie qui commençait à s'installer, si le gouvernement bolchévique (d'après la perspective énoncé et pratiqué par lénine) privait la propriété au seul usage de l'État, au détriment de l'ensemble du prolétariat (ce dernier qui deviendrait alors salarié de l'État capitaliste).

En 1918, les anarcho-syndicalistes russes refuseront cette logique capitaliste, et l'énonceront lors du congré qui se déroulera en septembre. En 1921, Rudolf Rocker dénoncera le capitalisme d'État appliqué par les bolchéviques, dans son livre "Les soviets trahis par les bolcheviks". L'anti-bolchévik Anton Pannekoek fera de même, mais refusant la désignation de marxisme aux bolchéviques (dont les représentants essentiels sont : lénine, boukharine, staline et trotsky), suivi en cela par les marxistes luxembourgistes et conseillistes.

Une minorité au sein du parti bolchevik, « L’Opposition ouvrière » (Alexandra Kollontaï, Alexandre Chliapnikov…), dénonce en 1920-1921 un tournant pro-capitaliste (NEP) de Lénine.

A partir des années 1940, certains léninistes considèrent également que l’URSS et les pays dits « socialistes » sont des capitalismes d’État : les bordiguistes et certains trotskistes (dont Natalia Sedova-Trotski, la veuve de Léon Trotski, et Tony Cliff).

L’analyse des rapports de production en URSS conduisent Socialisme ou barbarie ou encore Maximilien Rubel à dénoncer le capitalisme d’État, en poussant plus loin dans l’analyse de la domination bureaucratique stalinienne.

Ce capitalisme d'État sera principalement énoncé pour l'URSS, mais il sera aussi énoncé pour d'autres pays ayant appliqués une gestion Étatique de l'économie capitaliste (dont la chine maoiste, le cuba castriste, les démocraties populaires, etc).

Plus tard, d'autres (Djilas,...) considéreront que l'allemagne nazie ou l'italie fascite (aprés 1930) ressemblait également à du capitalisme d'État.

Et récemment, il est utilisé, par des néolibéraux, pour énoncer des sociétés où l'État a un poids non négligeable interventionniste sur le capitalisme.

Citations

"Le socialisme et l’organisation socialiste doivent être construits par le prolétariat lui-même, ou alors il n’y aura aucune édification ; une toute autre chose surgira : le capitalisme d’État."
N. Osinskij, "O stroitel’stve sotsialisma", in revue Kommounist, 20 avril 1918
«Le vrai sens de notre époque n'est pas la lutte entre le capitalisme, d'une part, et le bolchevisme, d'autre part, mais la lutte entre le capitalisme sous toutes ses formes (le «socialisme» autoritaire ou bolchevisme en est une) et le socialisme libre, antiautoritaire. Le véritable problème de notre époque n'est pas celui d'un choix entre la dictature blanche et la dictature rouge, mais celui d'un choix entre la dictature et la liberté.»
Voline tiré de « Le fascisme rouge » article parut en juillet 1934 dans le n° 2 de Ce qu'il faut dire (publié par Hem Day).
"La fin du capitalisme gérontocratique d'Etat est cependant la fin d'une époque. A moins de penser que la transition au socialisme passe par le taylorisme, l'asservissement mental, le despotisme du Parti-Etat, l'exploitation, la nationalisation des moyens de production et d'échange, le salariat, le monopole du commerce extérieur, le crétinisme déterministe, le centralisme démocratique et l'électricité (catalogue non exhaustif), il faut voir que les "démocraties populaires" n'ont été que des sociétés d'exploitation et de domination. Ce qu'on appelle socialisme réellement existant, ou société de transition, n'est qu'un capitalisme d'Etat avec son régime de parti unique et sa vulgate marxiste-léniniste : une classe dominante bureaucratique imposant à la société une économie de commandement, sacrifiant les besoins sociaux à un industrialisme exacerbé, détruisant la nature, exploitant les travailleurs de manière sauvage pour maintenir son pouvoir et ses privilèges."
Organisation Socialiste Libertaire / Vaud, texte paru dans Confrontations, 1990
« Le prétendu communisme ne fut jamais qu’un capitalisme d’État bureaucratisé. L’oublier en dressant le bilan de ses crimes, c’est dissimuler bien à propos à quel point la bureaucratie financière – qui réduit les individus à la survie, ruine les populations du globe et menace de destruction la planète entière au nom de la sacro-sainte rentabilité – perpétue aujourd’hui la sanglante absurdité d’un système dont Kafka, bien avant le nazisme et le stalinisme, avait perçu les germes dans le libéralisme. »
"Lettre de Staline à ses enfants réconciliés" de Raoul Vaneigem

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • "La genèse du Capital chez K. Marx" - R. Rosdolsky.
  • "La conception sociale-démocrate de la transition au socialisme." - "Cronstadt: tentative de rupture contre l'Etat capitaliste en Russie." - "La politique économique et sociale des bolchéviques: la continuité capitaliste." : textes parus dans la revue "le Communiste" N° 15/16 et 17.
  • "Les luttes de classes en URSS" de Charles Bettelheim.
  • "Le capital socialiste" de B. Chavance.

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