Difference between revisions of "Georges Cochon"

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Le [[Squat]] est né à Paris en [[1912]] avec l'anarchiste moustachu '''Georges Cochon''' ([[1879]]-[[1959]]). Ouvrier tapissier, fondateur de l'[[Union syndicale des locataires]]. Il luttait vigoureusement contre les proprios "vautours". La presse et [[les chansonniers]] ([[Charles d'Avray]], [[Montéhus]]...) popularisaient les actions de ces militants inventeurs du déménagement "à la cloche de bois" qui, alors, se pratiquait en fanfare ! Occupations d'hôtels particuliers, installations de maisons préfabriquées dans les lieux les plus insolites (Tuileries, Chambre des députés, casernes, Préfecture...)
 
Le [[Squat]] est né à Paris en [[1912]] avec l'anarchiste moustachu '''Georges Cochon''' ([[1879]]-[[1959]]). Ouvrier tapissier, fondateur de l'[[Union syndicale des locataires]]. Il luttait vigoureusement contre les proprios "vautours". La presse et [[les chansonniers]] ([[Charles d'Avray]], [[Montéhus]]...) popularisaient les actions de ces militants inventeurs du déménagement "à la cloche de bois" qui, alors, se pratiquait en fanfare ! Occupations d'hôtels particuliers, installations de maisons préfabriquées dans les lieux les plus insolites (Tuileries, Chambre des députés, casernes, Préfecture...)
avec banderoles, drapeaux et Raffut de Saint-Polycarpe furent le sujet d'un feuilleton publié dans <nowiki>L'</nowiki>''Humanité'' entre le [[17 novembre]] [[1935]] et le [[17 janvier]] [[1936]].
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avec banderoles et drapeaux, ainsi que le Raffût de Saint-Polycarpe furent le sujet d'un feuilleton publié dans ''L'Humanité'' entre le [[17 novembre]] [[1935]] et le [[17 janvier]] [[1936]].
  
 
== Biographie ==
 
== Biographie ==
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Le syndicat des locataires fut fondé à Clichy en [[1909]], en réponse à la création d'une association de propriétaires, sur l'initiative de la Bourse du Travail et de son secrétaire dynamique, Constant, alias Jean Breton. Ce dernier prit part à la [[Commune de Paris]], fut condamné à la déportation, puis amnistié en [[1884]]. Il fut secrétaire du syndicat des voituriers dans le département de la Seine, affilié à la [[CGT]]. Il fut un des plus actifs au sein de la Ligue de la grève des loyers et des loyers fermiers en [[1884]]-[[1888]]. Élu secrétaire de la Fédération Nationale des Ouvriers en Voiture en [[1911]], il rejoint la même année la nouvellement créée [[Fédération Communiste Anarchiste]] (FCA). Les objectifs de Constant étaient la baisse initiale des loyers, et la réparation des logements délabrés, l'opposition militante aux expulsions, et à long terme, la grève générale des locataires.
 
Le syndicat des locataires fut fondé à Clichy en [[1909]], en réponse à la création d'une association de propriétaires, sur l'initiative de la Bourse du Travail et de son secrétaire dynamique, Constant, alias Jean Breton. Ce dernier prit part à la [[Commune de Paris]], fut condamné à la déportation, puis amnistié en [[1884]]. Il fut secrétaire du syndicat des voituriers dans le département de la Seine, affilié à la [[CGT]]. Il fut un des plus actifs au sein de la Ligue de la grève des loyers et des loyers fermiers en [[1884]]-[[1888]]. Élu secrétaire de la Fédération Nationale des Ouvriers en Voiture en [[1911]], il rejoint la même année la nouvellement créée [[Fédération Communiste Anarchiste]] (FCA). Les objectifs de Constant étaient la baisse initiale des loyers, et la réparation des logements délabrés, l'opposition militante aux expulsions, et à long terme, la grève générale des locataires.
  
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Constant fut bientôt remplacé par Marcille, militant de Levallois-Perret, au poste de secrétaire général. Le jeune anarchiste [[Louis Ragon]], secrétaire de la section du 5<sup><small>ème</small></sup> arrondissement, fut son assistant. Cependant, il y eut des tensions au sein du syndicat, entre les partisans de l'[[action directe]] et ceux qui pensaient que les députés socialistes étaient les seuls à pouvoir mettre en place le socialisme. Constant accusa Marcille d'utiliser l'argent du syndicat pour son propre compte. Moins d'un mois après être devenu secrétaire général, Marcille dut se désister. Cochon le remplaça alors.
  
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Les propriétaires prirent Cochon pour cible en raison de son activité, et ce dernier dut faire face à une expulsion en [[1911]]. Il refusa de partir et fit un siège de cinq jours face à la police. Il cloua des poutres en travers de sa porte, et mit une lampe à la fenêtre de son appartement chaque soir que dura le siège.
  
Constant was soon replaced by Marcille, a militant of the Levallois-Perret district, as general secretary. The young anarchist Louis Ragon, secretary of the section of the 5th arrondissement, was his assistant. However, there were already tensions within the union, with the partisans of direct action opposing themselves to those who thought that socialist deputies should be approached for support. Constant accused Marcille of using the union’s money for his own profit. Less than a month after having become general secretary, Marcille had to resign. Cochon then replaced him as general secretary.
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Le syndicat avait un hymne, ''La Marche des Locataires'', écrit par l'anarchiste [[Charles d’Avray]]. Le syndicat avait vingt sections en juin [[1911]], dont onze à Paris, et 3500 membres, dont 2500 qui cotisaient.
  
Cochon’s activity caused him to be targeted by the landlords and he himself faced eviction in 1911. He refused to leave and endured a siege of five days by the police. He nailed beams across the door and put a lamp in the window of his flat every night of the siege.
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Le syndicat se focalisa sur l'aide aux locataires afin d'enlever tous leurs biens des logements qu'ils occupaient, lorsqu'ils ne pouvaient plus payer leur loyer ; cette opération était connue sous le nom de « déménagement à la cloche de bois ». En effet, l'impossibilité de payer son loyer se traduisait souvent par la confiscation des biens des locataires par les propriétaires.
  
The union had its own song, La Marche des Locataires, written by the anarchist Charles d’Avray. The union had 20 sections in June 1911, of which 11 in Paris, and 3,500 members, of which 2,500 were paying members.
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À l'annonce de l'expulsion d'un locataire, le syndicat mit en place un groupe, Le Raffût de la Sainte Polycarpe, qui alertait le voisinage et qui terrorisait les concierges et les huissiers. Ce groupe bruitiste prenait ses racines dans la cohue parisienne de la Révolution française, lorsque les femmes tapaient sur les casseroles pour exhorter la populace à se rebeller.
  
The union had concentrated on helping tenants remove all their belongings from their lodgings when they were unable to pay their rent, in operations known as “demenagements a la cloche de bois”. Failure to pay back rent often resulted in confiscation of tenants’ belongings by the landlords.
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Lorsque les concierges essayaient d'empêcher les déménagements nocturne, le syndicat répondait en plaçant des punaises et des cafards dans leurs serrures. Cochon écrira plus tard ses ''Trente-neuf façons d'exaspérer votre concierge''.
  
On the announcement of the eviction of a tenant, the union organised a band, Le Raffut de la Sainte Polycarpe, which alerted the neighbourhood and put fear into the concierges and bailiffs. This scratch band had its roots in the charivaris of the Paris of the French Revolution, when women beat on pans to rouse the populace.
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Les déménagement à la cloche de bois se faisaient initialement de façon discrète, puis ils devinrent publiques. Ce fut Cochon qui utilisa le premier les actions spectaculaires, faisant participer les occupants des bâtiments.
  
When concierges attempted to stop the midnight flits, the union replied by putting bed bugs and cockroaches through their keyholes. Cochon was later to write his 39 Ways of Infuriating Your Concierge.
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Le syndicat recevait l'aide de plusieurs ouvriers qualifiés qui assemblèrent une maison préfabriquée et qui apprirent aux gens à l'assembler le plus rapidement possible. Avec cette maison préfabriquée, ils [[squat]]tèrent des endroits tels que le Jardin des Tuileries, la cour de la Chambre des Députés, l'Hôtel de Ville où plusieurs milliers de sans-abris se massèrent, la caserne du Château d'Eau où cinquante familles emménagèrent, l'église la Madeleine, et même la Préfecture de Police !
  
The moonlight flits were at first secretive and then became public. It was Cochon who pioneered the use of spectacular actions, involving the mass occupation of buildings.
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Les actions du syndicat étaient très populaires parmi la classe ouvrière de Paris. Tout comme le fameux auteur compositeur anarchiste [[Charles d’Avray|d'Avray]], le syndicat gagna le soutien d'un autre grand chansonnier, Montéhus, ainsi que de Steinlen, le peintre et talentueux artiste graphique qui créa des affiches pour la cause.
  
The union had the help of several skilled workers who put together a prefabricated house and trained people to put it together in the quickest time possible. With this prefab they squatted several places like the garden of the Tuileries, the courtyard of the Chamber of Deputies, the Hotel de Ville, where several thousand homeless massed, the barracks of the Chateau d’Eau, where 50 families were moved in, the Madeleine church and even the Prefecture of Police!
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En [[1912]], Cochon écrivit pour le journal anarchiste bruxellois ''Le Combat Social'', où il tenait une chronique anti-propriétaires avec [[Georges Schmickrath]] et [[Léon de Wreker]]. En mai, il y eut une scission au sein du syndicat.
  
The actions of the union were very popular among the working class of Paris. As well as the great anarchist singer-songwriter d’Avray, the union gained the support of another great chansonnier, Montehus, and of Steinlen, the gifted graphic artist and painter who created posters for the cause.
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La personnalité charismatique de Chochon et ses éloges, en musique ou dans la rue, firent de lui une célébrité et le coupa du reste des militants du syndicat des locataires. Les actions spectaculaires, bien que mettant en lumière le problème des logements, ne focalisèrent les média que sur Cochon, ce qui augmenta encore sa popularité.
  
In 1912 he wrote for the Brussels anarchist paper Le Combat Social where he contributed to a regular anti-landlord column, along with Georges Schmickrath and Leon de Wreker.
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S'ajoute également à ça la venue de socialistes dans le syndicat. Ces deux évolutions signifiaient que le syndicat commençait à s'éloigner des principes libertaires de ses débuts.
In May 1912 there was a split in the union.
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Cochon’s charismatic personality and the singing of his praises in song and on the streets turned him into a celebrity and separated him off from the other militants of the tenants’ union. The spectacular actions, whilst highlighting the housing problem, at the same time turned the media spotlight on Cochon and increased his celebrity.
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Cochon essaya de réconcilier les deux pôles, les révolutionnaires et les réformistes, bien qu'il reconnaissait que seule l'[[action directe]] permettrait de mener à bien une victoire des locataires. Mais lui-même commença à s'éloigner de ses positions initiales.
  
Coupled with this was the entry of socialists into the union. These two developments meant that the union started moving away from the libertarian principles of its foundation and early development.
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La décision fut prise d'envoyer une lettre ouverte au Parlement. Les anarchistes ainsi que les syndicalistes révolutionnaires s'y opposèrent vigoureusement, voyant là une façon policée de mettre la pression sur le Parlement plutôt de s'en remettre à l'action directe.
  
Cochon attempted to reconcile the opposing poles of the revolutionaries and the reformists whilst recognising that direct action was the only way to win tenants fights. But he himself was already moving away from his original positions.
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En octobre [[1911]], Cochon devient un employé à temps complet du syndicat. Constant quitte le syndicat par dégoût, et plusieurs sections protestent.
  
A decision to send an open letter to Parliament was taken. It was strongly opposed by anarchists and revolutionary syndicalists who rightly saw this as a move towards pressurising parliament rather than relying on direct action.
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Aveuglé par sa popularité, Cochon annonce sa candidature pour les élections municipales de mai [[1912]]. Il est considéré comme un « salaud » dans les pages du ''[[Le Libertaire|Libertaire]]'' par les autres locataires activistes. Les anarchistes et les syndicalistes révolutionnaires décidèrent de faire pression pour qu'il soit exclu du syndicat, chose faite un mois plus tard.
  
In October 1911 Cochon became a full-time worker for the union. Constant resigned from the union in disgust and many sections protested.
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Cependant, cette expulsion eut des effets désastreux sur le syndicat des locataires, à cause des divisions internes et d'une organisation adversaire récemment créée par Cochon. L'Union Syndicale des Locataires vit plusieurs de ses sections s'effondrer ou s'affaiblir. La moitié des 10 000 membres la quittèrent en un mois.
  
Dazzled by his popularity, Cochon announced that he was putting forward his candidacy at the municipal elections of May 1912. He was denounced as a salaud (bastard) in the pages of the anarchist weekly Le Libertaire by other tenants’ activists. The anarchists and revolutionary syndicalists decided to move towards his expulsion from the union, and a month later they were successful.
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Néanmoins, le recours constant à l'[[action directe]] par le syndicat inspiré par les anarchistes et surtout par Constant, et les attaques contre la sacro-sainteté de la [[propriété]] insufflaient un renouveau et étaient en contraste avec l'inutilité du parlement et la routine des socialistes.
  
However, this had a disastrous effect on the tenants union, with its internal divisions and with a rival organisation newly created by Cochon. The Union Syndicale des Locataires saw many of its branches collapse or weaken. Half of the 10,000 members had left within a month.
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Au début de la Première Guerre mondiale, Cochon fut appelé et partit pour la Bataille de la Marne. En janvier [[1915]], il fut délivré de ses services militaires afin de travailler à l'usine Renault de Billancourt.
  
Nevertheless, the constant resort to direct action by the union, inspired by the anarchists and above all by Constant, and the attacks on the sanctity of property were refreshing and in contrast to the uselessness of parliamentarism and the routinism of the socialists.
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Renvoyé en caserne, il déserta le [[16 février]] [[1917]]. Arrêté en août, il fut condamné par la cour martiale à trois ans de travaux publics. Pendant la guerre, il réussit à publier un journal, ''Le Raffût'', à Maintenon jusqu'en [[1917]]. En [[1920]], il relança la publication du ''Raffût'', qui durera du [[13 novembre]] [[1920]] au [[30 décembre]] [[1922]].
  
At the beginning of the First World War Cochon was called up and went through the battle of the Marne. In January 1915, he was detached from military duties to work at the Renault factory at Billancourt.
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Il était toujours impliqué dans le mouvement des locataires en [[1925]]-[[1926]] et, en raison de ses activités, passa devant la Cour de Paris en avril [[1926]]. Mais les actions de Cochon le séparèrent drastiquement du mouvement anarchiste et jamais plus il n'entreprit d'actions coup de poing, préférant rester dans l'ombre, voire éventuellement disparaître complètement.
  
Sent back to his barracks, he deserted on the 16th February 1917. Arrested in August, he was sentenced by court martial to 3 years public work. During the war he managed to publish a paper, Le Raffut, at Maintenon during 1917. In 1920 he again brought out Le Raffut which appeared from13th November 1920 to 30th December 1922.
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Il se retira avec sa compagne Tounette à Pierres, une petite ville à côté de Maintenon dans l'Eure-et-Loire. Il revint à Paris dans les années 1950 pour parler du passé sur un programme radio, ''Les Rêves Perdus''. Là, il fut de nouveau réuni avec les « vieux » anarchistes tels que [[Louis Lecoin]], [[May Picqueray]], [[Rirette Maitrejean]] et [[Charles d’Avray]].
  
He was still involved in the tenants’ movement in 1925- 26 and as a result of his activities, appeared before a Paris court in April 1926. But Cochon’s actions had estranged him drastically from the anarchist movement and he never undertook any further dramatic actions, preferring to remain in the shadows and eventually disappearing into obscurity.
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Il mourut le [[25 avril]] [[1959]] à Pierres.
  
He retired with his compagne Tounette to Pierres, a small town near Maintenon in the Eure–et-Loire department. He came to Paris in the 1950s to speak about the past for a radio programme, Les Reves Perdus (Lost Dreams). Here he was reunited with old anarchists like Louis Lecoin, May Picqueray, Rirette Maitrejean (co-editor with Victor Serge of l’anarchie) and Charles D’Avray.
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Son fils devint actif dans le syndicat des locataires dans les années 1970.
 
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He died on 25th April 1959 at Pierres.
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His son became active in a tenants’ union in the 1970s.
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==Bibliographie==
 
==Bibliographie==
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[[Catégorie:Anarchiste|Cochon, Georges]]
 
[[Catégorie:Anarchiste|Cochon, Georges]]
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[[Catégorie:Militant-e|Cochon, Georges]]
 
[[Catégorie:Squat|Cochon, Georges]]
 
[[Catégorie:Squat|Cochon, Georges]]

Revision as of 17:31, 31 July 2007

Georges-cochon.jpg

Le Squat est né à Paris en 1912 avec l'anarchiste moustachu Georges Cochon (1879-1959). Ouvrier tapissier, fondateur de l'Union syndicale des locataires. Il luttait vigoureusement contre les proprios "vautours". La presse et les chansonniers (Charles d'Avray, Montéhus...) popularisaient les actions de ces militants inventeurs du déménagement "à la cloche de bois" qui, alors, se pratiquait en fanfare ! Occupations d'hôtels particuliers, installations de maisons préfabriquées dans les lieux les plus insolites (Tuileries, Chambre des députés, casernes, Préfecture...) avec banderoles et drapeaux, ainsi que le Raffût de Saint-Polycarpe furent le sujet d'un feuilleton publié dans L'Humanité entre le 17 novembre 1935 et le 17 janvier 1936.

Biographie