Difference between revisions of "Individualisme aristocratique"

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(Le surhomme)
(La volonté de puissance)
 
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L'[[Individualisme aristocratique|individualisme aristocratique]] (ou élitiste) est une forme d'[[Individualisme|individualisme]] qui se caractérise par la volonté d'élever l'individu au-dessus de lui-même en le rendant digne de sa liberté. Principalement représenté par [[Friedrich Nietzsche]], [[Georges Palante]] et [[Michel Onfray]], cet individualisme uniciste préconise une affirmation intense et complète du moi, qui doit conduire à l'épanouissement d'un individu supérieur à l'homme du troupeau. Par le libre développement de ses facultés, l'individu fort est appelé à devenir un homme supérieur.
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L'[[Individualisme aristocratique|individualisme aristocratique]] (ou élitiste) est un type d'[[Individualisme|individualisme]] qui se caractérise par la volonté d'élever l'individu au-dessus de lui-même en le rendant digne de sa liberté. Principalement représenté par [[Friedrich Nietzsche]], [[Georges Palante]] et [[Michel Onfray]], et par tout un courant nommé de [[nietzschéisme de gauche]], cet individualisme uniciste préconise une affirmation intense et complète du moi, qui doit conduire à l'épanouissement d'un individu supérieur à l'homme du troupeau. Par le libre développement de ses facultés, l'individu fort est appelé à devenir un homme supérieur.
  
 
==L'individu aristocratique==
 
==L'individu aristocratique==
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Ainsi, Nietzsche traite souvent l'individu ou le sujet dans son oeuvre d'illusion. Il rejette ainsi le sujet conscient de Descartes et la personne kantienne mais non l'individu en tant que tel, qu'il défini comme un centre de volonté de puissance et considère comme source de valeurs positives.
 
Ainsi, Nietzsche traite souvent l'individu ou le sujet dans son oeuvre d'illusion. Il rejette ainsi le sujet conscient de Descartes et la personne kantienne mais non l'individu en tant que tel, qu'il défini comme un centre de volonté de puissance et considère comme source de valeurs positives.
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La volonté de puissance est le chemin même de l’implacable loi de la nature de la vie qui vise à l’expansion de l'être humain vers les plus hautes sphères de la vie et apporte ainsi le surhomme.
  
 
===L'égoïsme aristocratique===
 
===L'égoïsme aristocratique===
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Valeur relative, l'égoïsme est pour Nietzsche un symptôme. Ainsi, l'intérêt personnel peut être diversement défini comme, la conservation de soi, la quête des biens matériels, la gloire, le salut de l'âme, le bonheur, le plaisir sensuel, la sagesse, le dépassement de soi, etc. Tous ces intérêts ne se valent pas et doivent être jugés non pas selon la morale mais selon le critère de la volonté de puissance.
 
Valeur relative, l'égoïsme est pour Nietzsche un symptôme. Ainsi, l'intérêt personnel peut être diversement défini comme, la conservation de soi, la quête des biens matériels, la gloire, le salut de l'âme, le bonheur, le plaisir sensuel, la sagesse, le dépassement de soi, etc. Tous ces intérêts ne se valent pas et doivent être jugés non pas selon la morale mais selon le critère de la volonté de puissance.
  
Ainsi, une forme d'égoïsme est positive si elle vas dans le sens de d'un accroissement d'être, d'un dépassement de soi, d'un épanouissement. Mais une autre forme d'égoïsme peut être négative si elle va dans le sens d'une décadence ou d'un amoindrissement de l'individu.
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Ainsi, une forme d'égoïsme est positive si elle va dans le sens de d'un accroissement d'être, d'un dépassement de soi, d'un épanouissement. Mais une autre forme d'égoïsme peut être négative si elle va dans le sens d'une décadence ou d'un amoindrissement de l'individu.
  
 
===L'inégalité de valeur des individus===
 
===L'inégalité de valeur des individus===
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Le fort (qui est l'aristocrate étymologique : le meilleur) et le faible ne sont donc pas deux individus séparés dont l'un réduirait l'autre en esclavage. Ce sont plutôt deux tendances qui tirent l'individu tantôt vers le bas, tantôt vers le haut.  
 
Le fort (qui est l'aristocrate étymologique : le meilleur) et le faible ne sont donc pas deux individus séparés dont l'un réduirait l'autre en esclavage. Ce sont plutôt deux tendances qui tirent l'individu tantôt vers le bas, tantôt vers le haut.  
  
L'individu fort est celui qui s'est placé das des conditions de vie qui favorisent la tendance ascendante de sa volonté et qui parvient à faire triompher en lui les forces positives. Le faible est celui qui renonce à lui-même, qui a honte de son égoïsme, qui préfère se dominer lui-même, dominer ses passions, ses instincts, plutôt que d'exercer sa puissance vers le monde extérieur.
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L'individu fort est celui qui s'est placé dans des conditions de vie qui favorisent la tendance ascendante de sa volonté et qui parvient à faire triompher en lui les forces positives. Le faible est celui qui renonce à lui-même, qui a honte de son égoïsme, qui préfère se dominer lui-même, dominer ses passions, ses instincts, plutôt que d'exercer sa puissance vers le monde extérieur.
  
 
===Le grand individu===
 
===Le grand individu===
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L'individu n'est pas la fin de l'individualisme aristocratique - il en est plutôt le commencement. L'individu est pour Nietzsche un pont vers le surhomme.
 
L'individu n'est pas la fin de l'individualisme aristocratique - il en est plutôt le commencement. L'individu est pour Nietzsche un pont vers le surhomme.
  
Selon Nietzsche, l'homme n'est pas un produit finit, le sommet de l'évolution. Il est encore en devenir, un devenir qui n'est toutefois pas tracé par des déterminismes biologiques inéluctables ou par l'intervention d'une divinité quelconque. Le devenir de l'homme peut être la décadence et mener au nihilisme ; l'homme ne songera alors qu'à son confort et sera sans idéal. Mais ce devenir peut être mû par l'effort de l'individu de se dépasser lui-même et tendre vers le surhomme.
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Selon Nietzsche, l'homme n'est pas un produit fini, le sommet de l'évolution. Il est encore en devenir, un devenir qui n'est toutefois pas tracé par des déterminismes biologiques inéluctables ou par l'intervention d'une divinité quelconque. Le devenir de l'homme peut être la décadence et mener au nihilisme ; l'homme ne songera alors qu'à son confort et sera sans idéal. Mais ce devenir peut être mû par l'effort de l'individu de se dépasser lui-même et tendre vers le surhomme.
  
 
Le surhomme n'est ni un idéal fumeux, ni une idole abstraite et encore moins un rêve nazi de race supérieure. Il représente le refus de l'homme de se contenter de ce qu'il est, le désir de tendre vers son propre dépassement et d'atteindre un état supérieur à ce qu'il est. Et quel est cet état ? Nul peut le savoir, puisque le surhomme est en devenir. Mais la voie est tracée par le grand individu : c'est le « deviens ce que tu es Â» du ''Gai Savoir''. Ainsi, l'individualisme est un moyen de parvenir au surhomme, à condition qu'il porte en lui l'exigence de sélection de ce qui est le meilleur et le plus fort en l'homme.
 
Le surhomme n'est ni un idéal fumeux, ni une idole abstraite et encore moins un rêve nazi de race supérieure. Il représente le refus de l'homme de se contenter de ce qu'il est, le désir de tendre vers son propre dépassement et d'atteindre un état supérieur à ce qu'il est. Et quel est cet état ? Nul peut le savoir, puisque le surhomme est en devenir. Mais la voie est tracée par le grand individu : c'est le « deviens ce que tu es Â» du ''Gai Savoir''. Ainsi, l'individualisme est un moyen de parvenir au surhomme, à condition qu'il porte en lui l'exigence de sélection de ce qui est le meilleur et le plus fort en l'homme.
  
Le surhumain est donc radicalement individuel et non collectif. La voie de sa réalisation ne peut en aucun cas être celle de l'embrigadement fasciste ou la réduction de l'individu au rang de petit soldat au service de quelque idéologie que ce soit. Si ;l'individu est un pont, un moyen, ce n'est pas pour quelque chose qui se situe à l'extérieur de lui. L'individu ne peut être l'instrument d'une grande cause qui ne risque que de le broyer. Bref : le surhomme est la réalisation de la volonté de puissance de l'individu et non la réalisation de la volonté de domination de quelque dictateur sanguinaire et ambitieux.
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Le surhumain est donc radicalement individuel et non collectif. La voie de sa réalisation ne peut en aucun cas être celle de l'embrigadement fasciste ou la réduction de l'individu au rang de petit soldat au service de quelque idéologie que ce soit. Si l'individu est un pont, un moyen, ce n'est pas pour quelque chose qui se situe à l'extérieur de lui. L'individu ne peut être l'instrument d'une grande cause qui ne risque que de le broyer. Bref : le surhomme est la réalisation de la volonté de puissance de l'individu et non la réalisation de la volonté de domination de quelque dictateur sanguinaire et ambitieux.
  
 
==La société aristocratique==
 
==La société aristocratique==
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===La liberté et le droit===
  
 
===Critique de l'instinct grégaire===
 
===Critique de l'instinct grégaire===
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La société aristocratique telle que prévue par Nietzsche n'a donc rien à voir à la société aristocratique du Moyen Âge. Elle est constituée d'individus libres. Mais contrairement aux individualistes anarchistes, elle ne repose pas sur la libre association ou le contrat librement consenti. Il s'agit d'une société des meilleurs, de grands individus dans le sens nietzschéen, d'individus forts qui sont des ponts vers le surhomme. Leur association n'a pas pour but, comme pour les faibles, de les protéger, puisqu'ils ont la capacité de défendre seuls leurs intérêts. En fait, l'individu supérieur de Nietzsche n'a pas besoin des autres et ne s'associe pas par nécessité. Ils s'associent pour donner, non pour recevoir. Ils cherchent des «cocréateurs» qui participent dans l'élaboration de nouvelles valeurs, des égaux (amis ou ennemis) dignes de lui.  
 
La société aristocratique telle que prévue par Nietzsche n'a donc rien à voir à la société aristocratique du Moyen Âge. Elle est constituée d'individus libres. Mais contrairement aux individualistes anarchistes, elle ne repose pas sur la libre association ou le contrat librement consenti. Il s'agit d'une société des meilleurs, de grands individus dans le sens nietzschéen, d'individus forts qui sont des ponts vers le surhomme. Leur association n'a pas pour but, comme pour les faibles, de les protéger, puisqu'ils ont la capacité de défendre seuls leurs intérêts. En fait, l'individu supérieur de Nietzsche n'a pas besoin des autres et ne s'associe pas par nécessité. Ils s'associent pour donner, non pour recevoir. Ils cherchent des «cocréateurs» qui participent dans l'élaboration de nouvelles valeurs, des égaux (amis ou ennemis) dignes de lui.  
  
Nietzsche croit en la fécondité de l'affrontement, à la fraternelle concurence qui permet à l'individu de se surmonter dans un total respect de l'ennemi. Pour Nietzsche, la confrontation des volontés de puissance et leur libre jeu aboutissent à une harmonie, à un équillibre de la même façon que le libre jeu des pulsions de l'individu qui se combattent entre elles aboutit à cette unité qui est le moi. C'est lorsque notre raison prétend imposer le silence à nos passions et à nos instincts que nous nous détruisons nous-mêmes en retrournant contre nous notre volonté de puissance. De la même façon, au niveau social, c'est lorsque l'autorité d'une église, d'un gouvernement, d'un État prétend faire cesser le combat entre les volontés individuelles et imposer une paix artificielle venue d'en haut que la société conduit au pourissement des énergies individuelles et consacre la victoire des faibles sur les forts.
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Nietzsche croit en la fécondité de l'affrontement, à la fraternelle concurence qui permet à l'individu de se surmonter dans un total respect de l'ennemi. Pour Nietzsche, la confrontation des volontés de puissance et leur libre jeu aboutissent à une harmonie, à un équillibre de la même façon que le libre jeu des pulsions de l'individu qui se combattent entre elles aboutit à cette unité qui est le moi. C'est lorsque notre raison prétend imposer le silence à nos passions et à nos instincts que nous nous détruisons nous-mêmes en retournant contre nous notre volonté de puissance. De la même façon, au niveau social, c'est lorsque l'autorité d'une église, d'un gouvernement, d'un État prétend faire cesser le combat entre les volontés individuelles et imposer une paix artificielle venue d'en haut que la société conduit au pourissement des énergies individuelles et consacre la victoire des faibles sur les forts.
  
 
==Voir aussi==
 
==Voir aussi==
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===Penseurs===
 
===Penseurs===
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* [[Friedrich Nietzsche]]
 
* [[Georges Palante]]
 
* [[Georges Palante]]
  
 
===Liens externes===
 
===Liens externes===
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*[http://selene.star.pagesperso-orange.fr/page_bousquet1.htm Précis d'individualisme aristocratique au sujet de '''Georges Parlante''']
 
*[http://perso.modulonet.fr/~miardouin/individu.htm L''''individualisme''' de '''Nietzsche''']
 
*[http://perso.modulonet.fr/~miardouin/individu.htm L''''individualisme''' de '''Nietzsche''']
 
*[http://perso.wanadoo.fr/selene.star/page_extraits.htm Extraits... de textes de '''Palante''']
 
*[http://perso.wanadoo.fr/selene.star/page_extraits.htm Extraits... de textes de '''Palante''']
*[http://bibliolib.net/article.php3?id_article=140 "La sensibilité individualiste" de '''Georges Palante''']
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*[http://bibliolib.net/article.php3?id_article=140 "La sensibilité individualiste" de '''Georges Parlante''']

Latest revision as of 13:02, 28 April 2014