Difference between revisions of "La Ruche"

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La prospérité et la renommée de La Ruche induisirent quatre mille demandes d’inscription en 10 ans, qui ne purent évidemment pas être satisfaites. Les enfants acceptés étaient soigneusement sélectionnés : en bonne santé, entre 6 et 10 ans, ils devaient s’engager à rester à La Ruche jusqu’à 16 ans révolus. Il ne payaient aucun frais de pension, et les 20 collaborateurs étaient tous bénévoles. La Ruche accueillit aussi des camarades de passage, désireux de participer momentanément à cette expérience concrète ou exilés politiques.
 
La prospérité et la renommée de La Ruche induisirent quatre mille demandes d’inscription en 10 ans, qui ne purent évidemment pas être satisfaites. Les enfants acceptés étaient soigneusement sélectionnés : en bonne santé, entre 6 et 10 ans, ils devaient s’engager à rester à La Ruche jusqu’à 16 ans révolus. Il ne payaient aucun frais de pension, et les 20 collaborateurs étaient tous bénévoles. La Ruche accueillit aussi des camarades de passage, désireux de participer momentanément à cette expérience concrète ou exilés politiques.
  
L’originalité de l’entreprise était d’être complètement indépendante, moralement et matériellement.[3]
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Les petits partageaient leur temps entre la classe, les jeux et les menus services. Les moyens, de 13 à 15 ans, passaient une partie de la journée en classe, l’autre à l’atelier ou aux champs, selon les principes de l’éducation intégrale. Les grands cessaient d’aller en classe et suivaient un stage de deux ou trois années en apprentissage ou aux champs, mais pouvaient compléter leur instruction aux cours du soir, par des lectures ou des discussions avec leurs aînés.
  
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Garçons et filles vivaient ensemble, comme frères et sœurs au sein d’une même famille, malgré les controverses suscitées alors par le " système de la coéducation des sexes ".
  
Les conférences de Sébastien Faure constituaient une importante source de revenus qui permettait de combler le déficit chronique de La Ruche.
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[[Sébastien Faure]] privilégiait la " tête bien faite " au détriment de la " tête bien pleine " et la méthode inductive, c’est-à-dire positive et rationnelle, était préférée à la méthode déductive dogmatique. Les salles de classes présentaient un aspect vivant, gai, doux, prédisposant l’enfant à s’y plaire. Les récompenses et les punitions en étaient absentes, ainsi que toute forme de classement.
  
Chaque dimanche et lors de sa fête annuelle, La Ruche recevait de nombreux visiteurs.
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Les collaborateurs chargés de l’enseignement disposaient d’une assez large liberté dans l’organisation de leur travail. Ils restaient plus ou moins longtemps, ce qui constitua la seule véritable faiblesse de l’enseignement à La Ruche, le successeur ne prenant pas forcément en compte le travail accompli par celui qu’il remplaçait.
  
Enfin, chaque année, La Ruche organisait un voyage dans une région ou dans une autre. Seuls les moyens y participaient. Ces voyages constituaient à la fois une détente, une manifestation de propagande et une source de revenus : dans chaque ville qu’il traversait, le groupe donnait un concert payant qui était interrompu par une causerie de Sébastien Faure, et les enfants vendaient pendant l’entracte des brochures de Sébastien Faure ou des cartes postales de leur communauté.
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La musique et le chant tenaient une grande place à [[La Ruche]] et Sébastien Faure harmonisait lui-même certains chants.
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L’éducation morale était principalement fondée sur l’exemple et la discussion, et refusait l’autorité sous toutes ses formes.
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Les ateliers avaient une fonction éducative et une fonction utilitaire : ils permettaient à La Ruche de subvenir presque entièrement à ses propres besoins. Il fut même envisagé d’améliorer leur productivité et de travailler pour l’extérieur, constituant ainsi une source de revenus. Seul l’atelier d’imprimerie atteindra cet objectif.
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L’originalité de l’entreprise était d’être complètement indépendante, moralement et matériellement.
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Les conférences de Sébastien Faure constituaient une importante source de revenus qui permettait de combler le déficit chronique de La Ruche. Chaque dimanche et lors de sa fête annuelle, La Ruche recevait de nombreux visiteurs. Enfin, chaque année, La Ruche organisait un voyage dans une région ou dans une autre. Seuls les moyens y participaient. Ces voyages constituaient à la fois une détente, une manifestation de propagande et une source de revenus : dans chaque ville qu’il traversait, le groupe donnait un concert payant qui était interrompu par une causerie de Sébastien Faure, et les enfants vendaient pendant l’entracte des brochures de Sébastien Faure ou des cartes postales de leur communauté.
  
 
La guerre de 1914-1917 désorganisa la vie paisible de La Ruche et Sébastien Faure dut se résoudre à fermer l’institution à la fin de février 1917.
 
La guerre de 1914-1917 désorganisa la vie paisible de La Ruche et Sébastien Faure dut se résoudre à fermer l’institution à la fin de février 1917.
  
 
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Revision as of 16:28, 25 August 2008

De 1904 à 1917, Sébastien Faure loua, près de Rambouillet, un domaine de 25 ha comprenant une vaste maison et plusieurs bâtiments annexes ainsi que des dépendances, un grand jardin potager, des prairies et des bosquets. 60 personnes environ y vécurent en permanence : une quarantaine d’enfants des deux sexes, enfants de prolétaires ou orphelins, et une vingtaine d’adultes ayant volontairement choisi de seconder Sébastien Faure.

La prospérité et la renommée de La Ruche induisirent quatre mille demandes d’inscription en 10 ans, qui ne purent évidemment pas être satisfaites. Les enfants acceptés étaient soigneusement sélectionnés : en bonne santé, entre 6 et 10 ans, ils devaient s’engager à rester à La Ruche jusqu’à 16 ans révolus. Il ne payaient aucun frais de pension, et les 20 collaborateurs étaient tous bénévoles. La Ruche accueillit aussi des camarades de passage, désireux de participer momentanément à cette expérience concrète ou exilés politiques.

Les petits partageaient leur temps entre la classe, les jeux et les menus services. Les moyens, de 13 à 15 ans, passaient une partie de la journée en classe, l’autre à l’atelier ou aux champs, selon les principes de l’éducation intégrale. Les grands cessaient d’aller en classe et suivaient un stage de deux ou trois années en apprentissage ou aux champs, mais pouvaient compléter leur instruction aux cours du soir, par des lectures ou des discussions avec leurs aînés.

Garçons et filles vivaient ensemble, comme frères et sœurs au sein d’une même famille, malgré les controverses suscitées alors par le " système de la coéducation des sexes ".

Sébastien Faure privilégiait la " tête bien faite " au détriment de la " tête bien pleine " et la méthode inductive, c’est-à-dire positive et rationnelle, était préférée à la méthode déductive dogmatique. Les salles de classes présentaient un aspect vivant, gai, doux, prédisposant l’enfant à s’y plaire. Les récompenses et les punitions en étaient absentes, ainsi que toute forme de classement.

Les collaborateurs chargés de l’enseignement disposaient d’une assez large liberté dans l’organisation de leur travail. Ils restaient plus ou moins longtemps, ce qui constitua la seule véritable faiblesse de l’enseignement à La Ruche, le successeur ne prenant pas forcément en compte le travail accompli par celui qu’il remplaçait.

La musique et le chant tenaient une grande place à La Ruche et Sébastien Faure harmonisait lui-même certains chants.

L’éducation morale était principalement fondée sur l’exemple et la discussion, et refusait l’autorité sous toutes ses formes.

Les ateliers avaient une fonction éducative et une fonction utilitaire : ils permettaient à La Ruche de subvenir presque entièrement à ses propres besoins. Il fut même envisagé d’améliorer leur productivité et de travailler pour l’extérieur, constituant ainsi une source de revenus. Seul l’atelier d’imprimerie atteindra cet objectif.

L’originalité de l’entreprise était d’être complètement indépendante, moralement et matériellement.

Les conférences de Sébastien Faure constituaient une importante source de revenus qui permettait de combler le déficit chronique de La Ruche. Chaque dimanche et lors de sa fête annuelle, La Ruche recevait de nombreux visiteurs. Enfin, chaque année, La Ruche organisait un voyage dans une région ou dans une autre. Seuls les moyens y participaient. Ces voyages constituaient à la fois une détente, une manifestation de propagande et une source de revenus : dans chaque ville qu’il traversait, le groupe donnait un concert payant qui était interrompu par une causerie de Sébastien Faure, et les enfants vendaient pendant l’entracte des brochures de Sébastien Faure ou des cartes postales de leur communauté.

La guerre de 1914-1917 désorganisa la vie paisible de La Ruche et Sébastien Faure dut se résoudre à fermer l’institution à la fin de février 1917.

Catégorie:Education