Action directe (Organisation)

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Action directe (AD) est un groupe clandestin (aux influences anarchistes et communistes) ayant revendiqué une cinquantaine d'attentats ou d'assassinats sur le territoire français entre 1979 et 1987. Action directe a été interdite par un décret du 19 août 1982 prononçant la dissolution de l'organisation. Ses membres ont été jugés par une formation spéciale de la cour d'assises de Paris, compétente en matière de terrorisme.

Histoire[edit]

Action directe est le résultat de la fusion des GARI (Groupes d'action révolutionnaire internationalistes) et des NAPAP (Noyaux armés pour l'autonomie populaire), qui aboutit en 1977 à la création d'une « coordination politico-militaire interne au mouvement autonome ». Cette coordination se transforme en 1979 en une « organisation de guérilla » qui commence alors à revendiquer ses attentats sous le nom d'Action directe, expression empruntée à l'anarcho-syndicalisme du début du XXe siècle, au nom de la lutte contre l’impérialisme capitaliste, des symboles de la puissance de l’Etat, le grand patronat et la défense du prolétariat. Ils ne font alors que des dégâts matériels. Après l'amnistie de 1981, la majorité des militants renonce à la violence, abandonnant jusqu'au nom et au sigle d'Action directe, tandis qu'une minorité (regroupée en une branche parisienne et une branche lyonnaise) choisit de passer à la lutte armée. À partir de 1984, la branche parisienne Action directe s'est alliée à la Fraction armée rouge dans le cadre de la stratégie d'« unité des révolutionnaires en Europe de l'Ouest ». La branche lyonnaise verse dans l'attaque de banques et des attaques contre des objectifs israéliens, tels le mitraillage de la mission commerciale de l'ambassade d'Israël, le 31 mars 1982, ou l'attentat à la bombe contre le Citrus Marketing Board of Israel, le 11 août de la même année [1].

Plus globalement, ce groupe a été l'expression en France d'un courant se revendiquant du marxisme et véhiculant l'idée que les actions terroristes étaient un moyen légitime de renverser un régime considéré comme oppressif. Durant ce qu'on a appelé les « années de plomb », de nombreux groupuscules ont repris l'idéologie de la « propagande par le fait » prônée par certains militants anarchistes lors des deux dernières décennies du Template:XIXe siècle: la Fraction armée rouge ou (« Bande à Baader ») en Allemagne occidentale, les Brigades rouges en Italie, Sekigunha (Fraction armée rouge japonaise), 17-Novembre en Grèce, IRA, Cellules communistes combattantes en Belgique, ETA, Weathermen aux États-Unis, KP-ML et Devrimci Sol en Turquie, etc.

Action directe a notamment revendiqué le mitraillage du siège du patronat le 1er mai 1979, mais aussi des actions militaires contre des ministères, la Sonacotra, des agences immobilières, des bâtiments de l'armée française, des sociétés liées au complexe militaro-industriel, des actions militaires contre l'État israélien, l'assassinat de trois policiers, avenue Trudaine à Paris en 1983, ainsi que l'assassinat du général Audran (responsable des ventes d'armes de l'État français) en 1985, puis de Georges Besse, PDG de la Régie Renault en 1986. C'est en tant que représentant d’une entreprise à vocation internationale que Georges Besse est assassiné, mais également en tant que dirigeant d'une entreprise employant un vigile qui a tué un militant maoïste. À ces nombreuses actions directes s'ajoute un certain nombre de vols à main armée revendiqués par le groupe comme des « expropriations prolétariennes ».

Le 21 février 1987, les principaux membres d'Action directe, Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron, et Georges Cipriani ont été arrêtés dans une ferme de Vitry-aux-Loges, dans le Loiret. Ils ont été tous les quatre condamnés (tout comme Régis Schleicher, arrêté en 1984) à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine incompressible de 18 ans.

La peine de Joëlle Aubron a été suspendue en juin 2004 pour raisons de santé. Elle est décédée à Paris le 1er mars 2006 d'un cancer des poumons. Jean-Marc Rouillan tient une chronique sur l'univers carcéral dans le journal Ce qu'il faut détruire. Les demandes de libération anticipée de Régis Schleicher et de Nathalie Ménigon ont été jusqu'à maintenant repoussées par le juge des libertés et de la détention. Nathalie Ménigon a été victime en prison de deux accidents vasculaires cérébraux qui l'ont laissée partiellement hémiplégique.

Notes[edit]

  • 1 « Le dernier procès d'Action directe devant la cour d'assises spéciale », Le Monde, 21 juin 1995. Chaque procès de la branche lyonnaise fut émaillé de propos antisémites : « Devant les assises du Rhône — Réclusion à perpétuité pour les chefs lyonnais d'Action directe », Le Monde, 30 juin 1989 ; « Devant la cour d'assises spéciale de Paris — Les vapeurs antisémites de Max Frérot », Le Monde, 14 octobre 1992 ; « Devant la cour d'assises spéciale de Paris — La “bavure” de Max Frérot », Le Monde, 15 octobre 1992.

Bibliographie[edit]

  • Études sur Action directe
  • Alain Hamon et Jean-Charles Marchand, Action directe. Du terrorisme français à l'euroterrorisme, Le Seuil 1986
  • Roland Jacquard, La longue traque d'Action directe, Albin Michel, 1987
  • Michael York Dartnell, Action directe : ultra-left terrorism in France, London 1995
  • Loïc Debray, Jean-Pierre Duteuil, Philippe Godard, Henri Lefebvre, Catherine Régulier, Anne Sveva, Jacques Wajnsztejn, Paroles Directes. Légitimité, révolte et révolution : autour d'Action directe, Acratie 1990


  • Ouvrages des membres d'Action directe

Filmographie[edit]

Liens internes[edit]

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