La Mémoire des vaincus
La mémoire des vaincus est le titre d'un ouvrage de fiction de Michel Ragon paru en 1989.
À la veille de la Première Guerre mondiale, Fred et Flora, deux gamins des rues, battent le pavé de Paris. Le destin va les conduire dans les sillages de la célèbre bande à Bonnot, puis vers l’aventure anarchiste. Mêlant l’histoire au mythe et à l’autobiographie, ce récit romanesque à grand souffle nous entraîne, sur les pas de son héros, de la Russie de 1917 à l’Espagne du Front populaire, de la vie ouvrière à la bohème artistique, parmi une foule de personnages obscurs ou illustres, tous animés par cet « increvable esprit de liberté » qui renaîtra en mai 68 et surmontera l’effondrement de l’utopie communiste. Une grande fresque populaire.
Dans ce roman historique fort bien documenté, Michel Ragon nous raconte la vie d’un de ses compagnons de lutte qu’il présente sous le pseudonyme de Fred Barthélemy. Les idéologies du siècle y défilent dans toute leur complexité à travers de nombreux événements et personnages historiques réels, mais aussi par le biais des actions de femmes et d’hommes moins connus, ces insoumis anonymes et éternels vaincus par un pouvoir violent et geôlier de consciences. Une excellente introduction au mouvement anarchiste européen et aux idées libertaires en général. D'aucuns y perçoivent que Ragon fournit de quoi en finir pour de bon avec la domination et les pouvoirs rétrogrades actuels érigés en pensée unique.
A partir d'un savant sondage des “poubelles de l'histoire†(comprendra qui lira), Michel Ragon, dans La mémoire des vaincus, met en œuvre une passionnante fresque prolétarienne de l'histoire politique du XXe siècle, où se croisent Sorel, Péguy, René Vallet (et les autres de la bande à Bonnot), le vieux Kropotkine, le jeune Jacques Doriot, Nestor Makhno, Victor Serge, Durruti & Andreu Nin, Dzerjinski, Lénine, Trotsky, Gorki, Delesalle, Vigo, Céline, Vyshinski... Une sorte de livre noir du communisme façon roman anar.
À travers le récit du destin haut en couleurs du personnage principal Fred Barthélémy, rejeton parigot des rues insalubres du faubourg Poissonnière - tour à tour ajusteur, soldat, clochard, conseiller de Kamenev de 1917 à 1924, fougueux polémiste anarchiste, bouquiniste et retraité miséreux des banlieues rouges - Ragon rend un vibrant hommage à ces figures oubliées, broyées sous le rouleau-compresseur du sens de l'histoire. Un bouquin si riche qu'il est impossible d'en proposer une synthèse digne de ce nom.
"Le peuple s'en fout de la liberté. Ce qu'il veut, c'est l'égalité. C'est la norme. C'est le standard. Tous pauvres, tous moches, tous ringards." (Op. cit., p. 551). C'est cette croûte monotone, monochrome, lisse et sans bavure que Ragon, en digne hérault libertaire (selon certains sans commune mesure avec les niaiseries illusoires et puériles des faux-pouilleux des Pentes) brise avec fracas, chaleur et enthousiasme.
Liens[edit]
- [1] Interview de Michel Ragon par Barricata. De nombreuses explications sur le livres, notamment les personnages qui ont inspiré l'histoire de Fred.
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