Difference between revisions of "François Dumartheray"

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'''François Dumartheray''', né le [[27 janvier]] [[1842]] à Collonges en Haute-Savoie, et décédé en [[1931]], était un [[anarcho-communiste]], et également l'un des fondateurs possibles de cette branche de l'anarchisme, et un ami de [[Pierre Kropotkine]].
 
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François Dumartheray, né le [[27 janvier]] [[1842]] à Collonges en Haute-Savoie, et décédé en [[1931]], était un [[anarcho-communiste]], dont il est l'un des fondateurs possibles, et un ami de [[Pierre Kropotkine]].
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== Biographie ==
 
== Biographie ==
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{{libcom|http://libcom.org/history/dumartheray-francois-1842-1931|Nick Heath}}
<center>Traduit de l'[http://libcom.org/history/dumartheray-francois-1842-1931 article anglais] de '''Nick Heath'''</center>
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François Dumartheray est né à Collonges, en Haute-Savoie le [[27 janvier]] [[1842]].
Francois Dumartheray was born at Collonges, Haute-Savoie in the Savoy on 27th January 1842.
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A member of a utopian Icarian group in Lyons, he was one of those who fled to Geneva after the events of 1871.
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He became a member of the L’Avenir group, along with Perral, composed mostly of workers who had their roots in the Cabetian strand of communism in Lyons.
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Membre d'un [http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_Cabet#Icarie_ou_la_soci.C3.A9t.C3.A9_id.C3.A9ale groupe icarien] à Lyon, il fut l'un de ceux qui s'enfuirent à Genève après les [[Commune de Paris (1871)|évènements de 1871]].
  
Later he helped Russian anarchist Peter Kropotkin edit Le Révolté), and it was he who penned a small pamphlet for the group, Aux travailleurs manuels partisans de l’action politique (To Manual Workers Partisans of Political Action) in 1876.
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Il devint membre du groupe L'Avenir, avec Perral, composé principalement de travailleurs influencés par l'[http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_Cabet aile cabetienne] du communisme lyonnais.
  
In this pamphlet a further forthcoming pamphlet on anarchist communism is promised. This pamphlet has never been traced. This is the first traceable mention of the term.
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Plus tard, il aida l'anarchiste russe [[Pierre Kropotkine]] pour publié ''Le Révolté'', et ce fut lui qui rédigea un court pamphlet pour le groupe, ''Aux travailleurs manuels partisans de l’action politique'' en [[1876]].
  
Dumartheray is the missing link, or rather the catalyst, in the fusion of the best of the communist current that sprang from Babeuf, the Communist banquets of Belleville, Weitling and Cabet and the new anarchist current emerging from the First International.
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Dans ce pamphlet, un autre pamphlet plus détaillé sur l'[[anarcho-communisme]] est annoncé. Ce pamphlet ne fut jamais retrouvé. Cependant, il s'agit de la première fois où ce terme d'[[anarcho-communisme]] est mentionné.
  
He was a delegate to the anti-authoritarian International Congress in September 1873, and those to follow. In 1877, he helped Pindy, together with Paul Brousse, found a French-speaking section of the International in Switzerland with its newspaper L'Avant-Garde".
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Dumartheray est le chaînon manquant, ou mieux, le catalyseur, de la fusion du meilleur du courant communiste qui va de Babeuf, les banquets communiste de Belleville, à Weitling, Cabet et le nouveau courant anarchiste émergeant de la [[Association Internationale des Travailleurs|Première Internationale]].
  
The anarchist historian George Woodcock makes the patronising comment that Elisee Reclus, who was in Geneva at the time, and who had a background in Fourierist phalansterism, was more likely to have introduced Dumartheray to a realisation of anarchist communism, saying, with no apparent evidence, that the worker Dumartheray “does not appear to have been a man of highly original mind’.(p.189. Anarchism, Penguin edition 1975).
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Il fut délégué au Congrès de l'Internationale anti-autoritaire en septembre [[1873]], et ceux qui suivirent. En [[1877]], il aida [[Jean-Louis Pindy|Pindy]], et avec [[Paul Brousse]], fondèrent une section francophone de l'[[Association Internationale des Travailleurs|Internationale]] en Suisse, dont le journal était ''L'Avant-Garde''.
  
The famous contemporary anarchist, Peter Kropotkin contradicts Woodcock on this. In his Memoirs of a Revolutionary he writes warmly about Dumartheray: “with two friends, Dumartheray and Herzig, I started a new fortnightly paper at Geneva, in February, 1879, under the title of 'Le Révolté.' I had to write most of it myself. We had only twenty-three francs (about four dollars) to start the paper, but we all set to work to get subscriptions, and succeeded in issuing our first number…. Dumartheray and Herzig gave me full support in that direction. Dumartheray was born in one of the poorest peasant families in Savoy. His schooling had not gone beyond the first rudiments of a primary school. Yet he was one of the most intelligent men I ever met. His appreciations of current events and men were so remarkable for their uncommon good sense that they were often prophetic. He was also one of the finest critics of the current socialist literature, and was never taken in by the mere display of fine words or would-be science.”
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L'historien anarchiste [[George Woodcock]] fit la remarque condescendante selon laquelle [[Élisée Reclus]], qui était à l'époque à Genève et qui avait un passé dans les [[phalanstère]]s [[Charles Fourier|fouriéristes]], avait vraisemblablement mit Dumartheray sur la voie de l'[[anarcho-communisme]], en affirmant, sans aucune preuve apparente, que le travailleur Dumartheray « ne semblait pas être un homme à l'esprit hautement original »<ref>[[George Woodcock]], ''Anarchism'', p.189, Penguin edition, [[1975]].</ref>
  
“To the judgment of these two friends I could trust implicitly. If Herzig frowned, muttering, 'Yes--well--it may go,' I knew that it would not do. And when Dumartherary, who always complained of the bad state of his spectacles when he had to read a not quite legibly written manuscript, and therefore generally read proofs only, interrupted his reading by exclaiming, 'Non, ça ne va pas!' I felt at once that it was not the proper thing, and tried to guess what thought or expression provoked his disapproval. I knew there was no use asking him, 'Why will it not do?' He would have answered: 'Ah, that is not my affair; that's yours. It won't do; that is all I can say.' But I felt he was right, and I simply sat down to rewrite the passage, or, taking the composing-stick, set up in type a new passage instead.
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Le célèbre anarchiste contemporain [[Pierre Kropotkine]] contredit [[George Woodcock|Woodcock]] à ce sujet. Dans ses ''[http://kropot.free.fr/Kropotkine-Vie.htm Mémoires d'un révolutionnaire]'', il parle chaleureusement de Dumartheray :
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<blockquote>« avec deux amis, Dumartheray et Herzig, je lançai à Genève, en février 1879, un nouveau journal bi-mensuel sous le titre, ''Le Révolté''. Je dus me charger de le rédiger presque en entier. Nous n'avions que vingt-trois francs pour commencer le journal, mais nous nous mîmes tous à l'œuvre pour obtenir des abonnements et nous réussîmes à faire paraître le premier numéro.<br />
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[...]<br />
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Dumartheray et Herzig me soutinrent de tout leur pouvoir dans cette entreprise. Dumartheray était issu de l'une des plus pauvres familles de paysans de la Savoie. Son instruction n'était pas allée au delà des premiers rudiments de l'école primaire. I1 était cependant un des hommes les plus intelligents que j'aie jamais rencontrés. Ses jugements sur les évènements courants et sur les hommes étaient si justes et marqués au coin d'un si rare bon sens qu'ils étaient souvent prophétiques. Il était aussi un des plus fins critiques de la nouvelle littérature socialiste et il ne se laissait jamais prendre au simple étalage de belles paroles ou de prétendue science.<br />
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[...]<br />
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Je pouvais me fier complètement au jugement de ces deux amis. Quand Herzig fronçait le sourcil et murmurait: «Oui, bien, cela peut aller,»  je savais que cela n'irait pas. Et quand Dumartheray, qui se plaignait toujours du mauvais état de ses lunettes, lorsqu'il lui fallait lire un manuscrit mal écrit et qui préférait pour cette raison lire les épreuves de mes articles, interrompait sa lecture pour s'écrier: «Non, ça ne va pas!»  —je comprenais aussitôt que quelque chose ne marchait pas, et je cherchais à découvrir la pensée ou l'expression qui avait provoqué ce mouvement de désapprobation. Je savais qu'il était inutile de lui demander: «Qu'est-ce qui ne va pas?»  Il m'aurait répondu: «Eh l ce n'est pas mon affaire ; c'est la vôtre. Ça ne va pas ; c'est tout ce que je vous dis.»  Mais je sentais qu'il avait raison, et je m'asseyais simplement pour retoucher le passage, ou bien, prenant le composteur, je composais à la place un nouveau passage.<br />
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[...]<br />
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Dumartheray n'en était que plus ardent et plus rempli d'espoir. — «C'est bien, disait-il. Nous allons nous acheter une imprimerie avec trois mois de crédit, et dans trois mois nous l'aurons payée.»  «Mais nous n'avons pas d'argent, nous n'avons que quelques centaines de francs,» objectai-je. «De l'argent? Quelle sottise ! Nous en ''aurons'' ! Commandons seulement les types tout de suite, et publions immédiatement notre prochain numéro — et l'argent viendra !» Encore une fois il avait jugé juste. Lorsque notre premier numéro sortit des presses de notre propre ''Imprimerie Jurassienne'', quand nous eûmes expliqué les difficultés où nous nous trouvions et que nous eûmes publié en outre deux ou trois petites brochures, — nous aidions tous à l'impression — l'argent vint, le plus souvent en monnaie de cuivre et d'argent, mais il vint. Toute ma vie, je n'ai cessé d'entendre les partis avancés se plaindre du manque d'argent, mais plus je vis et plus je me persuade que notre principale difficulté ne réside pas tant dans le besoin d'argent que dans l'absence d'hommes, marchant avec fermeté et constance dans le droit chemin vers un but déterminé et inspirant les autres. Pendant vingt et un ans, notre journal n'a cessé de vivre au jour le jour, et, dans presque chaque numéro, nous faisions des appels de fonds à la première page ; mais tant qu'il y a des hommes qui persévèrent et consacrent toute leur énergie à une Å“uvre, comme Herzig et Dumartheray l'ont fait à Genève, et comme Grave l'a fait depuis seize ans à Paris, l'argent vient et les dépenses d'impression sont plus ou moins couvertes, principalement grâce aux sous des ouvriers. Pour un journal, comme pour toute autre entreprise, les hommes sont d'une importance infiniment plus grande que l'argent. »<ref>[http://kropot.free.fr/Kropotkine-Vie.htm Source]</ref></blockquote>
  
"When there were problems with printing, it was Dumartheray who insisted that all obstacles could be overcome. 'It's all very simple,' he said. 'We buy our own printing-plant on a three months' credit, and in three months we shall have paid for it.' 'But we have no money, only a few hundred francs,' I objected. 'Money, nonsense! We shall have it! Let us only order the type at once and immediately issue our next number--and money will come!' Once more his judgment was quite right. When our next number came out from our own 'Imprimerie Jurassienne,' and we had told our difficulties and printed a couple of small pamphlets besides, - all of us helping in the printing, - the money came in; mostly in coppers and small silver coins, but it came. Over and over again in my life I have heard complaints among the advanced parties about the want of money; but the longer I live, the more I am persuaded that our chief difficulty is not so much a lack of money as of men who will march firmly and steadily towards a given aim in the right direction, and inspire others. For twenty-one years our paper has now continued to live from hand to mouth, - appeals for funds appearing on the front page in almost every number; but as long as there is a man who sticks to it and puts all his energy into it, as Herzig and Dumartheray did at Geneva, and as [Jean] Grave has done for the last sixteen years at Paris, the money comes in, and a yearly debit of about eight hundred pounds is made up, - mainly out of the pennies and small silver coins of the workers, - to cover the yearly expenditure for printing the paper and the pamphlets. For a paper, as for everything else, men are of an infinitely greater value than money”.
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Dumartheray comprenait très bien le besoin d'une propagande peu chère et accessible, et [[Pierre Kropotkine|Kropotkine]] note qu'il insistait pour mettre tous les pamphlets produits par le groupe au prix d'un centime.
  
Dumartheray was a great understander of the need for cheap, accessible propaganda, and Kroptkin notes that he insisted on pricing all pamphlets produced by the group at one penny.
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La diffusion du communisme libertaire du ''Révolté'' par Kropotkine, Herzig et Dumartheray mena à son adoption par la [[Fédération jurassienne]], la section suisse de la [[Association Internationale des Travailleurs|Première Internationale]], à son congrès du [[9 octobre|9]] et [[10 octobre]] [[1880]].
  
Le Révolté’s propagation of libertarian communism, by Kropotkin, Herzig and Dumartheray led to it being adopted by the Jura Federation, the Swiss section of the First International, at its Congress of 9 and 10 October 1880.
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Dumartheray nous laissa quelques hommages chaleureux à ses amis et camarades [[Reclus]] et [[Kropotkine]], qui furent édités en court pamphlets à leur mort.
  
Dumartheray has left us some warm tributes to his friends and comrades Reclus and Kropotkin, which were produced as short pamphlets with their deaths.
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En dépit de l'amnistie française de [[1880]], Dumartheray resta en Suisse jusqu'en [[1927]]. Il mourut en [[1931]].
  
Despite the French amnesty of 1880, Dumartheray remained in Switzerland until 1927. He died in 1931.
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== Notes et références ==
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<references />
  
 
[[Catégorie:Anarchiste|Dumartheray, François]]
 
[[Catégorie:Anarchiste|Dumartheray, François]]
[[Catégorie:Théoricien|Dumartheray, François]]
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[[Catégorie:Théoricien-ne de l'anarchisme|Dumartheray, François]]
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[[Catégorie:Membre de la Fédération jurassienne]]

Latest revision as of 14:25, 2 September 2008

François Dumartheray, né le 27 janvier 1842 à Collonges en Haute-Savoie, et décédé en 1931, était un anarcho-communiste, et également l'un des fondateurs possibles de cette branche de l'anarchisme, et un ami de Pierre Kropotkine.

Biographie[edit]