Libéralisme autoritaire

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Le Libéralisme Autoritaire est une idéologie menant à un régime qui tend à imposer autoritairement le libéralisme économique.

Ces régimes sont caractérisés par l'implémentation politique du libéralisme économique, par l'appui sélectif à des groupes d'intérêts (dés que ceux-ci sont favorables ou plaisent aux aspirations et intérêts des politiques), domination politique d'un seul parti (ayant été démocratiquement élu, ou parvenu par la force) ou d'un unique gouvernant (sans qu'aucun autre parti ou personne ne puisse le concurrencer), ascension de l'idéologie du parti ou du chef charismatique, forte présence militaire et surveillance élevé de la population.

Ce régime, autoritaire sur le plan des libertés individuelles ("sauf à protéger certains intérêts particuliers"[1]) et libéral sur le plan économique ("sauf à protéger quelques clientèles"[2]), tend à justifier la suppréssion des libertés politiques (liberté de la presse, liberté d'association, syndicalisme...), de maniére directe (censure politique) ou indirecte (censure économique), du fait de troubles sociaux (provoqués par ce régime libéral), et ceci pour que ces opposants ne puissent se poser en force alternative, ces forces sont donc réprimées par la propagande médiatique, ou militairement, et ainsi le pouvoir préserve la stabilité et l'autorité de l'État/nation.

De nombreux penseurs et idéologues du libéralisme économique, notamment des néo-libéraux, ont théorisés et justifiés ces régimes autoritaires. Le néo-libéralisme (ou appelé aussi ultra-libéralisme, voire parfois d'intégrisme libéral) sera le mouvement autoritaire qui tendra à imposer le libéralisme économique et à rejeter la liberté politique (à part pour leur usage prosélyte), nuisible, selon eux, à la sauvegarde des principes de la propriété privée. Il est également parfois énoncé le terme de fascisme libéral pour faire référence à la même réalité qui éxistera dans des régimes libéral autoritaires.

l'Autoritarisme au sein du libéralisme économique

Aprés l'essor de la bourgeoisie, les physiocrates défendront l'association du libéralisme économique avec un despostisme légal (monarchie absolue). Ils considérent qu'une autorité souveraine, défendant les lois naturelles et le droit de propriété, devait être « supérieure à tous les individus de la société ». Ils préconisent que l'État soit gouverné uniquement par des propriétaires fonciers, les seuls ayant un patrimoine à défendre (les « patriotes »).

Le malthusianisme (du moins, dans "Essai sur le principe de la population") marquera d'une profonde empreinte le libéralisme anglais, qui justifira, pour certains de ses partisans (la classe dominante), l'imposition du libéralisme économique, et le peu d'intérêt pour l'injustice sociale que leur économie provoquait. L'idée étant pour eux que le bonheur et le bien-être doivent être limités qu'à quelques bénéficiaires.

Le rejet de la démocratie (élections), et leur anti-égalitarisme viscéral, les aménera à considérer la nécessité d'un retour à des régimes élitiste (libéralisme aristocratique), dans lesquels le libéralisme économique serait respecté (et non mis à mal par ce qu'ils appellent la "masse"). Pour Pareto, le « caractére d'une société est avant tout le caractére de l'élite » où « Toute élite qui n'est pas prête à livrer bataille pour défendre ses positions est en pleine décadence ; il ne lui reste qu'à laisser sa place à une autre élite, ayant les qualités viriles qui lui manquent ». Cela l'aménera notamment à accueillir le fascisme comme le seul mouvement « qui puisse sauver l'Italie de maux infinis ».

Carl Schmitt, adhérent du parti nazi, et partisan du libéralisme économique, considérera que l'« Ã‰tat fort » est nécessaire comme garantie d'une économie de marché pure et contre la guerre civile. Il deviendra un fervent adepte du fascisme italien (et de Mussolini) qui réussira à associer l'Eglise catholique, un État autoritaire et une économie libérale.

régimes autoritaires soutenus par des libéraux

Divers auteurs et partisans du libéralisme économique soutiendront des régimes autoritaires tels que le régime de Vichy, la dictature de Salazar, la dictature Pinochet, ou celle de Franco, etc.

Il y aura notamment Jacques Rueff, un planiste libéral, (le maréchal Pétain sera le témoin de son mariage et le parrain de sa fille ; il sera à la libération l'un des fondateurs de la société du mont pélerin), il sera, plus tard, dés 1958, le conseiller économique et monétaire du général de Gaulle.

François Perroux qui est un des théoriciens de la révolution nationale du régime de Vichy (il sera, comme Hayek, un admirateur du dictateur portuguais Salazar) ; il sera sauvé à "la Libération", par ses amis de l'école autrichienne ; puis il aura des successeurs manifestes tel Robert Marjolin et Raymond Barre.

le planiste Lucien Romier, rédacteur en chef du Figaro, sera ministre et conseiller de Pétain dans le régime de Vichy.

Joseph Barthélémy est un partisan du libéralisme économique, il sera le ministre de la justice du régime de Vichy. il soutiendra les militaires franquiste contre les républicains, admirateur de l'orléanisme et de la monarchie de juillet. Il votera les lois antisémites de 1941.

Jacques Bardoux (grand pére de Valéry Giscard d'Estaing) proposera au régime de Vichy l'instauration du droit du sang.

Émile Mireaux (ami de Laval), ministre de l'instruction publique, au sein du régime de Vichy, donnera des sanctions contre les enseignants franc-maçons.

Louis Rougier s'étant compromis avec le régime de Vichy, il lui sera de ce fait demandé, en 1947, de ne pas venir à la fondation de la société du mont pélerin. Il la rejoindra finalement en 1957.

Friedrich von Hayek, en rapport à la dictature de Pinochet, énoncera qu'il préférait une « dictature libérale à une absence de libéralisme dans un gouvernement démocratique ». Il exprimera aussi son admiration pour le dictateur Salazar et pour la dictature des militaires argentins.

Ludwig von Mises, en 1927 (dans "libéralisme"), même si il se contredira selon la période, soutiendra a posteriori l'intervention des fascistes italiens : "On ne peut nier que le fascisme et les mouvements similaires cherchant à mettre en place des dictatures sont remplis des meilleures intentions et que leur intervention a, pour l'instant, sauvé la civilisation européenne. Le mérite qui en revient au fascisme demeurera éternellement dans l'histoire."

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régimes de libéralisme autoritaire

fascisme (1922 / 1925)

Le régime fasciste italien, durant les années 1922-1925, instaurera le libéralisme économique par l'intérmédiaire de son ministre De'Stefani, et ceci de manière autoritaire, en interdisant les gréves ouvrières et conjointement par l'action répressive des terroristes squadristes (aux ordres du gouvernement fasciste).

Mussolini, avant son avénement au gouvernement en 1922, se présentera notamment comme un libéral et un défenseur de l'État manchestérien. Il annoncera son programme politique et économique comme volonté de combattre l'économie de guerre et de la libéraliser ; propos qui attireront les faveurs des partisans du libéralisme économique.

Le nationalisme a été une grande part du libéralisme en Italie, le discours nationaliste des fascistes aménera des libéraux (notamment Pareto et Ludwig von Mises, ...) ou du libéral national (Giovani Gentile, ...) à soutenir le régime (avec quelques réserves pour certains), prétendant que celui-ci était salvateur pour la civilisation europpeénne ou italienne.

dictature des militaires argentins

le coup d'État de 1976 par les militaires (dont Videla), aménera à une libéralisation de l'économie du pays, par le ministre José Martinez de Hoz (proche du secteur bancaire et financier des États-Unis ; et préconisé à la dictature par le Conseil des chefs d’entreprise d'argentine), visant à accroitre le commerce exterieur et les investissements étrangers ; les prix furent libres et les taxes douaniéres réduites au minimum, l'économie sera ouverte aux spéculateurs, aux entreprises multinationales. La conséquence, aprés 10 mois de cette politique, sera que les salaires baisseront de la moitié. Les syndicats (notamment "Luz y Fuerza") ou la résistance populaire à ces dictats économiques seront cassés par le terrorisme d'État. Suite à l'arrivée de la dictature, les travailleurs de la compagnie publique d'électricité SEGBA se mirent en autogestion, mais la dictature mit fin rapidement à l'expérience en licenciant tous les employés, les conventions collectives seront également supprimées. La banque mondiale exigea la privatisation de la SEGBA, et l'opposition à cela par l'action syndicale de "Luz y Fuerza" sera réprimé, par la dictature, par des assassinats ou meurtres de syndicalistes. Elle sera finalement privatisé suite à la demande de la banque mondiale.

régime Pinochet

Le Régime Pinochet réalisera le libéralisme économique par un pouvoir autoritaire, tout en suivant les conseils économiques des Chicago Boys et des néolibéraux. ...

Corée du sud

Le gouvernement du président Kim Young-sam, réprimera violemment des manifestations estudiantines (août 1996), puis il imposera, fin décembre 1996, de nouvelles législations sur le travail, imposant de ce fait le libéralisme économique, par la flexibilité des travailleurs, la facilité des licenciements, le remplacement légal des grévistes ; il y aura une dure répression anti-syndicale. ... + ...

Hong Kong

Le régime politique de hong-kong, durant les années 80's, est selon Tak-Wing Ngo, du libéralisme autoritaire, du fait qu'il n'y ait pas eus de suffrage universel, pas d'élections, et pas d'écoute des mouvements sociaux, mais cependant il y eut une libéralisation économique accrue. ...

Taïwan

De par la libéralisation économique à Taïwan, le mouvement ouvrier devint puissant. Les libéraux, et les grosses entreprises, hostiles à la démocratie, et peu contentes que le mouvement ouvrier de dévellopa, menacèrent de geler leurs investissements si cet état de fait persistait. ...

Voir aussi

Bibliographie

  • "Carl Schmitt and Authoritarian Liberalism, Strong State, Free Economy", de Renato Cristi
  • "El liberalismo autoritario de Jaime Guzman," Persona y Sociedad [Chile], vol 15, pp. 199-207; 2000, de Renato Cristi.
  • "LE PLEIN EMPLOI OU LE CHAOS." par Jean-Gabriel Bliek et Alain Parguez (Economica, 2006)
  • Lorenzo Meyer : Liberalismo autoritario. Las contradicciones del sistema político mexicano, México, Océano, 1995.

Citations

  • «  La doctrine des physiocrates est un mélange de libéralisme économique et de despotisme éclairé [...] la pensée des physiocrates s'ordonne autour de quatre grands thèmes : la nature, la liberté, la terre, le « despotisme légal » [...] L'État doit être gouverné par des propriétaires fonciers ; eux seuls ont une patrie ; patrie et patrimoine sont joints. [...] Les physiocrates sont donc hostiles à toute réglementation. Leur formule est « laissez faire, laissez passer » [...] Les physiocrates sont partisans de la monarchie absolue. » Histoire des idées politiques, Tome2, Du XVIII éme siécle à nos jours, Jean Touchard, PUF, 1958.
  • 1 «  Si une formule devait définir le nouvel ordre qui se met en place, on parlerait de "libéralisme autoritaire". [...] - libéral sur le plan économique, sauf à protéger quelques clientèles; - autoritaire sur le plan des libertés individuelles, sauf à protéger certains intérêts particuliers. [...] le projet libéral s'inscrit d'abord dans un débat idéologique et prend pour référence le modèle américain [...] La réalité est bien différente, gérée par une corporation très influente de professionnels du droit tirant un profit maximum d'un marché qu'ils développent à l'envi. [...] Elle suscite un système policier peu contrôlé dans ses pratiques quotidiennes, souvent corrompu, concurrencé par des agences de protection privées, un appareil judiciaire profondément influencé par la situation sociale et financière des individus, un monde carcéral hypertrophié et violent. [...] La montée du libéralisme autoritaire et la gestion à court terme imposée par les échéances électorales occultent ces débats de fond, et certains tentent même de régler des comptes idéologiques datant de mai 1968 et des années qui ont suivi [...] C'est uniquement en développant la répression que la société libérale peut se maintenir, en jouant sur les peurs et insécurités qu'elle-même produit [...] L'idéologie sécuritaire permet à la société libérale-autoritaire de trouver une cohérence et une identité par l'enfermement et l'exclusion de populations-cibles. [...] l'exemple le plus topique de l'harmonie entre système libéral et système autoritaire a été celui du débat sur la privatisation des prisons. [...] En permettant à des investisseurs privés de dégager des profits sur la privation de liberté d'individus de plus en plus nombreux, le système libéral - autoritaire produirait son modèle idéal. » "Libéralisme autoritaire", de JEAN-PAUL JEAN, sur le "Monde diplomatique" (1987).
  • « Le livre se présente à la fois comme une critique radicale de l’école qui domine la pensée économique contemporaine en Europe, une école qu’ils qualifient de libérale autoritaire [...]. Les libéraux autoritaires font une confiance aveugle au marché, qui contiendrait les solutions à tous les problèmes que pose la conduite d’une politique économique. [...] Les auteurs établissent une généalogie du libéralisme autoritaire, en faisant remonter ses origines à l’école marginaliste autrichienne et aux marxistes. Ils examinent comment ces idées se sont répandues en Europe au point de faire figure aujourd’hui de pensée unique. Ils distinguent Carl Menger (1840-1921), auteur d’une théorie de la monnaie (1892), Ludwig von Mises (1881-1973) et ses deux disciples, François Perroux(1903-1987) et Friedrich von Hayek(1899-1992), qui ont l’un et l’autre beaucoup influencé la pensée de Raymond Barre (1924-) » : FICHE DE LECTURE : LE PLEIN EMPLOI OU LE CHAOS. par Jean-Gabriel Bliek et Alain Parguez (Economica, 2006)
  • « La démocratie libérale peut donner naissance à tout type de « gangs », de « maffias » antagonistes réglant leurs problémes dans le sang et non dans le débat courtois. À ce moment là, l'État, s'il ne veut pas succomber ou être pris en main par une de ces bandes, doit se donner les moyens de reprendre en main une situation qui le dépasse. Il va renforcer non seulement son appareil gouvernemental, mais son appareil policier et militaire. Progréssivement l'État libéral laissera la place à un État plus directement autoritaire»
De la horde à l'État, essai de psychanalyse du lien social. De Eugéne Enriquez.
  • « Dunoyer est probablement le premier exemple d’un libéral radical qui se tourna vers l’Etat autoritaire par crainte d’un bouleversement socialiste de la société. " source
  • « Comme tous les intégrismes, l'intégrisme "libéral" pratique le prosélytisme. Détenteur de la seule vérité, il adopte une organisation de la société supposée la seule efficace et n'a de cesse de la transmettre et de l'imposer à tous. » Albert JACQUARD, dans "J'accuse l'économie triomphante".

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