François Dumartheray
François Dumartheray, né le 27 janvier 1842 à Collonges en Haute-Savoie, et décédé en 1931, était un anarcho-communiste, et également l'un des fondateurs possibles de cette branche de l'anarchisme, et un ami de Pierre Kropotkine.
Biographie[edit]
Voir l'article anglais par Nick Heath. |
François Dumartheray est né à Collonges, en Haute-Savoie le 27 janvier 1842.
Membre d'un groupe icarien à Lyon, il fut l'un de ceux qui s'enfuirent à Genève après les évènements de 1871.
Il devint membre du groupe L'Avenir, avec Perral, composé principalement de travailleurs influencés par l'aile cabetienne du communisme lyonnais.
Plus tard, il aida l'anarchiste russe Pierre Kropotkine pour publié Le Révolté, et ce fut lui qui rédigea un court pamphlet pour le groupe, Aux travailleurs manuels partisans de l’action politique en 1876.
Dans ce pamphlet, un autre pamphlet plus détaillé sur l'anarcho-communisme est annoncé. Ce pamphlet ne fut jamais retrouvé. Cependant, il s'agit de la première fois où ce terme d'anarcho-communisme est mentionné.
Dumartheray est le chaînon manquant, ou mieux, le catalyseur, de la fusion du meilleur du courant communiste qui va de Babeuf, les banquets communiste de Belleville, à Weitling, Cabet et le nouveau courant anarchiste émergeant de la Première Internationale.
Il fut délégué au Congrès de l'Internationale anti-autoritaire en septembre 1873, et ceux qui suivirent. En 1877, il aida Pindy, et avec Paul Brousse, fondèrent une section francophone de l'Internationale en Suisse, dont le journal était L'Avant-Garde.
L'historien anarchiste George Woodcock fit la remarque condescendante selon laquelle Élisée Reclus, qui était à l'époque à Genève et qui avait un passé dans les phalanstères fouriéristes, avait vraisemblablement mit Dumartheray sur la voie de l'anarcho-communisme, en affirmant, sans aucune preuve apparente, que le travailleur Dumartheray « ne semblait pas être un homme à l'esprit hautement original »[1]
Le célèbre anarchiste contemporain Pierre Kropotkine contredit Woodcock à ce sujet. Dans ses Mémoires d'un révolutionnaire, il parle chaleureusement de Dumartheray :
« avec deux amis, Dumartheray et Herzig, je lançai à Genève, en février 1879, un nouveau journal bi-mensuel sous le titre, Le Révolté. Je dus me charger de le rédiger presque en entier. Nous n'avions que vingt-trois francs pour commencer le journal, mais nous nous mîmes tous à l'œuvre pour obtenir des abonnements et nous réussîmes à faire paraître le premier numéro.
[...]
Dumartheray n'en était que plus ardent et plus rempli d'espoir. — «C'est bien, disait-il. Nous allons nous acheter une imprimerie avec trois mois de crédit, et dans trois mois nous l'aurons payée.» «Mais nous n'avons pas d'argent, nous n'avons que quelques centaines de francs,» objectai-je. «De l'argent? Quelle sottise ! Nous en aurons ! Commandons seulement les types tout de suite, et publions immédiatement notre prochain numéro — et l'argent viendra !» Encore une fois il avait jugé juste. Lorsque notre premier numéro sortit des presses de notre propre Imprimerie Jurassienne, quand nous eûmes expliqué les difficultés où nous nous trouvions et que nous eûmes publié en outre deux ou trois petites brochures, — nous aidions tous à l'impression — l'argent vint, le plus souvent en monnaie de cuivre et d'argent, mais il vint. Toute ma vie, je n'ai cessé d'entendre les partis avancés se plaindre du manque d'argent, mais plus je vis et plus je me persuade que notre principale difficulté ne réside pas tant dans le besoin d'argent que dans l'absence d'hommes, marchant avec fermeté et constance dans le droit chemin vers un but déterminé et inspirant les autres. Pendant vingt et un ans, notre journal n'a cessé de vivre au jour le jour, et, dans presque chaque numéro, nous faisions des appels de fonds à la première page ; mais tant qu'il y a des hommes qui persévèrent et consacrent toute leur énergie à une œuvre, comme Herzig et Dumartheray l'ont fait à Genève, et comme Grave l'a fait depuis seize ans à Paris, l'argent vient et les dépenses d'impression sont plus ou moins couvertes, principalement grâce aux sous des ouvriers. Pour un journal, comme pour toute autre entreprise, les hommes sont d'une importance infiniment plus grande que l'argent. »[2]
Dumartheray et Herzig me soutinrent de tout leur pouvoir dans cette entreprise. Dumartheray était issu de l'une des plus pauvres familles de paysans de la Savoie. Son instruction n'était pas allée au delà des premiers rudiments de l'école primaire. I1 était cependant un des hommes les plus intelligents que j'aie jamais rencontrés. Ses jugements sur les évènements courants et sur les hommes étaient si justes et marqués au coin d'un si rare bon sens qu'ils étaient souvent prophétiques. Il était aussi un des plus fins critiques de la nouvelle littérature socialiste et il ne se laissait jamais prendre au simple étalage de belles paroles ou de prétendue science.
[...]
Je pouvais me fier complètement au jugement de ces deux amis. Quand Herzig fronçait le sourcil et murmurait: «Oui, bien, cela peut aller,» je savais que cela n'irait pas. Et quand Dumartheray, qui se plaignait toujours du mauvais état de ses lunettes, lorsqu'il lui fallait lire un manuscrit mal écrit et qui préférait pour cette raison lire les épreuves de mes articles, interrompait sa lecture pour s'écrier: «Non, ça ne va pas!» —je comprenais aussitôt que quelque chose ne marchait pas, et je cherchais à découvrir la pensée ou l'expression qui avait provoqué ce mouvement de désapprobation. Je savais qu'il était inutile de lui demander: «Qu'est-ce qui ne va pas?» Il m'aurait répondu: «Eh l ce n'est pas mon affaire ; c'est la vôtre. Ça ne va pas ; c'est tout ce que je vous dis.» Mais je sentais qu'il avait raison, et je m'asseyais simplement pour retoucher le passage, ou bien, prenant le composteur, je composais à la place un nouveau passage.
[...]
Dumartheray comprenait très bien le besoin d'une propagande peu chère et accessible, et Kropotkine note qu'il insistait pour mettre tous les pamphlets produits par le groupe au prix d'un centime.
La diffusion du communisme libertaire du Révolté par Kropotkine, Herzig et Dumartheray mena à son adoption par la Fédération jurassienne, la section suisse de la Première Internationale, à son congrès du 9 et 10 octobre 1880.
Dumartheray nous laissa quelques hommages chaleureux à ses amis et camarades Reclus et Kropotkine, qui furent édités en court pamphlets à leur mort.
En dépit de l'amnistie française de 1880, Dumartheray resta en Suisse jusqu'en 1927. Il mourut en 1931.
Notes et références[edit]
- ↑ George Woodcock, Anarchism, p.189, Penguin edition, 1975.
- ↑ Source
Dumartheray, François Dumartheray, François
Catégorie:Membre de la Fédération jurassienne