libertaire
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Le terme libertaire a été créé par Joseph Déjacque comme antithèse de « libéral ». Le néologisme construit sur un modèle alors répandu chez les socialistes utopistes par l'usage du terme prolétaire (égalitaire, fraternitaire), apparaît dans une lettre ouverte à P. J. Proudhon, De l'Être-Humain mâle et femelle - Lettre à P. J. Proudhon, publiée à la Nouvelle-Orléans en mai 1857. Joseph Déjacque s'oppose à la mysoginie de Proudhon et l'accuse d'être « anarchiste juste-milieu, libéral et non LIBERTAIRE… ». Contre son conservatisme en matière de mœurs, Déjacque revendique la parité des femmes et la liberté du désir.
Joseph Déjacque utilisera ensuite ce vocable comme titre du journal qu'il publiera à New-York de juin 1858 à février 1861, Le Libertaire, Journal du mouvement social, titre repris par de nombreuses autres publications ultérieures après que le terme a été adopté par les socialistes antiautoritaires dans le dernier quart du XIXe siècle pour désigner les théories et pratiques de l'anarchisme.
Contents
Libertaire = anarchiste ?
Son adoption entend dissiper toute confusion avec l'acception péjorative de l’anarchie que l'on trouve jusque chez des an-achistes (Déjacque use fréquemment dans ses textes de cette graphie d'époque) proclamés comme (encore) Proudhon. Se manifeste aussi le désir d'établir la rhétorique prolétaire non plus par référence à son contraire (l'autorité) mais sur un concept positif, et antinomique : la liberté.
En 1895 Sébastien Faure et Louise Michel fondent un périodique de ce nom qui consacre le terme et Faure a souvent été crédité de son invention. A ses débuts, Le libertaire est l'organe de l'opposition anarchiste au syndicalisme montant.
Dérivés et confusions modernes
L'impossible réconciliation
Au mépris du sens originel du terme, un philosophe et sociologue marxiste Michel Clouscard a introduit le premier dans les années 1970 l'expression synthétique « libéral-libertaire » dans un livre Néo-fascisme et idéologie du désir (1972) pour dénoncer le permissivisme moral des étudiants gauchistes de mai 1968 qu'il considère comme une attitude contre-révolutionnaire. Cette expression a depuis été revendiquée par certains, à l'instar du député européen Daniel Cohn-Bendit, du PVE, et de Sabine Hérold, d'Alternative Libérale.
Libertaire/libertin
Le contexte d'apparition du terme prédispose à une telle association, même si Déjacque défend une liberté en amour aussi intransigeant que théorique, et malgré les glissements de sens qu'a pu subir le terme libertin le rapprochement ressort moins du simple jeu de mot que le précédent. L'aristocratisme peut séparer les premiers « libertins », et plus encore certains modernes proclamés libre-penseurs de ceux qui se déclarent libertaires, la même remise en question de l'autorité en matière de croyance et de moeurs sont au fondement des deux attitudes.
Antithèses
autoritaire, libéral, libéral-libertaire, etc.
Textes
- Première apparition du terme : De l'être-humain mâle et femelle. Lettre à P.J. Proudhon, La Nouvelle-Orléans, 1857
- « Joseph Déjacque et la création du néologisme "libertaire" (1857) » par Valentin Pelosse (1972).
- « Autoritaires et Libertaires » par Sébastien Faure, La Plume, 1895.
- Version de la Wikipédia.