Louise Michel

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Louise Michel

Catégorie:Articles à retravailler Louise Michel (29 mai 1830, 9 janvier 1905) alias Enjolras est une militante anarchiste, un des personnages principaux de la Commune de Paris.

Biographie[edit]

Louise Michel est née le 29 mai 1830 en Haute-Marne au château de Vroncourt, fille d'un châtelain (plus vraisemblablement de son fils) et de sa servante, Marianne Michel. Elle grandit dans la famille de ceux qu’elle appelle ses grands-parents, où elle semble avoir été heureuse, se montrant, très jeune, altruiste par nature avec son entourage, et où elle reçoit une bonne instruction et une éducation libérale. Elle poursuit ensuite des études à Chaumont où elle obtient le brevet de capacité permettant d'exercer la profession d'institutrice. Mais elle refuse de prêter serment à l'Empire, et crée une école libre où elle enseigne durant trois années selon des principes républicains qui lui valent quelques réprimandes de la part des autorités.

Elle vient ensuite s'installer à Paris où elle enseigne dans une institution près du Château-d’Eau, dirigée par une certaine madame Voillier avec laquelle elle entretient des rapports quasi filiaux. Commence alors pour elle une période d’activité intense. C’est à ce moment qu’elle rencontre Jules Vallès, Eugène Varlin, Rigault, Eudes, et surtout Théophile Ferré, qu’elle aima passionnément. Elle collabore à des journaux d’opposition, poursuit une activité littéraire. Elle adressera quelques poèmes à Victor Hugo, un des personnages les plus célèbres et les plus respectés de cette époque, qu’elle rencontre à peine arrivée à Paris, vierge sage, jeune institutrice de province, et dont on prétend qu’elle aurait eu une fille, Victorine, placée en nourrice à sa naissance. Cette dernière affirmation restant très discutée.

Elle aura dès lors une activité politique qu’elle mènera jusqu’à sa mort. Dès 1869, elle est secrétaire de la "Société démocratique de moralisation", ayant pour but d’aider les ouvrières. Elle a alors près de quarante ans. Un rapport de police affirme (en 1878) qu’elle adhère à l’Internationale. À cette époque, et jusqu'à l'exil Louise était Blanquiste, mouvement républicain socialiste fondé par Auguste Blanqui.

En 1870 à la veille de la Commune, elle est élue présidente du "Comité de vigilance des citoyennes" du XVIIIème arrondissement de Paris. Elle enseigne dans un externat fondé par elle en 1865, dans Paris affamé elle crée une cantine pour ses élèves. Elle rencontre Georges Clémenceau maire de Montmartre. On assiste alors à d’étonnantes manifestations : femmes, enfants, gardes fédérés entourent les soldats qui fraternisent avec cette foule joyeuse et pacifique. Louise Michel fait alors partie de l’aile révolutionnaire la plus radicale et pense qu’il faut poursuivre l’offensive sur Versailles pour arrêter le gouvernement d'Adolphe Thiers qui n’a alors que peu de troupes, cela ne durera pas et l’occasion sera manquée. C’est alors que le destin de Louise Michel bascule et se précipite, elle se porte même volontaire pour se rendre seule à Versailles et tuer Thiers.

Partie prenante de la Commune de Paris, intervient l’épisode maintes fois mentionné, où, en habit de garde national, elle fait le coup de feu place de l’Hôtel-de-Ville. Propagandiste, garde au 61° bataillon, ambulancière, elle anime aussi le "Club de la Révolution" et est toujours intéressée par les problèmes de l’éducation. Il est intéressant de remarquer qu’elle est très en avance sur son temps, se prononçant en faveur d’un enseignement vivant et préconisant des choses qui aujourd’hui nous paraissent acquises et normales, mais qui à l’époque sont des nouveautés, comme des écoles professionnelles et des orphelinats laïcs.

Sur la barricade de Clignancourt, en janvier 1871, elle participe au combat de rue dans lequel elle tirera au fusil pour la première fois de sa vie. Elle se rend pour faire libérer sa mère, arrêtée à sa place. Elle assiste alors aux exécutions et voit mourir tous ses amis, surtout son ami Ferré, auquel elle fait parvenir un poème d’adieu émouvant, L’œillet rouge. Elle réclame pour elle-même la mort au tribunal, et c’est sans doute en l’apprenant que Victor Hugo lui dédie son poème, Viro Major. Elle passe alors vingt mois en détention et se voit condamnée à la déportation. C’est le temps où la presse Versaillaise la nomme la Louve rouge ou la Bonne Louise.

La déportation[edit]

Elle est embarquée sur le Virginie pour être déportée en Nouvelle-Calédonie où elle arrive après quatre mois de traversée. À bord elle fait la connaissance de Henri Rochefort, célèbre polémiste, et de Nathalie Lemel, elle aussi grande animatrice de la commune. C'est sans doute au contact de cette dernière que Louise est devenue anarchiste. (Louise Michel déclara plus tard « Je suis devenue anarchiste quand nous avons été déportés »). Elle restera dix années en Nouvelle-Calédonie, refusant de bénéficier d’un autre régime que celui des hommes. Elle cherche à instruire les autochtones kanaks et, contrairement à certains communards qui s’associent à leur répression, elle prend leur défense lors de leur révolte, en 1878. Elle aurait même fait parvenir au chef de la rébellion Ataï un morceau de son écharpe. Elle obtient l’année suivante l'autorisation de s’installer à Nouméa et de reprendre son métier d’enseignante, d’abord auprès des enfants de déportés, puis dans les écoles de filles.

Une militante anarchiste inlassable[edit]

De retour en France en novembre 1880, elle est chaleureusement accueillie par la foule à Paris. Elle y reprend son activité d'infatigable militante, donnant de nombreuses conférences, intervenant dans les meetings, se prononce contre la peine de mort, prend part à l’agitation provoquée par l’affaire Dreyfus en 1898, et se réclame jusqu’à sa mort du mouvement anarchiste. « Je suis devenue anarchiste quand nous avons été envoyés en Nouvelle-Calédonie », dira-t-elle. C'est le 18 mars 1882, lors d'un meeting salle Favié à Paris, que Louise Michel, désirant se dissocier des socialistes autoritaires et parlementaires, se prononce sans ambiguïté pour l'adoption du drapeau noir par les anarchistes (socialistes libertaires) : « Plus de drapeau rouge mouillé du sang de nos soldats. J'arborerai le drapeau noir, portant le deuil de nos morts et de nos illusions ». De 1890 à 1895, elle vit à Londres où elle gère une école libertaire. De retour en France, elle alterne ses tournées de conférences avec des séjours à Londres avec des amis. Elle est plusieurs fois arrêtée lors de manifestations, de nouveau incarcérée pour six ans et libérée au bout de trois sur intervention de Clémenceau, pour revoir sa mère sur le point de mourir. Encore quelques incarcérations, moins longues ; elle est, pourrait-on dire, suivie heure par heure par les services de police.

Elle meurt le 9 janvier 1905 à Marseille d'une pneumonie lors d’une tournée de conférences ; ses funérailles drainèrent à Paris une foule immense qui ne manqua pas d’impressionner les contemporains. De nombreux orateurs prirent la parole et, parmi eux, le Vénérable de la Loge de la Fraternité Universelle. Insignes et emblèmes maçonniques fleurirent sur sa tombe, de sorte que Sébastien Faure, anarchiste, fit observer qu’elle n’avait jamais appartenu à aucune association, pas même anarchiste, puisque ce mouvement n’était pas encore structuré en fédération (y eût-elle adhéré s’il l’avait été ? On peut se demander si cette nature indépendante aurait accepté). Un témoin oculaire, Lorulot, affirme cependant qu’elle avait donné son adhésion à la Loge le Droit Humain. Si elle appartint à l’une d’elle, ce dut être à celle-là, car la grande majorité des obédiences sexistes et conservatrices, aujourd’hui encore, n’acceptent pas les femmes, ce qui n’aurait certainement pas été de son goût, ensuite parce que la loge mixte fondée par une femme, Maria Deraimes, était la seule qui pouvait éventuellement lui convenir. Sur la proposition de Madeleine Lepelletier, elle y fut invitée, un an avant sa mort, y prononça un discours de réception, n'y fut pas "initiée" mais en quelque sorte cooptée, les membres de la dite loge s'estimant honorés par son acquiescement à leur requête et retenant que son action la dispensait du rite d'initiation. Quand on lui demanda pourquoi elle ne s'y était jamais présentée, elle répondit qu'elle croyait "qu'on n'y acceptait pas les femmes".

Selon d'autres sources elle aurait été initiée le 13 septembre 1904 avec Henri Jacob et Charlotte Vauvelle, libertaire, amie, accompagnatrice et compagne de Louise Michel depuis 1895 dans la "Grande Loge Symbolique Écossaise mixte et maintenue" (1897-1911) qui deviendra par la suite le "Droit Humain". Madeleine Pelletier revendique dans une lettre l'honneur d'avoir conduit Louise Michel jusqu'à la Maçonnerie : « Deux mois après mon initiation, je faisais entrer Louise Michel afin de me servir de sa notoriété universelle comme d'un puissant levier pour la propagande de mes idées et j'organisais seule, pendant le Convent de 1904, des tenues exceptionnelles qui eurent, grâce à Louise Michel, un succès sans précédent ».

Jusqu’en 1916, une manifestation eut lieu chaque année sur sa tombe, fleurie jusqu’à nos jours à chaque anniversaire de sa mort. En 1946, ses restes furent exhumés et ensevelis, dans le même cimetière, au rond-point des Victimes du devoir.

Héritage social de Louise Michel[edit]

Figure légendaire du mouvement ouvrier, porte-enseigne de l’anarchisme, dont elle brandira d’ailleurs le drapeau noir dans un cortège, elle fait incontestablement déplacer les foules. C’est souvent un vocabulaire relevant de celui réservé aux saintes et aux hérétiques qui lui est appliqué : quand elle n’est pas la Bonne Louise, elle est la Vierge rouge. Dans le bien comme dans le mal, pour le meilleur et pour le pire, elle semble avoir exercé une réelle fascination sur ses contemporains. Il est curieux de remarquer que cette femme, instruite et cultivée, intelligente mais qui n’avait cependant rien de la fadeur ni de l’onction, ni de la beauté de certaines des demi-mondaines et autres cocottes qui pullulèrent à la veille de la Belle Époque, est entourée de nombreuses figures masculines connues, voire célèbres, dont elle a l’indéfectible amitié, jusqu’à la fin de sa vie, ou plus souvent de la leur. Normal, dira-t-on, à une époque où les femmes n’ont encore aucun droit, et où, à bien des égards, elle fait figure d’exception.

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La Liberté guidant le peuple, Eugène Delacroix

Si les photos qui nous reste d’elle nous montre une femme au visage viril et sans apprêts, comme taillé à coups de serpe avec l’âge, c’est sans doute en regardant la Liberté guidant le peuple, tableau célèbre d’Eugène Delacroix, qu’on se représente le mieux cette spartiate au corps athlétique. Et, quand elle montait à la tribune, c’est sans doute à la pasionaria[1] qu’elle devait ressembler. C’est, avec George Sand, une des très rares femmes du 19ème siècle à avoir adopté le costume masculin à un moment de sa vie, fait révélateur d’une implicite revendication féministe.

Généreuse, dévouée à la cause des plus démunis... Avec la générosité c’est sans nul doute son courage qui caractérise le mieux sa personnalité. Quand elle se retrouve au tribunal sur le banc des accusés, elle s’en sert comme d’une tribune politique et en impose même à ses juges, qui en plusieurs occasions commuent ses condamnations en les atténuant.

Si son œuvre littéraire comporte peu d’écrits théoriques mais de nombreux poèmes, légendes et contes, y compris pour les enfants auxquels elle ne cessa jamais de s’intéresser, et si elle est davantage passée à la postérité pour son activisme d’inlassable militante de la "révolution sociale", comme elle-même le disait, son nom est, paradoxalement, un des plus utilisés aux frontispices des écoles maternelles et primaires, des lycées et collèges des communes de France. Preuve, s’il en fut, qu’elle représente bien, dans le souvenir et l’inconscient populaire, l’image de l’institutrice de la République, de la missionnaire laïque qu’en vérité elle fut.

Å’uvres[edit]

Victor Hugo, qui la connaissait peut-être mieux que personne, nous l'a dépeinte telle « Judith la sombre Juive » et « Aria la romaine », femme au destin certes exceptionnel, mais terrible, cruel et tragique. Ce serait sans doute rendre justice que de lui redonner la place qui lui revient dans la littérature française, place trop souvent occultée au bénéfice de la militante pour des raisons légitimes. C’est, probablement, ce qu’elle aurait désiré en venant à Paris que de vivre de sa plume, si l'époque à laquelle elle vécut le lui avait plus facilement permis en tant que femme et si la Commune, résultante de la politique lamentable du Second Empire de celui que le même Hugo appelait "Napoléon le petit", n’avait fait précipiter les évènements de manière irréversible.

  • À travers la vie, poésies, Paris, 1894.
  • Le Bâtard impérial, par L. Michel et J. Winter, Paris, 1883.
  • Le claque-dents, Paris.
  • La Commune, Paris, 1898.
  • Contes et légendes, Paris, 1884.
  • Les Crimes de l'époque, nouvelles inédites, Paris, 1888.
  • Défense de Louise Michel, Bordeaux, 1883.
  • L'Ère nouvelle, pensée dernière, souvenirs de Calédonie (chant des captifs), Paris, 1887
  • La Fille du peuple par L. Michel et A. Grippa, Paris (1883) Fleurs et ronces, poésies, Paris,
  • Le Gars Yvon, légende bretonne, Paris, 1882.
  • Lectures encyclopédiques par cycles attractifs, Paris, 1888.
  • Ligue internationale des femmes révolutionnaires, Appel à une réunion. Signé : Louise Michel, Paris, 1882.
  • Le livre du jour de l'an : historiettes, contes et légendes pour les enfants, Paris, 1872.
  • Lueurs dans l'ombre. Plus d'idiots, plus de fous. L'âme intelligente. L'idée libre. L'esprit lucide de la terre à Dieu... Paris, 1861.
  • Manifeste et proclamation de Louise Michel aux citoyennes de Paris, Signé Louise Maboul, Paris, 1883.
  • Mémoires, Paris, 1886, t. 1.
  • Les Méprises, grand roman de mÅ“urs parisiennes, par Louise Michel et Jean Guêtré, Paris, 1882.
  • Les Microbes humains, Paris, 1886.
  • La Misère par Louise Michel, 2e partie, et Jean Guêtré 1re partie, Paris, 1882.
  • Le Monde nouveau, Paris, 1888

Å’uvres posthumes :

  • Vol. I. Avant la Commune. Préface de Laurent Tailhade, Alfortville, 1905.
  • Les Paysans par Louise Michel et Émile Gautier, Paris, Incomplet.
  • Prise de possession, Saint-Denis, 1890.
  • Le Rêve (dans un ouvrage de Constant Martin), Paris, 1898.
  • Je vous écris de ma nuit, correspondance générale, 1850-1904, édition établie par Xavière Gautier, Édition de Paris-Max Chaleil, 1999.

Le problème s'est posé, à la suite d'une affirmation d'Ernest Girault dans La Bonne Louise paru en 1906, de savoir si Louise Michel était en tout ou en partie l'auteur du roman de Jules Verne, Vingt mille lieues sous les mers. Après étude attentive du cas par Hem Day (Cahiers Pensée et Action, n° 9, janvier-mars 1959) et Lorulot (L'Idée Libre, avril 1959), il semble qu'il faille conclure par la négative.

Voir aussi[edit]

Bibliographie[edit]

  • Françoise d'Eaubonne, Louise Michel la Canaque : 1873-1880, Éditions Encre, 1985.
  • Xavière Gauthier, La Vierge rouge, Édition de Paris-Max Chaleil, 1999. Première édition sous le titre : L'insoumise, biographie romancée de Louise Michel.
  • Ernest Girault, La Bonne Louise, 1906.
  • Xavière de La Fournière, Louise Michel, matricule 2182, Perrin, 1986.
  • Paule Lejeune, Louise Michel l'indomtable, éditions Des Femmes, 1978.
  • Jean Maitron, article Louise Michel du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier.
  • Jean Maitron, Histoire du Mouvement anarchiste.
  • Yves Murie, Victorine, le grand secret de Louise Michel, chez l'auteur, 2000.
  • Fernand Planche, La Vie ardente et intrépide de Louise Michel, chez l'auteur, 1946.
  • Michel Ragon, Georges et Louise, Albin Michel, 2000.
  • Anne Sizaire, Louise Michel : l'absolu de la générosité, Desclée de Brouwer, 1995.
  • Édith Thomas, Louise Michel ou la Velléda de l’anarchie, Gallimard, 1971.

Liens externes[edit]

Liens internes[edit]

Notes[edit]

  1. Combattante, femme engagée dans une cause sociale (le plus souvent à gauche).



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