Difference between revisions of "Émile Henry"

From Anarchopedia
Jump to: navigation, search
m
(L'affaire de la bombe)
 
(26 intermediate revisions by 6 users not shown)
Line 1: Line 1:
 +
::''Il s'agit également [[Groupe Anarchiste Émile-Henry|du nom d'un groupe anarchiste]] de Québec s'appelant maintenant le Collectif La Nuit.''
 
{{ébauche}}
 
{{ébauche}}
Le 8 novembre 1892, une bombe destinée à faire sauter les bureaux de la compagnie des mines de carmaux est amenée par le concierge du bâtiment au commissariat de police de ''la rue des bons enfants''. Elle y explose tuant cinq personne; une sixième sera victime d'une crise cardiaque.
 
  
Le 12 fevrier 1894, une autre bombe est lancée à l'interieur du café terminus. Vingt blessés, dont un succombera plus tard.
+
==Biographie==
  
Le 27 avril 1894, ''Emile Henry'' comparait devant la cour d'assises de la seine. Il est condamné à mort. En sortant il s'écrie : "''camarades, courage! vive l'anarchie"''.
+
'''Émile Henry''' est né en [[1872]] dans un millieu libéral aristocrate. Son père , Fortuné Henry, s'était battu dans les rangs des communards. Condamné à mort par contumace, il avait réussi à échapper à la répression qui suivit la défaite en se réfugiant en Espagne où naquirent ses deux fils. Il n'était revenu en France qu'en 1882 après l'armistice. Plus tard il collabora au journal L'En-dehors.
  
Il est guillotiné le 21 mai 1894. Il avait vingt et un ans.
+
Émile Henry, contrairement aux autres anarchistes terroristes, était un intellectuel. Il fit des études brillantes comme boursier à l'école J.-B. Say où l'un de ses professeurs le dépeignit comme "un enfant parfait, le plus honnête qu'on puisse rencontrer". Il n'eût tenu qu'à lui de revêtir l'uniforme de polytechnicien. Mais il s'y refusa "pour ne pas être militaire et n'être pas contraint de tirer sur des malheureux comme à Fourmies". Emile Henry, déçu par les injustices qu'il constatait un peu partout, rejoint les mouvements anarchistes en 1891.
 +
 
 +
Son frère, [[Fortuné HENRY]] fut également un anarchiste.
 +
 
 +
==L'affaire de la bombe==
 +
 
 +
Emile HENRY est l'instigateur d'une « propagande par le fait », stratégie d'action politique développée par les anarchistes à la fin du XIXe siècle en association à la propagande écrite et verbale. Elle proclame le « fait insurrectionnel » « moyen de propagande le plus efficace<ref name="bfj">Lettre d'Errico Malatesta à Carlo Cafiero, Bulletin de la Fédération jurassienne, 3 décembre 1876</ref> » et vise à sortir du « terrain légal » pour passer d'une « période d’affirmation » à une « période d’action », de « révolte permanente », la « seule voie menant à la révolution<ref name="vevey">Compte rendu de la réunion de Vevey, septembre 1880, Archives Nationales F7 12.504</ref> ».
 +
 
 +
Le [[8 novembre]] [[1892]], Emile Henry dépose une bombe dans l’immeuble de la Compagnie des Mines de Carmaux. Découverte, elle est transportée au commissariat de la rue des Bons-Enfants. Elle y explose tuant cinq personne; une sixième sera victime d'une crise cardiaque. Émile Henry prit la fuite, poursuivi par un agent de police et un garçon de café, auxquels se joignit un cheminot sur lequel il tira, mais en le manquant. Un peu plus loin, il blessa sérieusement un agent, avant de se faire prendre.
 +
 
 +
http://meta.anarchopedia.org/images/5/5c/cafexp2.jpg
 +
 
 +
Le 12 février 1894, à 9 heures du soir, un garçon blond pénétra dans le café Terminus, à la gare Saint-Lazare. S'étant assis à un guéridon libre, Henry tira soudain d'une poche de son paletot une petite marmite de fer blanc bourrée d'explosifs et la lança en l'air. Elle se heurta à un lustre, éclata et pulvérisa toutes les glaces ainsi que quelques tables de marbre. Ce fut un sauve-qui-peut général. Il y eut une vingtaine de blessés dont un devait succomber à ses blessures. Émile Henry prit la fuite, poursuivi par un agent de police et un garçon de café, auxquels se joignit un cheminot sur lequel il tira, mais en le manquant. Un peu plus loin, il blessa sérieusement un agent, avant de se faire prendre.
 +
 
 +
 
 +
... Un copié collé surprenant. ...
 +
 
 +
== Procès ==
 +
 
 +
Le [[27 avril]] [[1894]], ''Emile Henry'' comparait devant la cour d'assises de la seine.
 +
 
 +
À l'audience de la cour d'assises, il eut de cinglantes répliques : Le président de la cour d'assises. - "Vous avez tendu cette main (...) que nous voyons aujourd'hui couverte de sang." Émile Henry. - "Mes mains sont couvertes de sang, comme votre robe rouge."
 +
 
 +
Au jury, il lut une déclaration dont voici des extraits :
 +
 
 +
(...) Je suis anarchiste depuis peu de temps. Ce n'est guère que vers le milieu de l'année 1891 que je me suis lancé dans le mouvement révolutionnaire. Auparavant, j'avais vécu dans les milieux entièrement imbus de la morale actuelle. J'avais été habitué à respecter et même à aimer les principes de Patrie, de Famille, d'Autorité et de Propriété.
 +
 
 +
Mais les éducateurs de la génération actuelle oublient trop fréquemment une chose, c'est que la vie, avec ses luttes et ses déboires, avec ses injustices et ses iniquités, se charge bien, l'indiscrète, de dessiller les yeux des ignorants et de les ouvrir à la réalité. C'est ce qui m'arriva, comme il arrive à tous. On m'avait dit que cette vie était facile et largement ouverte aux intelligents et aux énergiques, et l'expérience me montra que seuls les cyniques et rampants peuvent se faire bonne place au banquet.
 +
 
 +
On m'avait dit que les institutions sociales étaient basées sur la justice et l'égalité, et je ne constatais autour de moi que mensonges et fourberies. Chaque jour m'enlevait une illusion. Partout où j'allais, j'étais témoin des mêmes douleurs chez les uns, des mêmes jouissances chez les autres. Je ne tardais pas à comprendre que les grands mots qu'on m'avait appris à vénérer : Honneur, Dévouement, Devoir, n'étaient qu'un masque voilant les plus honteuses turpitudes.
 +
 
 +
L'usinier qui édifiait une fortune colossale sur le travail de ses ouvriers, qui, eux, manquaient de tout, était un monsieur honnête. Le député, le ministre dont les mains étaient toujours ouvertes aux pots-de-vin, étaient dévoués au bien public. L'officier qui expérimentait le fusil nouveau modèle sur des enfants de sept ans avait bien fait son devoir, et, en plein parlement, le président du Conseil lui adressait ses félicitations. Tout ce que je vis me révolta, et mon esprit s'attacha à la critique de l'organisation sociale. Cette critique a été trop souvent faite pour que je la recommence. Il me suffira de dire que je devins l'ennemi d'une société que je jugeais criminelle.
 +
 
 +
Un moment attiré par le socialisme, je ne tardais pas à m'éloigner de ce parti. J'avais trop d'amour de la liberté, trop de respect de l'initiative individuelle, trop de répugnance à l'incorporation, pour prendre un numéro dans l'armée matriculée du quatrième État. D'ailleurs, je vis qu'au fond le socialisme ne change rien à l'ordre actuel. Il maintient le principe autoritaire, et ce principe, malgré ce qu'en peuvent dire de prétendus libres penseurs, n'est qu'un vieux reste de la foi en une puissance supérieure.
 +
 
 +
(...) Dans cette guerre sans pitié que nous avons déclarée à la bourgeoisie, nous ne demandons aucune pitié. Nous donnons la mort et nous devons la subir. C'est pourquoi j'attends votre verdict avec indifférence. Je sais que ma tête ne sera pas la dernière que vous couperez (...) Vous ajouterez d'autres noms à la liste sanglante de nos morts.
 +
 
 +
Pendus à Chicago, décapités en Allemagne, garrottés à Xérès, fusillés à Barcelone, guillotinés à Montbrison et à Paris, nos morts sont nombreux ; mais vous n'avez pas pu détruire l'Anarchie. Ses racines sont profondes : elle est née au sein d'une société pourrie qui s'affaisse ; elle est une réaction violente contre l'ordre établi ; elle représente les aspirations d'égalité et de liberté qui viennent battre en brèche l'autoritarisme actuel. Elle est partout. C'est ce qui la rend indomptable, et elle finira par vous vaincre et par vous tuer."
 +
 
 +
Le 21 mai 1894, à Paris, au petit jour, sur la place de la Roquette gardée par la troupe, Émile Henry fut exécuté. Il lancera ces mots "Courage camarades, vive l'anarchie", avant d'être guillotiné. Assistèrent à son exécution Maurice Barrès et Georges Clemenceau qui, bien que tous deux peu suspects de sympathie pour l'anarchisme, se montrèrent émus du sort du jeune homme. La foule salua le fourgon qui transportait le corps supplicié d'Emile Henry ainsi que le relata le même Barrès dans l'édition du journal Le Matin du 22 mai 1894.
 +
 
 +
Une section anarchiste située au Québec porte ce nom.
  
 
== Citation ==
 
== Citation ==
''"Dans la rue des bons enfants ........... une explosion fantastique n'en a pas laissé une brique. On crut que c'était fantomas, mais c'était la lutte des classes....  extraits de la java des bons enfants (1912)''
 
  
L'article provient partiellement ou complètement de l'encyclopédie Wikipedia
+
Extrait de "La java des Bons-Enfants" (paroles de [[Raymond Callemin]]):<br>
[[Catégorie:Anarchiste|Henry, Émile]] [[Catégorie:Attentat anarchiste|Henry, Émile]]
+
"Dans la rue des Bons-Enfants,<br>
 +
On vend tout au plus offrant,<br>
 +
Y avait un commissariat<br>
 +
Et maintenant il n'est plus là.<br>
 +
Une explosion fantastique<br>
 +
N'en a pas laissé une brique<br>
 +
On crut que c'était Fantomas<br>
 +
Mais c'était la lutte des classes." <br>
 +
 
 +
 
 +
"Il faut que la bourgeoisie comprenne bien que ceux qui ont souffert sont enfin las de leurs souffrances: il montrent les dents et frappent d'autant plus brutalement qu'on a été brutal avec eux." ''(in "Pourquoi j'ai tiré dans le tas", Emile Henry.)''
 +
 
 +
==Notes et références==
 +
 
 +
<div class="references-small" style="-moz-column-count:2; column-count:2;">
 +
<references /></div>
 +
 
 +
[[Catégorie:Anarchiste|Henry, Emile]] [[Catégorie:Anarchiste exécuté|Henry, Emile]] [[Catégorie:Attentat anarchiste|Henry, Emile]]
 +
{{activiste anarchiste}}
 +
{{wikipedia}}
 +
 
 +
[[en:Émile Henry]]
 +
[[pl:Emile Henry]]
 +
[[it:Émile Henry]]

Latest revision as of 10:12, 29 November 2015

Il s'agit également du nom d'un groupe anarchiste de Québec s'appelant maintenant le Collectif La Nuit.