Difference between revisions of "Anarchisme et marxisme"

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Traditionnellement, les anarchistes défendent la position selon laquelle une révolution réussie a besoin du soutien de la paysannerie, et que ce soutient ne peut être obtenu que par la redistribution des terres entre les paysans sans terre. C'est à dire que pour obtenir ce support de la paysannerie, il faut explicitement rejetter la propriété étatique imposée des terres, bien que la collectivisation volontaire est considérée comme plus efficace et donc soutenue par les anarchistes (en effet, durant la [[Révolution espagnole|révolution espagnole]], ces derniers ont donné l'impulsion à des centaines de collectivisations, et seule une faible minorité de gens décidaient de conserver la propriété des terres ; les petits paysans pouvaient cultiver leur lopin de terre, sans utiliser de travail salarié).
 
Traditionnellement, les anarchistes défendent la position selon laquelle une révolution réussie a besoin du soutien de la paysannerie, et que ce soutient ne peut être obtenu que par la redistribution des terres entre les paysans sans terre. C'est à dire que pour obtenir ce support de la paysannerie, il faut explicitement rejetter la propriété étatique imposée des terres, bien que la collectivisation volontaire est considérée comme plus efficace et donc soutenue par les anarchistes (en effet, durant la [[Révolution espagnole|révolution espagnole]], ces derniers ont donné l'impulsion à des centaines de collectivisations, et seule une faible minorité de gens décidaient de conserver la propriété des terres ; les petits paysans pouvaient cultiver leur lopin de terre, sans utiliser de travail salarié).
  
Certains anarchistes contemporains (plus particulièrement ceux défendant l'économie participative) estiment qu'il y a trois classes qui ont tout intérêt à ce que l'organisation sociale change, non pas deux comme l'avancent les anarchistes « classiques ». La première est la classe travailleuse (qui inclut toute personne dont le travail est impliqué dans la production et la distribution de biens et de la plupart des soi-disant industries de « services »). Cette première classe regroupe les fermiers, les paysans, les petits propriétaires de terre, les petits commerçants et entrepreneurs qui travaillent avec leurs employés, et les ouvriers à col bleu, rose ou blanc. La seconde est la classe dirigeante qui comprend toute personne dont le travail touche de près ou de loin à la direction et à la gestion du travail des autres, principalement en faveur de la bourgeoisie, des organisations administratives, fixant le statu quo intellectuel<ref>Toute personne ne faisant pas avancer le débat intellectuel, ou empêchant aux autres de développer leur intellect, par exemple.</ref> ou gérant l'appareil d'État. La définition anarchiste de la classe dirigeante inclus des gens comme les bureaucrates, les technocrates, les gestionnaires, les administrateurs, les intellectuels de la classe moyenne (tels que les économistes, les politologues, les sociologues, les mathématiciens, les philosophes, etc...), les physiciens, les juges, les avocats, les officiers militaires, les dirigeants de parti politique et autres leaders, etc...<ref>Cette seconde classe ressemble à la classe des organisateurs décrite par James Burnham dans son livre [http://www.marxists.org/francais/general/burnham/index.htm ''l'Ère des Organisateurs'']</ref> Et enfin, la classe possédante, ou « classe capitaliste » (qui tire ses revenus de son contrôle sur l'industrie de la santé, la propriété terrienne etc...). Les marxistes débattent vigoureusement la composition exacte de la classe moyenne sous le capitalisme. Certains la décrivent comme une classe "co-ordonant" qui renforcent le capitalisme en faveur des capitalistes, composés de la petite bourgeoisie, des professions libérales et des gestionnaires. D'autres estiment, en utilisant de façon très libre le terme de « classe moyenne », de s'en servir pour désigner les travailleurs en col blanc décrit ci-dessus (bien qu'en termes marxistes, ils font partie du prolétariat &mdash; la classe des travailleurs). D'autres encore (tels que les [[Communisme des conseils|communistes des conseils]] estiment, comme les anarchistes qu'il existe une classe comprenant les intellectuels, les technocrates et les gestionnaires qui ne recherchent le pouvoir que pour eux-mêmes. Ce dernier groupes de communistes estiment qu'une classe moyenne technocratique pareille est la même qui prit le pouvoir pour elle-même en Union Soviétique<ref>Voir l'article [http://fr.wikipedia.org/wiki/Coordonnateurisme coordinnateurisme] de Wikipédia).</ref>
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Certains anarchistes contemporains (plus particulièrement ceux défendant l'économie participative) estiment qu'il y a trois classes qui ont tout intérêt à ce que l'organisation sociale change, non pas deux comme l'avancent les anarchistes « classiques ». La première est la classe travailleuse (qui inclut toute personne dont le travail est impliqué dans la production et la distribution de biens et de la plupart des soi-disant industries de « services »). Cette première classe regroupe les fermiers, les paysans, les petits propriétaires de terre, les petits commerçants et entrepreneurs qui travaillent avec leurs employés, et les ouvriers à col bleu, rose ou blanc. La seconde est la classe dirigeante qui comprend toute personne dont le travail touche de près ou de loin à la direction et à la gestion du travail des autres, principalement en faveur de la bourgeoisie, des organisations administratives, fixant le statu quo intellectuel<ref>Toute personne ne faisant pas avancer le débat intellectuel, ou empêchant aux autres de développer leur intellect, par exemple.</ref> ou gérant l'appareil d'État. La définition anarchiste de la classe dirigeante inclus des gens comme les bureaucrates, les technocrates, les gestionnaires, les administrateurs, les intellectuels de la classe moyenne (tels que les économistes, les politologues, les sociologues, les mathématiciens, les philosophes, etc...), les physiciens, les juges, les avocats, les officiers militaires, les dirigeants de parti politique et autres leaders, etc...<ref>Cette seconde classe ressemble à la classe des organisateurs décrite par James Burnham dans son livre [http://www.marxists.org/francais/general/burnham/index.htm ''l'Ère des Organisateurs'']</ref> Et enfin, la classe possédante, ou « classe capitaliste » (qui tire ses revenus de son contrôle sur l'industrie de la santé, la propriété terrienne etc...). Les marxistes débattent vigoureusement la composition exacte de la classe moyenne sous le capitalisme. Certains la décrivent comme une classe "co-ordonant" qui renforcent le capitalisme en faveur des capitalistes, composés de la petite bourgeoisie, des professions libérales et des gestionnaires. D'autres estiment, en utilisant de façon très libre le terme de « classe moyenne », de s'en servir pour désigner les travailleurs/euses en col blanc décrit ci-dessus (bien qu'en termes marxistes, ils font partie du prolétariat &mdash; la classe des travailleurs/euses). D'autres encore (tels que les [[Communisme des conseils|communistes des conseils]] estiment, comme les anarchistes qu'il existe une classe comprenant les intellectuels, les technocrates et les gestionnaires qui ne recherchent le pouvoir que pour eux-mêmes. Ce dernier groupes de communistes estiment qu'une classe moyenne technocratique pareille est la même qui prit le pouvoir pour elle-même en Union Soviétique<ref>Voir l'article [http://fr.wikipedia.org/wiki/Coordonnateurisme coordinnateurisme] de Wikipédia).</ref>
  
 
Les anarchistes considèrent que le marxisme a échoué, et échouera toujours, car il créé une dictature de la classe technocratique/gestionnaire sur les autres, et que la « dictature du prolétariat » est une impossibilité logique même. [[Michel Bakounine|Bakounine]] mit en lumière cet argument lorsqu'il écrivit :
 
Les anarchistes considèrent que le marxisme a échoué, et échouera toujours, car il créé une dictature de la classe technocratique/gestionnaire sur les autres, et que la « dictature du prolétariat » est une impossibilité logique même. [[Michel Bakounine|Bakounine]] mit en lumière cet argument lorsqu'il écrivit :
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<center>Voir l'article [[Anarchisme et nationalisme|anarchisme et nationalisme]]</center>
 
<center>Voir l'article [[Anarchisme et nationalisme|anarchisme et nationalisme]]</center>
  
L'anarchisme et le marxisme sont diamétralement opposés en ce qui concerne les relations avec les peuples indigènes et les minorités nationales Au début de l'histoire de ces deux mouvements, des penseurs allant de Marx à Bakounine ou [[Pierre Kropotkine|Kropotkine]] avaient prévu que l'avènement d'une révolution balayerait toute distinction de nationalité, que les travailleurs du monde n'auraient pas de nation, et que la forme naturelle du socialisme était l'internationalisme qui ne connaîtrait et ne respecterait  aucune frontière. Cela resta la position de toute la gauche anti-capitaliste jusqu'au début du XXe siècle, et est toujours considérablement influente dans les cercles marxistes et anarchistes.
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L'anarchisme et le marxisme sont diamétralement opposés en ce qui concerne les relations avec les peuples indigènes et les minorités nationales Au début de l'histoire de ces deux mouvements, des penseurs allant de Marx à Bakounine ou [[Pierre Kropotkine|Kropotkine]] avaient prévu que l'avènement d'une révolution balayerait toute distinction de nationalité, que les travailleurs/euses du monde n'auraient pas de nation, et que la forme naturelle du socialisme était l'internationalisme qui ne connaîtrait et ne respecterait  aucune frontière. Cela resta la position de toute la gauche anti-capitaliste jusqu'au début du XXe siècle, et est toujours considérablement influente dans les cercles marxistes et anarchistes.
  
 
Pendant la construction de la [[Révolution russe|révolution russe]] cependant, Lénine et les bolchéviks trouvèrent opportun de promettre l'indépendance aux différentes minorités nationales non-russes, notamment aux Ukrainiens et aux Polonais, si ces derniers les aidaient à combattre l'empire tsariste. Une fois au pouvoir, ces promesses furent oubliées et les mouvements nationalistes à travers toute la Russie et la future URSS furent brutalement réprimés par Lénine, Trotsky, Staline et tous leurs successeurs jusqu'à l'effondrement de l'Union Soviétique en tant qu'entité politique. Durant la période qui précéda la Seconde Guerre mondiale, la politique étrangère de la Russie se focalisa sur l'idée du « socialisme dans un seul pays » (ou national-bolchévisme), bien que l'élite politique bolchévik chercha à instiguer et à soutenir les révolutions « communistes » dans un cadre national tout autour du monde, les plus notoires étant en Hongrie et en Allemagne, et absorba ainsi les nouveaux territoires « indépendants » dans le giron soviétique &mdash; but atteint après la Seconde Guerre mondiale avec le pacte de Varsovie. L'échec d'un soulèvement national-bolchévik en Allemagne en [[1939]] infirma la gauche allemande, laissant la voie libre à la montée du pouvoir nazi. Des éléments persistèrent dans la politique étrangère soviétique durant toute la Guerre froide et aidèrent à motiver le soutien des mouvements nationalistes et anti-impérialistes à travers le Tiers-Monde. L'aide de la Russie au Parti Communiste Chinois pendant la révolution chinoise fut motivée pour les mêmes raisons, mais une fois au pouvoir, Mao refusa d'autoriser l'Union Soviétique à controller la politique chinoise, amenant à la rupture avec Staline, rupture culminant avec une courte guerre entre ces deux puissances. La même chose se reproduira plus tard un rôle entre les dirigeants communistes chinois et vietnamiens.
 
Pendant la construction de la [[Révolution russe|révolution russe]] cependant, Lénine et les bolchéviks trouvèrent opportun de promettre l'indépendance aux différentes minorités nationales non-russes, notamment aux Ukrainiens et aux Polonais, si ces derniers les aidaient à combattre l'empire tsariste. Une fois au pouvoir, ces promesses furent oubliées et les mouvements nationalistes à travers toute la Russie et la future URSS furent brutalement réprimés par Lénine, Trotsky, Staline et tous leurs successeurs jusqu'à l'effondrement de l'Union Soviétique en tant qu'entité politique. Durant la période qui précéda la Seconde Guerre mondiale, la politique étrangère de la Russie se focalisa sur l'idée du « socialisme dans un seul pays » (ou national-bolchévisme), bien que l'élite politique bolchévik chercha à instiguer et à soutenir les révolutions « communistes » dans un cadre national tout autour du monde, les plus notoires étant en Hongrie et en Allemagne, et absorba ainsi les nouveaux territoires « indépendants » dans le giron soviétique &mdash; but atteint après la Seconde Guerre mondiale avec le pacte de Varsovie. L'échec d'un soulèvement national-bolchévik en Allemagne en [[1939]] infirma la gauche allemande, laissant la voie libre à la montée du pouvoir nazi. Des éléments persistèrent dans la politique étrangère soviétique durant toute la Guerre froide et aidèrent à motiver le soutien des mouvements nationalistes et anti-impérialistes à travers le Tiers-Monde. L'aide de la Russie au Parti Communiste Chinois pendant la révolution chinoise fut motivée pour les mêmes raisons, mais une fois au pouvoir, Mao refusa d'autoriser l'Union Soviétique à controller la politique chinoise, amenant à la rupture avec Staline, rupture culminant avec une courte guerre entre ces deux puissances. La même chose se reproduira plus tard un rôle entre les dirigeants communistes chinois et vietnamiens.
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La position anarchiste est aux antipodes de celle des marxistes. La plupart des anarchistes, d'hier comme d'aujourd'hui considèrent les frontières et les divisions nationales comme source de préjudice, et envisagent une société où les distinctions ethniques et raciales s'évanouiront et disparaîtront avec le temps, non pas de façon miraculeuse, mais car une société anarchiste repose sur des principes d'égalité, et s'oppose fermement aux discriminations. Dans les faits cependant, l'anarchisme repose sur des systèmes d'autodétermination à faible échelle, une [[Autogestion|autogestion]] locale et une entre-aide remplissant les aspirations des minorités nationales ''de facto'' ; ainsi l'anarchisme est compatible avec des formes anti-étatiques de nationalisme<ref>'''Nota Bene''' : Le terme de nationalisme n'étant pas ici utilisé dans le même sens que lui donne les partis fascistes</ref>. La collaboration la plus notoire étant bien entendu les mouvements catalan et basque en Espagne qui trouva son expression sous la bannière de la [[Confederación nacional del trabajo|CNT]] durant la [[Révolution espagnole|révolution espagnole]]. Plus récemment, il y eut une tentative de fusionner l'anarchisme les traditions politiques des natifs américains dans le mouvement indigène moderne. Les organisations nationales opposées au concept d'État décrivant explicitement leur politique comme anarchiste existent actuellement en Irlande et en Bretagne. La plupart des membres du Mouvement Amérindien actuel se considèrent eux-mêmes comme anarchistes.
 
La position anarchiste est aux antipodes de celle des marxistes. La plupart des anarchistes, d'hier comme d'aujourd'hui considèrent les frontières et les divisions nationales comme source de préjudice, et envisagent une société où les distinctions ethniques et raciales s'évanouiront et disparaîtront avec le temps, non pas de façon miraculeuse, mais car une société anarchiste repose sur des principes d'égalité, et s'oppose fermement aux discriminations. Dans les faits cependant, l'anarchisme repose sur des systèmes d'autodétermination à faible échelle, une [[Autogestion|autogestion]] locale et une entre-aide remplissant les aspirations des minorités nationales ''de facto'' ; ainsi l'anarchisme est compatible avec des formes anti-étatiques de nationalisme<ref>'''Nota Bene''' : Le terme de nationalisme n'étant pas ici utilisé dans le même sens que lui donne les partis fascistes</ref>. La collaboration la plus notoire étant bien entendu les mouvements catalan et basque en Espagne qui trouva son expression sous la bannière de la [[Confederación nacional del trabajo|CNT]] durant la [[Révolution espagnole|révolution espagnole]]. Plus récemment, il y eut une tentative de fusionner l'anarchisme les traditions politiques des natifs américains dans le mouvement indigène moderne. Les organisations nationales opposées au concept d'État décrivant explicitement leur politique comme anarchiste existent actuellement en Irlande et en Bretagne. La plupart des membres du Mouvement Amérindien actuel se considèrent eux-mêmes comme anarchistes.
  
== Argumentation concernant la méthode du [[matérialisme historique]] ==
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== Argumentation concernant la méthode du [[Matérialisme historique|matérialisme historique]] ==
Le marxisme utilise une forme d'analyse dialectique des sociétés humaines appelées le [[Matérialisme historique|matérialisme historique]]. Le noeud dans l'analyse du matérialisme historique est l'idée que les gens se trouvent dans un monde matériel prédéfini, et agissent pour produire des changements sur ce monde dans les limites des changements qu'ils et elles peuvent concevoir. Un exemple de matérialisme historique pourrait être des paysans féodaux qui se trouveraient sous les ordres d'un seigneur, et qui imagineraient des solutions religieuses plutôt que politique au problème de leur status non-libre. _Underlying these processes is an idea that contradictions and opposed social groups will naturally form and drive social progress.
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Le [[marxisme]] analyse les sociétés humaines grâce à la méthode dite du [[Matérialisme historique|matérialisme historique]]. Le nœud de l'analyse matérialiste historique repose sur l'idée que les gens se trouvent dans un monde matériel prédéfini, et agissent pour produire des changements sur ce monde, dans les limites des changements qu'ils et elles peuvent concevoir. Plus précisément, les rapports de productions fondamentalement économiques sont les forces motrices de l'histoire, expliquant un phénomène relatif aux domaines superstructurels<ref>Chez [[Karl Marx]], la superstructure désigne l'ensemble des idées d'une société, c'est à dire ses productions non-matérielles : les institutions politiques, les lois, la religion, la pensée, la philosophie, la morale...
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Pour plus de détails, voir l'article [http://fr.wikipedia.org/wiki/Superstructure_%28philosophie%29 Superstructure] de Wikipédia.</ref> idéologique et légal, au moins sur le long terme. L'idée que les contradictions et les groupes sociaux opposés façonneront naturellement et dirigeront l'évolution sociale souligne ses processus.
  
Le matérialisme historique est dérivé d'une méthode de raisonnement appelés la [[Dialectique]]. Cette méthode fonctionne dans l'assumation que tous les phénomènes naturels sont définis dans un contrastre avec les autres phénomènes, que les quantités peuvent être vues qualitativement, que la compréhension précise de phénomènes imprécis est possible(comparable à plusieurs principes physiques d'incertitude). [[Marx]] et son collègue [[Friedrich Engels]] commente, que les dialectiques peuvent en outre, être appliquées à la société humaine dans le forme du matérialisme historique, pour que les classes puissent être étudiées en observant les contrastes entre elles. Par exemple, entre les propriétaires et les travailleurs/euses, ou en traduisant la distribution inégale de la [[propriété privée]] pour montrer la disparité de classe.
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Un exemple de matérialisme historique serait des paysans féodaux qui se trouveraient sous les ordres d'un seigneur, et qui imagineraient des solutions religieuses, plutôt que politiques, au problème de leur statut d'individus non-libres.
  
Les anarchistes utilisent une grande variété d'outils dans leur analyse sociale et plusieurs anars valorisent le matérialisme historique, en tant qu'outil d'analyse sociale. Le [[Workers Solidarity Movement]], par exemple, fait de son accord sur l'utilité de la méthode du matérialisme historique, un de ses points centrales d'unité dans l'organisation. Bien des anarchistes, toutefois, écartent le matérialisme historique, en tant que pseudo-science basée des dires universels impossible à tester ou vérifier. Les anarchistes furent parmi les premiers/ières à critiquer la tendance matérialiste dialectique sur cette base, et sur la base qu'il déshumanise l'analyse sociale et politique et qu'il n'est pas soutenable en tant que méthodologie universelle.
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Marx tire sa formulation du matérialisme historique du système dialectique du philosophe allemand Hegel. Cette méthode fonctionne sur  les suppositions que chaque phénomène naturel est défini à travers une opposition à d'autres phénomènes, que les quantités peuvent être vues qualitativement, que la compréhension précise d'un phénomène imprécis est possible (comparable à plusieurs principes physiques d'incertitude). Marx et Engels remirent la dialectique « sur ses pieds »<ref>En effet, Marx, dans la [http://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-post.htm postface de la seconde édition allemande du ''Capital''], estime que « grâce à son quiproquo, Hegel défigure la dialectique par le mysticisme, ce n'en est pas moins lui qui en a le premier exposé le mouvement d'ensemble. Chez lui elle marche sur la tête ; il suffit de la remettre sur les pieds pour lui trouver la physionomie tout à fait raisonnable. »</ref>, et Engels estiment que ces méthodes dialectiques peuvent être appliquées à la société humaine sous la forme du matérialisme historique, que les classes sociales peuvent être étudiées sous l'angle des antagonismes de classes, comme celui entre les propriétaires et les travailleurs/euses, ou en utilisant des quantités pour en faire des qualités, en soulignant par exemple l'inégale répartition de la propriété privée afin de montrer les disparités de classes. Bien que la méthodologie de Marx, en tant que méthodologie historique, trouve ses limites dans l'histoire humaine, d'autres marxistes comme Friedrich Engels ou Joseph Staline réclament son application à tous les phénomènes. Le matérialisme dialectique se retrouve en partie dans les écrits de [[Pierre Kropotkine|Kropotkine]], notamment lorsqu'il les structures d'[[Entraide|entraide]] comme un facteur d'évolution<ref>Lire [http://bibliolib.net/article.php3?id_article=466 ''L'entraide, un facteur de l'évolution''] ([[1902]])</ref>.
  
Most Anarchists reject dialectics and historical materialism, Anarchists do not claim that revolution and the reorganization of society are "inevitable", only that they are desirable.
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Les anarchistes utilisent un grand nombre d'outils d'analyse de la société, et certains anarchistes attachent même de l'importance au matérialisme historique comme outil d'analyse social. Le groupe [[Plateformisme|plateformiste]] irlandais [[Workers Solidarity Movement]] par exemple, fait la méthode du matérialisme historique un des piliers de son unité. La plupart des anarchistes cependant rejettent le matérialisme dialectique (voire même le matérialisme historique) considéré comme une pseudo-science fondée sur des affirmations universelles indémontrables et inanalysables. Les anarchistes furent parmi les premiers/ières à critiquer le matérialisme historique pour sa pseudo-scientificité<ref>Le philosophe des sciences libéral Karl Popper enfoncera le clou : « Une théorie qui n'est réfutable par aucun événement qui se puisse concevoir est dépourvue de caractère scientifique. » (''Conjectures et réfutations'', ch.1, section 1)</ref>. Généralement, les anarchistes insistent sur le rôle subjectif de la conscience humaine, même en utilisant des méthodes analytiques comme le matérialisme historique ; et critiquent généralement soit la mise en application des méthodes marxistes, les méthodes marxistes plus généralement, principalement sur le fait que le facteur déterministe supprime l'individualité et les aspirations de chacun, transformant les individus en agents de l'histoire, et que de telles méthodes ne sont par conséquence pas souhaitables en tant que méthodes universelles ; ils/elles n'affirment pas que la révolution et la réorganisation de la société de la société sont inévitables, elles sont uniquement désirables. Au sein du mouvement marxiste, ces critiques trouvent échos dans les criticismes des humanistes socialistes, des marxistes occidentaux, des marxistes autonomistes et d'autres penseurs similaires.
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===Le déterminisme===
  
===Determinism===
 
 
A simple interpretation of historical materialism suggests that if Marxism is right about the class forces operating in capitalism, a successful working-class revolution is inevitable.  Some Marxists, notably the leaders of the [[Second International]] in the late 19th and early 20th century, have believed this.  However, the degree to which the revolution must be made by conscious forces has always been a matter of dispute among Marxists, with many arguing that Marx' famous statement that "I am not a Marxist" was a rejection of determinism, and the split was sharpened by the [[First World War]], when the social democratic parties of the Second International supported their respective nations' war efforts.  Many Marxist opponents of the war, such as [[Rosa Luxemburg]], blamed the Second International's "betrayal" partly on its doctrine of the inevitability of socialism, which justified its attempt to reform existing capitalist states.  Luxemburg put the alternatives for the future, instead, as "socialism or barbarism."
 
A simple interpretation of historical materialism suggests that if Marxism is right about the class forces operating in capitalism, a successful working-class revolution is inevitable.  Some Marxists, notably the leaders of the [[Second International]] in the late 19th and early 20th century, have believed this.  However, the degree to which the revolution must be made by conscious forces has always been a matter of dispute among Marxists, with many arguing that Marx' famous statement that "I am not a Marxist" was a rejection of determinism, and the split was sharpened by the [[First World War]], when the social democratic parties of the Second International supported their respective nations' war efforts.  Many Marxist opponents of the war, such as [[Rosa Luxemburg]], blamed the Second International's "betrayal" partly on its doctrine of the inevitability of socialism, which justified its attempt to reform existing capitalist states.  Luxemburg put the alternatives for the future, instead, as "socialism or barbarism."
  
 
Since an influential segment of anarchists reject either [[dialectical materialism]] or [[historical materialism]] or both, these anarchists usually do not claim that revolution and the reorganization of society are inevitable, only that they are desirable.  Some anarchists, while rejecting dialetical or historical materialism claim other bases for the inevitability of revolution, such as the natural yearning of consciousness for freedom; these anarchists find their mirror within Marxist intellectual movements in individuals such as [[Herbert Marcuse]].
 
Since an influential segment of anarchists reject either [[dialectical materialism]] or [[historical materialism]] or both, these anarchists usually do not claim that revolution and the reorganization of society are inevitable, only that they are desirable.  Some anarchists, while rejecting dialetical or historical materialism claim other bases for the inevitability of revolution, such as the natural yearning of consciousness for freedom; these anarchists find their mirror within Marxist intellectual movements in individuals such as [[Herbert Marcuse]].
 
  
 
== Points politiques communs ==
 
== Points politiques communs ==
 
En tant que mouvements, les "défenseur(e)s" du marxisme et de l'anarchisme ne sont pas nécessairement incompatibles. Au début du 20ième siècle, plusieurs marxistes et anars furent unis dans le mouvement des syndicats révolutionnaires et militants (voir le [[De Leonisme]] et l'[[IWW]]). Plusieurs marxistes ont honnêtement participé(e)s aux révolutions anarchistes, de même que plusieurs anars ont honnêtement participé(e)s aux révolutions marxistes. De plus, plusieurs organisations révolutionnaires tentent une synthèse entre les traditions marxistes et anarchistes dans le but d'une société où la classe du bas serait enfin libre. Des exemples pourraient inclure le [[marxisme autonomiste]] et [[Joseph Dietzgen]].
 
En tant que mouvements, les "défenseur(e)s" du marxisme et de l'anarchisme ne sont pas nécessairement incompatibles. Au début du 20ième siècle, plusieurs marxistes et anars furent unis dans le mouvement des syndicats révolutionnaires et militants (voir le [[De Leonisme]] et l'[[IWW]]). Plusieurs marxistes ont honnêtement participé(e)s aux révolutions anarchistes, de même que plusieurs anars ont honnêtement participé(e)s aux révolutions marxistes. De plus, plusieurs organisations révolutionnaires tentent une synthèse entre les traditions marxistes et anarchistes dans le but d'une société où la classe du bas serait enfin libre. Des exemples pourraient inclure le [[marxisme autonomiste]] et [[Joseph Dietzgen]].
  
==Historical relationships between anarchists and Marxists==
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==Relations historiques entre les anarchistes et les marxistes==
===International Workingmen's Association===
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===[[AIT|La Ière Internationale]]===
 
The [[International Workingmen's Association]] (the First International), at its founding, was an alliance of socialist groups, including both anarchists and Marxists. Both sides had a common aim and common enemies. But each was critical of the other, and the inherent conflict between the two groups soon embodied itself in an ongoing argument between [[Mikhail Bakunin]], representative of anarchist ideas, and [[Karl Marx]] himself. In [[1872]], the conflict in the First International climaxed with the expulsion of Bakunin and those who had become known as the "Bakuninists" when they were outvoted by the Marx party at the [[Hague Congress (1872)|Hague Congress]].
 
The [[International Workingmen's Association]] (the First International), at its founding, was an alliance of socialist groups, including both anarchists and Marxists. Both sides had a common aim and common enemies. But each was critical of the other, and the inherent conflict between the two groups soon embodied itself in an ongoing argument between [[Mikhail Bakunin]], representative of anarchist ideas, and [[Karl Marx]] himself. In [[1872]], the conflict in the First International climaxed with the expulsion of Bakunin and those who had become known as the "Bakuninists" when they were outvoted by the Marx party at the [[Hague Congress (1872)|Hague Congress]].
  
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In the late 19th and early 20th century, many Marxists and anarchists were united within [[syndicalist]] movements for militant revolutionary [[labor union]]s, such as the [[Industrial Workers of the World]] (the Wobblies). The IWW was formed by the combination of Marxist labor union activists influenced by the [[De Leonist]] ideas of the [[Socialist Labor Party (USA)]] with a number of anarchist and syndicalist activists. Anarchists and Marxists cooperated successfully in the IWW until the 1920s when, acting under direction from Lenin and the Bolshevik government in Moscow, most of the communists in the union deserted it and moved en masse to join the more mainstream labor movement. The union became a largely anarchist organization at that time and has remained so to this day, though it makes few ideological requirements of its members.
 
In the late 19th and early 20th century, many Marxists and anarchists were united within [[syndicalist]] movements for militant revolutionary [[labor union]]s, such as the [[Industrial Workers of the World]] (the Wobblies). The IWW was formed by the combination of Marxist labor union activists influenced by the [[De Leonist]] ideas of the [[Socialist Labor Party (USA)]] with a number of anarchist and syndicalist activists. Anarchists and Marxists cooperated successfully in the IWW until the 1920s when, acting under direction from Lenin and the Bolshevik government in Moscow, most of the communists in the union deserted it and moved en masse to join the more mainstream labor movement. The union became a largely anarchist organization at that time and has remained so to this day, though it makes few ideological requirements of its members.
  
===Russian Revolution===
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===La [[Révolution russe|révolution russe]]===
 
Both anarchists and Marxists participated in the overthrow of the [[Tsar]] in [[February Revolution|February 1917]] in the beginning stages of the [[1917 Russian Revolution]].  However, a hostile relationship quickly developed between anarchists and [[Bolsheviks]], so that anarchists generally opposed the Bolshevik-initiated transfer of power from the [[Provisional Government]] to the Bolshevik commissars (acting on behalf of Bolshevik-led workers councils), in [[October Revolution|October 1917]]. Even the ensuing civil war pitting the Bolshevik government and Red Army  against the Tsarist [[White Armies]] did not reconcile anarchists and Bolsheviks; although the Revolutionary Insurgent Army of the Ukraine, led by [[Nestor Makhno|anarchists]], fought counter-revolutionary forces only to be suppressed by Red Army leader Trotsky afterwards (because they refused to join the Red Army and accept Bolshevik authority) - however these Ukrainian anarchists were also highly critical of other anarchists in the Russian Revolution who lacked their discipline; anarchists were involved in a series of [[Third Russian Revolution|violent uprisings]] against the Bolshevik-led government in 1918 arguing for free soviets, freedom of expression and association, the end of war communism and the establishment of free communes on the basis of voluntary association. Most of Russian anarchists were imprisoned and their press silenced, leaving only token freedom to the least menacing sectors.  At the end of the civil war, sailors at [[Kronstadt Rebellion|Kronstadt]] influenced by anarchists and dissident marxists mutinied, demanding more political and economical liberties while defending socialism and workers democracy, and were violently crushed by the Bolshevik [[Red Army]]. Anarchism remained illegal in the [[Soviet Union]] from this period until its 1991 collapse.
 
Both anarchists and Marxists participated in the overthrow of the [[Tsar]] in [[February Revolution|February 1917]] in the beginning stages of the [[1917 Russian Revolution]].  However, a hostile relationship quickly developed between anarchists and [[Bolsheviks]], so that anarchists generally opposed the Bolshevik-initiated transfer of power from the [[Provisional Government]] to the Bolshevik commissars (acting on behalf of Bolshevik-led workers councils), in [[October Revolution|October 1917]]. Even the ensuing civil war pitting the Bolshevik government and Red Army  against the Tsarist [[White Armies]] did not reconcile anarchists and Bolsheviks; although the Revolutionary Insurgent Army of the Ukraine, led by [[Nestor Makhno|anarchists]], fought counter-revolutionary forces only to be suppressed by Red Army leader Trotsky afterwards (because they refused to join the Red Army and accept Bolshevik authority) - however these Ukrainian anarchists were also highly critical of other anarchists in the Russian Revolution who lacked their discipline; anarchists were involved in a series of [[Third Russian Revolution|violent uprisings]] against the Bolshevik-led government in 1918 arguing for free soviets, freedom of expression and association, the end of war communism and the establishment of free communes on the basis of voluntary association. Most of Russian anarchists were imprisoned and their press silenced, leaving only token freedom to the least menacing sectors.  At the end of the civil war, sailors at [[Kronstadt Rebellion|Kronstadt]] influenced by anarchists and dissident marxists mutinied, demanding more political and economical liberties while defending socialism and workers democracy, and were violently crushed by the Bolshevik [[Red Army]]. Anarchism remained illegal in the [[Soviet Union]] from this period until its 1991 collapse.
  
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* [http://www.libcom.org/library Libertarian Communist Library - Contains many Anarchist and Marxist Texts, as well as texts which crossover between the two]
 
* [http://www.libcom.org/library Libertarian Communist Library - Contains many Anarchist and Marxist Texts, as well as texts which crossover between the two]
  
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Revision as of 17:13, 7 July 2007