Difference between revisions of "FAQAnar:F.1.1 - Ne pas renoncer à la hiérarchie : le talon d’Achille des libertariens et des "anarcho"-capitalistes ?"

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N’importe quel système capitaliste produira de vastes différences dans la richesse économique (et sociale) et le pouvoir . Comme nous le discutons dans la section F.3.1, de telles différences se refléteront sur le marché et tous les contrats dits "libres", convenus là, créeront des rapports hiérarchiques. Ainsi le capitalisme est marqué par la hiérarchie (lire la section B.1.2) et, sans surprise, les libertariens et les "anarcho"-capitalistes ne s’opposent pas à une telle hiérarchie produite par le " marché libre ".
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N’importe quel système capitaliste engendrera de vastes différences dans la richesse économique (et sociale) et le pouvoir. Comme nous le discutons dans la section F.3.1, de telles différences se reflèteront sur le marché et tous les contrats soit-disant "libres" créeront des rapports hiérarchiques. Ainsi le capitalisme est marqué par la hiérarchie (lire la section B.1.2) et, sans surprise, les libertariens et les "anarcho"-capitalistes ne s’opposent pas à une telle hiérarchie produite par le " marché libre ".
  
Les deux groupes approuvent cela dans les lieux de travail capitaliste ou pour le logement loué et les Libertariens minarchistes approuvent également cela dans un État ’minimal’ pour protéger la propriété privée (les "anarcho"-capitalistes, en revanche, approuvent l’utilisation des sociétés privées de défense pour protéger la propriété). Mais l’erreur de ces deux mouvements de renoncer à la hiérarchie est leur point faible. L’anti-autoritarisme est descendu profondément dans les racines de la psyché moderne, comme le leg des années ’60’.
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Les deux groupes approuvent cela dans les lieux de travail capitalistes, et en ce qui concerne la location de logement. Les libertariens minarchistes approuvent également cela dans le cadre d'un État ’minimal’ pour protéger la propriété privée. Les "anarcho"-capitalistes approuvent l’utilisation des sociétés privées de défense pour protéger la propriété.  
  
Beaucoup de gens, qui ne savent même pas ce qu’est l’anarchisme, ont été profondément affectées par les mouvements de libération personnelle et les mouvements de contre-culture des trente dernières années, éparpillé par l’autocollant populaire, "l’autorité en question". Comme résultat, la société maintenant tolère beaucoup plus qu’avant dans les choix en matiére de religion, de sexualité, de l’art, de la musique, de l’habillement, et d’autres composantes de style de vie. Nous devons seulement rappeler le conservatisme qui a régné dans de tels secteurs pendant les années ’50’ pour voir que l’idée de la liberté a fait d’énormes progrès en juste quelques décennies.
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Mais l’échec de ces deux mouvements à renoncer à la hiérarchie est leur point faible. L’anti-autoritarisme est descendu profondément dans les racines de la psyché moderne, comme le leg des années ’60’. Beaucoup de gens, qui ne savent même pas ce qu’est l’anarchisme, ont été profondément affectés par les mouvements de libération personnelle et les mouvements de contre-culture des trente dernières années. Par exemple le slogan attribué à Timothy Leary "Question autority", que l'on pourrait traduire par "Mettez l’autorité en question", et qui incitait les gens à remettre en question les arguments d'autorité. Comme résultat, la société actuelle est beaucoup plus tolérante qu’avant quant aux choix en matière de religion, de sexualité, d’art, de musique, d’habillement, et autres éléments de style de vie. Il suffit de rappeler le conservatisme qui a régné dans de tels secteurs pendant les années 1950 pour voir qu'en à peine quelques décennies l’idée de liberté a fait d’énormes progrès.
  
Bien que cette impulsion de liberation jusqu’ici ait été confinée presque entièrement aux royaumes personnels et culturels, elle peut encore être capable du finir de renverser et d’affecter les établissements économiques et politiques, si elle continue à se développer. La droite se rend bien compte de ceci, comme vu dans ses campagnes continues pour des "valeurs de famille", de prière à l’école, de la suppression des droits des femmes, du fondamentalisme chrétien, de l’abstinence sexuelle avant le mariage, et d’autres tentatives de rétablir Ozzie-et-Harriet le cerveau arrêté des bonnes vieilles années. C’est en cela que les efforts "des anarchistes culturels" - des artistes, des musiciens, des poètes, et d’autres - sont importants en gardant vivant l’idéal de la liberté et de la résistance personnelles à l’autorité comme base nécessaire pour la restructuration économique et politique.
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Si elle continue à se développer, et bien que cette impulsion de libération ait jusqu’ici été confinée presque exclusivement aux domaines personnel et culturel, elle pourrait finir par affecter, voire renverser l'establishment économique et politique. Aux USA, les conservateurs s'y opposent délibérément, au travers de campagnes récurrentes pour des "valeurs familiales" de prière à l’école, de suppression des droits des femmes, de fondamentalisme chrétien, d’abstinence sexuelle avant le mariage, et autres tentatives de rétablir "Ozzie-et-Harriet" (sitcom américaine des années 50 qui présentait une famille américaine typique aux valeurs traditionalistes). En Europe on trouve bien sûr aussi des manifestations de résistance à la mise en place d'une culture de la liberté (qu'on se rappelle des débats sur le PACS). C'est pourquoi les efforts des "anarchistes culturels" - artistes, musiciens, poètes, et autres - sont importants en ce qu'ils gardent vivant l’idéal de la liberté et de la résistance personnelle à l’autorité comme bases nécessaires pour la restructuration économique et politique.
  
En effet, les libertariens (dans l’ensemble) soutiennent les restrictions à la liberté aussi longtemps que ce n’est pas l’État qui le fait ! Leur soutien au capitalisme signifie qu’ils n’ont aucun problème avec des patrons dictant ce que les ouvriers ont à faire pendant les heures de travail (ni des heures de travail extérieures, si le travail exige des employés de prendre des essais de drogue ou de ne pas être gais afin de le garder). Si un propriétaire ou une compagnie privé décrète une règle ou un mode obligatoire de vie, les ouvriers/locataires doit "l’aimer ou le quitter !". Naturellement, ce même argument s’applique également aux lois d’État, mais cette similitude est niée par les Libertariens - un cas défini niant voir le bois dans les arbres (voir la section F.2.3).
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Généralement, les libertariens soutiennent les restrictions à la liberté dès lors qu'elles ne sont pas le fait de l’État ! Leur soutien au capitalisme montre qu’ils se satisfont d'une situation où des patrons dictent ce que les employés doivent faire pendant les heures de travail (et d'ailleurs aussi en dehors des heures de travail, lorsque la pression conduit les salariés à se doper, ou à déprimer par peur de perdre leur travail). Si un propriétaire ou une compagnie privée décrète une règle ou un mode de vie obligatoire, les ouvriers/locataires doivent "l’aimer ou le quitter !". Et bien entendu, ce même argument s’applique également aux lois d’État, mais cette similitude est niée par les libertariens (voir la section F.2.3).
  
Naturellement, l’"anarcho"-capitaliste discutera, les ouvriers et les locataires peuvent trouver un patron ou un propriétaire plus libéral. Ceci, cependant, ignore deux faits principaux. Premièrement, pouvoir se déplacer vers un État plus libéral rend à peine des lois d’État moins blessantes (cas qu’ils seront eux-mêmes les premiers à préciser). Deuxièmement, la recherche d’un nouveau travail ou d’une maison n’est pas si facile. Juste se déplacer vers un nouvel État peut impliquer des bouleversements fatiguant, alors changer de travail et de maison... D’ailleurs, le marché du travail est habituellement un marché d’acheteurs (il doit être dans le capitalisme, autrement des bénéfices sont serrés - voir les sections C.7 et F.10.2) et ceci signifie que les ouvriers ne sont pas habituellement en position (à moins qu’ils ne s’organisent) pour exiger des libertés accrues au travail.
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Naturellement, l'"anarcho"-capitaliste argumentera que les ouvriers et les locataires peuvent trouver un patron ou un propriétaire plus libéral. Ceci, cependant, néglige deux faits majeurs. Premièrement, déménager vers un État plus tolérant ne procurera souvent des lois d’État qu'à peine moins blessantes (objection qu’ils seront eux-mêmes les premiers à reconnaître). Deuxièmement, la recherche d’un nouveau travail, ou d’une maison n’est pas si facile. D’ailleurs, le marché du travail est habituellement un marché d’acheteurs (ce qu'il tend à être dans le capitalisme, car autrement les bénéfices sont réduits - voir les sections C.7 et F.10.2) ce qui implique que les ouvriers ne sont pas habituellement en position de force (à moins qu’ils ne s'organisent) pour exiger des libertés accrues au travail. Et inutile de parler des difficultés qui attendent le candidat à l'émigration.
  
Il semble quelque peu ironique, d’indiquer au moins, que les libertariens placent le droit de propriété privée au-dessus des droits de l’individu, quoique (selon leur idéologie) l’individu soit le droit fondamental de par lesquels les droits de propriété privés en sont dérivés. Ainsi dans le libertarianisme les droits des propriétaires de distinguer et de régir les sans propriété sont plus importants que l’absence de discrimination (c.-à-d. d’être vous-même) ou de la liberté de se régir à tout moment.
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Il peut sembler contradictoire que les libertariens placent le droit de propriété privée au-dessus des droits de l’individu alors que, selon leur idéologie même, les droits de propriété privée ne sont que dérivés des droits fondamentaux de l'individu. Quoi qu'il en soit, il en résulte que dans le libertarianisme les droits des propriétaires à régir les sans-propriété sont plus importants que les droits de ces derniers à l’absence de discrimination (c.-à-d. d’être eux-mêmes) ou à la liberté de se régir à tout moment.
  
Ainsi, quand ça va au bout de cette logique, le libertarien n’est pas vraiment tracassé au sujet des restrictions de liberté, et, en effet, il défendra des restrictions privées à la liberté de toute sa force. Ceci peut sembler une position étrange pour un individu auto-proclamé "libertaire"(*), mais ça coule naturellement de leur définition de la liberté (voir la section F.2 pour une pleine discussion de ceci). mais n’attaquant pas la hiérarchie au delà de certaines formes d’Étatisme, le libertarien mine fondamentalement sa réclamation d’être "libertaire" (*). La liberté ne peut pas être compartimenté, mais elle est holistique. Le démenti de la liberté dans cet exemple du lieu de travail, a rapidement comme conséquence d’être nié ailleurs dans la société (due à l’impact des inégalités que cela produirait), juste comme l’effet dégradant du travail salarié et de la hiérarchie avec lesquelles le travailleur est lié à l’extérieur du travail .
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On le voit quand on suit jusqu'au bout cette logique, le libertarien n’est pas vraiment préoccupé par les restrictions de liberté et, de fait, il défendra de toute ses forces des restrictions privées à la liberté. Ce qui pourrait sembler étrange de la part d'individus auto-proclamés "libertaires"(*) découle naturellement de leur définition de la liberté (voir la section F.2 pour une discussion de ce point). Ne combattant pas la hiérarchie au delà de certaines formes d’étatisme, le libertarien ruine à la base sa prétention d’être "libertaire"(*).  
  
Ni le parti Libertarian ni le prétendu "anarcho"-capitalisme n’est véritablement anti-autoritaire, comme ceux qui sont vraiment consacrés à la liberté doivent être.
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La liberté ne peut être compartimentée, elle est "holistique", globale. La négation de la liberté sur le lieu de travail a bientôt comme conséquence, au travers de l’impact des inégalités qu'elle engendre, la négation de la liberté ailleurs dans la société. Il en va de même pour l’effet dégradant du travail salarié et de la hiérarchie, qui ont des répercussions sur le travailleur, y compris dans sa vie hors travail.
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Ni le parti libertarien ni le prétendu "anarcho"-capitalisme ne sont véritablement anti-autoritaires, comme ceux qui sont véritablement consacrés à la liberté doivent être.
  
 
[[Catégorie:Anarcho-capitalisme]]
 
[[Catégorie:Anarcho-capitalisme]]

Revision as of 22:22, 29 May 2009

FAQ anarchiste
Anarchy-symbol.svg
« L'anarchie c'est l'ordre moins le pouvoir »
F - L’anarcho-capitalisme est-il un type d’anarchisme ?

Introduction

F.1 - Les "anarcho"-capitalistes sont-ils vraiment des anarchistes ?


F.2 - Que signifie "liberté" pour les "anarcho"-capitalistes ?


F.2.1 - Comment la propriété privée affecte la liberté ?
F.2.2 - Les libertarians-capitalistes supportent-ils l'esclavage ?

F.3 - Pourquoi les "anarcho"-capitalistes n'attribuent-ils généralement peu ou pas de valeur à l'"égalité" ?


F.3.1 - Pourquoi la négligence vis-à-vis de l'égalité est-elle si importante ?
F.3.2 - Peut-il y avoir une harmonie des intérêts dans une société inégalitaire ?

F.4 - Quelle est la position des libertariens sur la propriété privée ?


F.4.1 - Quel est le problème avec la théorie de propriété « homesteading » ?

F.5 - Privatiser les « terrains communaux » augmentera-t-il la liberté ?


F.6 - L'"anarcho"-capitalisme est il contre l'État ?


F.6.1 - Quel est le problème avec cette justice de « libre marché » ?
F.6.2 - Quelles sont les conséquences sociales d'un tel système ?
F.6.3 - Mais sûrement que les forces du marché arrêteront l'abus des riches ?
F.6.4 - Pourquoi ces « associations de défense » sont-elles des États ?

F.7 - Comment l'histoire de l'"anarcho"-capitalisme prouve-t-elle que cette théorie n'est pas anarchiste ?


F.7.1 - Les gouvernements en concurrence sont-ils de l'anarchisme?
F.7.2 - Le gouvernement est-il compatible avec l'anarchisme ?
F.7.3 - Peut-il exister un "anarchisme" de droite ?

F.8 - Quel rôle l'État a-t-il pris dans la création du capitalisme ?


F.8.1 - Quelles sont les forces sociales derrière la montée du capitalisme ?
F.8.2 - Quel était le contexte social amenant le « laissez-faire » ?
F.8.3 - Quelles autres formes l'intervention de l'État ont-elles prises en créant le capitalisme ?
F.8.4 - Les « enclosures » ne sont-elles pas un mythe socialiste ?
F.8.5 - Que diriez-vous du manque de clôtures en Amérique ?
F.8.6 - Comment les travailleurs voient-ils l'élévation de capitalisme ?
Sommaire complet et détaillé


Catégorie:L’anarcho-capitalisme est-il un type d’anarchisme ? N’importe quel système capitaliste engendrera de vastes différences dans la richesse économique (et sociale) et le pouvoir. Comme nous le discutons dans la section F.3.1, de telles différences se reflèteront sur le marché et tous les contrats soit-disant "libres" créeront des rapports hiérarchiques. Ainsi le capitalisme est marqué par la hiérarchie (lire la section B.1.2) et, sans surprise, les libertariens et les "anarcho"-capitalistes ne s’opposent pas à une telle hiérarchie produite par le " marché libre ".

Les deux groupes approuvent cela dans les lieux de travail capitalistes, et en ce qui concerne la location de logement. Les libertariens minarchistes approuvent également cela dans le cadre d'un État ’minimal’ pour protéger la propriété privée. Les "anarcho"-capitalistes approuvent l’utilisation des sociétés privées de défense pour protéger la propriété.

Mais l’échec de ces deux mouvements à renoncer à la hiérarchie est leur point faible. L’anti-autoritarisme est descendu profondément dans les racines de la psyché moderne, comme le leg des années ’60’. Beaucoup de gens, qui ne savent même pas ce qu’est l’anarchisme, ont été profondément affectés par les mouvements de libération personnelle et les mouvements de contre-culture des trente dernières années. Par exemple le slogan attribué à Timothy Leary "Question autority", que l'on pourrait traduire par "Mettez l’autorité en question", et qui incitait les gens à remettre en question les arguments d'autorité. Comme résultat, la société actuelle est beaucoup plus tolérante qu’avant quant aux choix en matière de religion, de sexualité, d’art, de musique, d’habillement, et autres éléments de style de vie. Il suffit de rappeler le conservatisme qui a régné dans de tels secteurs pendant les années 1950 pour voir qu'en à peine quelques décennies l’idée de liberté a fait d’énormes progrès.

Si elle continue à se développer, et bien que cette impulsion de libération ait jusqu’ici été confinée presque exclusivement aux domaines personnel et culturel, elle pourrait finir par affecter, voire renverser l'establishment économique et politique. Aux USA, les conservateurs s'y opposent délibérément, au travers de campagnes récurrentes pour des "valeurs familiales" de prière à l’école, de suppression des droits des femmes, de fondamentalisme chrétien, d’abstinence sexuelle avant le mariage, et autres tentatives de rétablir "Ozzie-et-Harriet" (sitcom américaine des années 50 qui présentait une famille américaine typique aux valeurs traditionalistes). En Europe on trouve bien sûr aussi des manifestations de résistance à la mise en place d'une culture de la liberté (qu'on se rappelle des débats sur le PACS). C'est pourquoi les efforts des "anarchistes culturels" - artistes, musiciens, poètes, et autres - sont importants en ce qu'ils gardent vivant l’idéal de la liberté et de la résistance personnelle à l’autorité comme bases nécessaires pour la restructuration économique et politique.

Généralement, les libertariens soutiennent les restrictions à la liberté dès lors qu'elles ne sont pas le fait de l’État ! Leur soutien au capitalisme montre qu’ils se satisfont d'une situation où des patrons dictent ce que les employés doivent faire pendant les heures de travail (et d'ailleurs aussi en dehors des heures de travail, lorsque la pression conduit les salariés à se doper, ou à déprimer par peur de perdre leur travail). Si un propriétaire ou une compagnie privée décrète une règle ou un mode de vie obligatoire, les ouvriers/locataires doivent "l’aimer ou le quitter !". Et bien entendu, ce même argument s’applique également aux lois d’État, mais cette similitude est niée par les libertariens (voir la section F.2.3).

Naturellement, l'"anarcho"-capitaliste argumentera que les ouvriers et les locataires peuvent trouver un patron ou un propriétaire plus libéral. Ceci, cependant, néglige deux faits majeurs. Premièrement, déménager vers un État plus tolérant ne procurera souvent des lois d’État qu'à peine moins blessantes (objection qu’ils seront eux-mêmes les premiers à reconnaître). Deuxièmement, la recherche d’un nouveau travail, ou d’une maison n’est pas si facile. D’ailleurs, le marché du travail est habituellement un marché d’acheteurs (ce qu'il tend à être dans le capitalisme, car autrement les bénéfices sont réduits - voir les sections C.7 et F.10.2) ce qui implique que les ouvriers ne sont pas habituellement en position de force (à moins qu’ils ne s'organisent) pour exiger des libertés accrues au travail. Et inutile de parler des difficultés qui attendent le candidat à l'émigration.

Il peut sembler contradictoire que les libertariens placent le droit de propriété privée au-dessus des droits de l’individu alors que, selon leur idéologie même, les droits de propriété privée ne sont que dérivés des droits fondamentaux de l'individu. Quoi qu'il en soit, il en résulte que dans le libertarianisme les droits des propriétaires à régir les sans-propriété sont plus importants que les droits de ces derniers à l’absence de discrimination (c.-à-d. d’être eux-mêmes) ou à la liberté de se régir à tout moment.

On le voit quand on suit jusqu'au bout cette logique, le libertarien n’est pas vraiment préoccupé par les restrictions de liberté et, de fait, il défendra de toute ses forces des restrictions privées à la liberté. Ce qui pourrait sembler étrange de la part d'individus auto-proclamés "libertaires"(*) découle naturellement de leur définition de la liberté (voir la section F.2 pour une discussion de ce point). Ne combattant pas la hiérarchie au delà de certaines formes d’étatisme, le libertarien ruine à la base sa prétention d’être "libertaire"(*).

La liberté ne peut être compartimentée, elle est "holistique", globale. La négation de la liberté sur le lieu de travail a bientôt comme conséquence, au travers de l’impact des inégalités qu'elle engendre, la négation de la liberté ailleurs dans la société. Il en va de même pour l’effet dégradant du travail salarié et de la hiérarchie, qui ont des répercussions sur le travailleur, y compris dans sa vie hors travail.

Ni le parti libertarien ni le prétendu "anarcho"-capitalisme ne sont véritablement anti-autoritaires, comme ceux qui sont véritablement consacrés à la liberté doivent être.

Catégorie:Anarcho-capitalisme